
fouplcffe & en fléxbilité de tous les genres. Je •fuis
bien le maître d’en faire la dcpenlè , ou de la leur
refufer.
Oui, mais non pas de la leur faire prendre ou
lailTer. Le pauvre homme a , dans fon entreprife
naturelle & louable , un alfoçié bien puilîant &
bien efficace ; .c’eft la néceflité. 11 a de plus deux
circonftânces très-avantàgeufes. J L ’une eft qu’ait
moyen de fa petiteffe, tout lé vafte champ des
travaux & le choix des occupations utiles lui1 font
libres. Tout lui eft convenablefélon la nature,
& rien ne déroge pour lui. L’autre eft qu’au moyen
de, cette liberté, il confulte le goût de fes enfans,
& les laiffe choifir à leur gré. Il n’a donné d’exemple
à fes enfans que celui de la peine qu’il a trouvée
à les faire vivre ;.jil ne leur devoit d’inftruc-
tion que celle de la vigilance &' de l’économie;
l’apprentiffagé eft l’émancipation abfplue,, & l’enfant
va de lui-même. Il n’ en eft'pas ain.fi du fils
de l’homme opulent. Mais n’affimilons point les
calculs. & les progrès des riches à ceux du pauvre.
Si ces derniers font lents & pénibles, les mécomptes
infaillibles. & les rêves (ontjle partage des premiers.;
. •
Mais pourtant, fi nousTommes,. riches, c ’eft
un devoir d’appèller de bonne heure nos enfans
au partage des avantages. &■ dés connoiffances que
nous avons, & on ne le péût qu'en leur facilitant
par des frais leur initiation inftruéiive, dans la
carrière à laquelle ils font deftinés. par leur état.
J ’en conviens, & je défapprouverai même ce
genre d’ éducation exclufive , qui femble . tenir,,de
trop près à la police dés anciens' égyptiens, qui dé-
fendoit chacun d’émbraffer d’autre profeffion que
celle de fpn père. Les éducations féparées, & , quant
à l’inftruélion,bornées uniquement à un état particulie
r , me paroiftent propres affaire fciffion d’opinions
& de préjugés entre les divers états ; ce qui
eft dangereux pour une foeiété.
En ce la , les anciennes éducations qu’on blâme
tant, parce que, c’eft la mode de Tout blâmer j
en faifant participer les enfans de . tout âge &! de
tous états aux premières & mêmes qohnoiffanc.es;
avoient la fagefle "de tes focialifer d’autant, fi l’on
peut s’exprimer ainfi.
Mais ce qu’elles avoient de vraiment utile &
de refpeélable, c’eft qu’on y prenoit foin d’ offrir
aux regards & à l’émulation ,de. la . jéuriefte les
exemples des vertus ; & c’eft la b.onhe‘ maniéré
de les faire connoîtré ,, pourvu qu’on ait l’attention
en même-temps de prémunir la jéuneffe contre
l’invifîbilité de la vertu, Dieu éft par-tout',
c'eft-à-dire , préfent à tout, il en eft àinfî de la
vertu. Elle eft , ' & j’en apporte les mêmes preuves
; car les vices féparent & détruifent tout : mais
il eft de la vertu de ne pas paraître, d’être mo-,
dette & de fe cacher. ■
La vertu, dis-je, la vertu! C ’eft de quoi ôri
ne failroit parler dans le, mondé ; car on auroit
l’ air de faire des leçons & même des reprochés ;
& levgrand avantage, le fublime privilège de la
do&rine, c'elt d'avoir le droit & la miffion de
pétrir 8c de. former l'ame & le coeur flexible &
tendre des enfans, 8c de les pénétrer des doux
parfums de cette émanation célefte , en obfervant
de ne tancer un manquement, de ne punir jamais^
une. faute qu'en montrant fon alliance avec
un v ic e , de ne loupr un progrès , de ne récom-
penfer jamais un fuccès quelconque qu'en faifant
voir fon adhérence avec une vertu.
Que la douceur foit raifonnéej mais quela fé-
verlte foit vertueufe, alors Yéducation , ou , pour
mieux d ire, la difcipline fera de grands biens à
la foeiété. N ous difons la foeiété > car, dâns l'é-
duçation, tout doit être relatif à la.fociété : ainfi
toute? çes méthodes qui demanderaient un maître
parfait pour fin feul élève, belles 8c admirables
en fpéculatiori, ne faurpient guères exifter en pratique.
On trove par fois, il eft vrai, des hommes
qu'un grand talent, un attrait particulier & une
patience inaltérable deftinent en quelque forte à
1 état noble & pénible d’inftituteur ; mais ces homr
mes font-rares-, & le peu d'eftime qu'on attache
à leurs fonétions .refpeétables , n’eft pas propre
fans doute à, les rendre plus communs. En. général
, pour fe connoîtré en tableaux, il faut en voir
& en comparer beaucoup j pour fe connoîtré en
hommes, il faut en fréquenter beaucoup & les
pratiquer dans les affaires j de même, pour fe
connoîtré en enfans , il eft néceffaire d'en voir
beaucoup, de les obferver , & fur-tout de les aimer
& de les fuivre ; car les contenir n'eft que les
contraindre , fi l'autorité n'eft perfonnelle , 8c le
fruit de la confiance' acquife par des fervices dont
l'enfance , pàr.inftinét., fent la valeur naturelle T
bien long-temps avant d'en pouvoir démêler les
motifs.
Au refte, Xéducation laiffe les enfans a-pemprès
tels, par le caractère, qu'elle,les a- trouves: nû-
turam expellas furca 3 &ç. Le proyerbeou l'axiome
, gaudeant bene nati \ eff le plus ancien & le
plus vrai de tous. Les parens inexpérimentés ou
prévenus attribuent rimpuiffance de l'éducation à
redreffer les cmétères , au peu d'attention que
les diftraétions 8c les affaires de la plupart de ceux
qui conduifént les enfans, permettent de faire aux
individus 3 erreur dont les parens qui, fuivant ce
préjugé, retirent leurs enfans de la foule, font
triftement défabufés fi le fujet eft défectueux par
nature. Rien ne change un mauvais caractère ,
rien ne redreffe une tete de travers 3 quant aux
enfans que la nature & la providence ont doués
d'un coeur droit & d'une tête faine , l'exemple
les modifie, & celui des parens a fur eux la plus
grande influence. Que les parens q ui, par état,,
fe doivent.ou croient;fe., devoir, plus au monde
qu'à leur famille , prennent au moins la précaution:
de foumettre leurs enfans aù bon exemple dès autres
, en les confiant à des maîtres qui aiment 8t
prifent la vertu; Il n’eji., au fon d , que cela quen
intpofe conftamment 5 & ce qui nous en im-
pofe, même en nous gênant, forme nos moeurs
pour le temps préfent ou pour l'avenir.
( Cet article eft de M. G r i v e l . )
EG L IN G ËN , ( feigneurie d'Allemagne dans
îe cercle de Suabe. “) Elle eft bornée par le comte
d'Oettingen, le duché de Neubourg ,desdomaines
des comtes Fugger & l'évêché d’Augsbourg,
elle appartenoit jadis aux comtes de Graveneck,
dont la maifon s'éteignit dans la perfonne^ de
Geoffroi-Antoine , qui mourut en 1^17. La meme
année, le prince d e là Tour Taxis acheta
pour 200,000 florins cette feigneurie, qui lui procura
l'entrée aux diètes du cercle dans le collège
des comtes. Elle paye 20 florins pour chaque mois
romain , & y.rixdales $6 \ kr. pour l'entretien de
la chambre impériale.
EGLISE ( état de 1' ) : contrée de l'Italie, dont
le pape eft fouverain. On l'appelle ailfïi état ecclé-
fiaftique , état du pape , & quelquefois patrimoine '
de S. Pierre : on évalue fa longueur à 140lieues,
& fa largeur à 44. Il eft borné au nord par celui
de Venife, au levant par la mer Adriatique, au ;
fud-eft par le royaume de Naples, au midi par I
la Méditerranée, & enfin au couchant par le
grand-duché de Tofçane & les états du duc de
Modene.
Il eft divifé en douze ou treize provinces, qu'on
nomme la Campagne de Rome , la Sabine , le par
trimoine de S. Pierre , les duchés de Cadré & R.on-
ciglione , Y Orviétan , le Peru'gitt , les duchés de
Spolette & d 'Urbin s la Marche d'Ancohe, la Ro-
magne, le Bolonnois , le duché de Bénévent & le
Ferrarois. Avignon & le Comtat Venaiffm, enclavés
Hans la France, appartiennent aufïi au pape.
C et article contiendra , i° . un précis de l'hif-
toire politique de l'état de Yéglife $ 20. quelques
remarques fur chacune des provinces & fur la
giiande réforme, opérée en 1780 dans le Bolonois ,
réforme qu'on doit au courage & aux lumières de M .
le cardinal Bon Compagni ; 30. d'autres remarques
fur la pofitioh, les productions & le commerce
de l'état de Yèglife ; 40. nous p.arlerons des différentes
charges de la cour de Rome , des tribunaux
8r des loix civiles, des diverfes congrégations‘,
des nonces 8c des règles : qu'on fuit à l'égard des
puif^nces étrangères , de l'adminiftration en général
& des routes de fortune 5 50. nous dirons
quelle eft la confritution de l’état de Yéglife ,
comment fe fait l'éleCtion du pape , & nous comparerons
fon autorité 3/ celle des autres fouve-
rains 5 6°. nous traiterons des finances de l'état
du pape, de fes revenus & de fes dettes 57°. enfin
nous nous permettrons un grand nombre d'ob-
fetvations fur les réformes , dont l'état de Rome
paraît fufceptible relativement aux finances, aux
•impôts, au commerce, à l'agriculture 8c aux
manufactures ». & nous indiquerons l’effet qu’a
produit le régime de gouvernement adopté par les
papes.
S e c t i o n p r e m i è r e .
Précis de 1‘hiftoire politique de l'état de (eglifê.
Les hiftoriens eccléfiaftiques racontent fort en
détail par quels degrés l'état de Yéglife eft devenu
une puiffance confidérable, & ce n'eft pas ici le
lieu d'entrer dans ces détails. Tous les faits antérieurs
au huitième lîècle , qu’allèguent les diffé-
rens partis , font conteftés 5 8c pour découvrir
la vérité au milieu de ce cahos , il faudrait fe perdre
dans des differtations hiftoriques. Nous nous
bornerons à des faits plus certains : ainfi , fans-
parler de la prétendue donation que l'empereur
Conftantin fit en 324 à S. Sylveftre, évêque de
Rome, de ce que l'on appelle le patrimoine de
S. Pierre y donation dont Ifidore Mercator parle
pour la première fois, dont il eft peut-être l'inventeur
, & pour laquelle on cite un acte qui
paroît en démontrer la fauffeté, nous dirons que
les évêques de Rome font devenus peu à peu fou-
verains d'une vafte étenduejde domaiÉes : quels que
fuffentees domaines, ils s’accrurent beaucoup par la
donation de toutl'exarquat que Pépin, roi de France
, fit à Y églife romaine en 7 ƒ ƒ : la donation fut
confirmée par fon fils Charlemagne, 8c ce prince
y ajouta d'autres poffeflîons à trois différentes reprises.
Rome étoit encore foumife en apparence
aux empereurs , & les, rois de France fe réfervè-
rent la fuzéraineté des pays qu'ils cédoient au
pape. Mais , fous les fucceffeurs de Charlemagne,
les fouverains pontifes eurent de belles occafions -
d'augmenter leur pouvoir 5 ils en profitèrent &
ils devinrent des fouverains abfolus j ils employèrent
enfuite différens moyens pour augmenter leur
puiffance temporelle. On verra , dans la feétion
Suivante , comment chacune des provinces de l'état
de Y églife a paffé fous la domination des
papes. v
Il ne faut pas s’étonner qu'après les donations
de Pépin & de Charlemagne, ils aient porté fi
loin l'aggrandiffement de leurs domaines : chefs
de la religion catholique, ils exerçoient une autorité
fpiritueile dans tous les pays catholiques 5
ils fe firent refpe&er des princes qui trouvoient
un appui du trône dans la foi des fujets 5. ils com -
mencèrent de bonne heure à faire ufage des excommunications}
quelques-uns fe permirent d’ ab-
foudre les fujets des fermens de fidélité envers
leurs fouverains , & les fouverains les redoutèrent.
Enfin II des terres, données à une abbaye ou
à des eouyens de moines , font devenues en Allemagne
des états fouverains qui fiègent à la diète
de l'Empire , fera-t-on furpris que la puiffance
temporelle des papes foit arrivée au point ou nous