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confeillers , neuf de Hollande & trois de Zé-
ande > dont le ftadhouder eft le chef ; fuivant
'ancienne conftitution, il alloit préfider quand
il lejugeoit à propos > & il nommoit tous les conseillers
, excepté un qui étoit choifi par les nobles.
C e tribunal eft la cour fuprême de toutes
les caufes criminelles} mais au c iv il, on appelle
à une autre cour , qu'on nomme la cour de Hollande
3 ou la cour provinciale de juftice , & d e laquelle
on ne peut, appeller qu'en préfentant une
requête aux états de la province : fi les états croient
qu'il n'y a pas de raifons fuffifantes pour cela ,
l'appel ne fe fait point.
La cour provinciale de juftice eft compofée de
huit confeillers de la province de Hollande, &
trois de celle de Zélande : le préfident eft
choifi alternativement dans l'une & dans l'autre.
La province dt Hollande eft divifée en deux parties
relativement à l'état eccléfiaftique 3 ainfi qu'elle
l'eft félon la conftitution politiqtie|: mais pour le ré
gime eccléfiaftique, Harlem & Amfterdam dépendent
de la Hollande méridionale , & félon la première
divifion, ces deux villes font partie de la fep-
tentrionale. Chacune de ces deux parties afon fy-
node particulier. Celui de la Hollande méridionale
eft compofé d'onze claffes, qui font : celles
de Dordrecht, celle de De lft & des dillri&s qui
en dépendent, celle de Leyde & du Rheinland
inférieur, celle de Goude & de Schonhooven,
celle de Schiellan, celle de Guérée ( Gorichem ) ,
celle de Voorn & de Lutten} celle de la H aye,
celle de Woerden & du Rheinland fupérieur,
celle de Buren, de laquelle dépendent le comté
de ce nom, Leerdam , Kuilembourg & la baronnie
d’Yffelftein } celle enfin d eB red a , qui
fait partie des états du Brabant. On compte dans
toutes ces clalfes 331 prédicateurs. Le fynode
de la Hollande feptentrionale ou Weftfrife confifte
en fix autres clafifes, qui portent le nom de
claffe d'Alkmaar, de Harlem, d'Amfterdam, de
Hoorn , ‘ d'Enkuifen & d'Edam, où l'on trouve
120 prédicateurs. Ces claffes s'afTemblent annuellement
par députés, dont le nombre eft fixé
à trois prédicateurs avec un ancien par chaque
claffe. Les affemblées fe tiennent alternative-
vement dans chacune des villes dont les claffes
portent le nom. Les anglois presbytériens ont des
temples à Rotterdam, à L e yd e , à la Haye & à
Amfterdam. Il y a auffi dans cette derniere ville
une églife épifcopâle angloife. Les catholiques
romains en ont environ 2$o dans cette province,
dirigées par 235 prêtres} celles de ces églifes
qui fnivent la doétrine de Janfénius, peuvent
être au nombre de 40. Comme la tolérance eft
générale dans les provinces unies , on y trouve
des luthériens, des remontrans & des anabap-
tiftes : les premiers ont dans celle de Hollande
dix-neuf communautés & vingt-huit prédicateurs}
les féconds trente communautés & trente-huit
prédicateurs}les derniers enfinfoixante-feize comh
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munes & cent foixante-trois do&eurs. On trouvé
à Amfterdam une communauté de Quakers $
celle de Herrendik eft le lieu où font établis
principalement les frères unis évangéliques.
S e c t i o n V e.
De la. richejfe , des rejfources, des dettes & des
effets publics de la province de Hollande.
En Hollande l’argent vaut ordinairement de
2 à 3 ~ pour cent par an , fur les hypothèques de
l'é ta t} 3 { pour cent fur les hypothèques des particuliers,
& 4 pour cent fur des effets de commerce
ou fur de bonnes lettres de change. Les
efcomptes varient de deux & demi à cinq pour
cen t, félon les temps & les circonftances. Il y
a plufieurs efpèces de fonds publics en Hollande.
Ceux à la charge des Etats-Généraux, rapportent
tous fans exception , déduction faite du centième
denier, trois pour cent : ceux à la charge des
états de Hollande & de Weft-Frife, rapportent ,
dédu&jon faite du centième & deux centième den.
deux & demi pour cent. Ceux à la charge des
états des autres provinces , & de chaque province
en particulier, rapportent depuis deux jufqu'à
quatre p ou r .c en t, fans retenue ou déduction»
Ceux à la charge des différentes amirautés, font
généralement empruntés à raifon de trois pour
cent , exempts de retenue ou déduction, hypothéqués
fur les droits de tonnage , dès navires
& vaiffeaux de commerce.
Ainfi la province de Hollande eft de toutes les
provinces de l'union Belgique , celle qui a le plus
de richeffes & de crédit : nous allons le démontrer
encore par d'autres- faits»
Au mois de mai 17 74 , les fonds fur la province
de Zéelande, qui rapportaient trois pour
cent d'intérêt, étoient difficiles à vendre à raifon
de 70 pour cent, ou de trente pour cent de perte
au-deffous de leur pair.: tandis que les fonds fur
la province d’Hollande , qui ne rapportent que
deux & demi pour cent, ne s'achetaient pas at-
fément à 110 pour c en t, ou dix pour cent de
bénéfice , au-deffus de leur pair : cette différence
de-40 pour cent eft digne de remarque. La province
de Zéelande n'avoit jamais réduit les intérêts
d'aucune de ces dettes : elle. n'avoit jamais
fufpendu ou reculé d'un feul jour les paiemens
de ces intérêts } & la province d’Hollande, qui
jouiffoit d'un crédit fi fupérieur, avoit donné
plufieurs preuves du contraire. La plupart de fes
dettes avoientété eontra&ées à quatre pour, cent,
avec cette condition fpéciale qu'elles ne feroient
jamais réduites ou chargées d'aucune taxe: cependant
toutes fes dettes, fans exception , furent
chargées d'abord d'unjcentième, enfuited'un deux-
centième denier, impôts qui équivalent à un &
demi pour cent : ainfi les propriétaires ne reçoivent
effectivement que deux & demi pour cent
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fte leurs fonds, qui ont été empruntés à raifon de
quatre. C e n'eft pas tout, la province d’Hollande
s'eft plufieurs fois trouvée dans la malheureufe
împoffibilité de payer les intérêts de fes dettes ,
& d’en reculer les paiemens d'une année, &
quelquefois de dix-huit mois : elle a toujours ,
& même actuellement, une année en arrière}
mais les capitaliftes ont une fi haute idée cle fes
moyens, & ces moyens font fi fûrs , qu'ils aiment
mieux placer fur la province de Hollande à
bas intérêt, que fur les autres à un intérêt plus
«onfidérable.
S e c t i o n V I e.
Détails exafts fur la banque d’Amfterdam.
Les efpèces courantes d'un grand état, tel que
la France ou l'Angleterre, confiftent généralement
prefqu’ en entier dans la monnoie qui lui eft propre.
S’il arrive que ces efpèces foient ufées, rognées
, ou autrement dégradées au-déffous de leur
valeur primitive , l'état peut les rétablir efficacement
par une réforme de fa monnoie. Mais
les efpèces courantes d'un petit é ta t, tel que
Gênes ou Hambourg, ne peuvent guères être
entièrement compofées de fa monnoie particulière
} elles le font en grande partie de . celles des
états voifins avec lefquels fes habitans ont un commerce
continuel. Un pareil éta t, qui réformera
fa monnoie, ne fera donc pas toujours le maître
de réformer fes efpeces courantes. Si l'on y paye
avec ces efpèces les lettres de change étrangèr
e s , la valeur incertaine de la fomme, chofe fi
incertaine de fa nature, doit toujours faire tourner
le change contre lu i, parce que tous les états
étrangers eftimeront fes efpèces courantes au-deffous
même de leur valeur.
Afin de remédier à l'inconvénient auquel ce
change désavantageux expofoit leurs négocians,
ces petits états, devenus attentifs à l'intérêt dq
commerce , ont fouvent ftatué que les lettres de
change étrangères, d'une certaine valeur, feroient
payées non en efpèces de cours communes, mais
par un ordre fu r , ou par un tranfport dans les
livres d'une certaine banque établie fur le crédit
& fous la protection de l'état : cette banque
étant toujours obligée de payer en bon & véritable
argent au titre du pays. Les banques de
Venife , de Gênes , d'Amfterdam , de Hambourg
& de Nuremberg paroiffent avoir été toutes éta
blies originairement dans cetre v u e , quoiqu'on
ait fait fervir depuis, quelques-unes d'elles à
d ’autres ufages. L'argent de ces banques étant
meilleur que les efpèces courantes ordinaires du
p ay s , a néceffairement porté un agio qui a été
plus grand ou plus petit, félon que les efpèces
courantes étoient fuppofées plus ou moins dégradées
au-deffous du titre de l'état. Par exemple
, l'agio de la banque de JHambourg, qu'on
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dit être communément d’environ quatorze pour
cen t, eft la différence qu'on fuppofe entre le bon
argent au titre de l’é ta t, & les efpèces courantes
rognées, ulées & diminuées qu'on y verfe
des états voifins.
Avant 1609, la grande quantité de monnoies
étrangères , ufées & rognées , que le commerce
étendu d'Amfterdam porta de toutes les parties
de l'Europe dans cette ville , réduifit la valeur de
fes efpèces courantes d'environ neuf pour cent
au-deffous de la bonne monnoie nouvellement fabriquée.
Dès que cette monnoie paroiffoit, elle
étoit fondue ou enlévée, comme il fe pratique
toujours en pareil cas. Les négocians, dans l’abondance
d efpèces courantes , ne' pouvoient pas toujours
trouver affez de bon argent pour acquitter
leurs lettres de change, & la valeur de ces lettres
devint incertaine en grande partie, malgré
les divers réglemens faits pour l’ empêcher.
Pour remédier à ce mal , on établit une banque
, en 1609 » f ° us la garantie de la ville. Cette
banque reçut les monnoies étrangères & les monnoies
dégradées du pays félon leur valeur intrin-
fèque , relativement au titre de l’argent du pays,
en déduifant feulement ce qu’il falloit pour les
frais du monnoyage & autres indifpenfables. Elle
donna une créance ou un crédit dans fes livres ,
pour ce qu’ ils valoient après cette dédu&ion C e
crédit fut appellé argent de banque. Comme cet
argent repréfentoit exa&ement celui qui étoit au
titre, il avoit toujours la même valeur réelle ,
& intrinféquement fon prix étoit fupérieur à celui
de la monnoie courante. Il fut réglé en même-
temps que toutes les lettres de change de 600 flor.
& au-delà, qui feroient tirées ou négociées à
Amfterdam , feroient payées en argent de banque.
D ’après ce réglement , chaque négociant
fut obligé de tenir un compte ouvert avec
la banque, pour payer les lettres de change étrangères
, qui mitent néceffairement une foule de
gens dans le cas de demander de l’ argent de
banque.
Outre fa fupériorité intrinfèque fur les efpèces
courantes & la valeur qu’y ajoute cette demande,
l’argent de banque a encore quelques autres avantages.
Il eft à l'abri du feu , des voleurs & d’autres
accidens : la ville d'Amfterdam en répond}
il peut fe payer par une fimple ceffion ou tranfport
, fans avoir l'embarras de le compter ou de
le transférer d'un lieu dans un autre. Il paroît
que , dès les commencemens, ces différens avantages
ont multiplié les agioteurs , & on croit généralement
qu’on y a laiffé tout l’argent que les
particuliers y ont porté d'abord, perfonne ne fe
fouciant de demander le paiement d'une dette
qu'il pouvoit vendre en gagnant une prime. En
le demandant, il auroit perdu cette prime. Comme
un feheling qui vient d'être frappé, n'achète
pas plus de marchandifes au marché qu'un vieux
feheling ufé qui a cours , de même du bon argent