
é té ‘pris & faîés à bord des vaiffeaux britanniques
, feront fujets au double des droits fur les
marchandifes étrangères, quand ils feront importés
dans la Grande-Bretagne. Les hollandois, qui
font encore aujourd'hui les principaux pêcheurs
en Europe', étoient alors les feuls qui entreprif-
fent de fournir du poiffon à toutes les nations
étrangères. C e réglement mit une charge bien
lourde fur la fourniture qu'ils en faifoient à la
Grande-Bretagne.
L'Angleterre & la Hollande n’étoient. point
en guerre, quand on paffa l'aCfe de la navigation.}
mais il régnoit entre les deux, nations une
violente animofîté. Elle avoit commencé durant
le gouvernement du long parlement qui le premier
*d-efla cet aCte. Elle éclata bientôt après , dans
les guerres de Hollande, durant le gouvernement
du protecteur & celui de Charles II. Il n'eft donc
pas impoffible que quelques-unes- des difpofitions
de ce fameux aCte aient eu l'animofité nationale
pour principe. Elles font cependant a.uffi favorables,
à la profpérité de la nation angloife , que fi
• elles a voient été di&ées par la plus profonde fa-
gelfe. Cette animofité avoit alors-en vue le même
objet qu'auroit indiqué la fageffe la plus confom-
mée j je veux dire, la diminution de la puilfance
de la Hollande , la feule puiffance navale qui
fût capable de mettre la fûreté de l’Angleterre
en danger.
L'aCfe de la navigation n'eft point favorable au
commerce étranger, ou àl'accroiffement de l'opulence
qui en dérive. L'intérêt d’une nation,
dans fes relations de commerce a v e c je s nations
étrangères , eft comme celui d'un marchand par
rapport aux différentes perfonnes avec lefquel-
]es il traite > c'eft d'acheter le meilleur marché
, & de vendre le plus cher poffible. Or il eft
naturel qu'elle achète meilleur marché, lorfque,
Jaiffant au commerce une liberté parfaite , elle
encourage toutes les nations à lui apporter les
marchandifes qu'elle a befoin d'acheter j & par
la même raifon il eft tout fimple qu'elle vende
plus cher ’, quand fes marchés feront pleins d'acheteurs.
Il eft vrai que l'aCfe de la navigation ne met'
point de gênes fur les vaiffeaux étrangers,- qui vont
en Angleterre pour exporter le produit de l'induf-
trie britannique. Les anciens droits que les étrangers
avoient coutume de payer fiirtoutes les marchandifes
exportées’, auffi-bien qu'importées , ont
été même fupprimés, par des aCtes fubféquens ,
fur la plus grande partie des articles de l'exportation.
Mais fi , par des prohibitions ou de gros
droits, on empêche les étrangers dé venir vendre
, on les met foûvent hors d'etat de venir,
acheter, parce qu'obligés de venir fans cargaifon,
il faut qu’ils perdent le fret depuis leur pays juf-
qu'à la Grande-Bretagne. Ainfi , en diminuant le
nombre des vendeurs, l'Angleterre-diminue né-
ce ff ai renient celui des acheteurs, & elle fe met
dans le cas non-feulement d’acheter les marchandifes
des autres plus cher, mais encore de Tèn*
dre les fiennes meilleur marché qu'elle ne le fe-
roit s'il y avoit une pleine liberté de commerce.
Cependant, comme la défenfe nationale eft une
chofe beaucoup plus importante que l'optSence ,
l'aCfe de la navigation eft peut-être le plus fage
de^ tous les réglernens de commerce, qui aient
été faits en Angleterre.
Le fécond cas où il fera généralement avanta-
geux de mettre quelque charge fur l'induftrie
étrangère, afin d’encourager celle du dedans
eft lorfqu'il y à quelque taxe d’impofée dans le
pays fur le produit de la dernière. Alors il paroît
raifonnable d'impofer une taxe égale fur pareil
produit de la première. C e ne fera pas donner
le monopole intérieur à l'induftrie domeftique ,
ni déterminer vers un certain emploi plus de
fonds & de travail qu'il ne s'en fera porté naturellement
de ce côté-là. C e fera feulement
empêcher que ce qui s'y feroit porté , n'en foit
détourné par la taxe, pour prendre une direction
moins naturelle} & , la taxe impofée, la .concurrence
entre l'induftrie domeftique & étrangère
refteroit, autant qu'il eft poffible, fur le
même pied qu'auparavant. Quand on met dans
la Grande-Bretagne une taxe fur le produit de
l'induftrie domeftique , l'ufageeft d'en mettre une
beaucoup plus forte fur Yimportation de toutes
les marchandifes étrangères de la même efpèce ,
afin d'arrêter les„clameurs des marchands & des
manufaCturiefs. •
Selon quelques perfonnes , cette fécondé limitation
de la liberté du commerce devroit quelquefois
s'étendre bien plus loin que fur les marchandifes
étrangères qui peuvent entrer précifé-
mént en concurrence avec celles du pays qui font
taxées. Ils prétendent que • quand on a impofé
dans lin pays des chofes néceffaires à la vie., il
convient de taxer non-feulement les.mêmes :cho-
fes importées des autres pays , mais encore toutes
les fortes de marchandifes étrangères qui peuvent
■ entrer en concurrence avec ce qui compofe le
produit de l'induftrie domeftique. La fubfiftan-
c e , difent-ils , renchérit néceflairement en conséquence
de ces taxes, & le prix du travail doit
toujours hauffer avec le prix de la fubfiftance des
ouvriers. Ainfi , quoique chaque marchandife Fai*
fant partie du produit domeftique ne foit pas impofée
y immédiatement, elle devient plus chère
par un effet de ces taxes, puifque le travail qui
les produit, devient lui - même plus cher. Ces
taxes, continuent-ils , font donc réellement équivalentes
à une taxe fur- chaque marchandife particulière
que le pays^produit. Par conféquent ,
pour mettre l'induftrie domeftique fur le même
pied que l'étrangère, il convient de mettre fur
toute marchandife étrangère un droit égal à ce
furhauffement du prix des marchandifes du pays3
avec lefquelles elle peutNentrer en concurrencer
En fiippofant q;tsi ès taxes fur les chofes a©-
'Seffâires à la vîe , comme les tatfes mîtes dans
la Grande-Bretagne fur la drèché, la bière , le
fa von , le cuir, la chandelle , & c . font néceffai-
rement hauffer le prix du travail, & conféquemment
celui de toutes les marchandifes. Ce furhauffement
général du prix de toutes les marchandifes en confé-
quence de celui du prix du travail, eft un cas
différent de celui d'une marchandife particulière,
dont le prix monte parla taxe particulière qu'on
impofe immédiatement fur elle. Il en diffère à
deux égatds.
i ° . On peut toujours favoir~ exactement de
combien peut monter le prix d'upe telle marchan-
dilè par la taxe dont bn la charge 5 mais on ne
peut jamais favoir. avec la moindre exactitude a
quel point le furhauffement* général de toutes les ;
marchandifes qui font le fruit du travail, affectera
le prix de chacune en particulier j & par
conféquent il n'y a pas moyen de proportionner
avec exactitude à c e .furhauffement de prix la taxe
fur chaque marchandife »étrangère.
20. Les taxes fur les chofes néceffaires à la vie
ont fur le bien-être du peuple à-^eu-prts le même
effet qu’un fol pauvre & un mauvais climat. Elles
rendent les vivres plus chers, tout comme ils
le feroient s'il falloit un travail & une dépenfe
extraordinaires pour les tirer de la terre. Dans une
difette naturelle provenant du fol & du climat,
il-feroit abfurde de diriger les gens dans la manière
dont ils doivent employer leurs capitaux &
leur induftrie. Ce feroit une égale abfurdité que
de prétendre le faire dans une difette artificielle
provenant de ces fortes .de taxes. I es laiffér s'arranger
comme ils pourront , accommoder leur in-
duftrie à leur fituation,.& chercher lés emplois
du travail & des fonds dans lefquels ils peuvent,
malgré la dureté de leur fituation, fe procurer
quelque avantage dans le commerce du dedans
ou du dehors, c'eft évidemment ce qu'il y a
pour lors dé mieux à faire pour eux. Si on leur
met une nouvelle taxe , parce qu'ils font déjà fur-
chargés de taxes } fi parce qu'ils payent.déjà trop
cher les chofes néceifaires à la v ie , on leur fait
payer aufli trop cher la plus grande partie des autres
-marchandifes, ne prend-on pas la voie la plus
abfurde pour les indemnifer ?
" 1 Lbrfque cés fortes de taxes parviennent à un
certain- excès, elles font une malédiction égale à
la ftérilité de la terre & à l'inclémence du ciel ;
•& c'eft pourtant dans les pays-lès plus riches &
les plus indiiftrieux, qu'elles font le plus généralement
impofées. Des pays moins heureux ne
•pourrôîènt foutenir un fi grand défordre. Comme
les corps les plus vigoureux font les feuls qui
vivent & fe* portent bien avec un régime mal
fain ; de même il n'y a que ‘les nations douées
■ des.plus grands avantages naturels & acquis dans
toutes fortes d’irtduftriei, qui puiffent fubiïfter &
^rofpérer avec le fardeau d'un-grand nombre de
taxes. La Hollande eft le pays dé l ’Europe où?*
il y en a le plus j- & par des circonftances particulières,
elle continue de profpérer , non par.
le moyen de ces charges, comme on l'a fuppofé
avec k plus grande abfurdité, mais en dépic
d’elles.
Comme il y a deux cas ou il fera généralement,
avantageux d'impofer l'induftrie étrangère pour
encourager l’induftrie domeftique, il y en a deux
autres qui demandent une délibération réfléchie ,
& on ne peut trop examiner jufqu’où il eft à
propos de continuer la libre importation de certaines
marchandifes étrangères 5 & jufqu'ou & de
quelle manière il . eft à propos de rétablir l'importation
libre, après qu’ elle a été interrompue quel,
que temps.
I l im p o r t e d e v o i r j u f q u 'o ù il e f t à p r o p o s d e
c o n t in u e r Y importation l ib r e d e c e r t a in e s m a r c h a n t
d i f è s é t r a n g è r e s , f i u n e a u t r e n a t io n em p ê c h e
p a r d e g r o s d r o i t s o u d e s p r o h i b i t i o n s , q u 'o n
n ' im p o r t e c h e z_ e l l e l e p r o d u i t d e c e r t a in e s d e
n o s m a n u f a c t u r e s . L a v e n g e a n c e d i è t e a lo r s naturellement
d e r e n d r e l a p a r e i l l e , & d 'é t a b l i r l e s
m êm e s d r o i t s & p r o h ib i t io n s fu r Yimportation q u ' i l s
f e r o i e n t c h e z n o u s d u p r o d u i t d e q u e lq u e s - u n e s
o u d e t o u t e s l e u r s m a n u f a c t u r e s . A u f l i l e s n a t io n s
n e m a n q u e n t - e l le s g u è r e d 'a v o i r r e c o u r s à c e s r e p r é -
fa il/ e s . L e s f r a n ç o i s o n t é t é p a r t i c u l i é r e m e n t a r -
d e n s à f a v o r i f e r l e u r s m a n u f a c t u r e s , e n m e t t a n t
d e s e n t r a v e s à Y importation d e s m a r c h a n d i f e s
é t r a n g è r e s q u i p o u v o i e n t e n t r e r e n c o n c u r r e n c e
a v e c l e s l e u r s . C ' é t o i t u n e g r a n d e p a r t i e d e l a
p o l i t iq u e d e M . G o l b e r t q u i , m a lg r é f e s g r a n d s
t a l e n s , p a r o î t a v o i r é t é t r o m p é p a r . l e s f o p h i f -
m e s d e s m a r c h a n d s & d e s m a n u f a c tu r ie r s , q u i n e
c e f f e n t d e d em a n d e r l e m o n o p o l e c o n t r e l e u r s
c o n c i t o y e n s . O n c r o i t a u j o u r d 'h u i , e n F r a n c e y
q u e t o u t e s le s o p é r a t i o n s ’ d e c e g e n r e n 'o n t p a s
f a i t d e b i e n à c e p a y s . C e m i n i l t r e , p a r l e ta - -
r i f d e 166-7. , im p o f a d e f o r t g r o s d r o i t s f u r l e s
m a r c h a n d i f e s d 'u n g r a n d n o m b r e d e manufactures
é t r a n g è r e s . .Sur fon r e f u s d e l e s . m o d é r e r e n
f a v e u r d e s - h o l l a n d o i ? , i l s d é f e n d i r e n t e n 1 6 7 1
Y importation d e s v i n s , d e s e a u x - d e - v i e , & d e
; t o u t c e q u e ' f a b r iq u o i e n t l e s m a n u f a c tu r e s d e
F r a n c e . L a g u e r r e d e 1 6 7 2 p a r o î t a v o i r é t é e n
p a r t ie o c c a f io n n é e p a r c e t t e d i f p u t e d e c o m m
e r c e . L a q u e r e l l e f u t t e rm in é e e n 1 6 7 8 p a r l a
p a ix d e N im e g u e . Q u e l q u e s - u n s d e c e s d r o i t s
f u r e n t m o d é r é s e n f a v e u r d e s h o l la n d o i s , q u i e n
r e v a n c h e , l e v è r e n t l e u r p r o h i b i t i o n . C e f u t v e r s
l e m êm e t em p s q u e l e s f r a n ç o i s & le s a n g l o i s
c o m m e n c è r e n t à o p p r im e r mutuellement l 'i n d u f -
t r ie l e s u n s d e s a u t r e s p a r d e f e m b l a b l e s d r o i t s
& p r o h i b i t i o n s . L ’ e fp r i t d ’ h o f t i l i t é , q u i a toujours
fu b f i f t é d e p u i s e n t r e . l e s d e u x n a t i o n s , n ’ a
p a s p e rm is d e l e s m o d é r e r d e p a r t n i cl'autre ,
ju fq u ’ a u t r a i t é .d e c o m m e r c e d e 1 7 8 6 . E n 1 6 9 7 ,
l e s a n g lo i s d é f e n d i r e n t Yimportation d e l a d e n t e l l e
q u i l e f a i t e n F l a n d r e . L e g o u v e r n e m e n t d e c e