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refufa ‘de fuivre les autres , & demeura à
1 occident de la Viftule : on les nomma gép'i-
dcs 3 mot qui , dans leur langue , fignifioit paref-
Jeux. Ces gepides, quelque temps après, ( vers
le temps de Claude le Gothique ) , ayant vaincu
les bourguignons, s avancèrent vers les bords du
Danube, où ils commencèrent à inquiéter les romains.
Des Palus - Meotides, les goths envoyèrent
divers euains dans le pays des anciens gètes, vers
les embouchures du Danube , & ils anéantirent
peu-a peu cette nation. Ils remportèrent de grandes
victoires fur les vandales, les marcomans &
les quades. Ils Te rendirent redoutables à TEm-
pnè fous le régné de Caracalla:, 8c forcèrent les
romains a leur payer des penlîons confîdérables
pour acheter la paix. Ils la rompirent toutes les
lois qu ils crurent trouver plus d’avantage à
faire la guerre. Souvent on les vit paffer le Da-
nube, & mettre à feu & à fang la Méfie & la
1 hrace. Us battirent & tuèrent l’empereur Dece
Trebonien Galla leur paya un tribut. Sous Vale-
nen & (ous Gallien, ils portèrent le ravage iuf-
011 iis entrèrent par le détroit de
1 Hellefpont, apres avoir pillé l’IIlyrie, la Ma-
xredoine & la Grèce. Us brûlèrent le temple d’E-
phçfe, ruinèrent Chalcedoine, pénétrèrent juf-
’qu'en Cappadoce; & à leur retour, ces barba-
r e s , nés pour la deiïru<3ion des monumens antiques
ainii que -des Empires, renvérfèrent en
panant, Troie & Uion , qui fe reievoient de
leurs rüines. Us furent battus par Claude par
Aurehen, par Tacite. Probus les réduifît a la
ioumiftion. Leur puilfance étoit déjà rétablie fous
Dioclétien. Us fervir.ent fidèlement Galere dans
la guerre contre les perfes. Us étoient devenus
comme neçeflaires aux armées romaines , & nulle
expédition ne fe fit alors fans ieur'feçours. Conf-
tantin employa leur valeur contre- Licinius : ils
s engagèrent a^yec lu i, par un traité;, à fournir
aux romains quarante mille hommes toutes lës fois
qu’ ils en feroient requis. C e traité,, fouvent in|
^errp?1Pu.P arJ /ês guerres qui furvinrent entr’eux
f f . I ™ P Irev etoît toujours renpùvellé au réta-
bliflemçnt de la paix ; il fubfifta jufques fous Juf-
tinien, & c e s troupes auxiliaires étoient nommées
les confédérés, pour faire connoître que ce n’ é-
roit pas à titre de fujets, mais d’alliés & d’amis,
qu ils fuiyoient les armées romaines;
Les loix de qes peuples feptehtrionâux n’étoient
P-Oint-, comme les loix romaines, chargées de
details minutieux , fujettes a mille changèmens divers
, & fi pombreufes qu’elles échappent à la
mémoire la plus étendue. Elles étoient invariables,
fim.pl.es;, courtes , claires , femblâbles aux
ordres d’un père de famille. Aüffi le code Théo-
doric prévalut-il en Gaule fur celui dé Théodofe,
& Charlemagne tranfporta dans fes Capitulaires
pluueurs articles, des loix des vifigoths. Les loix
des goth* fervirent de bafe aux loix d’Efpagné ; |
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celles des lombards ont fervi de bafe aux eonftî-
tutions de Frédéric I I , pour le royaume de N a ples
8c de Sicile. La jurifprudence des, fiefs, en
ufage parmi tant de nations, doit fora origine aux
coutumes des lombards, & l’Angleterre fe gouverne
encore par les loix des normands. Tous les habitans
des cotes de l’Océan ont adopté le droit mariti-
me établi dans l ’ifle de Gothland, 8c en ont com-
P.° e.ur droit des gens. La forme même de la
legmation chez^ les goths cômmuniquoit à leurs
loix^ une folidite inébranlable. Elles étoient dif-
cutees par le prince 8c par les principaux per-
fonnages de tous les ordres 5 rien n’échappoit à
tant de regards : on pratiquoit avec zèle 8c avec
confiance ce qui avoit été établi d’un commun
accord. Ces peuples ne connoifloient point les
tities purement honorifiques 8c fans fonction : on
trouvoit dans toutes les villes, & jufques dans les
bourgs, des magiftrats choifîs par le fuffrage du
peuple, qui rendoient la juftice, & faifoientda ré:
partition des tributs.
^ Sous, le régné de Valence , leur domination
s etendoit depuis les Palus Méotides jufques dans
la D a ce , fituee au-delà du Danube. Ils s’étoient
rendus maîtres de cette vafte province, après
qu Aurelienl eut abandonnée. Les pencins , les
bafiarnes, les carpes , les viétohales & Jes autres
barbares dé ces cantons étoient anéantis ou incorpores
aux goths. On difiinguoit alors les oftrd-
gofiis , ceft-à-dire, les goths orientaux, nommés
aufli gruthonges , qui habitoient fur le Pont-Euxin
& aux environs des bouches du Danube , & les
vfigoths ou goths. occidentaux , appelles encore
Theryinges, Qn ne fait à quelle époque commença
cette divifion , car il eft déjà parlé des oftrogoths
fous le^ régné de Claude le Gothique, & les meilleurs
écrivains prefumentque cette diftinélion eft
très - ancienne j elle fubfifte encore en Suède.
Ces deux peuplades avoient des princes différens,
mus de deux races célèbres dans leurs annales ;
celle des Amalès qui régnoit fur les oftrçgoths ,
& celle des Balthes fur les vifigoths. Us ne don-
noient à leurs fouverains que le nom de juges 9
parce que le nom de n’étoit, félon eux , qu’un
titre de puilfance & d’autorité , au-lieu que ce-
lui dé juge étoit un titre de vertu & de fa-
gelfe.
G O T Z L A R v i l l e impériale. Voyez l’article
G o s s l a r .
G O U V E RN EM EN T . C e mot a diyerfes acceptions
; il défigne i° . les loix fondamentales ,
exprelfément ou tacitement établies par une nation
lorfqu’elles*eft réunie en fociété civile; & c ’efi
dans ce fens^ que l’on dit du gouvernement qu’ij
eft monarçhique, ariftocratique ou démocratique :
i ° . il défigne celui ou ceux que la nation a charges'
, Jors de la formation du corps politique ,
de lui procurer, tous Jes avantages qu’il' avoit
heu d’attendre de l’union des forces & des
volontés particulières ; c’eft dans ce fens que l’on.
G O U
dît !égouvernement d’Angleterre, pour exprimer
lérôi & lç parlement, chargés du pouvoir légifia-
t i f& exécutif pour le bonheur de^la nation. Et
fi l’ on veut comprendre dans la même définition
réelle les deux attributs dont nous venons de
parler, on peut définir le gouvernement, l’exercice
du pouvoir fuprême d’après la conftitution effen-
tielle de l’état. Voyez Confiitutiôn politique, ou
Confiitution: de l ’état.
Suivant cëtte définition , le gouvernement eft un
corps intermédiaire entre la loi fondamentale de
l ’état & la nation : c a r , s’il eft des nations qui
n’aient pas de véritables loix fondamentales, elles
ont toujours dés réglemens généraux qui palfent
pour t e l s d ’après le régime politique qu’on y fuit.
J^fous qui valons autant que toi , difoient les
états d’Arragon en reconnoiffant leur nouveau roi,
tefâifons notre roi ', a condition que tu garderas
obfervsras nos privilèges■ & nos libertés ; jinon , non..
Sidney, tom. 1 , pag. 226 , & c . Des auteurs ob-
fervent ici que, dans un gouvernement defpotique,
la loi fondamentale eft le code de la nature , auquel
le gouvernement, doit fe conformer , parce
que, quand même la nation âuroit voulu l’ en dif-
penfer , elle n’en avait 'pas: le pouvoir. Mais cela
eft H t à dire,. & c ’eft donner au régime defpô-
tiqiîe une loi fondamentale plus belle encore que
celle de la démocratie. ■
i l 'y a cette différence elïentielle entre les fujets
& le gouvernement, que- lès-premiers exiftenf
par èux-mêmés , tandis que le gouvernement n’exifte
que par-les fujets en vertu du padé focial.^Ajnfi
la volonté dominante du gouvernement ne doit être
que , la volonté générale de là nation marïifeftée
dans la conftitution. La force du gouvernement
fi’eft que la force publique du corps de la nation :
dès qu’ il veut tirer de lui-même quélqu’àde àb-
folu & indépendant, la liaifon du tout commence
à fe relâcher ; & fi le gouvernement a une volonté
particulière différente de celle de la nation , exprimée
dans la loi fondamentale * & s’il ufe ,
pour exécuter cëtte volonté particulière, de la
force publique qui eft dans fës mains, à l’ inftant
l’union primitive s’évanouit, le corps politique fe
diffout, & il prend une autre forme.
Cependant , pour que le corps du .gouvernement
ait une exiftence , une vie réelle qui anime tout
l’état 5 pour que tous fes membres puiffent agir
de concert & répondre à da fin pour laquelle'il
eft inftifué-, il lui faut un moi particulier,, une
fenfibilité commune à fes membres , une force ,
une volonté propre qui tende à fa converfation.
Cette .exiftence particulière fuppofe des âffem-
blées, des confeils , un pouvoir.de délibérer, de
réfoudre, des droits , des titres , des privilèges
qui foient réfervés au gouvernement, 8c qui rendent
fa condition plus honorable, à proportion
qu’elle eft plus pénible. Les difficultés font d’ordonner
, dans le tout général, ce tout particulier,
de forte qu’il n’aitère point la conftitution
G O U f fH
générale en affermiffant la fienne > qu’ il diftingue
toujours fa force particulière, deftinée à fa propré
confervation, de ‘la force publique deftinee
à la confervation de l’état ; & qu’en un mot, il
foit toujours prêt ai facrifier le gouvernement au
peuple , & non le peuple au gouvernement.
Le corps du gouvernementspeut être compofé d’ un
plus grand ou d’un moindre nombre de membres.'
Sa force totale étant toujours celle de l’éta t, rae’
varie point : d’où A fuit que plus il ufe de cette
force fur fes propres membres, moins il lui en,
refte pour agir fur tout le monde. A in fi, plus
? lès membres du gouvernement font nombreux ,
plus le gouvernement eft foible. Comme cette maxi- '
me eft importante, elle a befoin d'explication. ’■
La nation peut , en premier lieu , commettre
le dépôt du gouvernement à tout le peuple, ou à'
la plus grande partie du peuple ., enforte qu il - y /
ait plus de citoyens magiftrats que de citoyens {impies
particuliers. On donne à cette forme de
gouvernement le nom de démocratie. Voyez ce'
mot. •
Ou bien elle peut concentrer le gouvernement ■
dans les mains d’ un petit nombre, énforté qu’ il y.
ait' plus de fimples; citoyens que de magiftrats, Sucette
forme porte le nom d3afiftocratie. Voyez ce
mot.
Enfin elle peut concentrer tout le gouvernement
dans les mains d’ un feul individu , dont tous les1
autres tiennent leur pouvoir. Cette troifièraê for- ■
me eft la plus commune, & s’appelle monarchie,r.
Voyez ce'mot.
Toutes ces formes.3 ou du moins les deux premières,
fontftifceptib 1 ês d’une multitude de com-
■ binaifons ; d’ ailleurs la démocratie peut embraf-
fér tout le peuple , ou fe borner a un certain
nombre. L ’aviftoctade , à fon tour, peut
' fe refferter jufqu’au plus petit nombre îndéter--
minément. La royauté même eft fufceptible de
quelque partage. Sparte notamment eut deux:
rois par fa conftitution , & l ’on a vu 'dans
l’ Empire romain jufqu’ à huit empereurs à la
fois, {ans qu’on pût dire que l’ Empire fût divifé.
Ainfi i-1 y a un point où chaque forme de gouyer-
hement change dénaturé ; & , fous trois denomina-
dons , le gouvernement eft fufceptible d autant de ■
formes diverfes'que l’état a de citoyens; & ce
même gouvernement pouvant à certains égards fe
fubdivifer en d’autres parties, l’une adminiftree
d’ une manière & l’autre d’un autre , il peut ré
fulter de ces trois formes combinées une multitude
de formes mixtes, dont chacune eft mulu-
pliable par toutes les formes fimples.
On'a de tout temps difputé beaucoup fur la
meilleure forme de gouvernement, fans confidéref
que chacune d’elles1 eft la meilleure en certains
.cas , 8c la pire en d’ autres..
S i, dans les différens états, le nombre des mem*
bres du gouvernement doit être en raifon inverie
| de celui des citoyens, il ré fuite qu’en général le