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fucceflton, fans égard au degré de parenté. Leurs
adverfaires reftreignent le principe & les çonfe-
quences , & infiftent beaucoup fur le degre plus
ou moins proche de parenté , auquel on doit ,
félon eu x , avoir égard. Il en eft réfulté un procès
qui pend encore à la chambre impériale. Voye[
les articles G r um b a ch , Ste in , Sa lm -Sa lm ,
KYRBOUR.G , RHINGR.AVES & WlLD-GRAVES.
D IC T A T E U R i Magifirat fouverain de l’ancienne
Rome. Le diSateur é toit créé , tantôt par
un des confuls, ou par le général d'armée | fui-
vant Plutarque i tantôt par le fénat, ou par le
peuple ; on établiffoit cette magiftrature dans des
temps difficiles. Le citoyen, à qui on la confioit,
commandoit en fouverain , & il etôit charge de
pourvoir à ce que la république ne fouffrît aucun
dommage. . . .
Les romains ayant chaffe leurs rois , -fe virent
obligés de créer un” diâateur dans les périls ex-
trêmes de la république ; comme, par exemple,
lorfqu'elle étoit agitée par de dangereufes fedi-
tions, ou lorfqu'elle etoit attaquée par des ennemis
redoutables. Dès que le dictateur étoit nommé,
il fe trouvoit revêtu de la fuprème puiffance ; il
avoit droit de vie & de mort, a Rome, comme
dans les armées, fur les généraux & fur tous les
citoyens, de quelque rang qu'ils fuifent : l'autorité
& les fondions des autres magiftrats, à \"exception
de celle des tribuns du peuple , ceffoient ,
ou lui étoient fubordonnées : il nommoït le general
de la cavalerie, qui lui fervoit de lieutenant,
& fi l'on peut parler ainfi, de capitaine des gardes :
vingt-quatre licteurs portoient les faifeeaux 8c les
haches devant lui , 8c douze feulement les portoient
devant le conful. Il pouvoit lever des troupes,
faire la paix ou la guerre, félon qu'il le jugeoit
à propos, fans être obligé de rendre compte de
fa conduite, 8c de prendre l'avis du fénat 8c du
peuple : en un mot, il jouiffoit d'un pouvoir plus
grand, que ne l’avoient jamais eu les anciens rois
de Rome ; mais comme il pouvoit abufer de ce
vafte pouvoir , fi fufpeéi; à des républicains , on
prenoit toujours la précaution de ne le lui déférer que
pour un temps très-court: en général, fa magiftrature
n'excédoit guères l’efpace de fix mois.
L ’établiffement de la diâature dura , félon les
premières loix de fon inftitution, jufqu'aux guerres
civiles deMarius 8c de Sylla. C e dernier, vainqueur
de fon rival 8c du parti qui le foutenoit,
entra dans Rome à la tête de fes troupes , 8c y
exerça de telles cruautés', -que perfonne ne pou-
voit compter fur un jour de vie. C e fut pour au-
torifer fes crimes , qü'il fe fit déclarer diSateur
perpétuel l'an de Rome 6 7 1 ,, ou , pour mieux
d ire, qu'il ufurpa de force la diéiafure. Souverain
abfolu, il changea à fon gré la forme du gouvernement
; il abolit d'anciennes loix, en établit
de nouvelles, fe rendit maître du tréfor public ,
8c difpofa defpotiquement des biens de fes concitoyens.
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Cependant cet homme qui , pour parvenir à la
dictature, avoit donné tant de batailles , taffafié
du fang qu'il avoit répandu , fut affez hardi pour
abdiquer la fouveraine puiffance environ quatre
ans après. Il fe réduifit de lui-même , Tan 674,
au rang d'un fimple citoyen 3 fans craindre la haine
de tant d'illuftres familles 3 dont il avoit fait périr
les chefs par fes cruelles proferiptions. Plufieurs
regardèrent une démiffion n furprenante comme le
dernier effort de la magnanimité} d'autres l'attribuèrent
à la crainte continuelle où il étoit qu'il
ne fe trouvât quelque romain affez hardi pouf lui
ôter d'un feul coup l'Empire & la vie. Quoi qu'il
en foit 3 fon abdication rétablit le bon ordre, &
l'on oublia prefque les meurtres qu'il avoit commis
, en faveur de la liberté qu'il rendoit à & patrie
} mais fon exemple fit appercevoir à ceux qui
voudraient lui fucceder, que le peuple romain
pouvoit fouffrir un maître } ce qui produifit d'autres
révolutions fanglantes 3 & finit par anéantir la
république.
Après la bataille de* Pharfale , on vit Céfar entrer
triomphant dans Rome, l'«n 696 de fa fondation.
Alors tout plia fous fon autorité } il fe fit
nommer conful pour dix ans & diâateur perpétuel,
avec tous les autres titres de magiftrature qu'il
voulut s'arroger. Maître de la- république comme
du refte du monde, il ne fut affaffiné que lorfqu’il
êffaya le diadème.
Augufte tira parti des fautes de Céfar } il fe
contenta du titre d'empereur , imperator, que'les
foldats, dans les beaux jours de la république ,
donnoient a leurs généraux. Par cette .conduite
adroite, dit M. de Ver tot, il accoutuma des hommes
libres à la fervitude, & rendit une monarchie
nouvelle fupportable à d'anciens républicains.
On ne peut gueres ici fe refufer à des réflexions
qui naiffent des divers faits qu'on vient de rapporter.
La conftitution de Rome, dans les dangers de
la république, auxquels il falloit de grands &de
prompts remèdes, avoit befoin d'une magiftrature
qui pût y pourvoir. Il falloit, dans les temps de
troubles & de calamités, pour y remédier promptement,
fixer l'adminiftration entre les mains d'un
feul citoyen} il falloit réunir dans la perfonne les
honneurs & la puiffance de 15 magiftrature, parce
qu'elle repréfentoit la fouveraineté : il falloit que
cette magiftrature s'exerçât avec éclat, parce qu’il
s'agiffoit d'intimider le peuple, les brouillons &
les ennemis : il falloit que le dictateur ne fût créé
que pour cette feule affaire , parce qu'il étoit
toujours créé pour un cas imprévu : il falloit enfin
dans une telle magiftrature, fous laquelle le
fouverain baiffoit la tête & les loix populaires fe
taifoient, Compenfer la grandeur de fa puiffance
par la brièveté de fa durée. Six mois furent le
terme fixe 5 un terme plus court n'eût pas fuffi >
un terme plus long eût été dangereux. Telle étoit
l'inftiturion de la dictature : rien de mieux 8c dt plus
d i e
plus fagement établi} la république en éprouva
long-temps les avantages. ÿ
Mais quand Sylla, dans h faveur de fes fucces ,
eut donné les terres des citoyens aux foldats, il
n'y eut plus d'homme de guerre, qui ne cherchât
des occafions d'en avoir encore davantage. Quand
il eut inventé les proferiptions., & mis a prix la
tête de ceux qui n'étoient pas de fon parti > il
fut impoflible de s'attacher à l’état, & de demeurer
neutre entre les deux premiers ambitieux
qui s'élèveraient. à la domination. Des-lors, il ne
régna plus d'amour pour la patrie, plus d union
entre les citoyens , plus de vertus : les troupes
ne furent plus celles de la république, mais de
Sylla, de Pompée & de Céfar. L ambition , fécondée
des armes, s'empara de la puiffance, des
charges, des honneurs, anéantit l’ autorité des magiftrats
, & , pour le dire en un mot, bouleverfa
la république } fa liberté & fes foibles reftes de
vertus s'évanouirent promptement. Devenue de
plus en plus efclave fous Augufte, Tibère, Caïus ,
Claude, N é ron , Domitien, quelques-uns de fes
coups portèrent fur les tyrans , aucun ne porta
fur la tyrannie.
D ic t a t u r e . Qn donne ce nom en Allemagne
à une affemblée de fecrètaires de légation ,
ou cancelliftes des différens princes & états, qui
a lieu dans la ville où - fe tient la diète de l'Empire.
Le milieu de la chambre où jils fe réunifient
, offre un fiège deftiné au fecrètaire de légation
de l'éle&eur de Mayence. C e fecrètaire
diète aux fecrètaires de légation des autres princ
e s , les mémoires, aétes, proteftations & écrits
| qui ont été portés au directoire de l'Empire, &
L ils les écrivent fous fa diétée.
La diâature eft ou publique, ou particulière. La
: dictature, publique eft celle dans laquelle on diète
[ aux fecrètaires de légation de tous les princes
| & états de l'Empire. La diâature particulière eft
celle dans laquelle on diète feulement aux fecrètaires
des états d'un certain collège de l'Em-
I p ire , c'eft-à-dire, à ceux des électeurs, ou à
I ceux des princes, ou à ceux des villes libres.
On nomme encore diâature particulière, celle
dans laquelle les états- catholiques, ou les états
| proteftans ont quelque chofe de particulier à fe
! communiquer.
D IE PH O L Z , (comté d e ) état d'Allemagne
i au cercle de Weftphalie, qui appartient au roi
[ d’Angleterre en qualité d eleèteur de Hanovre.
[ I l eft borné par le comté d 'Ho y a, les évêchés
I, de Munfter & d'Ofnabruck, & la principauté de
I Minden. Son ,étendue eft d’environ neuf lieues de
I longueur fur quatre'de largeur.
Produâions , commerce, divijion , & c . Il eft en
I général parfemé de marais & de bruyères. Celles-
! ' ci abondent fur-tout dans le bailliage de Diepholz,
I où il y a d'ailleurs plus de champs cultivés que de
I prairies, au lieu que les prairies l'emportent dans
[ celui de Lemfoerde, où elles prolongent le Dum-
CWcott. polit. & diplomatique. Tom% II,
d i e
merfée. Leterrein, en général, exige un labour opiniâtre
, & un certain nombre de perfonnes y fuivent
la charrue avec des bêches, afin d'en approfondir ,
autant qu'il fe peut, les filions } ce qui augmente
la fertilité, fans pouvoir la porter au-delà du fex-
tuple de la femence. Le bois de chauffage y eft rare
, mais la tourbe y fupplée.
C e comté renferme 4 bourgs & à - peii - près
1900 feux. La plupart de fes habitans vivent du
produit de leurs troupeaux 3 fur-tout des bêtes à
corne, qu'ils vendent en Hollande & le long du
Rhin. Ils fabriquent auffi de groflîères étoffes de
laine , qu'achètent les hollandois, & une forte dé
groffe toile, dont le tiffage occupe prefque tous
les payfans dans les intervalles de leurs travaux
champêtres, & qu'ils vont vendre dans la principauté
de Minden & l’évêché de Munfter, d’où
ils rapportent les étoupes dont elle eft compofée :
on l'envoie de-là à Brème, en Hollande , & juf-
qu'en Amérique. On% y fabrique aufli une efpèce
de toile de lin , dite lavent-linnen, fur laquelle
le roi donna en 1768 une ordonnance, tendante à
en perfectionner la fabrique & à préveuir la fraude.
Une quantité confidérable d'habitans v o n t,
toutes les années , en Hollande , faire le fervice
de faucheurs & de tourbiérs.
On profeffe, dans ce comté, la religion luthérienne
; on y compte dix paroiffes fous l’infpec-
tien d'un furintendant, outre celle de Goldenftedt,
où il y a beaucoup de catholiques.
Le comté de Diephoi^ eft divifé en deux bailliages
: le bailliage de Diephoi£ & le bailliage de
Lemfoerde.
Les bailliages d'Aubourg & Wagenfeld fai-
foient jadis partie du comté de Diephoi£ ; ils ont
paffé à la maifon de C affe l, qui les poflede malgré
les proteftations continuelles de celle de Hanovre.
Le général - major - baron de Cornberg ,
maître autrefois d'Aubourg , vouloit être fei-
gneur immédiat de l'Empire , & il demanda ,
en 1 7 10 , voix & féance aux états de Weftphalie.
Il s’efforça de prouver que ce bailliage ,
avant d'être fief oblat de la maifon de Caffel ,
étoit franc-aleu immédiat de l’Empire, & qu'il
fut vendu comme te l, en 1400, par le comte de
Bronkhorft-Steinwede à*ceux de Gemunde, d'où
il paffa, en 1450, aux comtes de Diephoi? , qui
en 1521 l’offrirent en fief aux princes de Heffe ,
fans toutefois renoncer à leur fupériorité territoriale.
Il foutenoit encore que cette terre, avant
de paffer à la famille de Diephoi^ 3 donnoit à fon
feigneur la voix & le droit de fiéger qu'il deman-
doit aux états de Weftphalie , & qu’étant de nouveau
détachée du comte de Diephoi\, elle contri-
buoit féparément aux charges de ce cercle ; mais
il fut débouté , & le diftriït échût fans difficulté,
après fa mort, à la maifon de Caffel.
Précis de l'hifoire politique du comté de D ie .
pholç. Les anciens maîtres de Diephoi? n’ont eu
long-temps d'autre titre que celui de feigneurs
N