
fervi à porter des chandelles ou bougies , & tie
montre de' trou pour les recevoir.
Ils ne portoient point , comme les nôtres , a
leur extrémité fupérieure, ce que nous appelons
des bobèchesy c’eft-à-dire , des bouts de tuyau,,
deftinés à recevoir des bougies, & à contenir les
cylindres de matière inflammable dans une direction
droite & ferme. Les candélabres fe ter*
minoient par un plateau 3 qui fervoit à foutenir
les lampes, & à les fupporter à une hauteur convenable
à 1*oeil de celui qui s’en faifoit éclairer. Ils
étoient travaillés avec autant de foin que les
lampes mêmes : la tige du chandelier chargée
de moulures 3 étoit pofée fur un pied foutenu ordinairement
par trois pattes de lion. Ce pied ,
ainfi que le aefliis, c’eft-à-dire, ,1e plateau fupé-
rieur des candélabres de Portici, font formés au
tour, & de jolis oves font fculptés fur les bords,
ainfi que des feuillages fur les autres furfaces.
L e pied du plus grand candélabre de bronze
d’Herculanum a un palme & un pouce de diamètre
, mefure romaine , huit pouces de France.
Il eft haut de fept palmes & demi, près de quatre
pieds & demi, & dans toute la ville de Rome on
•n’en peut voir un feul de bronze. L’infpeCtion de
ces candélabres donne l’intelligence d’un paflage
de .Vitruve , où cet auteur condamne le mauvais
goût de fon fiècle, qui avoit introduit dans les
compofitions, des colonnes trop grêles hors de
proportion , & femblables à la tige d’un candélabre.
Le fût d’un autre de ces candélabres eft carré >
& fur le bout d’en haut, qui porte immédiatement
le plateau deftiné à recevoir la lampe, font
repréfentées les têtes de Mercure & de Perfée,
accollées ( capita jugata ) , toutes deux coëffées
'de leur chapeau ailé- Perfée tient l ’épée qui lui
eft ordinaire ( harpe) , avec un crochet pareil à
ceux de quelques lampes antiques , qui fervoient
à arranger le lumignon ( Bartol. Luc. p. u . tab.
16$.). Peut-être ce crochet eft-il ici la caufe ou
le fondement de la figure allégorique de Perfée.
Le père Hardouin auroit été mieux en état d’expliquer
Pline , s’il avoit voulu jeter les veux fur
un pareil candélabre, quand même ce n’eût été
qu’en gravure, foit dans la Chauffe, foit ailleurs.
C a r , lorfque cet écrivain dit que les arriftes de
l’ifle d’Egine ornoient d’un travail exquis , fuper-
ficiem candelabrorum , c’eft-à-dire , le plateau du
candélabre y qu’on avoit coutume daâdaarger d'ouvrages
de fculpture, de même qu^xeux de Ta-
rente ornoient de moulures le fût de 1cts candélabres
( Scapôs ) , le commentateur ( P lin. lib.,
x x x iv . c. 6 .) explique Pline , en difant qu’il a
voulu parler de luftres avec des bras en forme de
rameaux , tels que ceux dont on fe fert aujourd’hui.
On conferve à Rome plufieurs candélabres de
marbre, dont les pieds ou bafes triangulaires ont
été confondus quelquefois avec des autels de
même forme. Il y a cependant des cara&ères
qui fervent à les diftinguer les uns des autres 5 car
les autels font creufés ordinairement à leur fur-
face , ou au plateau fupérieur, pour recevoir les
charbons, les parfums, les matières combuftibles,
& de plus ces cavités font quelquefois percées à
leur fond d’un canal qui fervoit à faire écouler les
libations par une des faces de l’autel, On voit
deux de ces candélabres de marbre à l’églife de
Sainte-Confiance hors de Rome , & trois autres
à celle de Sainte-Agnès qui eft auprès. Ils ont
huit palmes de hauteur, quatre pieds huit pouces
françois, & leur travail eft digne, félon Winkel-
m'ann, des meilleurs artiftes du fiècle de Trajan
& d’Hadrien. Sur les bafes des candélabres de
Sainte-Agnès, fortent d’un fond de feuillages
agréablement travaillés, des amours qui fe ceignent
des bandelettes. Il y en avoit encore autrefois
deux très-précieux au palais Barberini, fur
lefquels étoit fculptée en relief une belle Vénus
drapée.
Il y avoit aufli des candélabres de bois , &
c’eft à un de ceux-là que fait allufion le diftique
fuiyant :
EJfe vides lignum , fervas ni fi. lumina , fiet
De candelabro magna lucerna tibi.
CANDIDATS. Les candidats ou afpirans aux
charges de la Répuplique Romaine, étoient ainfi
nommés, de la toge blanche qu’ils étoient obligés
de porter pendant les deux années qu’ils poftu-
loient. Cette toge, dit Plutarque, devoit être leur
feul vêtement, afin qu’on ne les foupçonnât pas
d’avoir de l’argent caché dans leur tunique pour
acheter les fumages, & afin qu’ils puffent plus
aifément faire voir au peuple les cicatrices des
plaies qu’ils avoient reçues pour la défenfe de
la République.
La première année, ils demandoient au ma-
giftrat la permiflion de haranguer le peuple, ou
de le faire haranguer par quelqu’un de leurs amis.
Ils déclaroient à la fin de ces harangues qu’ils
defiroient obtenir telle charge, fous fon bon
plaifir, le priant d’avoir égard au mérite de leurs
ancêtres, & à leurs fervicesperfonnels. Cela s’ap-
peloit, profiteri nom en fuum apud populum ; &
cette année , annus profeffionis , étoit toute employée
à fe faire des amis parmi les grands &
parmi le peuple. Au commencement de la fécondé
année , les candidats fe préfentoient au magiftrat
avec la recommandation du peuple, conçue en
ces termes : rationem illius kabe y & ils.le prioient
d’écrire leurs noms fur la lifte des prétendans :
ce qui s’appeloit edere nomen apud pr&torem
aut confulem , ou profiteri apud magifiratum.
Le magiftrat ayant vu la requête du candidat,
avec la recommandation du peuple , affembloit le
tonfeil ordinaire des fénateurs, qui examinoit les
raifons qu’avoit le candidat dé demander telle
charge, & s’informoit de fes moeurs. Après cet
examen, le magiftrat lui permettoit fa pourfuite
en ces termes '.rationem habebo , renuntiabo 5 ou
s’il le rejetoit ,.il répondoit, rationem non habebo,
non renuntiabo. Les tribuns s’oppofoient quelquefois
à cette permiflîon que donnoit le magiftrat
de pourfuivre la brigue , lorfque celui-ci ne pa-
roiuoit pas aflez inftruit des défauts ou des raifons
d’exclufîon du poftulant. Le tems de l’éleétion
étant enfin arrivé , le magiftrat indiquoit l’affem-
blée par trois jours de marché confécutifs, afin
que les habitans de la campagne, des villes municipales
& des colonies qui avoient droit de
fuffrage, pulfent venir à la ville. Les candidats
vêtus de blanc, fe rendoient de grand matin
le jour de l’éleélion , afliftés de leurs amis ^ au
mont Quirinal, ou fur la Colline-dés-Jardins ,
qui avoit vue fur le champ de Mars, pour être
plus facilement apperçus par le peuple. Le préfixent
de l’ aflemblée , après avoir proclamé le nom
des prétendans, & expofé les motifs des uns &
des autres, appeloit les tribus aux fuffrages, &
celui qui en avoit le plus , étoit déclaré magiftrat.
Le nouveau magiftrat remercioit l’aflemblée
fur le champ, & montôit au Capitole, pour
y faire fa prière aux dieux.
Cetordre fut changé en partie fous les empereurs.
Céfar ne laifla au peuple que le droit de nommer les
magiftrats inférieurs, & fe réferva celui de nommer
au confulat : encore gêna-t-il beaucoup le peuple,
dans l’éleélion des charges qu’il lui avoit accordée.
Tibère , fuccefleur d’Augufte , ôta le droit d’é-
le&ion au peuple pour le donner au fénat. Néron
le rendit au peuple : le fénat alors s’en défifta pour
toujours, & fe contenta de proclamer dans le
champ de Mars ceux que le peuple avoit élus,
pour- conferver par là quelque chofe de l’ancienne
forme des élections. V o y e [ au mot Brigue les
autres particularités..
On a appelé aufli du tems de l’empereur Gordien,
& long-tems après , candidati, les foldats
de la garde de l’empereur qui étoient choifis de
toutes les légions, & qui étoient fort cOnfidérés
à la cour. S. Auguftin , Aufone & Claudien, en
parlent. Dans la vie de S. Hilarion , ch. 17 , il
eft fait mention à'un candidat de l’empereur Confiance.
Ammien, l. xxv 3 & Viétor de Tunnes,
dans fa Chronique , font aufli mention des candidats.
Voyez encore les faftes de Sicile, Cedre-
nus, Rofweid. Onom. Cedrenus dit que ce fut
Gordien le jeune qui les inftitua., aufli-bien que
les Protecteurs & les Sckolares : c’étoient ceux
qui étoient les plus vigoureux , & qui avoient
l’air le plus martial & le plus propre à infpirer
de la terreur , dit la Chronique d’Alexandrie.
Les Protecteurs étoient un ordre mitoyen 5 c’étoient
proprement les gardes du corps.
On lit à S. Pierre-aux-liens de Rome, l'épitaphe
d’un de ces foldats :
HIC POSITUS. EST. ANTIOCHOS
CANDIDATUS. PRIMICER.
Les candidats du prince , candidati principis ,
étoient ceux que les empereurs recommandoient
au peuple pour les élections. Augufte les pré-
fentoit à chaque tribu, & follicitoic pour eux
les fufixages des citoyens ( Suet. Aug, 56 . n. 3.) :
Quoties magifiratuum comitiis intcrejfet , tribus
l cum candidatis fuis circumibat fupplicabatque more
follenni. Les candidats ainfi protégés fe tenoient
allurés de la réuflite 5 leur contenance & leur
feinte modeftie l’annonçoient aflez. Un bon mot
rapporté par Quintilien ( v i. 3 .) , y fait allufion.
L. Galba voyant un joueur de paume qui de-
mandoit une balle avec un air de négligence remarquable,
lui d it: vous la demandez comme
un candidat de Céfar : L. Galba pilam negligenter
petenti : fie , inquit, petis , tamquam Cafaris can-
didatus.
On appeloit encore candidats du prince , ceux
de fes favoris qu’il chargeoit de lire au fénat fes
lettres ou fes décrets. C’étoient ordinairement
ceux qu’il défignoit tacitement par cette confiance
pour les charges & les dignités.
Du tems de Cafliodore ( Var. 1. 4. ) , les tribuns
qui formoient le confeil du prince, portoient
le nom de candidati. Ils étoient aufli appelés
Egregii : Pater candidati fub Valentiniano
principe gejfit tribuni , & notarii laudabiliter digni-
tatem , honor qui tune dabatur Egregiis : dum ad
impériale fecretum taies conftet eligi, in quibus
reprehenfionis vitium nequeat inveniri.
CAN DIDUS col,or. Voyez Blanc.
c a n d y a 3 \ . , „
C AN DY S 5 Partie dç 1 habillement des Per-
fes , dont Xéftophoq, Lucien , & d’autres éqri-i
vains ont fait fouvent mention. Quelques philologues
modernes ont cru que c’étoit un ornement
de la tiare, parce que les anciens en parlent
toujours en même-tems que de cette coëfliire.
Mais Hefychius compare la candys avec la chla-
myde des foldats: kuvI'vç %iTcov7ripviKoçoù \vskt. op^vrui
ol çpuTiuTca. De même que la chlamyde ou le pa-
ludament , la candys fe mettoit par-deflus la
tunique ; comme Denvs d’Halycarnafle nous
l’apprend , en difant que Tigrane voulant toucher
Pompée , parut devant lui dépouillé des marques
de la royauté 5 i l avoit quitté fa tunique blanche
en partie & fa c a n d y s pourpre. Au refte, Lucien
nous fournit le^moyen de connoïtre la candys &
| la tiare des Perfes, quand il afliire que ce font
; les habillemens de Mithras. On voit ce dieu fur
i tous les monumens avec un manteau léger jeté
fur les épaules, oüvert par-devant, lié par une
feule agraffe, tel enfin que le manteau des ftatues