temps pâté toutes les bornes. C e défaut de vente
étoit une punition de l'aveuglement, de 1^avidité
du fifc. L e miniftère efpagnol comprit a la fin
cetre grande vérité. 11 déchargea fa marchandise
de tous les droits dont on l’avoir accablée j il
la débarraffa de toutes les entraves qui genoient
fa circulation , & alors elle eut un grand débit
dans tous les marchés. Bientôt les anglois ne trouveront
plus de débouchés. Sans avoir manque a
fes engagemeUs s la cour de Madrid fe verra délivrée
d’une concurrence qui lui rendoit inutile la
pofleflion de deux grandes provinces. Quelquefois
Cadix tire le bois directement du heu de
fon origine; plus fouvent il eft envoyé à la Vera-
Cru7. ï qui eft le vrai point d'union du Mexique
avec l’Efpagne.
La cour d'Efpagne & le roi d Angleterre viennent
de ligner une convention particulière fur
ces trois établilfemens. Nous ne favonspas pré-
cifément ce quelle contiént, & nous n'ajoute-
lons rien de plus. Voye\ les articles des diverfes
poffeflïons des efpagnols en Amérique.
H O N G R IE , royaume d’Europe. Nous parlerons
, 1°. de la divifion de ce'pays , de fon fol,
de fes productions , de feS diverfes claffesd’ ha-
bitans & de fa population ! a°. nous ferons un
précis dé fon hiftoire politique : nous ferons
quelques remarques fur le royaume de Hongrie &
fur les états du pays : 40. nous traiterons de 1 ad-
miniftration , dés tribunaux & des loix : 5 ■ nous
publierons diverfes remarques fur le commerce,
fes canaux de navigation, les troupes, fur les
revenus Ae h Hongrie, & fur l'admmiftration
générale des finances de la maifon d’Autriche.
S e c t i o n p r e m i e r b.
Divifion de la Hongrie , fon f o l , fes produllions ,
fes diverfes claffes d’habitans , fa population.
La Hongrie portoit autrefois le nom de Pannonie
; fes habitans' qui tiroient leur origine des ef-
clavuns, s’arrogeant le titre d epanoves ; (lemot
pan , en langue efclavonne , figBifitfeigneur) , on
lés appella pannoniens. Leur pays ne comprenoit
pas toute la Hongrie d’aujourd’hui, 'comble celle-
ci ne renferme pas non plus toute ia Pannonie. Il
v'eut un temps où la portion comprife entre les
monts Crapack, le Danube & la 1 heis, fe nom-
moit tafiygubi metanafiarum regio. Le nom de me-
tanaftes défigne des peuples qui s’y font tranf-
portés d’ ailleurs : quant à celui de Jazyges; l’origine'
èn; eft' incertaine. ;
On divife iommunéiriemla Hongrie en haute
& bîtte-Hongrie ; mais on n’ eft pas d'accord fur
détendue rie ces deux parties. Selon quelques;
uns , la haute Hongrie eft h portion fituée au-
deflus du Danube vers la Pologne,: & celle au-
deffous du Danube dis la nomment baffe-Hongriei
D ’autres tirent une ligne méridienne depuis le.
comté de 7.ips, jufqu’ à l'endroit où le comté de
Firm touche au Bannat de Temefwar, « Us
dotfhent à la partie occidentale le nom de njje-
Hongrie , & à l'orientale celui de haute-Hongrie*
Relativement au gouvernement on partage a
Hongrie , félon fes quatre dicaftères ou départe-
mens , en quatre grands cercles & en cinquante
deux comtés que les hongrois aomment War-
megyes. ^ i r
La Hongrie , dans fa dénomination la plus ret-
, treinre , eft bornée par la Drave qui la fepare
de l'Efclavpnie 3 & par la Servie au midi ; par
la Valachie & laTranfylvanie à l'orient j par les
monts Crapack au leptentrion , où elle fe trouve
léparée de la Pologne 5 & à l'occident elle confine
à la Moravie, à l'Autriche & a la Styrie.
Dans un fens plus étendu, la Hongrie renferme
l'Efclavome, la Dalmatie, la Bofnie, la Servie,
la Tranfylvanie , & même la Moldavie & la Va-
lachie > ce qui lui donne alors une etendue de
10,875 milles géométriques en quaire. La maifon
d'Autriche n'en pofféderoit qu environ 47Û0, S£
le turc f945» ■ .
Vers le nord, le terrem eft montueux &
ftérile ; l'air y eft froid, mais fain } la partie qui
occupe le milieu, ell plus unre & plus tempérée
& aufli plus humide : la partie inférieure ou méridionale
eft chaude & fertile ; elle offre des
plaines , mais le grand nombre des marais en
rendent le climat mal fain. D'ailleurs la Hongrie
offre en abondance tout ce qui eft’néceffairè aux
befoins & aux commodités de la vie. Un enthou-
fiafte, pénétré de cette vérité , s'eft permis ]à-
deffus une grande exagération : il a dit que c e-
toit le feul fieu du mondé où l'on, pût fe vanter
de jouir de la vie | extra Huhgariam non eftvita ;
f i eft vita 3 non eft ita. .
On y trouve de l’o r , de l'argent, du fe r , du
plomb , du zinnopel, ( minéral peu connu ailleurs,
& oui contient un minerai alkalin d argent,
qui donne trois a quatre onces par quintal ) .
Outre fes villes , la Hongrie^ a un grand nombre
de bourgs privilégiés, mais ni les uns ni les
autres ne font bien bâtis. De chétifs villages ,
qui n'ont guères que trente maifons, jouiffent
du droit de tenir marché. Dans un feul comte ,
il fe trouve une centaine de bourgs ou moindres
lieux, qui jouiffent du meme droit. Le royaume
, en général , n'eft pas aüjourd hui affez
peuplé : on y compte-toutefois cinq millions d habitans
$ & fi l'on y comprenoit l'Efclavonie , la
Croatie & la Tranfylvanie , il en contiendroit
huit1 j mais il pourroit être mieux cultive & nourrir
une population double & triple : fes habitans
font de différentes races. Les hongrois proprement
dits defeendent des anciens hongrois 5 &
quoiqu'ils foient plus polices que leurs ancêtres ,
ils offrent encore des reftes de leùf origine. Celle
des jazyges & des cumanes paroît avoir été h
même. Le pays des jazyges a été poffédé apres
eux par les cumanes ou cunes à qui , paf cette I
raifon, des écrivains hongrois donnent le nom de j
jazyges. Il eft plus probable que ces cumanes
ont fait partie des anciens habitans de la Tranfylvanie,
connus fous le nom de paçinacites. Ils
jouiffoient jufqu'en 1638, de privilèges confidé-
rables qu’on leur a ôtés depuis.Le palatin du foyaume
porte entr'autres titres, celui de comte & de
juge des cumanes ( cornes & judex cumanorum ).
Une autre partie des habitans eft d'origine efcla-
vone j tels font les bohémiens , les croates, les
ferviens ou rafeiens , les ruffes & les vendales.
Ceux-ci occupent la partie, orientale & fepten-
trionale, & nommément les comtés de Presbourg,
Nitra , Trentfchin, A r v a , Liptau, T h u ro tz ,
A ltfo h l, Barfch, H ou t1 Noegrad , Groemoer &
Oedenbourg, & il y en a d'autres dans le relie
de la Hongrie. Leur établiffement paroît fort an-
cien.> Les habitans allemands font originaires de
l'Autriche, de la Styrie, de la Bavière,, de la
Franconie, de la Souabe & de la Saxe. Ils fem-
blent y être venus lorfque les faxons s'établirent
en Tranfylvanie, fous le règne de Geyfa II &
d'André I I ; depuis cette époque , la guerre, le
commerce & la fertilité du pays en ont attiré
d'autres, & leur nombre s'eft furtout accru depuis
que ce royaume appartient à la maifon d'Autriche.
Les Walaques ou olaques, qui habitent
les environs de la Tranfylvanie & de la Wala-
quie , defeendent vraisemblablement des romains
établis dans la Dace* Nous en parlerons plus
au long à l'article T r a n s y l v a n ie , On compte
parmi les étrangers, les grecs que le commerce
y a conduits : les juifs dont le nombre eft de
beaucoup diminué : les turcs & les zigenners ,
peuplade ambulante dont l’origine n'eft pas bien
connue , & dans laquelle on trouve un grand nombre
de forgerons & de muficiens. Les hongrois,
y compris les efclavons & les allemands , font
ieuls qualifiés, dans les édits & mandemens, de
regnicoles & états du royaume de Hongrie : les
allemands même ne peuvent y acquérir de biens
nobles qu'ils n'aient obtenu l'indigenat, fixé depuis
1741 à une contribution de 200 ducats de
ÎCremnitz, qui fe payent à la caille provinciale.
Ces différence? d'origine & de condition doivent
varier les caraélères ; mais le genre de vie eft
affez uniforme. La noblelfe eft nombreufe & aufli
polie qu'aucune autre nation de l'Europe. Depuis
le règne de l'empereur Charles V I , tous les
magiftrats s'allient à des familles allemandes, &
prefque toutes les femmes delà première condition
abandonnent l’habillement hongrois. Les nobles
jouiffent de beaucoup de privilèges & de
franchifes , & entr'autres de l'exemption de toute
redevance au roi pour leurs terres. Plufieurs roturiers
cherchoient à fe faire ennoblir, au préjudice
des revenus de la couronne, î&’on a mis
des reftriétions à leur ennobliffement. Le pay-
fanne poffède rien en propre; le gentilhomme
dont il eft le fermier, eft le maître de le congédier
j & , fans être ferf, il eft prefque aufli mi-
férable qu’un payfan polonois ou ruffe. Dans les
diftriéls qui manquent de bois de charpente, le
payfan , & fur-tout les rafeiens, habitent des
fouterreins ou des trous creulés en terre, de telle
manière que la cheminée ou le toit parodient
fetils aü-deffus du fol.
Quoique les catholiques romains ne forment
pas ia quatrième partie des habitans, & fupper-
tent à peine le fixième des contributions, leur
religion eft la dominante, & ils dépendent de
deux archevêques & de neuf évêques, nommés
par le roi & confirmés par le pape. Les abbés &
les prévôts, qui font aufli à la nomination du
roi, n'ont pas befoin d'être confirmés par le pape.
La plupart des prélats jouiffent de revenus con-
fidérables ; mais il paroît que l’empereur aéluel
les a diminués. Au relie, la puiffance du pape
ne s'étendoit pas, même avant les dernières opérations
de la cour d'Autriche , aufli loin en Hongrie
que dans d'autres royaumes ; il ne pouvoit
difpoier, des bénéfices, & l’appel en cour de
Rome n'étoit pas permis. Comme les revenus des
évêchés vacans tombent au roi, jufqu'à ce qu'il
lui plaifè d’y nommer , on ne fe preffe pas de lés
remplir. Les protellans n’ y font que tolérés ; ils
ont des furintendans & des anciens. Les catholiques
fêuls peuvent pofféder quelque bien-fonds
dans la Dalmatie, la Croatie & l'Efclavonie. L'ë-
glife grecque, compofée de rafeiens, ruffes &
valaques , tient fes privilèges de l'empereur Léopold
en 1690, & ces privilèges ont été confirmés
par fes fucceffeurs. Une partie s'eft réunie
à l'églife catholique romaine, & fe nomme et-
clefia redunita ou de l'ancienne croyance : l'autre
partie qui eft demeurée réparée , eft appellée ec-
cLefia dijfentiens ou des diflidens. La première a
deux évêques j la féconde en a trois., à Ofen ,
à NeufArade & à Grand - Waradin , qui font
fuffragans du patriarche de Carlowitz. On tolère
les anabaptilles ou. memnonites aux environs de
Presbourg, ainfi que les juifs dans quelques villes
& bourgs ; mais les uns & les autres font obligés
, depuis le règne de l'empereur Rodolphe ,
de payer le double impôt.
S e c t i o n s e c o n d e .
Précis de l ’hifloire politique & du gouvernement
de la Hongrie.
Les romains ayant fubjugué la Pannonie, la
gardèrent fous leur domination près de 400 ans.
Les vendales la conquirent dans le quatrième
fiècle , & ils en demeurèrent maîtres environ
quarante ans jufqu'en 3 9 A cette époque, ils
firent une invafion dans les Gaules ; & les goths
que les huns avoient chaffés de leurs anciennes
demeures, vinrent occuper leur territoire. C t
V v v ï z