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j°ug ; & fî ce pays révolté eft plus barbare encore
cjue la puifîance dont il abjure l’autorité , des
fa&ieux ignorans s’y emparent de l’adminiftràtion,
& ils fe difjmtent les dépouilles & la vie des malheureux
qu’ils ont fubjugués. Mais rien n’égale
le fort des égyptiens j & jamais on n’a vu
en d’autres pays de la terre , le gouvernement
dévolu à des efclaves : & encore , quels efclaves !
ils n’offrent qu’ un vil ramas des férails ou des
lieux-les plus fouillés de l’Afie j & c’eri de tels
hommes , que des conventions politiques ont désignés
pour adminiftrateurs d’une varie contrée.
Nous ne donnerons pas plus d’étendue à ces
vaines remarques, & nous nous bornerons à quelques
obfervations de fait qui auront ‘du moins
1 avantage d’ inftruire le leéleur.
S E C » I O N I I P, .
Remarques fur la divifon de /’Egypte & l'adminif-
tration de fes provinces«
On divife ? Egypte en trois parties , 1a haute ,.
la baffe & la moyenne. On fubdivife celles-ci en
provinces, qui font gouvernées par.des beys, ou
pour parler plus exactement, par des fangiaks ;
d'autres le font par des cashifs } on a vu plus haut
que les cashifs font les lieutenans.des beys. Celles
qui font gouvernées par les premiers, s'appellent
fangiplies ; mais lorlqu’elles dépendent d'un fan-
g ia k , & qu’elles, font gouvernées par un cashif,
qui n’eft pas bey , on les appelle cashiflics.
Le fangiak, avant les troubles, étoit un gouverneur,
fous le drapeau ou fangiack duquel tous
les gens de guerre étoient obligés de fe ranger,
Jorfqu’il lui plaifoit de les convoquer.
Le divan a confervé jufqu’îci l’ ancienne dîvi-
fîon , fuivant laquelle le Delta étoit au bas, la
Thébaïde au haut, & l’Heptanonide , ainfi ap-
pellée , parce qu’elle contenoit fept provinces, au
milieu. Mais les voyageurs divifent communément
^Egypte en haute & baffe. Celle-ci comprend tout
le pays qui eft au midi du Caire , où il y a fix fan-
gialics ou cashiflics, dont deux font dans le Delta 5
favoir, Garbich , au nord-oueft , & Menoufich ,
au fud-fud-eft. Au couchant, eft Baheira , dont
dépencHe cashiflic de Terrane. On trouve à l’orient
Baalbeis 8c Manfoura, qu’on appelle Dequa-
halié, 8c Kalioul^ft le fîxième.
La moyenne Egypte n’a à l’orient qu’Atfiet, au
couchant, G ize , Faiume, Benefvief, Minio, & à ce
qu’on d it, Archemonnàin & Manfalouth. Il paroît
que la dernière province dépend du bey de Gize,
& fi cela eft, on doit la regarder comme une partie
de la haute Egypte ,• l'autre appartient à la
Mecque, 8c forme une efpèce de principauté in dépendante.
Gize , qu’ on a nommée la première,
devroit appartenir au tefterdar, ou grand tréforier
d’Egypte.
. « La haute Egypte, dit un voyageur, conte-
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” P®?* autrefois vingt-quatre provinces 5 mais les
«sheiks arabes fe font emparés de la plupart,
de manière que je ne connois au couchant que
” y lrge j Efne 8c Manfalouth , quoiqu’on mette
M Ëe nombre Aboutig, Tom e , H ou, Bardis,
M rurshouth & Badjoura. » La dernière 8c la plupart
des autres etoient gouvernées, dans ces derniers
temps, par les sheiks arabes. A l’orient, eft
n ° U a ^or*ent & au couchant, lbrirrr. Elma
elt aufri un cashiflic ; il eft au midi d’Oaris ,
on allure qu il fuit des loix & des coutumes particulières,
8c qu’ tfrr étrange^ne peut y refterque
trois jours. Akmim, Kenna, Cous & Luxerim
ont aufli paffé pour des cashiflics ; mais ils parodient
aujourd'hui confondus dans le gouverne-
ment arabe 5 la plus grande partie de cette contrée
étant foumife à ces cinq sheiks arabes. On
trouve au couchant le sheik d’Aboutig, qui a aufli
une partie (le fon territoire au levant} le sheik de
Bardis, près de Girge, lequel a un très-petit territoire
dans cet endroit, 8c un plus grand, près
de Cous &. de Luxerin j le sheik de Furshouth ,
dont les domaines s etendent du côté du couchant
jufqu aux cataraéles. Il pofsède aufli une contrée
a 1 prient, au-delà de celle du sheik de Bardis ;
a 1 orient, Ternir d’Akmim pofsède encore une
yalte contrée au couchant j un autre sheik réfide
a Llbanaut, & a un petit territoire près de Kepht}
vient enfuite le pays du sheik de Bardis, dont j’ai
parle ci-deflus. Le diftriét qui eft à l’orient, appartient
, prefque en entier, aux arabes, lefquels
n’ont aucun gouvernement régulier j dèforte qu’il
n y 'a qu une province gouvernée par un cashif,
favoir , Sciout. Les enfans de ces sheiks arabes
iuccèdent à leurs pères > mais il faut qu’ils foient
confirmés par le pacha, à quidl revient des fommes
conlidérables à la mort d’un sheik. 11 diffère
même-dé les confirmer , jufqu’à ce qu’ on ait dé-
pofé l ’argent , 8c il arrive fouvent, dans cet in- ‘
tervalle ,^que les parens du sheik forment des intrigues
pour fe lupplanter l’un l’autre. On prétend
que le pacha ne confirme que celui qui s’en: rendu
agréable au divan & aux habitans. Nous répéterons
, en finiflant ces détails, qu’en indiquant.ee
qui eft du.reflort du pacha, nous parlons de l’étendue
de pouvoir qu’il exerçoit, 8c non pas de celle
qu’il exerce aujourd'hui.
Au refte, le pouvoir du pacha , même avant
les derniers troubles, époit fort limité. Outre les
privilèges , fouvent conteftés , qu’ on vient de décrire
, fes fondrions fe réduifoient à communiquer
aux beys qui compofent fon divan, & aux divans
des divers ogiaks militaires, c’eft-à-dire, à leurs
corps , les ordre? du grand-feigneur , 8c à les
faire exécuter par les officiers. Lorfqu’il affermoit
les domaines du fultan* & que quelqu’un venoït
à mourir dans le pays, les confifcations lui appar-
tenoient ; car anciennement., toutes les terres de
Y Egypte apparjenoient, dit-on, au grand-feigneur* 8c la Porte les regardoit comme fa propriétéÉ
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Le pacha a un caïa , o u bey , dont l’office eft
amovible} c’eft le premier miniftre du pacha , 8c
il tient le divan. Le pacha , ••ainfï que le grand-
feigneur , fe tient aflis dans une tribune, fermée
d ’une jaloufie, placée au bout de la falle où fe
tient le divan , 8c il y aflifte rarement, fi ce n’ eft
dans les occafions extraordinaires > par exemple,
lorfqu’il arrive quelque ordre de la P orte, 8cc.
Lorfque le pacha fort, il eft toujours accompagne
du dragoman aga , qui non - feulement lui fert
d ’interprète, mais encore de maître des cérémonies.
Le pacha, de même que le grand-feigneur,
à fes choufes , fes shatirs , fes boftangis y 8c une
garde de tartares à cheval, qui font charges de
la fureté de fa perfonne, 8c qui fervènt a porter
fes dépêches. ’ ,
L ’émir - hadgi, ou le prince des pèlerins qui
vont à la Mecque , * eft nommé par la Porte :
afin de le dédommager des dépenfes extraordinaires
qu’il eft obligé de faire la première année
pour fon équipage, on le laifle communément
deux ans en place. Si c’eft un homme ha-
“bile, & s’il a des amis à la Porte, il peut con-
Drver plus long-temps fon emploi} mais il eft rare
qu’il le conferve plus de fix ans 5 c a r , lorfqu’il
a conduit la caravane fept ans.de fuite, le grand-
feigneur lui fait préfent d’un collier d’or j fa perfonne
paffê pour facrée, & on ne peut le mettre
à mort, publiquement. C e t officier a l’infpeérion
des états qui dépendent de la Mecque, 8c il.les
fait gouverner par fes fardars. Les émoliynens de
fa charge , indépendamment de ce que la Porte
lui donne, confiftent dans le dixième de tous les
effets des pèlerins qui meurent en route ; 8c lorfqu’il
fe conduit bien durant fon adminiftration, îl
eft fur de s’ attirer l’ affe&ion 8c l’eftime de tous
les habitans.
C ’eft la Porte qui nomme le tefterdar, ou
gi^nd tréforier du tribut que le grand - feigneur
lève fur les terres d'Egypte ,* elle le laifle ordinairement
plufieurs années en place. Elle donne
quelquefois cet emploi au bey le plus pauvre, pour
le mettre en état de foutenir fa dignité , 8c fouvent
au bey le moins intrigant 5 car un parti. ne.
voudroit pas qu’un homme d’intrigue , qui feroit
du parti oppofé , fût revêtu* d’un emploi aufli
important.
C e font les janiflaires qui gardent lé Caire. Le
vieux Caire étoit , avant les derniers troubles,
fous la garde d’un bey qui y réfîdôit , 8c qu’ on
changeoit tous les mois. Les arabes ont inspection
fur les environs de la ville. Il y a un officier
chargé de faire la ronde dans la ville, & fur-tout
pendant la nuit. On l’appelle le walla. Son emploi
répond à celui de l’officier que les turcs appellent
foubasha. li a' foin d’arrêter ceux qui commettent
du défordre , ou qüi ne peuvent donner
un compte fatisfaifant de leurs cour fes, ou qui fe
promènent dans les rues à des heures indues, 8c
fouvent il leur fait trancher la tête fur la place,
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à moins qu^ls ne foient fous la proteéiion des janiflaires
, où de quelqu’autre corps de troupes.
Il eft la terreur des brigands^ mais il devient
leur protecteur lorfqu’ ils favent le gagner par
des préfens }, & lorfqu’ ils y manquent, ils ne; font
jamais fuis de voir la fin du jour. C elt a lui que
les grands envoient ceutf dont ils ont a^ fe plaindre
, 8c ils font fûrs d’en être debarrafles. Un autre
officier, appellé metijfib, veille fur les poids
& les mefures. On trouve dans les gros villages un
caïmacan fubordonné au cashif} il a l’infpeêtion
fur dix ou douze autres plus petits , dont chacun
a un sheik-bellet égyptien ou arabe. Ces caima-
cans, de même que les cashifs, font obligés de
ménager beaucoup les .sheiks arabes qui, dans plufieurs
endroits, exercent une autorité defpotique.
Le feul moyen de gouverner qu’ait le cashif, eft
de gagner un sheik par des .préfens. Tous les officiers
annuels font nommés par le. divan, le 29
août, qui eft le premier de l’année coptique. Tous
ces gouverneurs fe permettent des concuffions >
leur principal objet eft d’amafîer de l’argent pour
le grand-feigneur, 8c fur-tout pour eux.
S e c t i o n I V e.
■ Détails fur les productions commerce de
l3Egypur '0 \
Tous les auteurs conviennent que Y Egypte ^ eft
très-fertile 5 mais le voyageur Grangier foutient
que fa fertilité eft beaucoup moins confidérable
que l’on ne croit ; que toutes les terres qui bordent
le N i l , font aufli bien cultivées qu’autre-
fois, 8c que la culture 8c le produit en grains ,
fruits , 8cc. ne répondent pas aux anciennes
deferiptions } qu’il n’eft point vrai que le nombre
des habitans foit prodigieux} que les terres n’y
donnent pas deux récoltes, & que les brebis n’y
ont pas plufieurs portées chaque année. Il ajoute
que fi les égyptiens d’aujourd’hui n’étoient pas
d’une aulft grande frugalité que les anciens, la
terre ne leur fourniroit pas aflez de froment
pour leur nourriture ; que la plupart des laboureurs
vivent de farine d’orge détrempée dans
l’eau, & qu’ ils mangent, une fois par femai-
ne , du pain fait avec un gros millet que les arabes
appellent doura : que pour avoir des citrouilles,
on les plante près des bords du N i l , 8c on mêle
au terrain une quantité confidérable de fiente de
pigeon & de fable que l’ on a foin d’ arrofer : que
les terres voifines du Nil qui profitent de l’inondation
pendant quarante jours, ne rapportent, dans
les meilleures récoltes , que dix pour un : que celles
qui ne font inondées que cinq jours, rendent
tout au plus quatre pour un.
On-ne peut s’en rapporter à Grangier plutôt
qu’aux autres voyageilrs : la fertilité de YEgypte
paroît bien atteftee ; mais il y a lieu de croire que*
fur cette matière‘comme fur tant d’autres, on