
fes parties , la meut & ranime, 8c imprime.cette
force harmonique au ciel & aux fept fphères,
dont l'aâion combinée produit avec les élémens
tous les effets fublunaires. Bacchus , ou le dieu
Taureau des anciens, n’eft .donc quune forme
particulière de Famé univerfelle & de 1 intelligence
demi-ourgique, & d’une des métamorphofes de
çe Jpiritus qui per omties or bis pervplitat partes ,
eprpuf que animale figurât 3: pour me lervir des I
expreflions de Manilius. Le favant Frereta très-
bien faifî ce grand principe de la théologie ancienne
j mais il a échoué comme les autres , dans
les explications de détail, faute d’y avoir appliqué
les caraélères de récriture facrée, ou le ciel
dans lequel circuloit la force motrrice des plus
puilians agens de la nature, ce Le monde, dit ce
v favant , étoit, dans la théologie des anciens
Egyptiens, comme un grand animal compofé
» d'efprit & de matière , & qui avoit une ame,
laquelle étoit dans un mouvement & une circu-
» lapon continuelle,remplilTant tous les êtres & fe
03 melanr avec eux. Elle les anime tous ; elle eft le
« principe de Famé & du fentiment dans les animaux.
« Jamblique, Apulée & Hermès nous apprennent
33 que notre monde, ou plutôt Famé & l ’intel-
»? ligencç qui l’anime , étoit le fécond. Dieu vi-
33 fb le & fenfîble..... l’image & le fils du Demi-
°\ ourgos, ( M, Freret, p. $68. )?? Il dit en particulier
d’Hercule & de Bacchus, qu’ils étoient
des dieux du premier ordre » Famé du monde ,
qu du moins des attributs-, ou , fuivant notre fyf-
terne, des formes de l'intelligence démi-ourgiques.
ip - I f 7 - £ 3^7 - ) ' : | S S - ■ , ’ ; Æ t
; tf C e que ce favant penfoit d ’H e r c u le 8c de
Bacchus, nous le pen io n s de tous les grands dieux
du paganjfme, qui fe r é d u ife n t tous à la feule
force.motrice de la nature , 8ç à Famé du monde,
multiple feulement dans fe s noms & fes formes }
& le travail que • nous avons fait jufqu’ici fur
chaque divinité , nous a toujours donné en
dernière- analyfe , l’ame du monde & le génie
moteur du ciel des fixes & des fphères. La.conftellation
du cocher célefte fut une des formes de
Famé du monde, connue fous Je nom de pan 8c
de Jupiter } celle.de Perfée, devint ufl.e autre
exprefllon de la même force, fous le nom de
Mercure 8c de Crone} celle du grand chien fut
Mercure Anubis , O ri on , le Saturne Aflyrien } le
Taureau devint Bacchus & Ofiris 5 le Serpentaire
produiîit Efculape, Efmum , Platon & Sérapis >
& ainfi des autres .conftelîations auxquelles .cette
ame- s’uni/Toit dans unerévolution foîaire.
. « D après ces.principes., Bacchus dut donc être
la force univerfelle diftribuée dans les corps civ <
leftes , dans le foleil, la lune Sr les fept planètes,
8c Faune de l’harmoni.e des fphères. Cette confié-
q^ence , qui réfulte du principe unique que nous
établirions pour bafe de notre théorie , eft eoiv
Armée par le témoignage des anciens. Dans la
géologie d'Orphée ^ Bacchus était. cgnfé préiiiipr \
avec les mufes au mouvement des fphères, 8:
donner a chacune l’impuifion , à commencer par
le ciel des rixes, ou le huitième c ie l, fur lequel
Famé du monde exerçoit fa première aétion, juf-
qu’au ciel de la lune, ce In anima mundi , priorern
33 yim Bacchurri Lribromium pr&ficiebant. 33 ( Lilio
Giralui, tom. I , ƒ 3 3. ) Dans la théologie égyp -
tienne, Ofiris , le même que Bacchus , étoit aufli
accompagné des Mufes , ou des intelligences des
fpherês. L ’union de Bacchus aux Mufes eft aufli
atteftee par Plutarque : « Mon inepte apud nos
33 ïn fiftis mulieres Bacchum requirunt tanquam fiu-
33 gitiyum j deinde finem qusrendi fiaciunt, dicunt-
33 que eum ad Mufias confugijfie , 6’ apud eas Latere
33 occultation. ( Sympos. /. V I I I 3 prob. 1. ) Et les
Mufes, fuivant le même auteur, «cfunt oélo in
” glôbisj una prope ter ram locum fortitur. Que
33 octo fph&rarum revolutionibus prsfuntI es, erran-
33 tium fiellarum adversiis inerrantes & ipfiarum
33 invicem confier*)ant harmoniam..... Uraniam Mu-
33 fam é coelo nomen kabet. 33 ( 16. I. IX.prob. 14.)
Macrobe établit la même théorie fur l’harmonie
produite par Famé univerfelle : ce inejfie mundans
33 amms caufias mufics..... ccelefiis anima , qua ani-
33 matur univerfitas, originem fiumpfit e mufica :
33 ksc dum ad fiphsralem motum mundi corpus im-
33 pellit , fionum ejfîcit. ( Som. Scip. I. i l 3 c. $. )
Il reconnoît également neuf intelligences, qui
préfident au mouvement de chaque fphère, fous
le nom de Mufes. Il donne aufli le nom d’Ura-
nie à celle du ciel des fixes : ce Unde Hefiodus, in
33 fiua theogoniâ, oEla-vam Mufiam Uraniam vocat.
33 Quia pofi fieptem vagas que fubjeSls fiant, o ftava
33 fiellifera fipksra fuperpofita proprio h'omine coelurti
33 vocatur. » Il donne celui de Calliope à la neu-
” viême qu’il appelle maximam, & celle à laquelle
53 Hefiode ajfignat univerfitatis nomen. ” Il donne
au chef de ces intelligences le nom d’Apollon ,
au-lieu de celui de Bacchus ,• mais ceci n’eft point
contraire à ce que nous établirions fur Bacchus „
puifqu’Apollon eft une divinité de,la, même nature
que Bacchus , & la même ame du monde >
exprimée fous un autre emblème aftronomique ,
comme on le verra lorfque nous aurons occafion
de parler d’Apollon : cette identité eft reconnue
.par Macrobe lui-même : « Ariftoteles qui tkeolo-?
33 gumena jcripfit , Apollinem & Liberum patrem
33 unum eumdemque ejfie Deum , multis argumentis
33 ajfierit.fi Saturn. I. 1. c. 18. > » .
a Bacchus fut donc uni aux Mufes, ou aux
intelligences des fphères aufll naturellement
qu’Apcdîpn.j il en fut de même d’Hercule, qui
prit auifi le nom de Mufagètes, ou chef des
Mufes , par la même raifon qu’il fut aufli Famé
de l’harmonie univerfelle. Les voyages de Bacchus
oc Jes courfes de ce Dieu , ne font donc que la
marche progreflive de lame du monde , & en
particulier de l’intelligence du foleil & du tems
dans le zo(diaque, dans lequel voyageoit- le foleil,
ame vifible du monde , & l’agent Je plus puiftant;
de la végétation annuelle & de Forganifation de
la matière : voilà pourquoi plufieurs auteurs ont
confondu ce dieu avec le foleil auquel il' eft uni.
Mais cette diverfité d’opinions ne nuit en rien a
lios explications aftronomiques, puifaue ces
mêmes auteurs fuppofent- que le foleil eft l’ame
du monde , & que fa force devient la force univerfelle
, qui, fe rép a n d o n s . toutes les parties
de la nature , qui meut les fphères , 8c fubit di-
verfes.métamorphofes dans les conftelîations. Àurii
l’on eft obligé de fe reporter au ciel des fixes s,
‘dans lequel notre lyftême place 8c fait circuler
'la force motrice de la fphère du. foleil & des
planètes. Soit que l’on faffe agir l’ame du monde
immédiatement fur le premier mobile , « in quo
refidec primo, caufia. ( yita Pythag. Bhotii. Bibl.
cod. 159. ) 33 fur ce cercle que Cicéron appelle
fiummus Deus, & que Macrobe dit : « continer'e
?3 virtutes Ùçines qus prims fiummitâtis omnipotente
tiam fiequunturÿ 33 f i Liv. 1. c. 17. ) 33} foit qu’on
le place dans le foleil pour diftribuer de-là fon
giélion dans touté'la nature ; c’ eft toujours dans
le zodiaque qu’elle circule pendant une révolution
annuelle} & fa marche, dans fes principales
époques, fera toujours fixée par les aftres ou
les génies - étoiles qui. déterminent la route du
foleil par leur lever ou leur coucher , 8c qui font
en afpeâ avec les lignes : ainfi, la cle f aftrono-
miquedevient néceftaire pour expliquer les-voyages
allégoriques de cette force perfonnifiée• dans le
poëme fur Famé du monde. « ■
« Bacchus n’eft donc point un héros apothépfé ;
c’ eft plutôt la divinité peinte fous les .traits de
Fhdmme, mais d’un conquérant 8c d’un héros :
fa force eft celle de la nature } fes voyages, la
marche même du foleil qui la féconde ; ainfi Bacchus
doit partir du point d’où le foleil commence
à fe mouvoir , lorfque fes feux font éclore tous
les ans un nouveau monde j accompagner l’aftre
du jour, l’éloigner, s’arrêter, revenir à lui ,
8c retourner au même endroit où il avoit commencé
fa carrière. » .
ce Lorfque Je Taureau célefte étoit le premier
ligne , & que - fon foufHe animoit l’univers 5
l’ame motrice des fphères & le fipiritus qui orga-
nifoit la matière végétative , emprunta les attributs
de cette conftellation : aulfi Fon voit Bac-,
chus partir de la conftellation du Taureau, pour
y revenir apres avoir fait le tour du ciel. Il fut
peint avec des cognes de boe u f, ou même avec
une tête &. dès pieds de boeuf} il prit je nom de
fâint Taureau, 8 c fon éducation rut confiée aux
Hyades , les plus belles étoiles de cette conftellation.
L’am& du monde-, à çette époque , repre-
noit fa foudre éteinte -pendant l’hiver, 8c le nou-
1 veau dieu naiffoit ad milieu des feux du tonnerre.»
« Le Serpentaire qui fe trouve en afpeét avec
ce figne, & qui p^r fon lever du foir fixoit- cette
importante .époque de la nature, fut uni naturellement
au figne de l’équinoxe dé printemps &
Antiquité}, Tome /,
à Bacchus, ou au dieu Taureau. Cette conftellation
s’appelle Cadrnus , en aftronomie ( Coefiius ,
p. 146. ) où Y Orientale > 8 c Fhiftoire de Cadrnus
fe trouva liée à celle de Bacchus , aufii néceflai-
rement que la conftellation qui eft défigne^fous
ce nom , Fétoit au premièr figne , ou au Taureau
équinoxial, d’où toute la machine célefte fem-
bloit partir , 8c où fe rapportoient les diverfes
orbites des planètes! C’eft du Taureau ou de 1 e-
quinoxe que le Zend-Avefta fait partir tous les
aftres : cette pofition de la fphère , le jour de 1 é-
quinoxe, une fois déterminée , confidérons maintenant
le poëme de Nonnus. »
ce Le poète invite la Mufe à chanter la foudre
qui étincelle dans la main du maître des dieux,
& dont J ’explofion fait accoucher Sémélé} la
naiffance de Bacchus né deux fois- Il la prie de
faire paraître Protée , ce dieu fi varié dans -fes
formes, le dont les métamorphofes renferment
des merveilles moins étonnantes que celles de la
* vie de Bacchus. 33
ce Cette comparaifon de Bacchus à Protée ,
eft des plus naturelles, puifque Bacchus ou 1 anae
du monde , eft le véritable Protée, qui fubit mille
formes variées dans la matière qu’il organife , 8 c
dans les aftres qu’il anime & qu’il meut. Aufli lui
donnoit-on le ticre de Myriomorphos , ou de dieu
aux mille formes} & dans le poème de Nonnus;
on voit ce Dieu fous le nom de Zagreus , prendre
prefque toutes les formes aie Protée, tantôt boeuf,
tantôt lion , tantôt ferpent, &c. fuivant les différentes
conftelîations dans lefquelles l’ame du monde
circuloit. »
ce Le poète entre eufuite en matière, en racon*
tant l’enlèvement d'Europe par Jupiter déguifé
en Taureau,.8c les courfes de Cadrnus pour chercher
fa foeur : il chante poétiquement cette aventure.
Jupiter avoit laiflé fa foudre dans un antre,
8c Typhon s’en étoit faifi ; mais inutilement il en
veut faire ufage : fon bras n’eft pas afîez vigoureux
pour en foütenir le poids. Les feux du tonnerre
s’éteignent dans fes mains / & la foudre n’y fait
aucun bruit. Néanmoins le monftre, fécondé des
autres ferpens fes frères, avoit déjà porté le
ravage dans tout l’univers , obfcurci la lumière
du jour , & faifoit la guerre aux étoiles fixes.
C’ eft ainfi que dans la Cofmogonie des Perfes ,
on voit Typhon , - ou Arhiman avec les Dews ,
attaquer le ciel des fixes. ( ZendrAvefta, t. u .
p.$S4 ‘ ).»
cc II fait avancer dans les airs fon armée de ferpens
, & va fe placer lui-même fur le dragon des
Hefpérides. Les Heures arment contre lui leurs
bataillons intrépides.1 Il attaque enfuite la mer j
8c les habitans des ondes fe cachent à la vue de fes
ferpens. Toute la nature bouleverfée eft dans l’effroi.
Cependant, Jupiter arrivé fur .les rivages de
Crete, jouifloit de fon amoureux larcin , & Europe
devenue mère, parie entre les mains d’Afté-
lio n , tandis que fon anaant Taureau brille dans
D d d