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très. Il eft f^r qu'alors les deux quartiers du plat
pays expriment le voeu de la majorité de la nation ,
puifque les habitans de ces deux quartiers, ayant
des biens-fonds, font plus nombreux & ont plus
de ces richefles qui doivent donner de l'influence
, que les habitans d'un feul quartier réunis aux
babitans des villes. Ainli, qomme je l'ai dit plus
haut, les habitans du plat pays veillent à la liberté
nationale , & même à la liberté particulière
des habitans des villes.
Pour entrer dans des détails particuliers de
l'a dminift ration de la Frife , nous ajouterons qu'il
y a 30 Griettines en Frife 3 n dans i’Oftergo ,
19 dans le Wettergo , & 10 dans le Zevenwol-
d e ; non compriiésles jurifdiétions des 11 villes,
Jefqu,elles forment encore une forte de quartier
l.éparé. Chacune de ces Griettines a dans fon
relTort un certain nombre de v i l l a g e s & eft com-
p.ofée d'un pr.éfîdent, de deux ou trois afîefleurs
& d'un fecrètaire, devant lefquels on plaide des
caufes purement civiles : on peut appeller de
leurs fentences à la cour provinciale, qui fiège à
Leuwarden.
Les états de la Frife s’aflemblent ordinairement
toutes les années , au commencement de février,
à Leuwarden , & en préfence du prince ftadhou-
der. On y compte 82 perfonnes, appellées plénipotentiaires
de tirées des griettines, & des villes :
celles-ci, au nombre de 11 , en nomment chacune
deux j & celles-là, au nombre de 3 a , en
nomment aufli chacune deux. Pour l'exécution
des ordres de l’éta t, il y a un collège de députés
, çompofé de neuf membres , que l'on change
tous les trois ans ; les villes fourniflent trois de
ces membres , & les Griettines flx. La cour provinciale
de Leuwarden eft le tribunal fuprême de
la Frife 5 elle feule prend connoiflance & décide
des affaires criminelles, 3c on lui porte par appel les
affaires çiviles : fes aflefleurs font au nombre de
douze, fans y comprendre un procureur général
& un fecrètaire. La chambre des comptés fe tient
aufn à Leuwarden. Enfin la province de Frife eft
représentée dans l'aflemblée des Etats-Généraux
par cinq députés : deux y arrivent au nom des
trois quartiers , deux au nom des villes , & le
cinquième au nom des villes & du. quartier de Ze-
yenwolden conjointement.
On s'étonnera peut-être que lés princes d'O-
range fi chéris des frifons , 3c particuliérement la
branche de cette illuftre maifon qui réunit fur la
tête de Guillaume I V , les trois grandes charges
de la république, pofledées aujourd’hui de
droit héréditaire par Guillaume V $ on s’étonnera,
dis-je , que ces princes, depuis long-temps ftad-
houders de Frife, aient obtenu fi peu d'influence
dans le gouvernement de cette province , qu'on
peut appeller par excellence la patrie des Naffau.-
Dietz : cet étonnement ceflera , fl l'on examine
le génie de la nation frifonne. Elfe eft recon-
Doiflante h & elle a. donné à. ces princes toutes, i
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les. marques de f^eur qu'elle a pu leur accorder
fans courir le rifque de les rendre trop puiflans à
fon egard j elle a mis le comble à fes faveurs, en
rendant le ftadhouderat de fa province héréditaire
en leur faveur $ mais , dans les capitulations particulières
qu'elle leur a impofé, elle a pourvu à fa
liberté civile. D ’un autre côté , cette fière nation ,
jaloufe de fa liberté nationale, a toujours tenu fes
ftadhouders dans une jufte dépendance j elle n'a
pas conféré aux comtes de Nafîau le titre de premier
noble de la province, parce qu'elle ne vouloir
pas, a l'exemple des autres provinces de l'union
, reconnoître un corps de noblefle féparéy
& lorfque les comtes de Naflau font devenus ftadhouders
des fept provinces, les frifons les ont
écarté avec plus de foin du gouvernement général
de leur province particulière.
Mais quelque foit la furveillance du'peuple,
elle ne peut jamais arrêter toutes les ufurpations
des dépofitaires de l'autorité, & le ftadhouder
etoit parvenu à fe donner affez d'influence dans
la direction des affaires domeftiques : fes recommandations
aux emplois les plus importans de la
province y avoient un effet tout aufli efficace
qu ailleurs > & lorfque les troubles ont commencé
en Hollande, les villes de Frife ont réfolu de ne
plus recevoir ces recommandations dégénérées ent
efpèce d’ordres abfolus : elles ont fait revivre &
elles ont remis en vigueur l'ancienne forme d'é-e
le&ion pour les charges honorables & lucratives.
Elles ont, de concert avec lefouverain de la province
, réformé l'abus allarnrant qui s etoit glifle
chez elles à cet égard ,* mais elles n'ont point,
touché, non plus que les Etats, aux privilèges*
droits & prérogatives du ftadhouder. Le ftadhouder
nomme encore & nomrhera toujours les ma-
giftrats des villes , comme fes devanciers l'ont
fait avant lui j il confère & conférera à l'avenir
les charges dont la nomination ou la collation
lui font allurées par la conftitution de la province.
-
Au moment où nous écrivons ce morceau, les
prétentions des provinces contre le ftadhouder ,.
ont excité des troubles devenus effrayans : la Frife
qui ƒ eft toujours occupée de fes intérêts, & qui
a réprimé plus qu'un autre les entreprifes du
ftadhouJerai, ne joue pas un beau rôle dans ces
troubles.
Le ftadhouder, à qui les états de Hollande
ont ôté le commandement de la garnifon de la
Haye , a quitté une ville ou iL deyoit être déformais
fi peu confidéré r en attendant qu'il
puiflè y rentrer avec honneur , il s’eft retiré dans
la province de Frife ; & les états de cette province
ont changé de fyftême politique , depuis
ce voyage 5 ifs ont écrit une lettre aux états
de Hollande , dans laquelle ils approuvent & juf-
tifient î'entreprife violente faite par. le ftadhouder
fur les deux villes de Hattem & d’Elburg ç ils
ceufurent en même-temps les résolutions- patrio-
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tiques des états de Hollande, relatives à cette
entreprife. C ette lettre de M M. des états de Frife
eti'çoncue en termes fi v ifs , que plufieurs membres
des états de Hollande ont propofe de la fup-
primer. Elle traite les états de Hollande d op-
prefleurs, qui ont forcé les habitans de leurs
provinces à s'armer, pour opprimer facilement
les autres provinces de la confédération : nous
reviendrons fur cette matière à l'article P r o v i n c
e s - U n i e s . Voye-[ cet article. Voye\_ aufli les
articles des fix autres provinces de 1 union.
FRISE O R IEN TA LE . On l'appelle O fi-Frife,
& elle appartient aü roi de Prufle. Voyc\ 1 article
O s t - F r i s é . A
FUGGER ( terres & feigneuries des comtes de)
dans le cercle de Suabe.
Les comtes Fugger defeendent de Jean Fugger,
habitant du village de Graben, près d Ausbourg,
qui s'établit dans cette ville en 1370, & qui obtint
par mariage le droit de bourgeoifie. Apres
avoir exercé le métier de tiflerand , il s appliqua
enfuite au commerce, & il laifla une tres-grande
fortune à fes fils > appellés André & Jacques. Ce
dernier eut deux fils , nommés George & Jacques ,
qui jouèrent un rôle diftingue dans 1 hiitoire de
cette famille. Jacques--Fugger fe livra avec tant
de fuccès au négoce & à l ’exploitation des mines
, que fes imtpenfes richeffes le mirent en état
d’acheter plufieurs comtés &; feigneuries ; & n'a-
yant point d'enfans, il les légua aux fils de fon
frere George. L'empereur Maximilien lui accorda,
ainfi qu’ à tous les Fugger , des lettres de no
t>lefTe. Parmi les fils de George, on remarque
fur-tout Raymond & Antoine , qui , chefs de
deux lignes principales, ajoutèrent de nouveaux
biens aux feigneuries & terres que leur oncle leur
avoit biffées à titre de fidéi-commis, & ils obtinrent
de l ’empereur Charles V , en i y 30, la
dignité de comtes & barons de l’Empire. La ligne
principale de Raymond produifit , Par *es
fils Jean-Jacques & George, les branches de Pfirt 1
& de Weiffenhorn ; les Zinneberg viennent de
U première : la fécondé fobfifte encore en entier.
La ligne principale d’Antoine forma trois bran-
ches par fes fils, appellés Marc , & ~ac~
.ques. Marc forma le rameau de Norndort ou
Marx Fugger , qui s’ éteignit dans le dix-feptieme
fiècle, & dont les feigneuries furent partagées
entre les deux rameaux fuivarts. Aujourd’hui 1 on
entend, par le rameau de Marx Fugger, le rejet-
tou de celui de Jean, auquel échut la feigneurre
de Norndorf, 8r qui defeend de Sebaftien. Jean
eit l’auteur d’un rameau fous - divife en quatre
rejettons, qui fonr celui de Kirchheim. ou de Bo-
naventure ; celui dè Woerth ou de Sebaftien, &
q u i, ainfi que nous venons de 1 obferver j porte
aujourd’hui le nom de Marx - Fugger ; celui de
Mückenhauren ou de Pauli enfin celui de G loe t t ,
dont l’auteur fut François Ernefte. La branche
F U G yw
de Jacques , qui porta le nom dè Jacobine, a
pour rameau celui de Babènhaufen j le tromeme
fils de Jacques , appelle JerSme , fonda le rameau
de Wafferbourg ou Woellenbourg.
Chacune des deux lignes principales paffe à
l’ adminiftration du fidéi - commis, & {a charge
d’adminiftrateur eftconftamment attachée a l aine
de la maifon. Les comtes Fugger ont a Ausbourg
une chancellerie commune. , ,
Ils joignent leur nom de famille a leur nom de
baptême i ils y ajoutent les qualités de comtes
de Kirchberg & dç Weiffenhorn , & chaque ligne
y joint de. plus , fes feigneuries & titres
particuliers.
Les comtes Fugger ont voix & feance a la diete
de l'Empire fur le banc des comtes de Suabe.
Quant aux affemblées du cercle^ la ligne Anto-
nine y a trois fuffrages, diftingués par les noms
de fes trois principaux rameaux, qui payent une
taxe matriculaire de 108 florins j celui de Marx
Fugger eft taxé à 2.1 florins i 1 kr. 6 deniers %
celui de Jean Fugger à 4; florins 36 kr 6 den.,
Se celui de Jacques Fugger à 41 florins 1 kr. 4 d.
La contribution du premier pour l’entretien de la
chambre impériale., eft de ta rixdales 8-j kr. ;
celle du fécond , de 29 rixdales 46 kt. i celle du
■ troifième, de 28 rixdales 28 kr. La feigneune de
Wafferbourg eft taxée féparément à 8 flor. pour
les impofitions de l’Empire . & a 14 rixdales
pour la chambre impériale.
Les feigneuries & terres des comtes Fugger fout
de trois efpèces.
Une partie appartient aux domaines de la maifon
d’Autriche en Suabe ; favoir. les comtés de
Kirchberg & de Weiffenhorn, que les Fugger
poffèdent encore aujourd’hui à titre d’engagement
de la maifon archiducale, 8t dont la ligne de
Raimond eft feigneur. La taxe matriculaire de ces
comtés , qui eft de 28 florins , fe verfe dans
la caiffe du cercle d’Aumche, Ils font taxés à
67 rixdales % kr. pour l’entretien de la chambre
impériale.
Autrefois les comtes Fuggerpoffédoient de grandes
feigneuries en Alface & en Sund^au que la
maifon d’Autriche leur avoit engagées ; mais
cette province ayant pafle fous la domination de
la France , la cour de Verfailles a dégagé les
feigneuries Sc les a abandonnées à d’autres pof-
feiffeurs.
Une autre partie de leurs domaines dépend du
cercle ds Süabe , & fe trouve entre les mains
de la ligne Antonine. Elles font fituées entre le
Danube, l’ Iler & le Lech.
Une troifième portion de ces terres eft com-
prife dans la matricule de la nobleffe immédiate
de Suabe, & prefque entièrement poffédée par
les branches & rameaux de la ligne Antonine.
C e s domaines verfentleursimpofitions danslacaiflè
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