
•figure, paroifloient defcendùs des tartares de la
partie la plus feptentrionale de l'Afie. Vraifem-
blablement la Corée leur avoir fervi de chemin.
Ils vivoient, la plupart , de pèche ou de chafîe ,
& alloient prefque nuds.
t e s hollandois 3 après avoir pris fans obftacle
toutes les lumières que la prudence exigeoit, jugèrent
que le lieu le plus favorable pour un éta-
bliflement, étoit une petite iile voifine de la grande.
Ils trouvoient dans cette fituation trois- avantages
confidérabîes } une défenfe aifée 3 fi la haine
ou la jaloùfie cherchoient à les troubler } un port
formé par les deux files 5 la facilité d'avoir, dans
toutes les mouflons , une communication sûre avec
la Chine : ce qui auroit été impoflible dans quel-
qu’autre pofition qu'on eût voulu prendre.
La colonie fe fortifioit infenfiblement fans éclat 3
lorfqu'elle s’éleva tout d'un coup à une profpé-
rité qui étonna toute l'Afie. C e fut à la conquête
de l’Afie par les tartares 3 qu'elle dut ce bonheur
inefpéré. Ainfi les torrens engraiflent les vallons
de la fubftançe des montagnes ravagées. Plus de
cent mille chinois , qui ne vouloient pas fe fou-
mettre au vainqueur 3 fe réfugièrent à Formofe.
Ils y portèrent l'a&ivité qui leur eft particulière,
la culture du riz & du fucre , & y attirèrent des
vaifleaux fans nombre de leur nation. Bientôt l'ifle
devint le centre de toutes les liaifons que "Java 3
Siam, les Philippines, la C h in e , le Japon &
d ’autres contrées voulurent former. En peu d'années
elle fe trouva le plus grand marché de l'Inde.
Les hollandois comptoient fur de plus grands
fuccès encore , lorfque la fortune trompa leurs ef-
pérances.
Un chinois, nommé Equam , né dans l'obfcu-
rité , s'étoit fait pirate par inquiétude, & par fes
talens étoit parvenu à la dignité de grand-amiral.
Il foutint long - temps les intérêts de fa patrie
contre les tartares j mais voyant que fon maître
avoit fuccombé-, il chercha à faire fa paix. Arrêté
à Pékin où on l'avoir attiré, il s'y vit condamné
par l'ufurpateur à,une prifon perpétuelle,
dans laquelle on croit qu'il fut empoifonné." Sa
flotte fervit d'afyle a fon fils Coxinga, qui jura
une haine éternelle aux oppreffeurs de fa famille
& de fa patrie , & qui imagina qu’il pourroit
exercer contre eux des vengeances terribles, s’il
réuiTifloit à s'emparer àtFormofe. il l'attaque , &
prend à la descente le mîniftre Hambroeck.
Choifi entre les prifonniers pour aller au fort
de Zélande , déterminer fes compatriotes à capituler
, ce républicain fe reflouvint de Regulus :
il lés exhorte à tenir f e r m e & tâche -de leur
perfuader qu’avec beaucoup de confiance, ils forceront
l'ennemi à fe retirer. La gamifon , qui
ne doute pas que cet homme généreux ne paye
fa magnanimité de fa tc te , de retour au camp ,
fait les plus grands efforts pour le retenir. Ces
infiances font appuyées par deux de fes filles qui
étoient dans la place. J'ai promis , d it-il, daller
reprendre mes fers y i l faut dégager ma parole J fa
mais on ne reprochera a ma mémoire que 3 pour me
mettre a couvert, fa i appefanti le joug, & peut-être
caufé la mort des compagnons de mon infortune•
Apres ces mots héroïques , il reprend tranquillement
la roüte du camp chinois, & le liège commence.
Quoique les ouvrages de la place fuflent en
mauvais état ; que les munitions de guerre & de
bouche n'y fuflent pas abondantes} que la gar-
nifon fut foible, & que les fecours envoyés pour
attaquer l'ennemi, fe fuflent honteufement retirés
, le gouverneur Coyet fit une défenfe opiniâtre.
Forcé au commencement de 1661 de capituler
, il fe rendit à Batavia , où fes fupétieurs1,
par une de ces iniquités d'état communes à tous
les gouvernemens, le flétrirent 3 pour ne pas laifle-r
foupçonnçr que la perte d'un établiflement fi important
fût l ’ouvrage de leur ineptie ou de leur
négligence. Les tentatives qu'on fit pour le recouvrer
furent inutiles , & l'on fut réduit dans
la fuite à faire le commerce de Canton aux mêmes
conditions , avec la même gêne , la même
dépendance que les autres nations.
Il pourroit paroître fingulier qu'auc-un peuple
de l'Europe, depuis 1683 que Formofe a fubi le
joug des chinois, n'ait fongé à s'y établir, du
moins aux mêmes conditions que les portugais à
Macao. Mais outre que le cara&ère foüpçonneux
de la nation à laquelle cette ifie appartient, ne
permettoit pas d'e pérer de fa part cette com-
plaifance on peut aflurer que ce feroit une mau-
vaife. entreprife. Il paroît que Formofe n'étoit impolie
important que lorfque lesjaponois pouvoient
y naviguer , & lorfque fes productions étoient
reçues fans reftriétion au Japon.
FR AN C E . ( royaume de ) Sa pofition eft trop
connue pour l'indiquer ici.
' Ses divrfions font aufîi multipliées que.les points
d.e vue fous lefquels on peut la confidérer. Relativement,
à l'adminifirati-on de la juftice, on la.
divife en feize diftriéts de parlement & autres
cours fouveraines : relativement aux finances, en
trente-trois intendances ou généralités : relativement
au régime eccléfiaftique, en dix neuf archevêchés
; & relativement à l'état militaire, en
trente - deux gouvernements généraux de province.
Un homme d'état a fait le réfumé des moyens
de puiflance de cette monarchie y & dés faits fi
exa&s & fi précis feront d'autant mieux placés
dans cet ouvrage , qu'ils nous difpenferont de
longs détails qui inftruiroient moins le ledeurw
Voici ce réfumé.
. La France contient , j e le penfe , près de vingt-
fix millions d'ames.
Son étendue eft d'environ 17 mille lieues quar-
rées. Le fol dè cette heureufe contrée ne fe re-
fufe à aucune- des productions de l’Europe * 8c
p’ ufîeurs lui appartiennent d’une manière privilégiée.
.
Un grand nombre de nvieres navigables, quelques
canaux, & près de neuf mille lieues de chemin
facilitent les communications intérieures du
royaume, & deux mers baignent une partie de
fes côtes. . . 1
Un climat fain & tempéré y rendroit la vie
commune des hommes plus longue qu'èn aucune
autre partie du monde, fi des caufes morales ne
contrarioient quelquefois l ’influence favorable de
la nature. .,
L'ïnduftrie des habitans eft tellement variée,
que ce royaume n'a peut-être aucun befoin véritable
des ouvrages d’art des' autres nations.
- De riches colonies en Amérique font partie des
pofleflions du roi , & plus de 120 millions en ;
arrivent tous les ans. ’ ' ’ r
Les contributions des peuples, reunies aux revenus
du domaine de la couronne & aux biens -
patrimoniaux des villes, &c. s’élèvent à fix cents
millions. . s
Le clergé jouit d’environ 130 millions de revenus.
La balance annuelle du commerce en faveur
de la France J avant la dernière guerre, pouvoir
être eftimée à 70 millions.
Les monnoies d'or & d'argent qui circulent :
dans le royaume, s'élèvent à plus de deux mil-
Jiards. f £
L'accroiflèment annuel de cette richefle peut
être évalué à quarante millions. ^ !
Et cet accroifîement eft^ égal probablement à
l'augmentation du numéraire de tous les autres
états de l'Europe enfembie.
Quel fpeétacle étonnant de puiflance 1 que de
raifons pour fe contenter de faire valoir tant de .
profpérité par des moyens fages ! que de motifs i
pour cefler d’être jaloux ! & quelle fource de re- :
grets, lorfqu'on enfanglante la terre pour obte-
nir un petit accroiflement de fupériorité dont on
n'a pas befoin , au prix du bonheur public où il
y a tant à ajouter !
Tout ce qui regarde l'adminiftration de ce royaume
3 les améliorations & les réformes dont il
fe trouve fufceptible, eft fi connu 5 on a publié
fur'cette matière tant de bons ouvrages , que nous
ne nous aviserons pas de mal répéter ce qui a été
dit beaucoup mieux. D'autres circonftanees nous
•obligent à réduire le plan de cet article,..:* & la
partie de la Jurifprudence traitant fort en détail,
des tribunaux fubalternes, ainfi que des parle-
mens , des chambres des comptes , des cours des
aides, &c. des eonfeils d'adminiftration,.tels que
Je confeil d'état, le confeil des dépêches , le
confeil royal des finances, le confeil royal de
commerce , le Confeil des parties , la, grande
chancellerie de France , &c. des ducs & pairs >
des grands officiers de la couronne, & c ; la.
■ partie des finances ayant dit d’ailleurs tout ee
qu*on p e u t efpérer, dans un îivie de la nature
de celui-ci, fur les finances du roj/aume, nous
nous bornerons à%orfôer i ° . un précis de l’hif-
toire politique de la France j 20. des remarques
fur. la réunion à la couronne, fur la loi Salique
& fur ce qu’ on appelle les autres loix fondamentales
du royaume , fur les appanages accordés aux
enfans de France, & fur la nature & les privilèges
des domaines de l'état j 30. des details politiques
fur les maifons qui ont régné en France ,
fur celle qui règne aujourd’h u i, fur l'anciennete
de cette famille, & fur les titres du roi ? 40.
quelques observations fur la culture & les avantages
de la pofition de la France 3 & fur la marine
5 50. nous ferons l'hiftoire politique de nos
colonies d'Amérique ; nous parlerons de l ’admi-
niftrittion des impôts , des revenus 3 des dettes
& des milices de ces colonies , des réformes dont
elles font fùfeëptibies, & de l'édit du 24 août
1784, qui a tempéré à quelques égards le régime
prohibitif} 6°. Enfin nous traiterons des intérêts
politiques de la France à l'égard des autres nations»
S e c t i o n p r e m i è r e .
. Précis de l'hiftoire politique de la France.
Les francs, peuples de la Germanie 3 paflerent
le Rhin l'an 420 5 ils étoient commandés par Pha-
ramond , qu’ils avoient déclaré chef de leur peuplade,
& ils s'emparèrent de la ville de Treves.
•G'eft à-peu-près tout ce qu'on fait de ce prince,
que l'on regarde comme le premier roi des francs ,
& auquel on attribue Tinltitution de la loi Sali—
que.
En ƒ60 Clota ire, quatrième fils de Clovis I ,
& roi de Soiflons, devint, par la mort de fes
frères & de leurs enfans , feul maître des états de
fon père. Deux ans après , Chramme, fon fils naturel
, arbora contre lui po.ur la fécondé lois r e tendait
de la révolte. Clotaire le battit, & le fit
brûler avec toute fa famille , dans une cabane où
il s'étoit réfugié. Ses quatre fils partagèrent, félon
l'ufage, l’Empire françois en quatre royaumes.
Contran eut la Bourgogne 5 Sigebert l'A us tralie
} Chilperic le royaume de S o if lo n s& Ca-
ribert celui de Paris } mais Caribert mourut èn
5 6 7 , & Chilperic fon. frère lui fuccéda fur le
trône de Paris.
Vers le milieu cîu fèptième fîècle, les maires
du palais s'arrogèrent tout le pouvoir, & leur
autorité devint bientôt abfolue. Après la mort de
Dagobert I I , le maire du palais, Pépin d’Heriftal
fe fit déclarer duc d’Auftrafie y & . il s’empara
tellement de l’adminiftration , qu'il étoit en effet
•fouverain du pays, quoiqu'il ne parût gouverner
que f o u s , les ordres de Thierri I I I , roi de Bout-
gogne & de Neu-ftrie. If mourut en 7 1 4 , &
il eut pour fuccefleur Charles Martel, fon fiis na>-
turei ,-qui devint plus puiftant encore , & qui