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teur : droit précieux pour les hommes de cette
efpèce , & auquel on doit une partie de la police
de la maifon : ainlï toujours l'accufation eft publique,
& la demande d'un bienfait fecrette.
Le prévôt diftribue le linge dans fa chambrée
& furveille les atteliers. M. l'intendant a établi
pour -règle que le prévôt qui a fervi fidèlement
pendant fîx mois , obtienne fa liberté.
Tous les jours, le foir , on fait la vifite, &
les trois furnuméraires viennent à dix heures faire
leur rapport à l'infpeéleur, ou à la perfonne qu'il
a chargé de le remplacer j,car c'eft un point de
règle abfolument eflentiel que rinfpeéféur ne foit
jamais cenfé abfent. Tels font les moyens Amples
que Ton emploie pour établir l'ordre & la police.
D'après cet expoie, on doit fentir la différence
qu'il y a entre le fervice des furnuméraires & celui
des concierges. Les premiers, fous l'oeil de
leurs chefs, ont l'efpoir, s'ils rempliffent bien
leurs fonctions, d'être placés. Le concierge n'a
nul intérêt de faire mieux j il a le dernier grade de
fon état. Le furnuméràire a l'honneur & d'ordre
pour bafe de fa conduite j le concierge ne cherche
qu'à gagner pour fe dédommager d'un fervice gênant.
Le furnuméràire eft craint & refpedfé, fous
'l'uniforme qui annonce la bravoure & l’honorable
fervice militaire : le concierge n'eft qu'un homme
du peuple, aux yeux des renfermés. Il faut
convenir cependant que le corps de la maréchauf-
fée tire quelqu'avantage de placer au dépôt fes
furnuméraires j ils y reçoivent une inftru&ion pré-
cieufe pour leur état ; ils apprennent à connoître
les gens de la province qu'ils doivent furveiller
dans les campagnes, fur les grandes routes : leur
tenue, leur conduite , leur vigilance font connues
de leurs chefs, & cette dernière confidération
n'èft pas d'une petite importance pour le bien général.
On ne fauroit trop prévenir cependant ceux qui
feroient tentés d'adopter le régime du dépôt de
Solfions, de ne pas mêler avec lés furnuméraires,
des concierges, des efpèces de régiffeurs fans
noms , fans crédit, fans état j il fa u t, pour
tempérer l'adfcion & la force militaire , que
toute police intérieure foit fubordonnée à un feul
homme qui, par des confédérations perfonhelles,
-puiffe faire refpe&er la portion d'autorité qui lui
eft confiée.
,P e t A i z dç la dêpenfe Qçcajionnée par les trois
furnuméraires de la mapécliaujfée.
liv. ƒ. d.
Appointemens , too 1. chacun, ci . . . . 300.
Gratifications, v® !• pour trois, ci . . . . 150
Trois rations de pain par jour, ou 3J. & d, 164 5
Une livre & demi da viande pour dîner, 191 $
Prêt pour le foüper, à raifon dé 3 f. par
jour , ou 13 I, 10 f, par mois, ci . . . . 164 %
Habillement . . . . . . . . . . . . . . . . . 259 13 6
ypç paire de bottes par an, ci ..... . ;... 26
J q t a l , » , ♦ j , , . , 1240 i 6
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II faut remarquer que deux habillemens fervent
pour trois années : ainfi la dépenfe annuelle pour
cet objet n'eft que de 167 liv. 2 fois*4 den. j ce
qui donne la dépenfe totale pour les trois furnuméraires,
à i i 66 liv. 17 f. 4 den.
La viande fe tire tous les jours de la marmite
des malades : mais, comme on a voulu éviter la
cuifine du fo ir , on a donné 13 liv. 10 fols par
mois aux trois furnuméraires, qui en difpofent par
économie, mais toujours en commun : cette efpèce
de prêt a une forme militaire, qu’on a trouvé 1
avantageux de favorifer.
Des malades & des infirmeries.
Le traitement des malades fe fait avec économie I
& fimplicité j un chirurgien , une première infir- I
mière avec deux aides , voilà les feuls officiers de
fanté de la maifon : on n'appelle un médecin que
dans des cas fort graves. Moyennant 3 liv. par I
couche, une femme de la ville vient accoucher j
les femmes du dépôt. Il faut convenir qu'on a apporté
une grande économie dans le choix de< re- f
mèdes 5 la pharmacie qui guérit les pauvres, &
qui vaut bien celle des gens riches, a été mife f
en ufage : on a fubftitué le miel au fucre 5 le quin- j
quina excepté, on a profçrit généralement les
drogues cheres & les compofitions trop recherchées.
On a fupprimé toute efpèce d'apozèmes, comme
inutiles : on y a fubftitué une forte d'infufion
. d'ofeille, à laquelle on ajoute un peu de fel & de
| beurre : ce bouillon eft facile à prendre, & en-
| tiérement approprié à l'état du genre des maladies
que l'on traite.
Les potions purgatives font faites avec la poudre
de iâlap , le miel & l'eau quelquefois aiguifés i
avec l'emétique, fuivant l'indication. Les pilules
cochées font employées pour ceux qui ont de la
répugnance à prendre des vomitifs liquides.
Dans les maladies inflammatoires, le fel d'epfom [
& le miel remplacent ordinairement les follicules,
la manne & les autres médicamens mis en ufage ;
-dans le cas cependant où il faut des laxatifs plus
doux, lorfqu'il eft queftion, par exemple, d'en- !
fans malades ou de femmes en couche , on fait
fondre.deux onces ou deux onces & demie de
manne dans un bouillon ; ce qui tient lieu de tout
autre purgatif.
On fait ufage de la rhubarbe, du diafeordium,
de l'ipécacuanha, du catholicon double, de là
magnéfie blanche, du quinquina, quand ces re- I
mèdes font abfolument néceffaires.
Une infufion de fleurs pe&orales & le miel forment
ta première efpèce de loks en ufage dans la
toux. La fécondé eft cpmpofée de gomme adra-
gante , d’amendes douces & de miel. La troifiè-
me fe fait avec le-jaune d’opuf & le miel délayés
dans une’ infufion adouciffante, quelquefois on y
piçle de la calfonade .au lieu de miel : fuivant
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les indications, on y ajoute de l'émétique, ou le
kermès.
Dans les maladies particulières, telles que 1 ny-
dropifie , les obftruétions & la galle , on emploie
les différens remèdes les plus appropries a ce genr.e
de maladie. Pour guérir les maladies vénériennes,
on fait d'abord ufage du fublime corrofifj fou-
vent on a recours aux friélions , aux pilulès de
Belofte, ou aux bois fudorifiques. L'état de de-=-
penfe faite pour l'année 1783 , prouve que I on a
ufé d'une grande économie, puifque 3872 journées
d'infirmerie n'ont coûté que 187 liv. 3
Enfin on a confié à un chirurgien tous, les medi-
camens dont on fait ufage : on^ a cru etre jùfte ,
en traitant les renfermés du dépôt 3 comme 1 équipage
d'un navire qui fait fe paffer de 1 appareil
d'un médecin, & d'une pharmacie difpendieufe
& trop recherchée.
De la comptabilité du dépôt de Soijfons.
On a divifé ce compte , pour y mettre de l’ordre
, en trois parties. La première contient l'etat
des recettes , divifé en cinq chapitres 5 favoir :
C ha pitr e j >r em ie r . Reliquat du compte de
l'année précédente.
C h apitre II. Fonds fournis fur la récette générale.
C hapitre III. Fonds fournis fur d'autres caiffes.
C hapitre IV. Fonds fournis par des particu-
’ fiers, à la décharge du roi.
C hapitre V . Produit du travail des renfermés.
La féconde partie contient les états de dépen-
fes j elle eft divifée en neuf chapitres, qui fe fous-
divifent en autant d'articles qu'il eft néceffaire ,
pour rendre là comptabilité plus nette.
C h a p i t r e I er. Bâtimens.
Article 1. Acquifitrons.
Article 2. Indemnités & frais de contrats.
Article 3. Réparations.
Article 4. Loyers.
C h a p i t r e I Ie. Secours fpintuels.
Article 1. Décoration de la chapelle.
Article 2. Dépenfe journalière.
Article 3. Gratifications aux deffervans.
C h a p i t r e I I I e. Ameublement,... 1
Article 1. Conftruébion & raccommodage de lit.
Article 2. Tables.,, bancs,. baquets & autres uf-
tenfile-s.
C h a p i t r e IV e. Vêtement.
Article ,1. Fournitures relatives à l'habillement.
Article 2. Vêtemens d'enfans.
: Article 3. Blanchiflage.
Article 4. Raccommodage d'habits.
D É P 75,
C h a p i t r e V e. Police du dépôt.
Article 1. Appointemens & gages des employés du
dépôt.
Article 2. Propreté & fanté, paille & vinaigre & c .
Article 3. Clarté.
Article 4. Chauffage, charbon.
C h a p i t r e V I e. Subfificmce.
Article 1. Achat'de grains & fabrication de pain.’
Article 2. Légumes frais & fees.
Article 3. Viande.
Article 4. Sel.
Article 5. GraifTe & beurre.
Article 6. Bois.
Article 7. Uftenfiles fervant à la cuifîne.
C h a p i t r e V I I e. Infirmerie„
Article 1. Coucher des infirmes.
Article 2. Subfiftan.ee.
Article 3. Médicamens.
Article 4. Honoraires du chirurgien.
Article y. Frais d'enterremens.
Article 6. Uftenfiles fervant à l'infirmerie.
C h a p i t r e V I I I e Enfans*
Article 1. Enfans en nourrice.
Article 2. Enfans en penfion.
Article 3. Layettes & trouffeaux.
Article 4. Supplément de nourriture p1 les enfans.
C h API ' t r e I Xe. Travail des renfermés.
Article i.- Achat de matières & d'outils.
Article 2. Filature de fin & de chanvre, & c . & c .
La troifième & dernière partie contient les dé-
penfes générales : elle eft divifée en 4 chapitres.
C H A P I T R E I er. Frais de capture.
Article 1. Gratifications aux officiers & brigades
de la maréchauffée.
Article 2. Gîte & géolage dans les prifons empruntées.
.
Article 3. Tranflation des mendians.
C h a p i t r e I I e. Aàminifiration générale.
; Article i*. Gratifications.
CHAPITRE I I Ie Secours aux mendians relâchés.
C h a p i t r e I V e.- Dépenfcs extraordinaires.-
Quelque minutieufès que paroiflfent les formes
que j'indique, je eonfeille cependant à ceux qui
font chargés de. la comptabilité d'un dépôt de s'y
aftrerndre , parce que ce moyen fait voir d'un coup-
d’oeil les parties qui ont befoin d'être réformées»
( Cet article efi de M. d e M ontlinot. )