
feigneurie de J e v e r 3 la ville de ce nom & le château.
Les feigneurs qui fuccédèrent à Marie y firent
la reprife de ce fief à la maifon de^ Bourgogne.
Marie mftitua , .en 1573 , pour héritier dé
tous fies domaines , 8c de l'agrément du feigneur
féod a l, Jean X V I fon coufin, comte d’Olden^
bourg 8c de Delmenhorft ; celui-ci les tranfmit à
Antoine Gunther fon fils, qui mourut en 1667,
& laiflfa la feigneurie de J e v e r à Jean 3 prince
d’Anhalt-Zerbft fon neveu. Cette maifon n’a point
ceffé depuis d’en être en poffeflïon. Il fut convenu
toutefois, par un traité fait avec le roi de
Danemarck en 1689, que fi la race mafculine 8c
féminine du prince d’Anhalt-Zerbft s’éteignoit,
cette feigneurie feroit réunie au comté d’Olderi-
bourg par forme de réverfion.
On agita, dans le dix-feptième fiècle, la quef-
tion : fi la feigneurie de J e v e r fait partie ou non
de l’empire d’Allemagne. L ’empereur décida
qu’oui : on demanda enfuite fi elle dépend du
cercle de Bourgogne ou de celui de Weftphatie.
La maifon princière d’Anhalt-Zerbft la foutint incorporée
au cercle de Bourgogne par le traite dé
Bourgogne de 1548 > d’autres prétendirent que
ce fait ne pouvoit être prouvé , 8c qu’ il etoit
plus convenable de la .placer dans lé cercle de
Weftphalie. Ses pofTeffeurs n’ont en attendant ,
ni voix ni féance aux affernblées. de ce meme ,
cercle, 8c ne font point aggrégés non plus, pour
ce qui la concerne, à aucun collège des comtes
de l’Empire. On n e'vo it pas quelle paye une
taxe matriculaire ; 8c quant à 1 entretien de la
chambre impériale ,. fa contribution devroit etre
de 40 rîxdales par mois romain ; mais le cercle
de Bourgogne, s’en chargea.
L’on porte à 60,000 rixdates le revenu annuel
dé la feigneurie de j e v e r j elle comprend trois
cantons & une ifle, qui renferme dix-neuf pa-
roiffes.
IL L YR IE HON G RO ISE : on donne ce nom
aux royaumes d’Efclavonie, de Croatie 8c de
Dalmatie.
Vlllyrie proprement dite defîgnoit autrefois
cette contrée qui s’étend le long de la mer Adriatique
; 8c dans une lignification plus étendue, tout
le pays renfermé entre cette mer 8c îe. Danube
même jufqu’ à la mer Noire. Dans la première
acception , elle comprenoit la Dalmatie , la Li-
burnie 8c la petite province de Jàpydie. C e n’eft
qu’au quatrième fiècle que, fous le nom de grande
jtlyrie, on comprit prefque toutes Jes provinces
romaines de la partie orientale de l’Europe , 8 c ,
félon la forme de gouvernement,, on la parta-
geoit alors en occidentale 3c orientale. La première
renfèrmoit la Dalmatie 3, les' trois Panno-
nfes , y compris celle eux environs de la^Saye,
la Norique méditerranée 8c la Norique côtière,
{ Noricum■ mediterraneitm & ripenfe ) : la feConde
comprenoit la Macédoine 8c l’ Achaïe, là Thef-
fc lie , l’Epire 8c la. C r è te , la Dace côtière &'
la' Méditerranée , ( Dada ripenfe _ & mtiittrn-
nea ) , la haute Moéfie ( Moefia prima ) , là D ar-
danie & la Prævalitana. Dans les fiecles fuivans
plufieurs des peuples efclavons-s’étant répandus
fur le territoire des provinces romaines , la grande-
llly rie -comprenoit le pays fitué entre la mer
Adriatique 8c le Danube, depus iaSave jufqu au;
Scodrus & à l’Hémus dans la Thrace, & de lx
jufqu’au Pont-Euxin ; ce qui renfèrmqit la 1 an-
nonie aux environs de la Save^ ( Pannonïa Savia) ,
la Dalmatie 8c les d?üx Moéfies. ^ A
. Aujourd’hui Y lllyrie eft cbmpofee des memes
provinces qu’ elle offroit dans le moyen âge , ,
8c on la divife en hortgroife 8c en turque : nous
parlerons de celle-ci àTarticle O t t o m a n '( Empire
). \Jlllyrie hongroise fe prolonge du Danube
à la mer Adriatique , entre les rivières de Dra-
v e , de Save & d’Unna *. on y trouve les trois
çoyaumes d’Efclavonie , de Croatie 8c de DaL-
matie.
La Croatie hongroife s’ étend depuis la Drave
jufqu’à la mer Adriatique : elle ^a pour bornes au
levant l’Efcîàvonie 8c la Bofnie , au couchant
la Styrie 8c la Càirniole. Les croates^ tirent leur
'origine des efclavqns.» 8c ils vinrent S établir 1 an
6 40 , fous l'empire d’Héraclius » dans ces con^
trées, d’où ils châtièrent les avares: Léur ancien-
nom, de hrwaten bu hrovyaten a ete change par
ies grecs en celui de chrobaten. Dans le moyen'
âgé ils avoient leurs rois particuliers j ils furent
fubordonnés quelque temps aux empereurs d O -
rient, 8c ils fe nommoient rois de Croatie & de*
Dalmatie. Ces royaumes paffèrent dans le onzième
fiècle à Ladiflas, roi de Hongrie , 8c ils.
font demeurés jufqu’ à ce jour fôus la meme domination,
quoiqu’ils aient fouvent tente de s y
fouftraire. De tous les peuples d’% /vV , les crôâ-
tes parlent la langue qui approche le plus du-
polonois : ils naiffentâ pour .ainfi dire, foldats ,
8c font exercés , dès-leur' enfance , au métier
des armes : auffi aiment-ils mieux aller à la. guerre;
que vivre chez eüx./Spit en güérre , foit dans -
leurs habitations, ils’ Vivent; comme des frères 8c :
répondent les uns pour les autres. S’ils occafîon^
nent quelques troubles , c ell afin de s exempter.
des redevances pour .leurs terres : voulant etre
foldats ou payfans, ils ne cultivent que la quan- -
tité de; terres nécefiairé à leur fubfiftance , 8c ces ^
terrés produifent-dë bofi vin. Ils profefient la re»-
ligion catholique romaine , à l’exception de ceux
qu’on nomme apojlats , 8c qui fe difent de 1 an-:
cfenne créance. Eu égard à fa fituation, on di-
vifé la Croatie en celle d’au delà 8c celle d en-
deçà de la Save ; 8c par rapport air gouverne-
• ment en bannat & en généralat de Croatie.
I. La Croatie en-deçà de1 la Save, autrement
diteia Haute EfclaVonie ,- a po“ur habitans, des
croates, quelques grafciens, grecs 8ç valaques.
II: La Croatie au-delà de fa Save, ou la Croa-
. tie propre, eft partagée en. hongroife & turque
-, La, partie de Y lllyne hongroife y qui .. eft fîtitee
entré* ia Drave & la mer Adriatique, eft affez
fertile. L ’ air n’ eft pas fort fain vers la mer. On
y recueille du bled , du vin, de l’huile 8c d autres
productions.
r Les habitans font d’ origine efclavonne , & fe
partagent , félon les pays , en differentes nations
chez lefquelles on trouve .des ihongrois, des al-
lemapds , des. vénitiens 8ç des turcs. Les nations
principales font t° . les efclavons qui ne forment
qu’un feu] peu-pie avec les fer viens ou rafciens ,
8c qui, entremêlés de quelques hongrois 8c allemands,
habitent l’Efciavonie : 2°. Les croates
q u i, -acoi-us--par des colonies d’allemands 8c de
valaques 3 occupent la Croatie 8c l’Efclayoni? ; :
40. les dalmates, dont les ufcofes ( transfuges )
ou ch ré tien sq u i font venus de la Bulgarie , de
la-Servie 8c, de la Thrace , 8c les morlaques ,
proprement mauro walaques font partie j ils font
entremêlés de colonies vénitiennes, turques 8c
albanoifes. La langue des habitans de YlUyne eft
l’efçlayo.pne : on d^lingue^le dialeéte de D^tma-
t ie , de celui de Croatie 8c de Rafcie. Mais aujourd’hui
les croates 8c les rafciens parlent le
hongrois 8c l’allemand jd e s dalmates 1 italien^ 8c
la Langue turque j 8c les Walaques qui fe font établis
dans le plat pays de YlUyrie, parlent la lan-
gue Walaque. Les croates 8c les rafciens s habillent
communément à la hongroife j les dalmates
à la vénitienne 8c à la turque; Tous les illy-
riens s’adonnent à l’agriculture , au commerce 8c
au métier de la guerre j mais les dalmates s occupent
beaucoup de la navigation.
La religion catholique romaine eft la feule publiquement
autorifée , 8c trois archevêques 8c
. vingt-quatre .évêques qui, pour la plupart parmi
les hongrois, n’ont que le feul titre fans re-ve-
• mus, font.prépofés à l’églife de cette communion.
L ’églife grecque orientale ,n’a , dans \ lllyrie &
quelques endroits de la Hongrie, qu un arche-
. vêque 8c dix évêques.
que les états d'lllyrie afiiftent aux diètes de I lon-
grie. J. . . , A , .
L ’adminiftration de la juftice eft la meme dans
l’Efclavonié 8c le bànriat de C ro a t ie rue ùans la
Hongrie. Ori y trouve le tribunal inférieur ou des
villes libres, d’où les affaires fe portent au tre-
forier royal ; d’autres villes;"reffortiffent enfuite
de îà tabl^ du ban. C e tribunal fupérieur, auquel
Le gouvernement del’Efclavonie 8c de la Çroa-
- tié eft réuni à celui de là Hcjngrie 8c de la Styr
ie , 8c reconnu héréditaire dans la maifon d’ Autriche
Celui de la Croatie hongroife eft adminif-
tré par le vice-roi , ou ban de Croatie, Efelavonie
8c Dalmatie, au nom du roi de Hongrie, félon
les loix de ce royaume 8c les ordonnances particulières
des prPvinces de Ylllyrie.' Le gouvernement
de là Croatie 8c de la Styrie eft. confié à
un gouverneur royal hongrois dans là Styrie , dans
-H, généralat de Croatie, 8c dans les terres que
baigne la mer Adriatique.
' ' Les prélats ', magnats , gentilshommes 8c bourgeois
des villes, libres royale« ont les mêmes préroga
tives que, ceux de Hongrie. Les diètes , qui
r font comppfées des quatre ordres du royaume,
traitent, fous l’autorité du roi , les affaires particulières
du pays : ce n’ eft que par députes
le ban préfide, s’o ccupe, à de certaines
époques, dès affaires que lui renvoient les comtés,.
8c d’autres matières importantes qu’il envoie
à. là table royale de Péfth, 8c de-la a celle des
fept Çthbuld feptemveràlis ) , fi elles dht befoin
i d’une révifion particulière. .
Les revenus du pays proviennent des impôts
des droits de péage. Vlllyrie peut mettre cinquante
mille hommes de troupes fur pied dans
la Croatie , 8c 'vingt mille dans i’Efclaypnie , ainfi
qu’on l’ a vu dans la dernière guerre.
Voye\ l’article H on g rie 8c l’article A u t r i -
' che. ; # ;
IM A N , rniniftre de La religion mahometane.
C e mot lignifie proprement ce que nous appelions
prélats, antifte j mais iesmufulmans l’appliquent
én particulier à celui qui a l’ intendance d’un»
mofquée, qui s’ y trouve, toujours le premier ,
8c qui fait la prière au peuple, lequel la répète
âpfès'lui.
Iman fe dit aùlïi abfolument par excellence, dès
chefs,desinftituteurs ou des fondateurs dés quatre
principales feétes de la religion mahometane,
qui font permifes. Ali eft Y iman des perfes', ou
de lâ feéfe des fchiaites} Abu-bekër , Y iman dès
funniens, qui eft la fe&e que fuivent les turcs ;
Saphii ou Safi-y, Y iman d’ une autre fe&e.
Les mahçmétans ne font point d’accord entre
’eux fur l’imanat ou dignité à1 iman.' Quelques-uns
la croient de droit divin 8c attachée à une feule
famille , comme le pontificat d’Aàron 3 les aucres
foutiennent, d’un coté , qu’elle eft de droit divin ;
mais de l’autre, ils ne la croient pas tellement
attachée à une. famille,/ qu’elle ne puiffe paffer
dans une autre.' Ils avancent de plus, 'que Y iman
devant être, félon eux ^ exempt non-feulement
des péchés graves , comme l’infidélité , mais encore
des autres moins énormes, il peut être dé-
■ pofé 's’it les commet , 8c fa dignité transférée à un
autre.
Quoi qu’il ,en foit de cètte queftion , il eft
confiant qu’un iman ayant été reconnu pour tel
par les mufulmans, celui qui nie que fon auto-
; rité vient immédiatement de Dieu, eft un impie ;
celui qui né lui obéit pas , un rebelle; '& celui
qui s’ avife de le contredire , un jgnorant : c ’eft
par-tout de même.
Les imans. n’ont aucune marque extérieure qui
lès diftingue du commun des turcs ; leur habillô-
ment eft prefque le même, excepté leur turban
qui eft un peu plus large & jjliffe différemment.
Un iman, privé de fa dignité, redevient laïque
Bb b b b 2