
Bacchus Thyoneus. Horace (C M . I. 1 7 . i l . ) lui
donne ce i'urnom :
Nec S c me le i us
Cum Marte confonde £ Thyoneus
P relia.
On le trouve aufti dans Stace, (Theb. v. 265.) :
. Tune primunt fefe trepidis fub noble Thyoneus
Detexit.
Diodore de Sicile (ir l. 13 7 .) , Phurnutus {cap.
r ié fÿ c h iu s , & Laétantius commentateur
à c S ta c e , dérivent ce furnom de T h y o n e , fa
mere3 qui porta auffi le nom de Sémélé. Pour
rendre cet article de Bacchus com p le t , voyeç
À RI-A HE , CORIOPSALÈS, E lP-1S , É sYMNÈTE,
SÉMÉLÉ 8c T r ïTÉRIDES.
Bacchus porte ordinairement une chevelure
blonde 5 il eft vêtu fouvent d’une longue tunique,
liée fous la poitrine avec une bandelette de pourpre
j & alors il relie noble à une jeune tille Jé-
guifée. L e lierre le couronne ordinairement. Il eft
fouvent auffi habillé de blanc.
- Bacchus a quelquefois des a ile s , & il tient
même le foudre du fouverain des dieux, fur une
pierre de Stofch & fur une patère étrufque de
Demfrer. Il s’appuie fouvent fur fon génie Am-
pelùs.
Jupiter le transforme en mouton à l’ ïnllant de
fa nai fiance 3 pour le dérober aux fureurs de Junon-,
te pour le faire remettre en fureté aùx Nymphes
qui dévoient l’ élevèr. Efchy le ( E um é n id e s) dit
qu'il fe métamorphofa auffien liè v r e , pour échapper
aux pourfuites de Penthée.
Bacchus ne fut pas toujours une divinité pacifique
: un autel de la villa Albani le montre armé
de deux dards >.& les Lacédémoniens lui donnoient
un bouclier au lieu de thyrfe. C’ étoit alors fans
doute qu’on l’ appeloit A ’^W , martial, ou rroùépioç,
guerrier . Ces. attributs, le firent aufli confondre
quelquefois avec Mars,
Les poètes tragiques étoient fous fà protection
immédiate, & on v o yo it fes temples & fes autels
fur la fcène tragique..
Le s ftatues & les bulles de Bacchus offrent: la
féconde efpèce de jeuneffe id é a le , empruntée de
la nature des Eunnuques ,. félon. W inkelmann ,
c'eilrà-dire , des. traits mélangés des deux fexes.
C 'e ll fous cette forme que paraît ce dieu dans fes
différens â g e s , jufqu’au développement en tie rd e
fa croiflance. Dans fes plus belles ftatues on- lui
vo it toujours des membres délicats & arrond is,
avec des hanches fâillantes comme celles des
femmes 5 parce que Bacchus, félon la fable ,,
Apollod. Bibl. 3. p.. 8y. B. fu t élevé fous,
/habit dtune fille. Pline fait mention (3.(3-. c, 4 .)
de .a ftatue- d’ un fatyre qur portoit une figure-de
Bacchus, vêtue en Vénus 5 ce qui l’â fait appeler
par Sénéque , C (Edipvers 4x9. ).,. une vierge
déguifée. Les formes de fes membres font iï délicates
8c fi coulantes„ qu’on les croiroit produites
par un fouffle léger j* fes genoux font comme ceux
des jeunes garçons & des Eunuquesprefquefans'
aucune indication d’os ou de mufcle.
Conformément aux vers de Tibulle,, cités plus
haut, & aux fuivans desmétamorphofes d’Ovide
( lib. 4 . vers 1 7 . ). * Votre jeuneffe eft toujours
» nouvelle \ vous êtes un adolefcent éternel, Sc
» le plus beaux des habitans de l’Olympe » 1
Tibi enim inconfompta juventa eft ,
Tu puer sternus , tu formoftjfimus alto.
Confpiceris ccelo.
la Jeuneffe idéale eft le caractère des portraits de
Bacchus. L’image de ce dieu .eft'celle d’un, beau
jeune homme qui entre dans le printemps de la
vie 8c de l’adolefcence, qui fent les premiers mou-
vemens de la volupté , comme l’on voit pouffer
les tendres fommités d’une^plante, & qui, enfeveli
dans une rêverie enchantereffe, entré le fommeil 8a
la ^veille., cherche à en raffembler les images
éparfes', 8c à les réali fer. Les traits de ce dieu font
pleins de douceur j mais la joie de fon ame ne fe
répand pas entièrement fur fa phyfiono-mie.
Quant à cette douce joie , les anciens, artiftes
fe font, attachés à la. rendre dans toutes les. figures
de Bacchus , dans celles même où il eft repré-
fenté en héros oü en guerrier conquérant dé
l’ Inde. On la voit fur une figure armée de ce
dieu gravée fur un autel, de la villa Albani,
De-là vient fans doute que ce dieu n’eft jamais
repréfenté avec Mars 5 & c’eft ce- qui fait dire
à Euripide que Mars eft ennemi des-mufes 8c_ des
fêtes joyeufes de Bacchus ( Phoenif. ver f i 7 9 2 ).
D’ailleurs, Bacchus n’eft pas du' nombre des dieux,
füpérieurs.
Quelques ftatues d’Apollon offrent une reffem-
b lance- marquée avec Bacchus. Tel. eft TA pollora
du capitole, qui femble s’appuyer nonchalamment
contre un a r b r e a v e c un cygne à fe$r
pieds. Telles font encore trois autres figures d’une
grande beauté, de la ville Médicis, Audi- les con-
fondoit-o» quelquefois , 8c l’une de ces divinités,
étoit- fouvent honorée dans l’autre ( Macrob. Sa-
tum. lib. 1. c. 1 ^ , L9 & 2 1 .) . On voit à la villa-,
Albani un Bacchus reftauré dans la partie fupé-
rieure , de la hauteur de- neuf palmes-environ?
foixante- trois pouces de France. Cette figure-
eft drapée depuis le milieu du.corps jufqu’au»
pieds, ou, pour mieux dire, fà draperie ou fora
manteau , dèfcend jhfqu’à là ceinture. Cette draperie
large 8c très-pliffée, eft ramaffée’ de manière
que la portion qui traînoit à terre., eft
jetée autour de la branche d'un arbre contre lequel
la figure eft appuyéei Sur cet arbre font placés
un lierre &. un ferpent. Aucune figure ne:
peint mieux le ventre de B a c c h u s chanté, pal
Anacréon...
B A G
Cependant Bacchus ne fut pas repréfenté feu- :
lement fous les traits de la jeuneffe 5 il le fut auffi
fous ceux de l’âge viril. Comfne cet âge n’eft
indiau^que par une longue barbe, il. eft arrivé
que la phyfionomie du- Bacchus barbu , compofee
des traits les plus délicats & des regards les plus
doux, nous offre encore l’image de la gaieté qui
aDi-me la jeuneffe. Bacchus, difoit-on', s’étant
laiffé croître la barbe pendant fon expédition des
Indes, devoir être repréfenté fous cette forme
quand on vouloit caraélérifer le conquérant.
Cette figure avoit fait concevoir aux anciens artiftes
la forme i déale de l’âge viril combiné avec
•la jeuneffe, 8c leur fourniffoit l’occafion de montrer
leur dextérité dans l’exécution des poils 8c
•des cheveux.
Les plus connues des têtes de..Bacchus vainqueur
des Indes , font couronnées de lierre ,
fur-tout celles des médailles d’ argent de l ifte
de. Naxos, dont le revers repréfenté Silène avec
une coupe. On en voit une dans le palais de
Farnèfe, connue 'très - fauffement fous le nom
de tête de Mithridate, 8c fur un beau,, camée ,
grec du cabinet Farnèfe de Naples , où elle
eft accolée & debout avec celle d’Ariane.
Les figures entières de Bacchus vainqueur des
Indes , font toujours drapées jufqu’aux pieds, &
•elles fe trouvent fur toute forte de monumens.
On en voit entre-autres fur deux beaux vafes
de marbre, travaillés de relief, dont le plus
petit éft au palais Farnèfe, 8c le plus grand au
cabinet d'Heiculanum. Elles font répétées plus
fouvent fur des pierres gravées 8c fur des vafes ;
de terre cuite. Dans la colleélion des vafes de
Porcinari à Naples , on en trouve un publié ;
dans le premier volume du recueil d’Hamilton,
fur lequel eft a (fi s en triomphateur Bacchus barbu,
‘couronné de laurier & vêtu d’une robe brodée
très-élégamment.
Le comte de Caylus a publié deux figures de
Bacchus égyptien : l’une eft dans le troifième vo-
lum de fon recueil d’Antiques , planche 4 , numéros
1 8c 1 .
«x Ce dieu, très-diftingué d’Ofiris ,: peut être
regardé comme le Katapogon 3 ou '1 e Bacchus
barbu , dont parle Diodore de Sicile.- Ce monument
, en nous fai fan t voir la repréfentation de
cette ancienne divinité, nous apprend en même-
tems qu’elle avoit beaucoup de rapport avec le
Silène des Romains, mais qu’elle étoit coëffée
avec des*plumes. Diodore, à la fin de fon troifième
Livre, & au commencement du quatrième,
nous instruit de tout ce qu’on peut favoir fur ies
Bacchus de l’antiquité : ainfi on ne peut reprocher
aux anciens de n’avoir pas parlé de celui-ci en
particulier 5 mais on eft en droit d’açcufer les
modernes de n’en avoir pas connu la véritable
repréfentation,.d’après la aeferiptiondes,anciens.»
: « Diront-ils qu’à cet égard nous puifons nos
eonnoilTances uniquement chez les auteurs Grecs
B A C 403
& .Latins, qui par leurs contrariétés ne peuven
fournir que des lumières incertaines? Cette exeufe
eft fouvent très-jufte , 8c doit nous rendre réfer-
vés fur les explications 5 mais elle n’eft pas recevable
quand les anciens s'énoncent avec tant
de clarté. Sans pouffer cette digreftion plus loin,
contentons-nous de faire obferver combien les
preuves de fa i t , données par les monumens ,
font utiles pour l’intelligence des écrivains de
l’antiquité. »
« Je ne diffimulerai pas qu’on pourroit regarder
la figure de ce numéro , comme la repre-
fentation du Bacchus Indien : cette idée fe préfente
naturellement à l’efprit j mais il ne faut
pas oublier que Séfoftris porta dans l’ Inde le
culte de cette divinité , qui par confequént
étoit égyptienne d’origine. Plutarque veut non-
feulement que Dionyfius , ou Bacchus , foit la
même perfonne qu Ofiris ; opinion qui n’a pas
été inconnue à Diodore î il ajoute de plus , que
S.érapis , qu’il identifie avec Ofiris , eft auffi le
même que Pluton. De-là vient que le modius
convient auffi à Bacchus : telle eft l’obfcurité qu’il
répand fur cette matière. Diodore lui - même,
après avoir diftingué trois Bacchus , dont le plus
ancien étoit celui de l’Inde, le barbu , ne laiffe
pas de dire enfuite que le premier de tous étoit
fils d’Ammon 8c d’Amalthée : d’où il réfulte qu’il
y a eu un Bacchus particulier à l’Egypte, le
plus ancien de tous, 8c qu’ il ne faut pas confondre,
avec Ofiris. «
« Cicéron (D e N a t. De or. lib. 3 .) nomme
auffi plufieurs Dionyfius , 8c dit que le fécond
étoit fils du Nil. Que celui-ci ait pris fon nom
de la ville de Nyfa , fîtuée en Arabie , ou pour
l’avoir fondée, ou pour y avoir été élevé, comme
le prétendent plufieurs auteurs, il fera toujours
confiant que ce dieu étant fils du N i l , eft
égyptien, 8c très-diftigué d’Ofiris.»
c* Il n’eft pas douteux que la figure rapportée
par le cornte de Caylus,vol. 5, 'planche 2 j. n°. 3,
ne repréfente auffi Bacchus égyptien : ce dieu a
les pieds pofés fur deux lions accroupis, comme
on Ta vu plufieurs fois, 8c principalement dans
le quatrième volume 5 mais il a ici une parure de
c o l , à laquelle eft attachée une amulette qui
tombe fur fon eftomac : fon dos eft couvert d’une
peau garnie d e fo.n poil & de fa queue , 8c cette
queue indique que c’eft une dépouille de lion.
On reconnoîis aifément lés plumes dont ce dieu
eft ordinairement coëffé 5 e l l e s font ici plus longues
que je ne les ai vues fur aucune repréfentation
de cette divinité. »
On voyoit auffi dans l i même collection qui
appartient au r o i , un petit Bacchus de bronze ,
de deux pouces de hauteur, portant une couronne
de lierre d’argent, & un vsfe du même métal.
Il avoit le derrière de la tête couvert d’une partie
i de la drape,rie qui étoit. jetée fur fa poitrine,
\ Cette efpèce de voile le rend très-remarquable.