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D a CHSTUL , feigneurie immédiate d’AUema- j
ene. Elle eft bornée, d'un côté, par le bailliage
allemand du duché de Lorraine, & de 1 autre par
les bailliages de Saarbourg & de Grimbourg, qui
appartiennent à l’éledteur de Treves, dont elle reie-
ve. Elle appartenoit anciennement a la ligne Kodoi-
phinedes dynaftesdefleckenftein: le dernier de ces
princes la vendit en 1644 à Philippe-Chriftophe
d eSoetern, archevêque de Treves , fonfeigneur
direét qui la donna à fa famille a titre de hdei-
commis. Marie Sidoine fa fille-, & l'hermere de
Philippe-François , comte de Solms , la porta en
mariage à Notger Guillaume : la famille de^ce
dernier la pofiede encore. Son titulaire ne fiege
pas aux aflemblées de T Empire , mais il a voix &
- féance à celles du cercle du haut-Rhin. Sa taxe
matriculaire eft d’un cavalier & d un fantaflin, ou
~de 16 florins par mois» & fa contribution pour
l'entretien de la chambre impériale eft de. 10 rix-
dalles & 73 kr. par mois.
ponois. j,
Koempfer l’appelle /£ monarque héréditaire eccle-
Jiaftique du Japon. On fait que l’empire du Japon
a deux chefs > l’un eccléfiaftique qu’on nomme
dairo3 Sc l’autre féculier qui porte le nom de kubo.
C e dernier eft à proprement parler l’empereur,
& le premier eft l’oracle de la religion du pays.
. Les grands prêtres , fous le nom de dairis , ont
été long-temps les maîtres du Japon , tant pour
le fpirituel que pour le temporel. Ils ufurperent
l’autorité plenière &abfolue, parles intrigues.d’un
ordre de bonzes .venus de la C o ré e , dont „ils
étoient les chefs. Ces bonzes facilitèrent à leur
dairi le moyen de foumettre toutes les puiflances
de ce grand Empire. Avant cette révolution 3 il
n’y avoit que les princes du fang ou les enfans des
rois , qui puffent fuccéder à la monarchie } mais
après la mort d’un des empereurs 3 les bonzes ambitieux
élevèrent à i’Empire un de leurs grands
prêtres , qui jouiftoit de la réputation d’ un faint.
Xes peuples| qui le croyoient defcendu du Soleil
, le prirent pour leur foiiverain. Leurs idées
religieufes étoient très-abfurdes. Iis rendirent à cet
Homme des hommages idolâtres 5 ils fe perfuadè-
rent que Yoppôfer à fes N commandemens , c’étoit
réfifter à Dieu même. Lorfqu’un des rois particuliers
ou des chefs du pays avoit quelque démêlé
avec un autre 3 ce dairi connoilfoit de leurs différends
3 avec la même autorité que fi Dieu l’eût
envoyé du ciel pour les décider.
-. Quand le dairi régnant marchoit, dit l’auteur
de FAmbaffade des hollandois , il ne devoit point
toucher la terre j il falloit empêcher que.les rayons
ÜEcon. pâlit. & diplomatique. Tom. I l,
du foleil ou d’une lumière quelconque ne le tou-^
chaffenr : on eût regardé comme un crime de lui
couper la barbe & les ongles. On lui préparoit
fes repas dans une vaiftelle qui ne pouvoit fervic
qu’une fois. Il prenoit douze femmes, qu’il épou-
foit en grande pompe : fon château offroit deux
rangs de maifons, ou elles logeoient fix de chaque
côté. Il avoit de plus un férail pour fes concubines.
On apprêtoit tous les jours un magnifique
fouper dans chacune de ces douze maifons : il for-
toit porté fur un palanquin magnifique , dont les
colonnes d’or maflif étoient entourées d’une e£*
pèce de jaloufie, afin qu’il pût voir tout le monde
fans être vu de perfonne. C e palanquin repofoit
fur les épaules de quatorze gentilshommes des plus*
qualifiés de fa cour. Il étoit alors précédé de fes?
foldats 3 & fuivi d’un grand cortège 3 en particu-
. lier d’une voiture tirée par deux chevaux 3 donc
les houfles étoient couvertes de perles & de dia-
mans : deux gentilshommes tenoient les rênes des
! chevaux, pendant que deux autres marchoient à
I côté j l’ un d’ eux agitoit fans cefte un éventail pour
rafraichir le pontife 3 & l’autre portoit un parafai.
Cette voiture appartenoit à la première de fes femmes
ou de fes concubines, &c.
Nous fupprimons d’autres détails de cette espèce
dont parlent les voyageurs 5 il nous fufEt de
remarquer que le peuple rendoit au dairo un culte
peji différent de celui qu’ ils’ rendoient à leurs
dieux..
Lés bonzes , dont le nombre eft immenfe, mon-
troient l’exemple, & gouvernoient defpotiquement
fous leur cher. C ’étoit autant de tyrans répandus
dans les villes & dans les campagnes : leurs vices
& leurs cruautés aliénèrent à la fin les efprits des
peuples & des grands ; un prince, feul refte de
la famille royale , forma un fi puiflant parti , qu’il
fouleva tout l’ Empire contre eux. Une fécondé
révolution acheva d’enlever aux dairos la fouve-
raineté qu’ ils avoient ufurpée, & les fit rentrer
avec les bonzes dans leur état naturel. Le prince
royal remonta fur*Te trône de fes ancêtres, &
p r it, vers l’an iû o o , le titre de kubo. Ses defcen-
dans ont laifle au dairo fes immenfes revenus ,
quelques hommages capables de flatter fa vanité ,
avec une ombre d’autorité pontificale & religieufe
pour le confoler de la véritable autorité qu’ il a
perdue. Méaco eft fa demeure y il y occupe une
efpèce de ville à part avec fes femmes , fes concubines
, & une très-nombreufe cour. L ’empereut
ou ïe kubo réfide à Yedo , capitale du Japon ^
& jouit d’ un pouvoir abfolu fur tous fes fujets,
Voye^ J a p o n . L ’ article du dairo, qu’on lit dans
le Di&ionnaire de Tré vou x , a befoin d’être rec*