
eau café. On fait, à la vérité, que les femmes por-
to’er.t des braftelets ( perifcclides) aux jambes
comme aux bras î mais on n’a point d’exemple
de ce luxe pour les hommes : car on ne peut
fuppofer que ce foit ici la repréfentation d’un-
efclave , qui portoit à la jambe un anneau pour
attacher fa chaîne. Ceft peut-être la ftatue d’un
guerrier bleffë , qui porte un bandage comme le
grand Pompée en avoit un lorfque Favorin le
ftoïcien lui ait : Le diadème eft toujours le même,
dans quelqu’endroit qu’il foit porté.
En 17 5 1 , on trouva, en faifant un grand chemin
de Nangis à Brai-fur-Seine, un cimetière
d’une médiocre étendue. Il étoit environne d’une
muraille , contre laquelle il y avoit plufieurs fqué-
lectes adolfés 5 mais la plupart étoient placés fans
ordre , dans le milieu d’ une grande foflfe. La lin-
gui arité de cette découverte , dit le comte de
Caylus, (Rec. 1. 276. ) confiftoit dans les anneaux
de bronze, que plufieurs de ces fquélettes avoient
autour du cou , des cuilfès & des bras. Ces
anneaux étoient très-légers, pleins & très-peu
larges ; quelques-uns étoient ornés d’ un gaudron
incliné, & d’un a fiez bon goût ; mais en général,
ils étoient unis, & les cercles étoient continus.
Celui qu’il a publié, a fervi de collier à un jeune
homme ou à une femme âgée î car il n’a que
quatre pouces trois ou quatre lignes de diamètre.
Il a feul une féparation & une moulure, qui distinguent
fes extrémités, aï'nfi que le deffin le fait
voir. Cette ouverture le rendoit plus commode
dans les enflures du cou, ou lorfqu’il faifoit queî-
qu’elfort. Tous les autres étoient abfolument
ronds, & égaux dans leur contour. Ils ne peuvent
avoinfervi fans avoir été foudés en place.
On trouva auffi dans ce même endroit, un pot
rempli de médailles que les payfans diffipèrent,
fans qu’il ait été poflibie d’en retrouver une feule.
Il eft donc allez difficile de décider fi ce cimetière
a été fait pour des gaulois ou pour des romains.
Ceux qui voudroient l'attribuer aux premiers,
pourroient citer un palfage de Strabon, {liv. iv 3
pag. 19 7) où il eft dit, qu’outre les colliers, les
Gaulois portoient des'anneaux autour des bras.
O11 a meme trouvé plus d’une fois en France
( Relig. des Gaulois, tom. l , pag. 343.) des fquélettes
qui avoient de pareils ornemens} mais il
faut obferver que Strabon, & plufieurs autres
auteurs difent, en termes formels, que les colliers
& les braftelets des Gaulois étoient d’o r ,
tandis que ceux des fquélettes trouvés en France ,
n’étoient que de bronze. Il faut obferver de plus,
qu’il neft pas dit que ces fquélettes euffent des
anneaux autour des coiffes, comme on en a vu
quelques-uns à ceux de Brai-fur-Seine.
Cette circonftance femble défigner plus particulièrement
des efclavès romains. Il eft confiant
qu’ils portoient des anneaux aux cuîftes : Ovide &
Martirl en font mention} mais comme il n’eft pas
dit qu'ils- euftent des Colliers & des braftelets, le -
comte de Caylus croit qu’il faut fuppofer ici un
mélange d’ufages entre ces deux nations. U dit
que le cimetière nouvellement découvert, renfer
moitiés corps de quelques gaulois, efclaves des
Romains, qui, fuivant Je goût de leur nation,
portoient des colliers & des braftelets, & qui,
pour marque de leur fervitude, avoient des anneaux
autour des ctiiftes.
Anneau des Ofiris 8e des prêtres égyptiens.
On obferve que la plus grande partie des prêtres
ou des ofiris, comme on les appelle communément,
préfente un anneau rond & faillant à hauteur
des pieds, & placé toujours à la droite. La
figure du n°. 6 , pl. 8 du 2e Recueil du comte de
Caylus, & plufieurs du cabinet de Sainte-Oene-
viève, en offrent des exemples. Ce favant n’a pu
dire les raifons de cette particularité. Il remarque
feulement que cet ornement fondu dans la pièce,
fe trouvé dans lés figures de cette efpèce de toutes
proportions, & même dans celles qui fervoient
d’amulettes.
Les Egyptiens environnoient le pied de leurs
momies, de plufieurs petites divinités prote&rices,
ou de parêtres qui prioient autour de leurs corps.
On pourroit donc croire que ces anneaux fervoient
à les attacher pour les fixer auprès de la
figure. Cet ufage étoit établi chez les Etrufques,
qui perçoient les pieds de leurs dieux /'pour les
contraindre à demeurer dans l’endroit ou ils les
plaçoient.
Mais on feroit d’abord embarraffé à expliquer
pourquoi cet anneau fe trouve préférablement
du côté droit 5 fecondement, les amulettes dé-
truifent cette fuppofîtion à moins* qu’on ne
voulût dire que les Egyptiens portoient ces
divinités ou ces intereeffeurs à leur col pendant
leur v ie , pour éclairer toutes leurs âétions, &
pour les fixer après leur mort dans le tombeau,
comme des témoins capables de dépofer en leur
faveur.
AjN<n e a u , bague. Les Poètes ont feint que
Proigfithée ayant dérobé le feu du ciel pour animer
fon automate, fut attaché , par ordre de Jupiter,
fur le caucafe, & condamné à être rongé vivant
par un vautour. Cet infortuné étoit doué de l’ef-
prit prophétique, & il s’en fer vit pour avertir
Jupiter de ne-point entretenir de commerce avec
Thétis, parce que le fils qui en devoit naître le
chafferoit de fon royaume. Le fouverain des dieux
voulant récompenfer Prométhée du bon avis qu’il
lui avoir donné , permit à Hercule de lui rendre la
liberté, à condition feulement1 qu’il porteroit aü
doigt pendant toute fa vie un anneau de fer, dans
lequel feroit renfermé un morceau du rocher témoin
de fon fupplice. On a cru que la mode de
porter des anneaux avoit pris de-là fon origine.
Mais Pline ( lib. 23. 1. ) dit e x p r e f i t ment qu’on
ignore le nom de celui qui a porté le premier 'anneau
, •& que l’hiftoire de Prométhée eft auffi fa-
buleufe que celie de Midas. 11 paroïtque les Ferles
s*eù font fervi de toute antiquité > & Alexandre
caehetoit, félon Quinte-Curce, avec fon cirffieau
les lettres-qu’il écrivent en Europe, & avec celui
de Darius les lettres qu’il adreftbit aux Per fes. r Ce
peuple affuroit que Guiamfchid , quatrième roi de J
fa première race, întroduiat i’ ufage de porter des j
anneaux aux doigts, pour cacheter les lettres & les I
autres aéfces nécefl’aires dans le commerce de la
vie. Les Braehmannes fe parent Panneaux dans
Philoftrate, ( liv . u t . c . 4. ) Four les Grecs, ,
Pline croit, {liv. 33. c. 1. ) qu’ au tems de la guerre ■ j
de Troye, ils n’avoient point encore l’ufage de i
Vanneau : la rai/on eft qu’Homère n’en parle point} i
& que quand il s’agit dans fes poemes d’envoyer
les lettres , ou de renfermer des habits précieux ,
& des vafes d or & d’argent dans des caftettes, ,
on les lie , on noue les liens} mais jamais on
n’imprime la marque de Vanneau. Voyez le 6e livre 1
de l iliade , & le 8 ‘ de l’Odyflee
Les Sabins avoient des anneaux dès le tems de
Romulus, au rapport de De-nys d’Halicarnaffe,
liv n. Les Etruriens en avoient auffi du tems des
Rois de Rome , témoins les anneaux que le vieux
Tarquin prit aux magiftrats d’Ftrurie après les
avoir, vaincus. Ibid. liv. r. c. y. Pline croit que cet
ufage avoit paffé de la Grèce à ces habitans d’Italie ;
& que c’eft par l’un ou l’autre de ces peuples qu’il
tranfmis aux Romains. Il ne s’ introduifit pas
cependant d’abord à Rome} Pline ne fait lequel des ;
Romains a commencé d’en porter} il aftiire que la
lhtue de Romulus, qui étoit dans le capitole, n’èn
avoit point, ni même aucune autre, excepté celles
de N lima & de Servius Tullus. Celle de Brutus
même n’en portoit pas, ni lés Tarquins, quoi-
qu’originaires de Grèce , d’où Pline croit que cet
ufage avoit paffé en Italie.
Les anciens Gaulois & les Bretons, peuples
originaires des Gaules , portoient des anneaux ,•
mais les paroles de Pline qui l’affurent au même
chapitre, ne nous donnent point à entendre fi
Vanneau avoit chez ces peuples d’autres ufages que
l’ornement. Les François en portoient auffi~> & .
l’on a trouvé dans le tombeau de Childéric fon
anneau d’g r , que l’on conferve à la Bibliothèque
du R o i, & fur lequel font gravés ces mots :
Ch i l d i r i c i R e g c s . Celui de Louis le Débonnaire,
rapporté par Chiffiet , avoit pour infeription :
XPE PROTEGE H e LVOV- ICUM IMP E R A TOR EM.
Quant à la matière, des anneaux-, il f en avoit
d’un métal fimple , & d’autres d’un métal mixte ,
nu d’un métal double} car quelquefois on doroit
le fer & l’argent, ou bien on enfermoit l’or dans
le fer, comme il paroît par Artémidore , liv. n .
y Les Romains fe fer'virent très - long-tems
d anneaux-dç. fe r } & Pline afiure à l’endroit qae
kai cité, que Marius n’en porta un d’or qu’ à fon
troifième confulat, l’an de Rome 6yo. U en eft
cependant parlé dans Titë-T Jve, à l’année 432 de
Rome , à l’occàfion du deuil que caufa à Rome le
traité honteux de Caudium. C’eft là premiers fois
qu’au l’a trouvé dans IT-ïilicite Romaine, Tite-
Live, Hv. ix; ch. 7, 11 y en avoit dont le jonc
étoit de fer ou de bronze , & le chaton d’o r }
d’autres étoient ouverts, mais élaftiques. Quelques-
uns étoient folides , & d’autres étoient creux ,
comme témoignent Artémidore, liv. 11. ch. 2,
Feftùs, au mot Edera, & Aulugelle , liv. .y ,
ch. i j .
Quelques - uns avoient une pierre -précieufe
pour cachet , & d’autres n’en avoient point*
Ariftot. Phific. liv. ui. ck. 9. Jul. Poilux, liv. vt.
ch. 33. v. 7. Artémid. liv. u. ch. f. La pierre de
quelques-uns étoit gravée, à d’autres elle ne
l’étoit point, Fline , liv. 53. ch. 1. Fl y a des <u1-
neaux qui portoient deux.pierres, &r meme davantage
: une lettre de l’empereur VaFérien en fait
fo i, aufti-bien que Trebeîliüs Pollien, dans la vie
de Claude-îe-Gothique, ck. 14. Au lieu de pierre
précieufe le peuple mettoit du verre , &: c’étoit
l’ufage de ces pâtes-- fi communes dans les collections
de pierres gravées. Pline, liv. 35. ck. 6. ( elles
qui étoient gravées en creux s’appeloient Gcir.tn&
ediip&. y & en relief, Gemma fculpturà prominer.îe,.
On veyoit des anneaux faits tout entiers d’une
feule pierre précieufe , ainfi que d’ambre, comme
on peut le voir dans A rtémidore, liv. 11. ck. y.
dans Pline , liv. 37. &: dans le Daclytiliocktca de
Gqrlæus , n. 101.
11 y a eu plufieurs manières différentes de porter
les anneaux. Chez les Romains , avant qu’on les
ornât de piètres précieufes , lorfque la figure fe
gî&voit encore fur la matière même de V a n n ea u 3
chacun les portoit à fa fantaifie , à quelle main &
à quel doigt il lui plailoit. Macrobe, liv. v u ,
ch. 13.
Quand on y eut ajouté les pierres, on les porta
• de préférence à la main gauche, & ce fut une-dé-
licateffe exceftive de les porter à ia droite. Lucien
Navig. '1 èrtul. de U habit des femmes , ch. dern.
Pline , liv. 3 3 . I . Silius Ital.liv. x 1. Horat. liv.
1 1 . Stat. v it. V. 8. Jul. Capitol, in Maxim, c. 6 .
Il femble, par les derniers mots du 1. liv. de Tertuï,
de Cultu- fem. que du tems de ce Père on n’en portait
encore qu’à la main gauche. Sinifira per Jingu-
los digitos de faccis fngulis ludit.W n’eût pas oublié
la main droite dans un endroit où il ne cherche
qu’à exagérer ces fuperfluités, fi on y avoit porté
des anneaux. Pline dit qu’on les porta d’abord au
quatrième doigt ; que les ftatues de Numa & de
Servius Tullius en étoient des preuves} qu’enfuite
on en mit au fécond, c’eft-à-aire , à Vindex ; en-
fuite au petit doigt, & enfin à tous les autres,
excepté celui du milieu. Les Grecs le portoient
auffi au quatrième doigt de la main gauche, Aulugelle,
liv- 10. ck. i_ . La raifon qu’il en apporte
eft qu’ayant trouvé par l’anatomie , que ce doigt
avoit un petit nerf qui alloit droit au coeur, ils
crurent qu’à caufe de la communication qu’il avoit
feul avec la plus noble partie de l’homme, il étoit
pl’us honorable. Les Gaulois & les anciens Bretons,