
droits à des irlandois » fur- tout à des montagnards
écoffois. Avant la révolution des Etats-Unis , le
nombre des côlons ne s'élevoit pas au - deffus de
douze cents; mais il y a lieu de croire que la
population eft un peu plus confidérable aujourd'hui.
La pêche de la morue & diverfes cultures
les occupent. Ils n'ont aucune liaifon d'affaires
avec l'Europe. C'eft avec Quebec ; c'eft avec Hal-
lifax feulement qu’ils commercent.
Jufqu’en 17 72 , Saint-Jean fut une dépendance
de la Nouvelle Ecoffe. A cette époque, elle forma
une colonie particuliere. On lui donna un gouverneur
, un confeil, une affemblée, une douane , une
amirauté. C'eft le port de la Joie , maintenant
appelle Charlette-Town 3 qui eft le chef-lieu de la
colonie.
Une ifle fi peu étendue ne paroiffoit guère
fufceptible de la dignité où elle étoit appellée
par une faveur dont nous ignorons la caufe. Pour
donner une forte de réalité à cet établiffement ,
on y attacha les îfles de la Madeleine, habitées
par un petit nombre de pêcheurs de.morné & de
vaches marines : on y attacha l'Ille-Royale, autrefois
fameufe , mais qui a perdu fon importance
en changeant de domination. Louisboûrg, la terreur
de l'Amérique angloife il n'y a pas vingt-huit
an s , n'eft p’us qu'un amas de ruines. Les quatre
mille françois qu'une défiance injufte & peu rai-
fonnée difperfa après la conquête, n'ont été remplacés
que par cinq ou fix cents hommes , moins
occupés de pêche que de contrebande. On a
même ceffé de penfer aux mines de charbon de
serre.
Ces mines font très-abondantes à l'Ille-Royale,,
d’une exploitation facile, & en quelque manière
inépuifables. Il y régnoit, fous les anciens polfef-
feurs, un déforire que le nouveau gouvernement
a voulu prévenir, en s'en réfervant la propriété,
pour ne l'abandonner qu’ à ceux qui auroient des
moyens fuffifans pour la rendre utile. Ceux qui
formeront cette entreprife avec les fonds nécef-
faires , trouveront un débouché avantageux dans
toutes les ifles occidentales de l’Amérique. Ils en
trouveront même fur les côtes & dans les ports
du continent feptentrional, où l'on éprouve déjà
la cherté du bois , & où elle fe fera toujours
fentir davantage , fi des canaux ne lui en apportent
pas de l'intérieur des terres. -
J ean ( Saint ) , ifle d'Amérique , l’une des
Antilles, appartenant au Danemarck : ce fut en
1719 que les danois commencèrent le défrichement
de l'ille Saint-Jean , voifîne de Saint-Thomas
, mais encore plus petite de la moitié.
Au premier janvier 1773 , on comptoità Saint-
Jean foixânte-neuf plantations, dont vingt-fept
étoient confacrées à la culture du fucre, & quarante
deux à d'autres productions moins importantes.
Saint-Thomas en avoit exactement lemê-
jn e nombre avec la même deftination , mais elles
«(oient beaucoup plus confidérables. Sut 343
qu’on en voyoît à Sainte - Croix , cent cinquante
étoient couvertes de cannes. Dans les deux
premières ifles , les propriétés acquièrent rétendue
que le colon eft en état de leur donner. C e
n’ eft que dans la dernière que chaque habitation
, eft bornée à trois mille pieds danois de longueur 3
fur deux mille de largeur.
Saint-Jean eft habité par cent dix blancs & deux
mille trois cents vingt-quatre efclaves. Saint-Thomas
y par trois cents trente- fix blancs & quatre
mille deux cents quatre-vingt-feize efclaves. Sainte-
Croix , par deux mille cent trente-fix blancs &
vingt-deux mille deux cens quarante-quatre efclaves.
Il n'y a point d’affranchis à Saint-Jean s &
il n’y en a que cinquante-deux à Saint-Thomas,
que cent cinquante-cinq à Sainte-Croix. Cependant
les formalités néceffaires pour accorder la
liberté , fe réduifent à un fimple enregiftrement
dans une cour de juftice. Si une fi grande facilité
n'a pas multiplié ces a&es de bienfaifance, c'eft
qu'ils ont été interdits à ceux qui avoient contracté
des dettes. On a craint que les débiteurs ne
fuffent tentés d'êtro généreux aux dépens de leurs
créanciers.
Cette loi paroît très - fage. Il femble qu'en
la mitigeant elle auroit fon utilité , même dans nos
contrées. Il feroit à defirer que tout citoyen ,
revêtu de fonctions honorifiques à la cour, dans
les armées, dans Téglife, dans la magiftrature ,
en fût fufpendu au moment où il feroit légitimé-
ment pourfuivi par un créancier , & qu'il en fût
irrémifliblement dépouillé au moment où les tribunaux
l'auroient déclaré infolvable. Il femble
qu'on prêteroit avec plus de confiance , & qu'on
emprunteront avec plus de circonfpeCtion. Un autre
avantage d'un pareil réglement , c'eft que
bientôt les conditions fubalternes, imitatrices des
ufages & des préjugés des hautes clafles, deman-
deroient la même flétriffure, & que la fidélité
dans les engagesnens deviendront un des caraCtè-
res des moeurs nationales : nous indiquerons à
l’ article Sa in t -T homas le produit total des ifles
danoifes en Amérique, & nous ferons des remarques
fur l’admimftration de ces ifles. Foye^ auffi l'article
C r o ix ( S a in t e ).
JERSEY ( Nouveau ) , l'un des treize Etats-
Unis de l'Amérique : il eft borné par la Nou-
vellé-Yorck, la Penfylvanie, l'état de Delaware
& la mer. Nous ferons i° . le précis de l'hiftoire
politique de cette province : 2°. nous donnerons
la conftitution : 30. nous ferons des remarques
fur les vices de cette conftitution : 40. nous ferons
d’autres remarques fur les productions, la
culture , la population , le commerce , l'induf-
trie & l’état aCtuel du Nouveau - Jerfey. Nous
avons déjà obfervé plufieurs fois que le leCteur
doit parcourir l'article général Et a t s - U nis ,
avant de lire les articles particuliers des diverfes
provinces de l’union américaine»
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de Phifloire politique du Nouveau—Jerfey.
Le Nouveau - Jerfey porta d'abord le nom de
Nouvelle*Suede. Il fut ainfî défîgné par des aventuriers
de cette nation, qui abordèrent à ces plages
fauvages vers l'an 1638. Ils y formèrent trois
petits établiffemens, Chriftiana, Elzimbourg Ôc
Gottembourg. Cette colonie n'étoit rien, lorf-
qu'elle fut attaquée & conquife en i 6j j par les
hollandois. Ceux des habitans qui tenoient plus à
leur première patrie qu'à leurs plantations , repayèrent
en Europe. Les autres fe fournirent aux
loix de leur vainqueur, & leur territoire fut incorporé
au fien. Lorfque le duc d'Yorck reçut
l'inveftiture de la province à laquelle il donna Ion
nom, il en détacha ce qui y avoit été ajouté, &
le partagea à deux de fes favoris, fous le titre
de Nouveau- Ja f y .
Carteret & Berkeley qui poffédoient, le premier
la partie de l'ett, & le fécond la partie de
l’oueft, n'avoient follicité ce vafie territoire que
pour le vendre. Des hommes à fpéculation leur
en achetèrent à vil prix de grandes portions, dont
ils fe défirent en détail. Au milieu de toutes ces
Jubdivifions, la colonie refta partagée en deux
provinces, féparément gouvernées par les héritiers
des premiers propriétaires. Les difficultés
qu'éprouvoit leur adminiftration les dégoûtèrent
de cette efpèce de fouveraineté qui ne convient
guère à des fujets. Ils remirent, en 1702, leur
charte à la couronne. Depuis cette époque, les
deux provinces n'en ont fait qu'une q u i, comme
la plupart des colonies angloifes, étoit dirigée par
un gouverneur, un confeil, & les députés des
communes.
Le temps où on ne comptoit pas dans un pays
fi vaftè feize mille habitans, eft peu éloigné.
C ’étoient les defeendans des fuédois & des hol
landois, fës premiers cultivateurs. Quelques quakers
, quelques anglicans , un plus grand nombre
de presbytériens écoffois s'étoient joints aux colons
des deux nations. Les vices du gouvernement
arrêtoient les progrès & caufoient l'indigence
de cette foible population. L'époque de
la liberté' fembloit devoir ecre, pour cette colonie
, l’époque de la profpérité> mais la plupart
des européens, qui cherchoient un afyle ou la
fortune dans le nouveau-Monde , préiéroient la
Penfylvanie ou la Caroline, qui avoient plus de
célébrité. A la fin cependant, le Nouveau-Jerfey
s’ eft peuplé. On y comptoit cent trente mille habitans
au moment de la révolution.
La colonie eft couverte de troupeaux & abondante
en grains. Le chanvre y a fait plus de progrès
que dans aucune des contrées voifines. On
y a ouvert avec fuccès une mine d'excellent cuivre.
Ses côtes font acceffibles, & le port d’Amb
o l, fa capitale, eft affez bon. Aucun des moyens
de profpérité, propres i cette partie du g lo be,
ne lui manque. Cependant elle eft toujours reftée
dans une obfcurité profonde- Son nom eft pref*
qu'ignoré dans l’ ancien monde, & n'eft guères
plus connu dans le nouveau.
Sa pauvreté ne lui permettant pas, dans les
commencemens, d’avoir un commerce direCt avec
fes marchés étrangers ou éloignés, elle étoit réduite
à vendre fes denrées à Philadelphie, & plus
ordinairement à New-Yorck. Ces deux villes lui
donnoient en échange quelques marchandifes de
la métropole , quelques denrées des ifles. Leurs
plus riches négocians lui firent même des avances
, qui la mirent de plus en plus dans la dépendance.
Malgré l’accroiffement de fes cultures
& de fes productions, elle n’ eft pas encore fortie
de cette efpèce de fervitude. Mais fon indépendance
& la révolution générale qui vient de s’opérer
en Amérique, lui donneront de l'aCtivité>
& elle ne tardera pas à faire tous les progrès qui
feront proportionnés à fon étendue.
S e c t i o n - I P.
Conftitution du Nouveau - Jerfey,
P R É A M B U L E .
Comme toute l’autorité conftitutionnelle que
les rois de la Grande-Bretagne ont jamais pofle-
dée fur les colonies ou fur leurs autres domaines
, étoit émanée du peuple & tenue de lu i, en
vertu d’ un contrat pour l’avantage commun de
la fociété entière , il s’enfuit que I’obéiffance
d’un côté , & la protection de l’autre, font deux
obligations réciproques, également dépendantes
l’une de l’autre enforte que le lien de l’une eft
rompu, par cela feul que l’autre eft refufée ou
retirée.
Et puifque George III 3 roi de la Grande-
Bretagne , a retiré fa protection aux bons peuples
de ces colonies, & que, par fon confentement
à plufieurs aCtes du parlement britannique , il a
entrepris de les affujettir à la domination abfolue
de ce corps j qu’ il leur a même fait la guerre la
plus cruelle & la plus dénaturée , fans autre caufe
que leur fermeté à foutenir leurs juftes droits 5
toute obligation d’obéiffance & de fidélité a donc
néceffairement c e ffé , & la diffolution du gouvernement
s'en eft fuivie dans chacune des colonies.
Et comme , dans la fituation déplorable où font
actuellement ces colonies, expofées à la fureur
d’ un ennemi cruel & inexorable, il eft abfolument
néceffaire qu’il y ait une forme de gouvernement
non-feulement pour le maintien du bon ordre
mais encore pour unir plus efficacement le peu-.