
Vêtement de femme.
AV. ƒ i
Jup e , deux aunes & demi de treillis. . 3 2 6
Cafaquin, deux aunes........................... 2 10
Jupe de deffous, deux aunes un quart. 2 f
Goëffure , un tiers.............. 10
Cordon , 3 aunes ............. 3
F i l ...................................................... 4
F a ç o n ........................ 10 ■
T o t a l v .........................................9 4 6
Trois vêtémens durent au moins deux ans } ce
qui donne le vêtement d’homme à douze livres ,
& celui de femme à 13 liv. 16 f. 9 den. par année
j ces habits fe lavent, 8c 3 quand on les d-é-
„ fa it, les pièces fervent encore de doublure.
Du travail des individus du dépôt de Soijfons.
Tous les hommes valides de la maifon font
occupés à polir des glaces & à faire de la toile :
par la difpofition des atteliers deftinés au poli ,
trènte-fix glaces»peuvent être travaillées en même-
temps. Celui qui 9* ce qae l’on nomme un banc 3
eft appellé maître. La glace qu’ il façonne eft à
fon compte } c ’eft lui qui la préfente à l’infpec-
tion} c ’eft lui qui en reçoit le prix fur un vil bon 3
qui s’acquitte toujours fur le champ : ces billets
font imprimés, ainfi que ceux des tifferands : on
en donnera les modèles. Chaque maître a ordinairement
un apprentif : il le paye fuivant fa force
& fon adreue. Jamais i’adminiftration ne fe mêle
de ce s arrangemens particuliers } elle gâteroit tout
en voulant agir : fi un maître n’eft pas content
de fon apprentif, il le renvoie, . comme celui-ci
eft également libre de chercher une autre condition
: de cette police intérietue naît un avantage
précieux ; c’ eft que le fainéant eft bientôt découvert
& toujours balloté ; la difétte 8c les .réprimandes
de fes camarades font bien plus propres
à exciter fon courage que toute autre efpèce de
punition. Un nouveau venu ne peut pas être longtemps
fans travailler, parce que l’adminiftration le
laiife feul lutter avec fes befoins., qui deviennent
d’autant plus preffans qu’il voit lés autres con-
fommer le fruit de leur travail. S’il arrivoit, .cependant
qu’ un homme voulut, par pareffej ne
s’ attacher à aucun maître, les prévôts ne tarde-
roient pas à le renvoyer des atteliers où il ne fe-
roit qu’embarraffer la manoeuvre} il iroit roder
dans les cours} c’ eft alors feulement que l’adminiftration
s’occupe de cet individu : fi c’eft un fainéant
, on le met au pain 8c à l’eau, jiifqu’à ce
qu’il demande à travailler : fi c’eft un homme, for-
b le , mais avec de la bonne volonté, ôn cherche
à l’ appliquer à quelque genre d’occupation analogue
à fes forces.
Quand un maître obtient fa fortie , l’infpeéteur
du poli fait occuper le banc par le compagnon
qu’il juge le plus intelligent 5 la confidération que
l’on accorde aux bons ouvriers , la liberté que l’on
donne aux maîtres de fe choifir des apprentifs ôte
aux renfermés cet air inquiet & mécontent qu’on
rencontre dans les atteliers de force. Le travail
très-rude du poli des glaces devient plus facile étant
partagé, & l’ouvrier femble conferver une apparence
de liberté dans l’emploi de fes forces, erreur
toujours chère à l’homme, dans quelque état
qu’il fe trouve.
On donne une prime de trente fols tous les
mois à celui des ouvriers qui eft le plus haut en
fomme : on a mis pour condition feulement, de
ne point avoir cafte de glaces .pendant le cours du
mois } cet accident, de telle manière qu’ il arrive,
exclut de la prime.
Un maître ouvrier eft payé , fuivant le tarif de
la manufacture des glaces : on fouftrait de fon
billet les frais de potée & de lift ère. L ’adminiftration
prend le quart-de ce qui refte, pour fè dédommager
des fournitures de plâtre pour ftelîer
les glaces, de flèches de bois, qui font refîort-, 8c des uftenfiles néceflaires dans lés atteliers » il
feroit peut-être à defirer qu’on fupprimât ce bénéfice,
en forçant, par exemple, les ouvriers à
fe- fournir de culottes & de tabliers.
Un homme qui • emploie Ton temps , peut ga*
gner environ 1 $■ liv. par mois : il gagne fouvent
plus, mais cela dépend de la grandeur des glaces
& de quelques circonftances particulières. Le commençant
ou l’ apprentif gagne deux ou trois fois
par jou r, proportionnellement aux fervices qu’il
rend à fon maître : ce modique falaire ne procure
pas une vie bien attrayante j mais, il peut fuffire
pendant quelques mois ,d’apprentiffage, 8c cette
première punition eft la plus jufte que l’on puiffe
infliger au mendiant valide : avec trois fols par
jour, un homme, aux yeux de l’adminiftration >
eft cenfé cependant ne manquer de rien : il doit
fe contenter de prendre une demi - livre de pain
de fupplément pour la foupe, 8c tous Tes deux
jours il peut confommer , en fromage, en viande
ou enbierre , les quatre fols qui lui reftent. Ceux
qui ont des befoins faétices comme celui de prendre
beaucoup de. tabac, font les plus mal-aifés : il
eft alfez rare qu’un bon apprentif ne partage pas
quelquefois avec fon maître une partie des ali-
mens que celui-ci confomme.
Les tifferands font payés comme les glaciers,
fur des billets qu’ils prélèntent 5 mais on ne leur
retranche rien, parce que le treillis & les toiles
à l’ufage de la maifon ne fe payent que deux fols 8c demi l’aune. Un. ouvrier ordinaire en fait au
moins trois aunes; par jour : les apprentifs reçoivent
18 fols par femaine. Les tailleurs font payés
à la pièce.-
Les femmes font occupées à tricoter , filer du
chanvre, du iinou de la laine, & à faire les vêtemens.
La façon de la livre du chanvre éft fixée
à cinq fols. La façon des habits des hommes eft
de douze ftls ; ceux de femmes coûtent huit fols 1
ceux d’enfans quatre fols.
M o d I I I d'un billet de glacier & de tiffcrand.
24 janvier 178}.
Nom................ F r a n ç o i s .
N°. de la gla ce,----- 19— 19. ^v. f . d.
Prix de l'ouvrage, fuivant le tarif, • ■ 3 13
Frais , potée 8c lifière ....................... .. 2
Refte net......................................... • • 3 11
Quart retenu......................... .. .......... *7 9
Revient à l’ouvrier....................... 2 *3 3
M o d u l e d'un billet de tijferand.
Nom........................... J. B. P r é v ô t .
Qualité. . ......................................... treillis. -
Aunage........................................... 31 aun. & demi.
Largeur,................ ...........................deux tiers.
P o i d s . . ; . ....................................... 38 livresy
Façon • * • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • ' fols 6 den*.
Revient à l’ouvrier................ 3 1. 18 f. 9 d.
De la police du dépôt & des furnuméraires de la
maréchauffée.
Sous l’ ancienne adminiftration , la police 8c la
fureté du dépôt étoient confiées à des concierges
plus où moins intelligens, mais toujours déprédateurs
8c greffiers : avec ce régime, aucun ordre
. a choifi lui-même : ils font habillés, nourris, appointés
n’étoit exécuté , 8c les gains les plus fordides,
faits aux dépens des malheureux, étoient le feul
but qui faifoit. accepter un emploi fatiguant &
dur. Il n’ étoit pas aifé de remédier à tant d’abus 5
mais, avec le concours de pl’ufieurs circortftan-
ces , on a trouvé un arrangement fimple qui donne
à la police du dépôt une forme imposante 8c fûre :
on ofe avancer, d’après l’expérience} que plu-
fieurs dépôts de l’ intérieur du royaume pourroient,
employer pour leur fureté les mêmes moyens que
ceux mis en ufage dans le dépôt de Soiuons. La :
police de la maifon y eft exercée par trois fur-
numéraires de la maréchauffée , que M. de Noi-
refoffe , prévôt, général, qui a toujours concouru
dç tout fon pouvoir au bien du dépôt de Soiffons,
par l’adminiftration. On donnera l’état de
leur dépenfe pour fervir. de règle s ils couchent
dans trois cabinets féparés. qui fe trouvent dans
les endroits de la maifon ou il y a.le plus.de danger
pour les évifions : le jo u r , ils fe réunifient
dans un corps-de-garde place dans la cour des hommes;
ils ont fous leurs ordres deux porte-clefs,
dont l’un, pendant le jour, eft de f»arde chez les
femmes, & furveillé par le furnuméraire qui a ce
polie. • .
La diftribution du pain , du vm , ou linge le
fait en préfence d’un furnumeraire, .a qui en eft
confiée la police. L ’ un d’eux aflilre a 1 ouverture
des chambres dont il eft charge, 8c c eft a lui
que le prévôt de chambrée fait fo.n rapport : malgré
l’envie que l’on auroit .d’abréger ces détails
minutieux, il faut expliquer ce que l’on entend
par un prévôt de chambrée. La première condition
que l’on exige de celui dont on a fait choix,
eft de n’être pas flétri, & qu'il foit dans la clafle
des ouvriers : on a prefque toujours choifi les
prévôts dans la clafle des vagabonds, qui avoient
de la taille & quelques années de fervice : la rai-
fon eft qu’il faut du nerf pour faire exe’cuter un
ordre, & y avoir été fournis pour favoir obéir.
Un bord de moquète rouge , qui coûte environ
dix fols., placé fur une vefte de treillis,.feul vêtement
des hommes du depot, fait la décoration
d’un prévôt ; trente fols par mois lui fervent de
gages. Par la difpofition du local de.la maifon, .
chaque chambre a. un cabinet. Le prévôt couche
feul & a des gages. Le lit double qui eft.à côté
de lu i, eft occupé par deux hommes qu’ il choi-
fit : voilà une partie de fes prérogatives.
Le prévôt, à l’ouverture des. chambres, fait .
fon rapport, mais publiquement' & en préfence
dé celui qui a transgrefle la règle : on s’eft bien
donné de garde, dans aucun cas , de recevoir des
délations fecrettes ; elles fement la méfiance, &
finifîent par ne produire aucun effet. Comme il
n’ eft guère queftion, le matin , que de plaintes,
furie défaut d’ attention à la prière , du foir, qui
fe fait tous les jours, ou fur le défaut de propreté,
ou fur quelques propos grofliers tenus dans
la chambrée ; alors le prévôt appointe le délinquant,
c’eft-à-dire , qu’ il le condamne à faire deux
ou trois fois , fuivant le délit, la corvée de propreté.
C e jugement eft toujours en dernier ref-
fo r t , & il n’eft pas'encore arrivé une feule fois
qu’il n’ ait pas été exécuté. Le. moyen de forcer
les hommes à être juftes, c’eft de démontrer qu’on
eft jufte avec eux. Le prévôt a d’autres fonélions
à remplir ; comme il a feize hommes au moins ,
ou vingt au plus dans fa divifion , il eft chargé
de' !eiir faire procurer les chofes qui leur manquent.
Un. renfermé fouffre-t-il de quelques pei-
•nes ou de quelques befoins, l’ infpeéleur eft averti :
car une prérogative du prévôt e ft, dans ce cas ,
de demander la permifliont de parler à l’ tnfpee