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naître entre les deux républiques, furent terminés
par l'intervention des cantons alliés.
' Les terres d u comte de Gruyères n'avoiènt pas été
faifies ; il avoit obtenu même., par la protection de f ê tât
de Fribourg3 unedifpenie de laprellation d'hommage.
L'ainé de lés fils, Michel, en lui fucccdant
en 15 4 1 , demanda la même prérogative. 11 trouva
fon héritage embarraiTé de beaucoup de dettes 5
des levées de troupes pour la France achevèrent
de le ruiner. En 1 jy y les deux villes de Berne &
Fribourg achetèrent les prétentions de divers créanciers
, de , par des exécutions juridiques mais ri'
goureufes, s'approprièrent les dépouilles de cette
ancienne maifon , qui avoit été un moment allez
puiffante.
Fribourg a une portion dans les gouvernemens
acquis par les armes réunies des confédérés , de
puis qu'elle fait partie de la ligue générale. L'article
C orps h e l v é t iq u e indique les divers traités
d'une union particulière entre les états catholiques
de la Suiffe 3 & entre ceux-ci & quelques
puiffances voifines. Si l'état de Fribourg a toujours
adhéré à tous ces engagemens particuliers , d'un
autre côté il a obfervé fidèlement cette claufe de
fon traité d'alliance avec les huit anciens, cantons
, qui ne lui permet pas de prendre un parti
dans les dilfenfions qui pourrôient furvenir en-
tr'eux. On ne l'a point vu fe mêler de.ces troubles
, dont un zèle mal entendu pour la religion
fourniffoit le fûjet ou le prétexte.
D e la constitution de la république , ou du gouvernement
de Fribourg.
Fribourg & Berne ayant eu les mêmes princes
pour fondateurs , leurs premières loix, leur police
intérieure , leurs franchifes municipales furent
rédigées fur le même plan. Mais il y a quelques
différences dans leurs conftitutiôns, & il
faut attribuer ces circonftances à la dfverfité des
circonftances, aux époques où on les a établies,
ou aux divers événemens que les deux villessont
éprouvés jufques vers la fin du quinzième fiècle.
L e lèdteur faifira’ces variétés, en comparant avec
le tableau du gouvernement de Berne celui que
nous allons tracer du gouvernement de Fribourg.
A Fribourg, l'autorité fouveraine & le pouvoir j
législatif appartiennent au grand confeil qui eft de
deux cents membres 5 les autres confeils , tribunaux
ou comités font une émanation ou une dépendance
du grand confeif. Le gouvernement eft
très.ariftoeratique, puifque la. prérogative d'entrer
au grand confeil & de parvenir aux premières
charges , eft réfervée à foixante & onze familles
patriciennes , & que les autres citoyens ne peuvent
afpirer aux honneurs de la magiftrature- C e pendant
la bourgeoifie entière a , dès la première
origine de la v i l l e l e droit de fuffrage dans.les
élevions d’ un premier chapelain ou cu ré , du
chancelier ou fecrètaire de la ville ^ & d'un bout-
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gue-mèftre. Les bourgeois des-vingt- fe'p,t parolifes
de l'ancienne banlieue font affôciés au même privilège
pour l'éleétion de l'avoyer qui eft le chef
du gouvernement.
" La bourgeoifie concourt d'une autre manière
au gouvernement. La ville eft divifée en quatre
quartiers ou bannières. Chaque quartier fournit
un banneret 5 quinze fujets pour le confeil des
ioixante , & vingt-huit autres pour le grand confeil.
Les vingt-quatre membres du petit confeil y
ajoutés aux quatre bannerets , au. confeil des
foixante, & aux cent douze confeillers nommés
par les quatre bannières , complettent celui dé
deux cents. Il faut être né dans une des familles
praticiennes prérogées ? être adopté par une des
treize tribus bourgeoifes , & avoir vingt ans complets
pour entrer ail confeil, & on n’entre aux
foixante qu'à trente ans. U n père & un fils ou
deux frères ne peuvent être en même-temps du
corps des bannerets & des vingt-quatre.
Les deux avoyers , qui alternent d'une année à
l'autre dans leurs fon&ions, préfident ces divers
confeils. Le ftatthalter ou lieutenant eft après eux
le premier officier de la république 5 depuis un
fiècle cet honneur eft réfervé au plus âgé des
vingt-quatre. Les charges de tréforier, de bour-
gue-meftre, de comp^ifiairegénéral font enfuite les
plus diftinguées. Les bannerets ont rang - après’
les confeillers du petit confeil ; ils préfident lç
confeil fecret ou confeil d'état , compofé de vingt-
- quatre membres , pris du corps des foixante, fix
de chaque bannière.
Le grand confeil confirme & renouvelle le
petit confeil & les foixante ; il eft à fon tour fin
jet au même grabeau qu'exerce le confeil fecret.-
La plupart des éle&ions fe font par le fort, qui
eft appelle aveugle , blinde wahl , & qui mérite
cette épithète à la rigueur ; les noms des afpirans
font cachés dans des boîtes, où les électeurs
jettent leurs balottes fans favoir fur qui tombent
leurs fuffrages;
Le petit confeil eft juge de haute police $ il
juge en dernier relïort les procès civils. Il eft
aufîi juge criminel \ mais quand l'accufé eft bourgeois
de la capitale ou d'une paroiffe de l'ancien,
diftriêt ,. la fentence eft prononcée devant le grand
confeil 3. qui. a le droit de modérer la peine ou
de faire grâce. Deux corps de juftice civile, l'un?
pour la villei piefidé parle bourgue-meftre 5 l'autre
pour le relïort de l'ancien diftricfc, appelles. chambres de droit civil de droit rural 5 une
chambre d'appellations pour les eaufes jugées en.
première inftance. dans les bailliages ; une c h a m bre
pour les. difeuffious fur ies débiteurs infol-
vables 5 un confeil de guerre pour le département
militaire : tels l'ont, après les divers corps des
confeils , les principales chambres de l’adminif-
tration publique. 11 n'eft pas befoin d'entrer dans
de plus grands détails fur ces c o m m i fiions fubor-
dormées. Cette diftribution de pouvoir eft- à-peur
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près la même dans tous les gouvernemens des
pays policés > elle fe retrouve même dans toutes
les conftitutions municipales des villes un peu
confidérables ; elle lé raffemble fur-tout dans les
divers cantons ariftocratiques de la Suiffe.
Les intérêts & les prétentions réciproques des
bourgeois 8c des patriciens ont produit une fer-
orientation fourcie, qui nous paroit bien dange-
reufe. Les citoyens s'y font armés un moment
les uns contre les autres , & nous craignons beaucoup
que la divifion n'éclate bientôt d une manière
fanglante. Si plufieurs des habitans de la
Suiffe Apportent l'ariftocratie , que les magiitrats
& les patriciens , que ceux de Fribourg fur-tout
n'oublient pas que la Suiffe eft une terre de liberté
; qu’on y refpire avec 1 air 1 amour de. 1 e- .
galité & de l'indépendance } que des familles privilégiées
, raflemblées dans une petite ville &
toujours fous les yeux de la bourgeoifie y doivent
ufer avec circon peêiion de leurs privilèges, &
montrer beaucoup de ( i m p l i c i t e & de douceur
pour fe les faire pardonner.
On évalue la population du canton de Fribourg
à 7.5,000 âmes. La force militaire de cette re-
publique confifte en quatre ^compagnies bourgeoi.-
fes & onze régimens de milices.
‘ Le pays, non compris l'ancien diftriél, eft di-
vifé en dix-neuf bailliages.' La comiL-ifiion des
baillifs dure cinq ans j ils font choifis par le fort
aveugle, de la manière què nous avons indiquée.
On a imaginé ce fort aveugle pour diminuer
l'influence des familles puiffantes j & quoique^ce
moyen imparfait ne produife pas tout 1 effet qu on
en a efpéré , il paroît qu'il eft fort convenable
pour cette république. La partie orientale du
canton eft plutôt un p a y s de pâturages, que de
grande culture, Cette obfervation regarde fur-tout
les bailliages de Çorbins & de Gruyères-, Le
refte du canton eft un pays affez riche en fruits
& grains de toute efpècè, & en fourrages. Il
comprend , outre le diftriéî de la ville & les trois
bailliages ci - de fi us nommés, les bailliages fui-
vans : Farvagné ou Pont, Montagny , Surpierre,
Rom ont, Vuippens, Vaurus, Bulle, Rue, At-
talens, Chatel S. D e n is F o n t , ou Vuiffens ,
Cheires, Eftavayer & S. Aubin. Dans ces derniers
bailliages, on nouve quelques vignes, dont ■
le produit ne fait pas un objet confidérable.^ »
Il y a de l'aifance & de l'induftrie parmi les
habitans de ce canton j ils font bons cultivateurs ,
& fe bornent à-peu-près à ce genre d'induftne.
Le commerce-du bétail & les fromages, fon.t le
principal article d’exportation. C et état, cojnme
celui de Berne, eft divifé en deux portions,
dont la plus grande fait ufagé d'un patois français
ou romand , tandis que l'autre parle un allemand
corrompu. : . ' ,
La religion catholique romaine eft feule toleree
ftans les domaines de Fribourg. L'exclufioa févère
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qu'établit ce gouvernement, à l’époque où la
.réformation fe répandu en Europe , partoitd un
principe adopté egalement dans toutes les arifto-
craties de la Suiffe, de l’une & l’autre communion
; cette loi fut jugée néceffaire pour prévenir
les troubles intérieurs de ces petits états. Les
citoyens } rejettés par la communion dominante
dans leur patrie 3 avolent du moins une retraite
fùre dans des lieux voilins 3 ou leur parti religieux
dominoit à fon tour : cette compenfation, au-
torifée par les traités particuliers entre quelques
états romains ou proteiians de la Suiffe^ confer-
voit l’ordre & le calme , en fixant des bornes à
l’empire des.deux églifes.
La république de Frilourg tire de la Franc*
des fublides confidérables en argent ou en f e l ,
& on a obfervé que 3 proportionnellement à fon
étendue & à fa population, il n'y a pas un canton
qui ait autant de troupes au fervice de ce
royaume. Faut-il donc traiter Les friboiirgeois dè
lâches mercenaires ? nous avons répondu à ^’article
C orps helvétique à ces belles décla-
mations.
On ne fait pas précifément quel efl l’état des
revenus de la république de Fribourg : ils fuffifent
& par-delà aux dêpenfes de l’état qui n’a point
de dettes: il paroît que le peuple paye peu d'impôts
, 8c que cependant les familles patriciennes
trouvent le moyen de s’enrichir. Voycj C o r p s
helvétique.
FRIÈDBERG , ville impériale dans la Wette-
ravie j autrefois plus confidérable qu’elle ne l’eft
aujourd’hui : elle eftfitueefür 1 Esbach 3 au pied
des montagnes de la Hcehe ; elle profeffe le lu-
thérianifme. Elle a voix & feance aux dietes du
cercle du haut-Rhin.& à celles de l’Empire ^ où
elle occupe la douzième place parmi les villes
libres du Rhin. Sa taxe matriculaire eft de 24
florins , &, fa.-cote pour l’entretien de la chambre ■
impériale de 29 rixdales, 29 kr. par terme. L em-
pereur Charles IV l’engagea , en 1 549, aux comtes
de Scbwarzbourg pour i.o^coo florins , fous
la réferve de fes privilèges 8c de fon immediatete^.
& leur titre paffa dans le fiècle fuivant a l c.ec-
teur de Mayence, conjointement avec les feigneurs
d’Epftein,, les comtes d’Ifenbourg & la ville de
Francfort. Les trois premiers abandonnèrent leur
droit au château impérial de Friedbcrgde! ave^u de
l’empereur, qui obligea la ville de Francfort a les
imiter. Fr.incfort-y confentit, & il fut décidé alors
que la Ville de Friedbcrg prêreroit foi & hommage ix
chaque bourg rave ou châtelain nouvellement élui
& confirmé par l’empereur. En 1 7 0 6 , elle s’afé
franchit de cette dépendance ; mais le ehate.ui la
foutint inextinguible. Les bourgraves & fes lix ad-
.joinfç nobles font état de l’Empire membres du
1 grand confeil i & le magiilrat de la ville eft tenu
de prendre leur avis dans toutes les affaires relati-
! ves à l’Empire ou au. cercle , & de. convenir avec