
bienfaits's'arrête & tarit pour tous. Nul toutefois
ne peut recevoir de cette première main fa portion
, qu'il ne l'acquitte par.échange; car la peine
du premier & du plus utile ouvrier, celle du laboureur
doit être payée.
H échange avec du travail en nature, ou en
denrées, Ou en marchandifes qui toujours repré-
fentent le travail. Plus la demande évaluée & fol-
dée eft abondante, plus la dillribution le fera ; car
la nature ne s'épuife pas. Tout confifte donc en
ce que cette aétion foit accélérée. Elle ne peut
l'être que par la rapidité & multiplicité des con-
fommations foldées & échangées, 3c non pas en
frais.
Les frais font indifpenfablas, puifque les dif-
tances font inévitables ; mais ils font aéte de fer-
vice , & les fortunes des ferviteurs ne font pas
celles des maîtres, bien au contraire. 11 eft juftë
qu'un ferviteur a â i f , vigilant., fidèle, adroit &
de confiance profite plus qu'un négligent ; mais
tout ce-qui tend à na'impofer la loi furies fervi-
ces que j'agrée & que je p aye , eft une entrave,
pour ne pas dire une vexation, attendu que ce
dernier mot ne convient qu'à l'aétê d'oppreftion
intéreifée : mais cela revient au même quant au
dommage & au détriment univerfel.
A plus forte raifon doit-on regarder comme entraves
les barrières & les droits mis fur le tratifît
des denrées & marchandifes , qui ne peuvent recevoir
de valeur que par l'échange & le tranfport.
Ces droits en diminuent la valeur pour le pro-
d.uâeur, & l'augmentent pour le confommitetir.
Ils font donc l'effet d'éloigner ces deux points l'un
de l'autre, tandis que le bien général dépend de
leur rapprochement ; voilà comme les hommes
lavent aller droit au b ut, quand ils s'écartent des
jalons plantés par là nature. Elle ne veut d’entraves
à rien, & les hommes femblent prendre plai-
lir à les employer dansj toutes leurs démarches.
Endjarraffés de ta forte, ils ne vont pas bien loin
fans faire des. chûtes. Les premiers qui crurent
pouvoir fe délivrer de ces entraves ■ & s'émanciper,
avoient toute leur force ; mais ceux qui ne font
rien fans elles, qui tombent de fatigué & dè laffi-
tude fous leur poids' accablant, quand ils feront
êpuifés & hors d'haleine, qui les foutiendra, qui
les relèvera ?
( Cet article efi de M. G r i v e l . )
u ENTR É E S C H E Z LES PRIN CES., privilège
accordé à des particuliers qui font admis.au-
prês des rois & des princes, dans certains temps
8c à certaines heures.
La coutume des rois, des princes & des grands
feigneurs , de diftinguer leurs courtifans & les perfonnes
qui leur font attachées par les différentes
entrées qu'ils leur donnent chez eux, eft une -coutume
fort ancienne. Seneque, dans le livre IV des
Bienfaits, chap. 1 4 , nousjnftruit q u eC . Gracchus
& Livius Drufus, tribuns du peuple, en
furent les auteurs à Rome. « Parmi nous, dit-il,.
33 Gracchus 8è après lui Livius Drufus, ont com-
» mencé à féparer la foule de leurs amis & de
« leurs courtifans, en recevant les uns en particu-
33 lier, les autres avec plulieurs, & les autres avec
M tout le monde ».
Les premiers étoient appelles prepriores , ou
primi amici , ou prima admijfionis 3 les amis de la
première entrée : les féconds , fecundi amici , . ou
fecunds. admijfionis , les amis de la fécondé ; & les
derniers 3 inférions amici , ou ultime, admijfionis ,
les amis qui n'avoient que les dernières entrées.
C et ufage avoit été long-temps interrompu, &
il nefubfiftoit point à la cour d'Àugufte; mais il
fut rétabli par Tibère qui, comme Suétone nous
l'apprend, partagea fa cour en ces trois claffes, &
appella la dernière la clajfe des grecs, parce que les
grecs étoient alors des gens dont on faifoit peu
de cas, &- qui n'entroient que les derniers chez
cet empereur.
La coutume dont je parle , fe perdit encore
après Tibère 5 elle fut renoüvellée par d'autres empereurs
, & elle prit enfin de fi fortes racines fous
Conftantin, qu'elle s'eft toujours confervée depuis,
8c qu'il n'y a pas d'apparence qu'on la
laiffe tomber. Au fond, il eft bien jufte que les
princes aient la même prérogative & la même l i berté
que fe donnent les particuliers, de recevoir
différentes perfonnes chez eux à différentes heures,
les unes plutôt , les autres plus tard , félon qu'elles
leur font ou agréables, ou néceffaires. Cependant
aujourd'hui ce qu'on appelle entrées dans les
cours de l'Europe, eft un privilège fpécialement
attaché à certains emplois 8c à certaines charges,
ou a la ‘ faveur d,'entrer à certaines heures dans la
chambre des rois & des princes , quand les autres
n'y entrent pas. C'eft ordinairement un droit que
donne la charge, & non la perfonne ; c'eft une
pure étiquette qui ne prouve pas par elle-même
que ceux qui jouiffent de ce droit, ont la confiance
particulière du prince.
E n t r é e s d e s r o i s e t d e s r e i n e s . Réception
folemnelle qu'on fait aux rois, aux reines 8c
aux princes, lorfqu'ils entrent la première fois dans
les villes, ou qu'ils reviennent triomphans de quelque
grande expédition.
Ces fortes de cérémonies varient fuivant le
temps, les lieux, les nations ; mais elles font toujours
un monument des ufages des différens peuples
& de la diverfité de ces ufages dans une même
nation, lefquels offrent communément un excellent
tableau de caractère : c'é toit, par exemple,
un fpé&acle ftngulier que l'appareil de décorations
profanes & de mafcarades de dévotion , qui fe
voyoient en France aux entrées des rois 8c des
reines , dans le quinzième fiècle. L'auteur des Ejjais
fur Paris en donne une efquiffe tracée d'après l'hif-
toire ; & c'eft le feul exemple quenous rapporterons :
il feroit trop long de tranfcrire ic i, même par extrait,
ce qu*on pourroit recueillir fur cette matière
avant 8c depuis Charles VII.
Comme les rois & les reines, dit l’auteur dont
je viens de parler, faifoient leurs entrées par la
porte S. Denis, on tapiffoit toutes les rues fur
leur paffage, & on les couvroit en haut avec des
étoffes de foie & des draps camelotés ; des jets
d'eau de fenteur paffumoient l'air 5 le lait Sc le
vin couloient de.plufieurs fontaines. Les députés
des fix corps de marchands portoient le dais. Les
corps de métiers fuivoient à cheval > reprefentant
en habits de caractère les fept pèches^ mortels ,
les fept vertus, fo i, efpérance , chante, juitice,
prudence, force & tempérance ; la mort, le purgatoire,
l'enfer 8c le paradis.
Il y avoit de diftance *en diftance des théâtres ,
où des aéteurs pantomimes, meles avec des choeurs
de mufique ,- repréfentoient des hiftoires de 1 ancien
8c du nouveau Teftament, le facrifîce^ d A -
braham, le combat de David contre Goliath ,
l'âneffe-de Balaam prenant la parole pour la porter
» à ce prophète, des bergers avec leurs troupeaux
dans un bocage, à qui l’ange annonçoi! la
naiffancè de Notre-Seigneur, & qui chantoient le
Gloria in exceljis* Deo , &c. & pour lors le .cri
de joie étoit noel„ tioél.
A Y entrée Louis X I , en 1461 , on imagina
un nouveau fpeêtacle : devant la fontaine du Ponceau
, dit Malingre, pag. 208 de fes Antiquités &
annales de Paris, étoient plufîeurs belles filles en
fyrenes toutes nues, lefquelles, en faifant voir
leur beaufein , chantoient de petits motets de
bergerettes , fort doux 8c chàrmans.
Il paroît qu'à Y entrée de la reine Anne de Bretagne
, on pouffa l’attention jufqu'à placer de
diftance en diftance, de petites troupes de dix ou
douze perfonnes , avec des pots de chambre pour
les dames & demoifelles du cortège qui en au-
roient befoin.
Ajoutez fur-tout à ces détails la defcription cu-
rieufe que le père Daniel a donnée, dans fon
Hifioire de P rance, de Y entrée de Charles V I I ,
& vous conviendrez, en raffemblant tous les faits,
que , quoique ces fortes de réjouiffances ne foient
plus du goût de la politeffe 8c des moeurs- de
notre fiècle, cependant elles nous prouvent en
général deux chofes qui fubfiftent* toujours les
mêmes; je veux dire, i° . la paffion du peuple
françois pour les fpeétacles, quels qu'ils foient ;
20. Son amour & fon attachement inviolable pour
nos rois & pour nos reines. < ^ ■
* Je ne parle pas ici des cérémonies d'entrées de
princes étrangers, légats, ambaffadeurs, miniftres,
& c . ce n'eft qu’un vain cérémonial, dont toutes
les cours paroiffent fatiguées, 8c qui finira lorf-
que la principale d’entr'elles jugera qu’il eft de fon
intérêt d'en donner l'exemple.
ERB A C H , (comté d ') petit état d’Allemagne au
jbercle de.Franconie. Le comté èéErbach eft fitué
dans l’Odenv/ald, & il eft environné de l'arche-
vêché de Mayence, du Palatinat, du Rhin , du
haut comté de Kactzenellubogen, 82: d'une partie
du comté de Wertheim. Sa longueur eft d'environ
cinq milles fur quatre & demi de largeur.
Quoique le terrain foit montueux, il eft cependant
cultivé avec foin & d'un bon produit. Les
forêts ne font plus en auffi grand nombre : on
commence à les replanter 5 beaucoup de cantons,
autrefois boifés, ont été convertis en terres labourables.
On y nourrit une affez grande quantité
de bétail.
On y compte de 2*3 à 24,000 habitans. Ils
profeffent, ainfi que la maifon régnante, la religion
proteftante. Ils exportent de la farine d'é-
pautre , de l'avoine, du bled farrafin, des bois ,
des charbons, de la potaffe, des beftiahx, dn
fe r , des noix , du miel* 8c de la cire. La laine eft
convertie en draps.
Les anciens dynaftes KErback ayant obtenu
l'office d’échanfons héréditaires des palatins du
Rhin , fe nommèrent Communément fc/ienk d*E'r-
bach, ( fchenk fignifîe éckanfon ) ou fchenk fieurs
d3Erbach. L'empereur Charles V éleva, en 1532,
Everard Erback 8c tous fes hoirs légitimes , à la
dignité de comte de l'Empire, de l'aveu de l'é-
leSeur palatin Louis , & il érigea la feigneurie
dYErback en comté. L'arrière petit-fils d'Everard ,
Georges Albert, qui mourut en 1647, eut deux fils
qui formèrent deux branches de la maifon d3Erback j
George-Louis commença celle Erback, & George-
Albert celle de Furftenau. La première s'éteignit
en 1731 par la mort du comte Frédéric-Charles .^
& fes domaines paffèrent -à la fécondé, qui offre
aujourd'hui trois branches, celle d 'Erback-Erback ,
celle à*Erback - Schoenberg , 8c celle di Erback-
Furftenau. -
Le comté dyErbach eft prefque en entier dans la -
mouvance de la maifon électorale palatine, dont
les droits furent réfervés d'une manière expreffe ,
lorfque la famille dYÊrbach obtint la dignité de
comte. On croit que l'office d'écharifôn héréditaire,
dont les comtes dé Erback Çont inveftis par
les électeurs palatins, a été donné pour la première
fois à George fieur d'Erback , qui yivoit vers
le milieu du treizième fiècle ; cependant d'autres
prétendent que fon grand-père, qui vivoit au douzième
fiècle, en étoit déjà revêtu.
Le titre des comtes d3Erback eft : comtes d'Erback
& feigneurs de Brenberg.
Les comtes à3Erback ont deux fuffrages à la diète
de TEmnire dans le collège des comtes , & aux
âffembléès du cercle ils fiègent entre Rieneck &
Limbourg. Leur mois romain'font de 4c florins , &
ils payent pour l’entretien de la chambre impériale
27 rixdales. 2 \ kr. par terme.^
Ils ont à Michelftadt une régence & une fur-
intendance commune. Les affaires relatives à l’Empire
8c au cercle font adminiftrées par un confeiT
privé commun. -