
» qu’ils font réglés par les articles de la confédé-
» ration, confédérés avec l'attention la plus fé-
»> rieufe, font infuffifons. La ponctualité eft effen-
»» tielle dans le paiement des intérêts de la dette}
” mais les délais & les incertitudes auxquelles eft
« expofé un revenu à établir & à percevoir à di-
« verfes époques dans treize provinces indépen-
“ dantes, ne permettent pas de l'efpérer. Le fonds
** auquel on a penfé d'abord, eft une taxe fur les
» importations. Nous n'avons point oublié les
« oppofitions qui ont autrefois empêché de l'a-
»? dopter unanimement. Nous avons limité la du-
» rée du revenu à vingt-cinq ans, & laifté aux états
»» la nomination des officiers qui doivent le per-
»» cevoir. Selon les ftrittçs maximes du crédit na-
»3 tional, le revenu ne devroit pas être féparé de
» fon objet, & devroit refter joint à la même
»• autorité, qui, par fa nature, difpenfe le pre--
» mier, & eft refponfable du fécond. Le con-
» grès, en fe relâchant fur cet objet, efpère
»» qu'on verra dans cette condefcendance fa dif-
»3 pofîtion à fe prêter dans tous les temps aux
»» voeux de fes conftituans, & fon voeu ardent
» pour l'établiflement d'un fonds qui le mette en
»3 état de fatisfaire aux obligations que lui impo-
« fent l'honneur & la juftice.
» Le montant de ce fonds eft évalué à
» 915,956 piaftres. Il ne faut point s'attendre à
» une précifion rigoureufe, dans un premier effai
» fur une matière auffi compliquée & fujette à
» tant de variations j mais on croit cette évalua-
» ition affez exa&e. Le congrès abandonne aux
» états le foin de pourvoir aux 1,500,000 piaftres
» néceffaires en outre pour l'intérêt annuel de la
» dette } & le congrès s'écarte encore ici des
» maximes du crédit public , afin de fe confor-
” mer au voeu des provinces. Un aéle indivifible
m & irrévocable eft néceffaire pour les deux fonds :
» fans cela, il pôurroit arriver qu'on établît un
» fonds partiel, & il eft effentiel de pourvoir à
»» la totalité : quelques états d'ailleurs pourroient
« préférer le premier de ces fonds, d'autres pour-
3» roient préférer le fécond, & on ne feroit fûr d'au-
»3 cun.L'aéle doit être irrévocable, finon un feul état
99 feroit le maître, toutes les fois qu'il le jugeroit
39 à propos, de forcer les autres à une banque-
99 route, & la crainte d’une banqueroute oppo-.
»3 feroit un obllacle funefte à l'établiflement du
93 crédit national. Les créanciers a&uels, ouplu-
33 tôt ceux d'entr'eux qui font nos compatriotes,
33 ont prêté leur argent pour un terme qui eft
93 expiré, ou, dans le principe même , ils ne
33 font devenus créanciers qu'involontairement j
»9 ils ont donc les uns & les autres un droit égal
» à demander le principal de leurs créances, &
»3 à ne fe point contenter de l'intérêt annuel.
33 Le rembourfement de ce capital n'étant pas en-
33 core poflible, il faut au moins en aflurer l'in-
93 térêt d'une manière fi fûre , qu'ils puiffent,
» s'ils le jugent à propos, tranfporter à d'autres
93 leur créance, fans rien perdre fur fa valeur;
»3 Si les fonds font établis d'une manière affez
33 fure pour infpirer une confiance entière, il y
33 a lieu d'efpérer que le capital de la dette do-
99 meftique, qui porte l'énorme intérêt de fix pour
4 cent, pourra être éteint par d'autres emprunts
99 obtenus à un intérêt plus modéré. Pour ac-
39 quitter le capital au terme afligné, nous comp-
33 tons fur l'accroiffement naturel des impôts fùr
33 le commerce & fut les objets qui feront char-
99 gés d'une taxe , & fur d'autres reffources qu'of-
39 friront les circonftances. Si ces moyens fe trou-
93 vent infuffifans, il faudra bien , à l'expiration
93 des vingt-cinq ans, prolonger les impôts recom-
39 mandés ici, ou en établir de nouveaux. C'eft
33 aux différentes provinces à prononcer fur ce
« plan : tous les objets qu'il emoraffe, importent
_33 à la profpérité des Etats-Unis j quoique la dette
33 nationale foit forte, elle l'eft moins qu'on ne
»3 devoir s'y attendre ; & lorfque l’on penfe à fa
»3 caufe, qu'on la compare aux charges que des
33 guerres d'ambition & de vaine gloire ont ac-
33 cumulées fur d'autres nations, elle doit être
33 fupportée avec plaifir & avec orgueil. Au fur-
33 plus, l'étendue de la dette eft un objet étran-
33 ger à la queftion aétuelle j il fliffit qu'elle ait
39 été légitimement contraélée , & que la juftice
31 & la bonne-foi demandent qu'elle foit payée.
33 Le congrès n’a que l'option entre les différens
33 moyens : ce n'eft auffi que fur cette option que
33 peuvent porter les délibérations des différents
33 états. Nous les fommons , au nom de la juftice
33 & de la foi publique folemnellement engagée,
33 de donner, au plan que nous propofons, tout
33 l’effet qu'il doit avoir, & de fe fouvenir, fi
33 on le rejette, que le congrès ne fera pas refis
ponfable des fuite§. S'il étoit néceffaire de faire
93 valoir ici d'autres considérations que celles de
33 la juftice, aucune nation n'en a jamais eu de
93 plus graves. En effet, quels font les créanciers
33 que nous devons payer ? D'abord un allié qui
33 a défendu notre caufe, non-feulement par fes
jj armes , mais par fes tréfors , & dont l'amitié,
33 non contente de nous prêter des fommes con-
39 fidérables , a fignalé fa munificence par les
33 dons les plus généreux, enfuite des particuliers
33 étrangers qui n'ont pas craint de nous donner
33 des marques précieufes de leur confiance & de
.33 leur affeétion pour notre caufe. Le relie des
J3 créanciers eft compofé de ceux de nos citoyens
99 qui ont expofé leur vie & combattu pour éta-
33 blir notre liberté , ou qui, dans l'origine, ont
33 prêté leurs fonds à la nation, ou qui enfin ont
»3 daigné recevoir la créance des prêteurs. Vouloir
33 établir des diftin&ions entre leurs droits, feroit
33 une entreprife auffi inutile pour la nation qu'o-
9J dieufe pour les particuliers. Si la voix de l'hu-
33 manité parle plus haut en faveur de certains
33 d'entr'eux, la voix de la politique, d'accord
33 avec celle de la juftice, parle en faveur de tous.
E T A
m Une nation fage ne permettra jamais que ceux
93 qui fecourent leur patrie dans fes befoins, ou
9? ceux qui fe confient à fa foi, à fa fermete &
99 à fes reffources, fouffrent les uns plus que les
99 autres. Enfin les droits, pour la défenfe def-
33 quels l’Amérique a pris les armes , font les
»» ^droits de l'humanité. Grâce à la providence ,
» ils ont triomphé de toutes les oppofitions , &
*> ils forment actuellement la baîe inébranlable
93 fur laquelle repofent treize états indépendans.
a» Un gouvernement républicain n'a jamais eu &
»3 n'aura jamais une occafion fi brillante de jufti-
*> fier par les faits les formes pures qui compo-
9» fent fa conftitution. Sous ce point de vue, les
*> citoyens des Etats-Unis font comptables du de-
33 pot le plus important qui air jamais ete confie
3» à une fociété politique. Si la juftice, la bonne-
»3 foi, l'honneur, la gratitude & toutes les autres
93 qualités qui ennobliffent le carâCtère d'une na-
3J tion, réfultent de nos établiffemens, la caufe
33 de la liberté acquerera un luftre & une dignité
33 qu'elle n'a jamais eu, & nous aurons la gloire
33 de donner un exemple qui ne peut qu'avoir l'in-
93 fluence la plus favorable fur les droits de l*hu-
jj manitéi Mais fi nos gouvernemens ont le mal-
93 heur de fe déshonorer par une conduite direc-
33 tement oppofée aux vertus dont nous venons de
93 parler, & qui font lés plus effentielles pour
33 l'Amérique, la grande caufe du genre humain
93 fera avilie & trahiela dernière & la plus cé-
33 lèbre des preuves en faveur des droits des na-
3» rions tournera contre elles-mêmes, & on verra
33 leurs protecteurs & leurs amis irifultés, & ré-
33 duits au filence par les vils fuppôts de la ty-
3» rannie 33.
Tel eft le précis de l'adreffe que le congrès
envoyà aux divers états immédiatement après la
paix : on y retrouve l'équité , la fageffe & les
vues nobles que ce corps a montré dans toutes
les occafions. Le feul reproche qu’on puiffe faire
aux provinces, c'eft d’avoir mis de la lenteur dans
leurs délibérations 5 & pour celles qui d'abord
n'y ont pas confenti, de n'avoir point expliqué
la caufe de leur refus momentané,. & de n'avoir
pas déclaré hautement qu'elles établiroient des
impôts, dès que leur pofition le permettroit. Au
relte , les impôts néceffaires au paiement des intérêts
de la dette font établis dans prefque toutes
les provinces 5 & fi leur perception effuie encore
des retards , l'époque pù elle n'en effuyera plus
n'eft pas éloignée. Nous ajouterons, en terminant
cette apologie, que le congrès, bien inftruif des moyens
d’aiguillonner les peuples, s'eft permis avec
raifon de paffer quelquefois la mefure dans fes reproches
> que la déclaration faite au commen
cernent dé 1783 parM. Morris , furintendant des
finances des États-unis , avoit auffi le même motif
É T A ?9i
à bien des égards } & qu’en examinant de' pareilles
affaires, il ne faut pas oublier les rufes de
l ’adminiftration. Les hommes qui ont plus d’honnêteté
que de lumières, ou ceux qui le plaifent à
tout critiquer, forment leur jugement avec précipitation
, m^is les autres ne font pas fi légers.
On ne connoît point en Europe les innombrables
reffources des Etats-Unis, & il s’en eft préfenté
une, qui bien ménagée, fuffiroit elle feule pour
payer toutes les dettes des nouvelles républiques.
Le 20 oélobre 1783 , l’ affemblée générale de
Virginie a donné au congrès tout le territoire fi-
tué au nord-^uell de l’Ohio , à condition que
ce territoire fera formé en états particuliers ou en
républiques, qui feront admifes à la confédération
américaine j qu'on dilpofera de ces terres j
d’ une manière utile aux finances de l’union, & à
quelques conditions particulières qu'il n’eft pas
néceffaire de rappeller ic i, & qu'on peut lire
dans le journal du congrès de 1784 : la même
province a donné depuis au congrès les terres qui
font en-deçà de l'Ohio.
La Caroline feptentrionalea fuivi un fi bel exemple
, & elle a donné auffi en 1784 une partie
confidérable des terres dans le canton de l'oueft.
Il y a lieu de croire que la Caroline méridionale
& la Géorgie donneront, de leur c ô té , toutes
les terres qui s'étendent depuis les derrières de
leurs établiffemens , jufqu'au Miffiffipi.
C e territoire qu'on appelle de Youefi, a plus de
17 degrés de latitude de hauteur fur une profondeur
en longitude, qui varie d e y à 21 degrés (1 ).
Les terres font neuves & fécondes fur cet im-
menfe diftriét. Quelques-unes , telles que le canton
où fe trouve l'établiflement de Kentucke, dont
nous parlerons plus b as , & celles qui avoifi-
nent le Miffiffipi , font d'une fertilité extraordinaire
, & le congrès les vendant aujourd'hui,
il eft impoffible de calculer ce qu'il en tirera.
On verra dans la feélion 12e , quels régle-
mens on a fait fur ces telres, de quelle manière
on les vend, & quelles loix on a\ donné aux états
nouveaux qui s'y formeront. Mais c'eft ici le lieu
d'oblerver que la ceffion du territoire de l'Oueft,
faite au congrès par la Virginie & les deux Ca-
rolines, a procuré à l’union fédérale les moyens
de terminer promptement & d’une manière honorable
ce qui a rapport aux terrains promis aux officiers
& aux foldats de l'armée continentale. Nous
dirons ailleurs que., dans la divifion de ce territoire,
on a laifle des lots pour les foldats & les
officiers, & que chacun d’eux peut en jouir dès-
à-préfent. Le congrès avoit pris avec eux un autre
engagement j il avoit offert aux féconds leur
demi-paye à vie , & enfuite cinq années de leur
folde , s'ils Taimoient mieux, & aux foldats une
(0 On trouvera plus bas des calculs précis fur fon étendue»