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ordinairement du mois de l’ année où il a été- achevé
, comme le Janvier, le Février, &c. & qu’ils
envoient dans les pays méridionaux, ■ ou ils le vendent
fouvent avec fa cargaifon. La facilité que
donne la Norwège pour la conftruétion de ces
bâtimens, fait que le propriétaire & l'acheteur
étranger y trouvent l'un & l'autre leur compte.
L e commerce du Danemarck avec l’Iflande eft affez
important 5 & ce qui l'eft bien davantage, ce
font les établiflemens qu'ont fait les danois dans
les indes orientales & occidentales. Nous en parlerons
dans les ferions fuivantes. La compagnie
des Indes, établie à Copenhague, envoie tous
les ans plufieurs vaiffeaux à Tranquebar, où eft
le dépôt principal & le centre du commerce de
l'Afie ; elle trafique aufli à la Chine & dans les
contrées comprifes dans les conceflions accordées
au Danemarck. Ces vaiffeaux rapportent du thé,
des porcelaines , des gourgourans & toutes fortes
d ’étoffes de foie, des meubles, & c . La compa
gnie en fait des ventes ' publiques, où abondent
les hambourgeois & les négocians des autres vil
les ' commerçantes. La voie la plus courte pour
tranfporter ces marchandifes en Allemagne , eft
celle de Kiel. On prétend que ,.dans les premières
années, les ailions de cette compagnie ont
rendu jufqu'à quatre-vingt pour cent de dividende.
Les danois font aufli quelque commerce à la côte
de Guinée ; ils tranfportent des nègres à l'ifle
Saint-Thomas en Amérique, & ils les y vendent
aux efpagnols ; mais cet article eft'peu confidéra-
ble: Pour faciliter le commerce , on a établi à
Copenhague une banque, qu il ne faut pas comparer
à celles d'Amfterdam, de Venifeou.d e
Hambourg. Il eft impoflible qu’une banque obtienne
un grand crédit dans les gouvernemens ab-
folus où le fouverain eft toujours le maître de
difpofer, fur-tout dans des cas_de néceflité, des
capitaux qui s'y trouvent places. Dans les républiques
, cette difpofition des capitaux dépend du
peuple & d’une multitude de magiftrats, qui ne
fouffriroient jamais qu’on touchât àdes fonds dont
dépendent le falut & la profpérité de l’état. On
ne fauroit donc envifager la banque de C o penhague
que comme une efpèce de Lombard ,
ou , tout au plus, comme une petite caiffe publique
pour la commodité des paiemens intérieurs.
Les grands paiemens à l’étranger fe font par h
voie de Hambourg , comme nous l’avons déjà
*X a compagnie royale des Indes orientales, dont
les premières lettres d’établiffement ont été expédiées
en 16 16 , eft la plus confidérable des affo-
ciations de commerce qu’on trouve en Dane-
” La compagnie générale de commerce, établie
en 1747 j a pour objet principal le tranfport en
France, en Efpagne, en Portugal & en Italie ,
des marchandifes des pays fitués aux bords de la
mer Baltique ; elle a un privilège exclufif pour le
commerce du Groenland & pour la pêche de la
baleine * qui fe fait le long des côtes de cette
mer 5 elle a la traite des nègres pour les ifles da-
noifes de l'Amérique 3 & elle eft intérefféè pour
200 avions dans le commerce du Levant. Au
relie ^ le fonds 4^ cette compagnie eft de mille actions
3 dont chacune étoit au commencement de
300 écus* & qui en 1750 ont été portées juf-
qu’ à 5:00.
Le commerce du Lévant fe. fait fous la direction
de la compagnie générale 3 dont nous venons
de parler. Pour la foutenir , on a établi cinq
cens actions •* dont chacune eft de cinq cent$
écus.
La banque dès alïîgnations de change & d'emprunt*
dontnous' avons déjà dit un mot* a été établie
le 29 octobre 1736. Les billets de banque font
de ic o * de 50 * de 10 écus * & ont le même
cours que l'argent comptant dans tous les états
du roi, ainli que dans tous les bureaux de recette.
Cette banque prête aulfi fur gages, moyennant 4
pour cent d'intérêts ; ( c'eft ce que l'on nomme
Lombard, Mont-de-piété ). L'emprunt ne peut paf-
fer cent écus* mais il peut être moindre. En 1760*
on a augmenté le nombre des aérions.
Navigation. La navigation eft affez a drive en
Danemarck. La pêche des harengs * de la morue
& d’autres poinons produit une pépinière de matelots.
Le trajet continuel que les danois font en
Illande, entretient aulfi leur marine. Les norwé-
giens font prefque continuellement en mer , &
depuis que le commerce des Indes orientales a
pris faveur en Danemarck 3 la navigation s'accroît
tous les jours. Le roi entretient une grande flotte
capable de la protéger * & dont nous parlerons
plus bas»
On a commencé en 1777 le canal deSlefwick
& de Holftein * qui doit joindre les deux mers pour
éviter* un long & dangereux détour. Un million
de rixdales eft deftiné à cet objet. On comptoit
2053 vaiffeaux* en 1771 * dans les divers ports
du royaume : ce nombre paroît avoir augmente
dépuis.
S e c t i o n V e.
Remarques fur les êtablijfemens de commerce , & le&
colonies que les danois pojfedent en Afie 3 en Afrique
& en Amérique.
C 'eft en 1618 que les danois formèrent aux
Indes leur premier établiffement. La circonftance
étoit favorable pour fonder un grand commerce.
Les portugais , opprimés par un joug étranger *
ne faifoient que de foibles efforts pour la confer-
vation de leurs poffefïions. Les efpagnols n'en-
voyoient des vaiffeaux qu'aux Moluques & aux
Philippines. Les hollandois ne travailloient qu'à
fe rendre maîtres des épiceries. Les anglois fe ref-
fentoient des troubles de leur patrie * même aux
Indes. Toutes ces puiffances voyoient avec chagrin
un nouveau rival , mais aucun ne le traver-
foit. 1 . / ,
Il arriva de-là que les danois * maigre la modicité
de leur premier fonds qui ne paffoit pas
85-3*263 livres* firent des affaires affez confidera-
bles dans toutes les parties de l'Inde. Malheureu-
fement la compagnie de Hollande prit une fupe-
xiorité affez décidée * pour les exclure des marches
où ils avoient traité avec le plus d'avantage 5 & *
par un malheur plus grand encore * les diffenfions
qui bouleverfèrent le nord de i'hurope * ne permirent
pas à la métropole de cette nouvelle colonie
de s'occuper d'intérêts fi éloignés. Les danois
de Tranquebar tombèrent infenfiblement dans le
mépris * & des naturels du pays qui n eftiment les
hommes qu'en proportion de leur richeffe * & des
nations rivales * dont ils ne purent foutenir la
concurrence. C et état d'impuiffance les découragea.
La compagnie remit fon privilège * & céda
fes établiffemens au gouvernement * pour le dédommager
des fommes qui lui étoient dues.
Une. nouvelle fociété s'éleva en 1670 fur les
débris de l'ancienne. Chriftiern V lui fit un pré-
lent en navires ou autres effets, qui fut efti-
mé 310*828 livres * & les intéreffés fournirent
732,600 liv.. Cette fécondé entreprife * formée
fans fonds fuffifans* fut encore plus malheureufe
que la première. Après un petit nombre d'expéditions
, le comptoir de Tranquebar fut abandonné
lui-même. Il n'avoit * pour fournir à fa fubfiftan-
ce * à celle de fa foible garnifon * que fon petit
territoire * & deux bâtimens qu'il frétoit aux négocians
du pays. Ces reffources même lui manquèrent
quelquefois* & il fe vit réduit* pour ne
pas mourir de faim * à engager trois des quatre
baftions qui formoient fa fortereffe. A peine le
mettoit - on en état d'expédier tous les trois ou
quatre ans un vaiffeau pour l'Europe * avec une
cargaifon médiocre.
La pitié paroiffoit le feul fentîment qu'une fi-
tuation . f i défefpérée pût infpirer. Cependant la
jaloufie qui ne dort jamais * & l'avarice qui s'allar-
me de tout * fufeitèrent aux danois une guerre
odieufe. Le rajah de Tanjaour* qui leur avoit
coupé plufieurs fois la communication avec fon
territoire * les attaqua en 1689 dans Tranquebar
même * à l'inftigation des hollandois. C e prince
étoit fur le point de prendre la place après fix
mois de fiège* lorfqu'elle fut fecourue & délivrée
par les anglois. Cet événement n'eut ni ne pou-
voit avoir des fuites importantes. ; La compagnie
danoife continua à languir. Son dépériffement de-
venoit même tous les jours plus grand. Elle expira
en 1730 * mais après avoir manqué à fes engage-
mens.
De fes cendres naquit, deux ans après * une
. nouvelle fociété. Les faveurs qu'on lui prodigua
pour la mettre en état de négocier avec économie
* avec liberté * font la preuve de‘ l'importance
que le gouvernement attachoit à ce commerce.
Son privilège exclufif devoit durer quarante ans.
C e qui fervoit à l'armement, à l’équipement de
fes vaiffeaux, étoit exempt, de toute impofition.
Les ouvriers du pays quelle employoit , ceux
qu’elle faifoit venir des pays etrangers, n etoient
point affujettis aux réglemens des corps de métier
, qui enchaînoient l’induftrie en Danemarck ,
comme dans le refte de l’Europe. On la difpen-
foit de fe fervir de papier timbre dans fes affaires.
Sa jurifdiétion étoit entière fur fes employés ; &
les fehtences de fes directeurs n’etoient pas fujet-
- tes à révifion, à moins quelles ne prononçaffent
des peines capitales. Four écarter jufqu’ à l’ombre
de la contrainte, le fouverain facrifia le droit qu’il
pouvoit avoir de fe mêler de l’ adminiftration ,
comme principal intéreffé. Il renonça à toute influence
dans le choix des officiers civils ou militaires
, & ne fe réferva que la confirmation du
gouverneur de Tranquebar. Il s’ engagea même à
ratifier toutes les conventions politiques qu'on jugerait
à propos de faire avec les puiffances de
l’Afie.
Pour prix de tant de faveurs, le gouvernement
n’exigea qu’ un pour cent fur toutes les marchan-
difes des Indes & de la Chipe qui feroient exportées
, & deux & demi pour cent fur celles qui fe
cônfommeroient dans le royaume.
L ’oétroi dont on vient de voir les conditions »
n’eut pas été plutôt accordé, qu’ il fallut fonger
à.trouver des intéreffés. L ’opération étoit délicate.
Le commerce des Indes avoi^été alors fi
malheureux, que les riches citoyens dévoient avoir
une répugnance invincible à y engager leur fortune.
Une idée nouvelle changea la difpofition des
efprits. On diftinguà deux efpèces de fonds. L e
premier , appellé confiant, fut deftiné à I’acquifi-
tion de tous les effets que l’ancienne compagnie
avoit en Europe Sc.en Afie. On donna le nom de
roulant à l’autre, parce qu’il étoit réglé tous les
ans fur le nombre & la cargaifon des navires qui
feroient expédiés. Chaque aftionnaire avoit la liberté
de s’intéreffer ou de ne pas s'intéreffer à
ces armemens, qui étoient liquidés à la fin de
chaque voyage. Par cet arrangement, la compagnie
fut permanente par fon fonds confiant, & annuelle
par le fonds roulant.
Il paroiffoit difficile de régler les frais que devoit
fupporter chacun des deux intérêts. T ou t
s’arrangea'plus aifément qu’on ne l’avoit efpéré.
Il fut arrêté que le fonds roulant ne ferait que les
dépenfes néceffaires pour l’achat, l’équipement,
la cargaifon des navires. Tout le refte devoit regarder
le fonds confiant q u i, pour fe dédommager
, prélèverait dix pour cent fur toutes les marchandifes
des Indes qui fe vendroient en Europe ,
& de plus cinq pour cent fur tout ce qui partirait
de T ranquebar.
Le capital de la nouvelle compagnie fut de
3,2.40,000 liv. partagé en réooaâions de 2025 liv.
chacune.