dans les articles A llemagne , D ie te , Élect
e u r , Em pe r eu r .
On voit à la tête de Yempire d’Allemagne un '
prince honoré de titres pompeux, chargé des plus
brillantes fondions, élevé fur un trône qui femble
être le premier de la chrétienté, après celui du
faint-liège > un prince qu’on appelle majejié facrée ,
qui fe dit invincible , toujours augujte 3 que l’on
nomme Céfar3 qui commande à cent autres princes}
mais qui après avoir polfédé des villes, des palais,
des châteaux & des terres j après avoir eu , dans
le douzième liècle, au temps de Frédéric Barbe-
roulTe, lix millions d’ écus de revenus, n’en a pas
aujourd’hui quinze mille.
Le corps de cet Empire offre deux ou trois cens
membres, partagés en trois clalfes ( Voyeç D i è t e )
dont le concours eft néceffaire à toutes fes réfo-
lutions & à tous fes mouvemens ; mais il faut
bien du temps pour prendre leur avis ; ils font
lents à fe déterminer , plus longs & plus lents
encore à fe mettre en aCtion 5 ils peuvent rarement
opérer de grandes chofes, & plus rarement encore
, ils peuvent déployer toutes leurs forces par
un concert unanime.
La correfpondance du corps germanique avec
fon chef eft continuelle, mais il en réfulte peu
d’effet. Sans parler des formalités d’étiquette
qu’en langage vulgaire, on appelleroit complimens 3
il y a dans le protocole impérial des minuties,
des accumulations d’épithètes & de mots 5 & un
oubli dans quelques-uns de ces miférables détails,
une omiffion légère, font des fautes, dont la réparation
demande aufli du temps, & qui abfor-
be les momens deftinés aux affaires. L ’empereur,
d’ailleurs préfide à la diète par des commiffaires ,
qui n’étant pas ceux d’un maître , mettent une
extrême circonfpeCtion dans ce qu’ils propofent,
& une grande retenue dans ce qu’ils acceptent :
ils fe bornent à-peu-près à des cérémonies & à
des négociations ; & négocier, comme on fait,
c ’ eft aller lentement. Les états de YEmpire , de
leur c ô té , membres ou non du même collège ,
font trop peu femblables les uns aux autres, pour
fe réunir promptement, lorfqu’il s’agit d’une délibération
: la défiance fe gliffe toujours dans le
commerce des princes , & les débats ordinaires de
ceux du corps germanique font des tâtonnemens,
par lefquels chacun d’ eux cherche à affurer fes
intérêts , fans s’inquiéter de ceux de YEmpire.
; Le leCteur peut juger, d’après cette efquiffe^
s’ il eft aifé à YEmpire germanique de faire ufage
de fa puiffance ; fi l’exercice total de fes forces eft
compatible avec les formes lentes & les réfolu-
tions tardives que là conftitution autorife. Il eft
clair que le pouvoir limité de fon chef , & les
droits illimités de fes membres doivent produire
cette lenteur, qui femble afTez Couvent dégénérer
en inaCtion , & demander où eft YEmpire 3 forf-
qu'on eft au centre de YEmpire. Cette lenteur ji’eft
point une fuite du caractère des allemands 5 caf
on remarqué, dans l’intérieur de leurs états particuliers,
une grande vivacité d’adminiftration, fi
l,°n'? e^t,em^ ^ er ce terme > Foi'dre, là vigilance,
1 afliduite, la vigueur, y régnent prefque par-tout.
.,p yant 1111 nfage particulier dans l’enceinte de
1 Empire , ufage fondé fur d’obfcures précomptions
de feudalifme, très-difficiles à éclaiicir, fon
nom allemand reich , Empire , royaume > appartient
a quelques-unes de fes provinces, plutôt qu’ à
a autres : il fe donne, comme par excellence, a la
ouabe , a la Françome & aux deux cercles du
I B & 01} le donne comme par courtoifie, à
{f*™ . 'phalie, aux deux Saxes, à la Bavière, à
au ccrcle jH Bourgogne.
-1. j f laj enfuite diftinguer la divifion politique &
la divifion géographique de YEmpire. La première
eft en cercles, au nombre de dix, & la deuxième,
en haute & baffe-Allemagne. Dans la haute , on
comprend la Suabe , la Bavière , l’Autriche, la
Bohême, la Franconie & les états du Rhin , jufi-
qu a la Weftphalie ; & dans la baffe, la Weftpha-,
n - Pa7s"fias autrîchiens & les deux Saxes,
il eft inutile d infifter fur la divifion en tétrar-
chies, en vertu de laquelle Othon III partagea,
dit-on, 1 Allemagne, & y établit quatre duchés,
quatre archevêchés , quatre marquifats , quatre
comtes, & c . , dont tous les autres dévoient relever
: elle eft aujourd’hui regardée comme imaginaire
, & comme l’invention d’ un faifeur de
chronique, qui trouvant des charmes cachés dans
ce nombre de quatre, croyoit n’en pouvoir faire
un plus bel ufage, qu’en l’appliquant aux diverfes
portions de YEmpire ; mais puifque toutes les bi-
fareries s accréditent plus ou moins dans le monde,
il faut dire que cette divifion n’ a pas été dédaignée
fi univerfellement . quelques - uns des états
de l’Allemagne l’ont adoptée î & on' a vu longtemps
, par exemple, les comtes, devenus princes
de ScHwartzbourg, fe qualifier de tétrarques du
Saint - Empire.
U Empire germanique a des prétentions dont,
à la vérité, il s’occupe moins que fes doCteurs en
droit public 5 nous a’en dirons qu’ un mot. On les
diyife fyftématiquement en trois claffes ; la pre-
mière eft celle des furanées 5 la fécondé, celle des
moins vieilles, & la troifième, celle des récentes.
Dans la première , on fait entrer les droits de
YEmpire fur Naples , fur la Sicile, fur la Dal-
matie, fur la Hongrie , fur la Pologne , fur le
Danemarck, fur l’Angleterre , fur les Provinces-
Unies, fur la Suiffe, fur la Champagne, fur Avignon
& fur le royaume d’Arles : il n’a pas été
queftion de ces droits depuis plus de iq o ans. La
fécondé renferme ceux qui ont pour objets la Provence
, le Dauphiné, la principauté d’Orânge &
les états de la maifon de Chalon 5 il en a été
queftion à diverfes reprifes , depuis l’an iy o o j
mais ces difeuffions n’ont jamais été fuivies d’un
décret. La troifième a rapport aux prétentions de
Y Empira
YEmpire fur la Courlande & la Livonie, fur la
Pruffe, fur Genève, fur les bailliages que l’évêque
de Gonftancc pofsède en Suiffe, fur Saint-Gai,
fur Sedan , fur l ’Alface & fur les feigneuries de
Keffenich, d’Efloe , de L en t, de Borkenlohe &
d’Anhold, dont jouiffent les hollandois : elles ont
été foutenues en diverfes occafions, depuis l’an
1648, époque des traités de Weftphalie , & c’ eft
pour cela qu’on les appelle recentes ; mais on n’y
a pas eu plus d’ égards qu’aux prétentions de la
France fur l’Allemagne , lefquelles embraffent ,
finon. la totalité de Y Empire 3 au moins tout ce qui
originairement étoit de l’ ancienne Auftrafie & de
l’ancien landgraviat d’Alfacé.
Pays immédiats de /’Empire. Il eft bon de parler
ici des différens pays , qu’on appelle pays immé-
diats de / Empire, & qui ne font partie d’aucun
des cercles. Nous indiquerons, i° . le comté de
Montbeillard ; 20. la fegneurie d’Afch j 30. la fei-
gneurie de Wafferbourg ; 40. le couvent de Schoen-
thal 5 c°. la paroiffe de Winden j 6°. la feigneurie
& le bourgraviat de Freudenberg ; 70. la feigneurie
libre d’empire de Hoërftgenj 8°. la prévôté
de Calenberg , 90. l ’abbaye d’Elten > io°. la feigneurie
dé Rheda j n ° . l’abbaye de Burfcheid ;
12. la feigneurie de Javerj 130. la feigneurie de
Kniphaufen ; 140. la feigneurie de Dick ; 1 y0, la
feigneurie de Mechernich ; 16°. la feigneurie de
Schoenau ; 170. la feigneurie de Wykre î i 8°. la
feigneurie de Richold> 190. la feigneurie de Stein;
200. la feigneurie de Dreifs; ^21°. la feigneurie de
Landskron, 220. la feigneurie de Rheda; 23 °. le comté
de Hombourg ; 24 . la feigneurie de Saffenberg ;
2 f° . la feigneurie de Schaumbourg ; 16. la feigneurie
d’Oberftein ; 270. la feigneurie impériale de
$chaven.
Il faut parler auflî des. trois cercles de la no-
bleffe immédiate d’Empire, de la Suabe, de la
Franconie & du Rhin.
La nobleffe libre & immédiate d*Empire 3
félon la defeription qu’en donne Jean-Jacques Mofer
, dans fon ouvrage des Etats 3 de la Noblejfe & des
autres membres immédiats de YEmpire d‘Allemagne
3 page 1249, eft, un corps guidé par de certains
ftatuts, & jouiffânt de quantité de privilèges.
On y trouve des comtes & un plus grand
nombre de barons & de maifons nobles , q u i,
ainfi que leurs biens, dépendent immédiatement
de l’empereur Sc de YEmpire C e fut de l’ agrément
& par les- ordres même de l’empereur Sigiimond,
que prirent naiffance en 1422 l’ union de ces divers
membres, & la conftitution qui règne entre
eux. Celle qui fubfifte actuellement, s’établit au
feizième fiècle. On la divife en trois cercles de la
nobleffe.: celui de la Suabe, celui de la Franconie
& celui du Rhim Les trois cercles ne forment
qu’ un feùlcorps, dont l’effence eft la même,
le directoire commun, qu’ils gèrent tour-à-tour de
trois en trois ans. Chaque cercle eft dirigé par
un directeur particulier, Sc chaque canton par un
(Econ. polit. & diplomatique. Tom. I l .
capitaine, ou un autre officier qui a des députés
& des confeillers pris dans le corps même de la
nobleffe. Les affemblées font générales, fi on convoque
tous les directoires, ou tous les députés ,
tous les cercles, ou même tous les cantons ; elles
font particulières, lorfque le directoire d’un
cercle feul fe trouve réuni aux députés de tous
les cantons de ce cercle 3 ou , ce qui arrive le plus
fréquemment, Ionique le directeur & les députes
d’un feul canton s’affemblent en un lieu détermine
avec les avocats confultans , qu’ils jugent
néceffaires. La nobleffe d’Empire peut admettre de
nouveaux membres dans fon corps. Les empereurs
lui ont accorde luccelfivement des privilèges con-
fiderables ; & , quoiqu’ elle n’ ait point de fuffrage
aux dietes & aux affemblées circulaires, elle n’eft
pas regardée autrement que les états de YEmpire.
Les nobles font tenus, à la vérité , de faire le
fervice de chevaliers dans un preffant befoin, ou
lorfque tout Y Empire St trouve en guerre avec une
autre puiffance ; mais ils ne paient aucune forte
d impôt, & ils ne fourniffent point de troupes :
on les difpenfe aujourd’hui de fe rendre à l’armée ;
ris donnent toujours une fomme d’argent, fous le
nom de don gratuit 3 dont ils font faire la levée
fur leurs fujets, & de laquelle l’empereur peut
; difpofer a fon gré; mais ils ftipulentqu’on n’ abu-
| fera pas de cette largeffe, pour l’exiger enfuite
comme un droit. Us ne contribuent en rien à l’entretien
de la chambre, & ils jouiffent encore de
quantité d autres droits & immunités , que le
leCleur trouvera dans l ’ouvrage de M. Mofer ,
& dans les Elementa juris publici gennanici de Jean-"
Etienne Pütter.
Des villages immédiats de /’Empire. Les villages,
les bourgs, les hameaux & les cenfès , q u i, ainfi
que les gens libres, ( freye lente ) jouiffent de 1 immediatete de Y Empire, & qui fe trouvent en
Allemagne, font vraifemblablement des anciens
domaines des empereurs , ou des biens de quelques
dynafties éteintes , qui n’ont plus été donnés
en fief. Us font fous la protection de quelques
états de YEmpire 5 mais ils ne font point fournis à
leur jurifdiCtion territoriale. L ’on peut voir là-
deffus le traité de Gottlob Aug Jeniçhen, fur les
villages & les gens libres d.'Empire 3 à Leypfick
in-8° , en 1747 > Putteri,. Elementa juris publici
germanici j un ouvrage de Jean-Jacques Mofer
fur les états de Y empire d'Allemagne , fur la noblejfe
& les autres membres immédiats, pag. i y i o , & c .
& YInJtruélion fondamentale & kijiorique de W eg e -
lin fur la préfecture impériale & de /’Empire dans le
cercle de la Suabe. Là^plupart de ces domaines font
tombés au pouvoir de feigneurs particuliers, &
les gens libres font devenus des fujets , foitpar la
voie de donation, foit par celle d’engagemens ,
foit enfin par une foumiflîon purement volontaire
de leur part. Tels font les gens libres de Méglofs
ou Meglitz en Suabe, qui aujourd’hui compofent
la feigneurie d’Eglof 5 ceux de Luftnau & d’Emb*
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