
Barathrûm défigne , dans Plaute, (Bacckid. r,
i . 44.) une courtifanne :
O barathrûm ubi nunc es? ut ego te ufurpem libens!
Il n'eft pas étonnant de retrouver auflî dans les
écrivainsdatins cette acception détournée du mot
baratkre y puifque les Romains le donnoient par
extenfion à la prifon de Rome, applée T ullia-
Wum {Voyei , 8c en particulier à l'endroit
élevé d'où on précipitoit les criminels.
Jugurtha fut renfermé après le triomphe de Marius
dans le baratkre, & s y laifla mourir de faim,
félon Plutarque.
. b a pa t po n . Héfychius donne ce nom à des
jeux facres que l'on célébroit dans la Thefprotie,
& dans lefquels on couronnoit le plus fort & le
plus robufte des combattans.
BARBARES. Les Grecs appeloient Barbares
tous les peuples qui ne parloient pas leur langue,
ouj du moins qui ne la parloient pas aufli bien
qu eux. Ils n'en exceptoient pas même les Egyptiens
, chez lefquels ils avouoient pourtant que
leurs philofophes 8c leurs législateurs avoient
Voyage pour s inftruire. Les Grecs appeloient plus
particulièrement Barbares, les Phrygiens 3 fans
doute a caufe des anciennes haines qui fubfif-
t'oient entr'eux depuis la guerre de Troie : on le
Voit dans YOrefie d'Euripide, 8c dans les fcholies*
fur 1 Ajax Maftigophore de Sophocle. C'eft dans
Je fens des Grecs que’Plaute, parlant d’une traduction
latine, {Afin. prol. n. 11.) l'appelle barbare
:
Marcus vertit barbare.
L acception du nom de Barbares que les Grecs
donnoient aux étrangers, fe reflerra par la fuite.
IL ne s'en fervirent plus que pour marquer l'ex-
treme oppofition qui fe trouvoit entr’eux & les •
autres nations. Cellesrc i , en effet, ne s'étoient
point encore dépouillées de la rudeflè des premiers
fiècles5 tandis que les Grecs, plus modernes
que la plupart d’entr'elles , avoient perfectionne
leur goût & contribué beaucoup aux
progrès del'efprit humain. Ainfi toutes les nations
ctoient reputees barbares, parce qu’elles n’avoient
ni la politefle des Grecs, ni une langue aufli pure,
Suffi féconde, aufli harmonieufe que celle de ce
peuple célèbre.
Les Grecs furent imités en cela par les Ro-
ïnakis, qui appelèrent aufli barbares tous les autres
peuples, a 1 exception des Grecs, qu'ils rècon-
nomoient pour une nation favante & policée.
J1 paroit que les autres peuples payoient, quoi-
qu avec moins de raifon , les Romains du même
mépris. Ovide, qui pafloit à Rome pour un cour-
tifan fi poli & fi aimable, étoit traité dans Ton
exil de barbare par les G ètes, qui n'entendoient
pas fon langage, l'idiome de Rome ( Trifi. r.
i * 2-7 » • ' . y .
Barbarus hic ego fum y quia non intelligor ulli î
E t rident ftolidi verba latina G et a.
Chaque peuple donna aufli le nom de barbares
aux etrangers qui s’établirent dans fon pays, fous
le Bas-Empire. Les Bourguignons 8c les Francs
qui fe fixèrent dans les Gaules, y furent appelés
barbares. On donna ce nom en Italie aux Goths.
On appeloit dans les Gaules langue barbare, celle
des Teutons. Grégoire de Tours défigne le plus
fouvent les Payens par le nom de barbares. Le
y2\ canon de I'églife d’Afrique' oppofe la Mauritanie,
province de l'Empire Romain , r#? fiafien-
?lK<?s, aux pays d'Afrique qui n'y étoient pas
fournis, 8c qu'il appelle à caufe de cela Barba-
nquesy c'eft-à-dire, hors de l'Empire, étrangers
a l'Empire.
Barbares (coftume des). On pourra con-
fulter l’attribut de chaque peuple barbare, pour
en connoître le coftume particulier. Quant au
coftume général, on obfervera que les Barbares ,
c eft-à-dire, les peuples qui n’étoient point Grecs
ou Romains, portent conftamment fur les monu-
mens fculptés ou peints par ces deux nations, des
chauffes longues comme les pantalons 3 nouées au-
deflus de la cheville du pied où elles finiffent, des
manches étroites, ferrées vers le poignet où elles
fe terminent, de longs cheveux, une barbe droite
& roide, & des bonnets recourbés quelquefois
comme celui des Phrygiens. Thoas conduifant
Orefte 8c Py lade enchaînés, fur un bas-relief du
palais Accoramboni, publié dans l'Hiftoire de l'Art
deWinkelmann 5 les Troyens des différens bas-reliefs
dont les fujets font relatifs à la guerre de
Troie, publiés dans les Monumenti antichi du même
auteur5 les rois captifs du capitole; les barbares
de la colenne Trajane 5 les captifs de l'arc de
Conftantin, &c. 8cc. pourront fervir de modèle
aux artiftes.
BARBARICA opéra. Il eft parlé de ces ouvrages
dans la Notice de l’Empire, 8c quelques
interprètes ont cru quils y défignoient des ouvrages
faits par les barbares y c'eft-à-dire , par les
peuples qui n'étoieftt pas fournis à la domination
des Romains. D'autres penfent, avec plus de
raifon, que ce mot eft une contraction de celui
de barbaricaria. Voyez l’article fuivant.
BARBARICARIA opéra. Strabon {lib. 14.
P• 4 f ƒ•) appelle carica les ornemens des cafques
& des boucliers,
B A R B A R I C A R I U S minifirator. Muratori
C9 7 1 * 5 - The fi. infer.) rapporte l’infeription fui-
vante:
D. M.
PLAETORIAE
AUGAENI CONJUGI \
B. M. Q. Y. A. XXIX
FECIT
HERMES BARBARICARIJ7S_
MINISTRATOR.L,
ïl croit que cet ârtifan ornoit les cafques Sc les
autres armes avec des filets d'or ou d'argent, ou
qu’avec des filets dorés il formoit des deflins
d’hommes & d’animaux, comme les damafqui-
neurs modernes.
On défignoit aufli par le, mot barbaricarü, les
foldats qui portoienc des cafques 8c des boucliers
ainfi ornés ou damafquinés. -
BARBATA, barbue, furnom de Vénus chez
les Romains. On la repréfentoit quelquefois avec
de la barbe, parce qu'on lui donnoit les deux
fexes, comme aux autres divinités, félon Servius
( Æneid. i l. 631.) : Loquitur fecundum eos qui
dicunt utriufque fexus participationem habere- nu-
mina.... «fi etiam in Cypro fimulacrum barbatÀ
Veneris. Ce paflage de Servius nous apprend que
Vénus avoit dans l'ifle de Chypre une llatue qui
portoit de la barbe. Ce feroit donc chez les Grecs
qu'il faudroit chercher l'explication de cette allégorie
bizarre.
Suidas l ’a prife chez les Romains. Les femmes
de Rome ayant été attaquées d’une maladie cutanée,
appelée par les Grecs, Virent tomber
tous les poils de leurs corps. Cette difformité
les ayant affligées, elles implorèrent les fecours
de Vénus, qui écouta favorablement leurs voeux.
Pénétrées de reconnoiflance , elles firent élever
à Vénus une ftatue qui avoit de la barbe, 8c
qui tenoit un peigne.
BARBATUS , furnom de la familie-Antonia.
BARBE. Les prêtres égyptiens fe rafoient la
tête, le menton 8c tout le corps. La plupart des
figures égyptiennes n'ont point de barbe $ car la
plante péttfea qu’elles portent fouvent attachée au
irienton , ne peut être confondue avec la barbe y
on en pourroit conclure, avec aflfez de fondement
, que les Egyptiens fe- rafoient habituellement.
Hérodote aflure d'ailleurs pofitivement que
dans le deuil , les Egyptiens laifîoient croître leur
barbe 8c leCirs ehèveux.
Les Aflyriens portoient de longues barbes y car
les hifto riens obfervent que leur roi Sardana-
pale i l , fe faifoit rafer tous les jours.
Les rois de Perfe entortilioient de fils -d’or
leurs longues barbes, félon S. Chryfoftome.
Les Africains portoient la barbe longue, comme
•n le voit fur les médailles de Juba.
-Les héros grecs font repréfentés fur les mo-
numens antiques avec une barbe courte 8c frifée.
Les Grecs portèrent depuis les tems héroïques
la barbe longue , au moins fi l'on en aroit la
tradition. Cédrenus nous dit en effet que l'on
voyoit à Conftantinople , dans les thermes de
Zeuxippe, une ftatue d'Homère, avec une longue
barbe. Athénée obferve que les Grecs ne commencèrent
à fe rafer la barbe que du tems d Alexandre-
le-Grand 5 8c que le premier qui fe la fît couper
a Athènes, fut furnommé Kope-»??, tondu. Il y a
neanmoins apparence qu'Athénée, ou plutôt
Chryfippe, dans l'ouvrage de qui Athénée avoit
pris ce qu'il dit à ce fujet dans fon treizième
livre 5 que Chryfïppe., dis-je, ne parloit que du
peuple & d’un ufage général ou particulier
d'Athènes3 car non-feulement Alexandre, mais
Philippe fon père, Amyntas 8c Archelaiis fes
prédécefleurs, font repréfentés fans barbe fur
leurs médailles, fi toutefois on y retrouve leurs
véritables portraits. Plutarque dit expreflement
qu'Alexandre ordonna aux Macédoniens de fe
rafer , de peur que les ennemis ne les faififfent par
leur barbe.
Les Grecs continuèrent depuis à fe faire rafer
la barbe jufqu'à l’empire de Juftinien, fous lequel
les longues barbes reprirent faveur. Elles durèrent
jufqu'à la prife de Conftantinople par les Turcs.
Les philofophes grecs ou au moins ceux qui en
affe&oient les airs 8c le coftume, cherchèrent a
fe diftinguer du vulgaire en portant de longues
barbes.
Antifthène fut (Laërce, lib. 6.) le premier des
philofophes qui laiffa croître fa barbe. Quoique
îa barbe devînt, félon l’opinion commune,
l'attribut diftindtif des philofophes, elle ne l'étoic
cependant pas fans exception. Le fcholiafte d’Arif-
tophane (nub. 120.) prétend même, fans refiric-
tion , que les anciens philofophes fe rafoient
la barbe, nonobftant les exemples contraires qu'on
peut alléguer.
Les philofophes romains affedtoient de con-
ferver les mêmes caractères diftindtifs, le manteau
& la longue barbe. Horace les décrit, pour
défigner un philofophe {Sat. i l. 3. 34-):
Temporé quo me
Solatus juffit fapientem pafeere barbam.
Aulugelle (A7. A. ix. 2.) 8c Lucien (.IcaroMenipp.)
s’expriment de la même manière.
On peut croire que les Siciliens fuivirent les
ufages & les coftumes des Grecs 5 car il eft fait
mention de barbier dans la vie de Denis-Ie-Tyran.
Les méda illes ficiüennes nous montrent d'ailleurs
les rois de cette ifle -fans barbe. Ce fut enfin de
la Sicile que vinrent à Rome les premiers barbiers.
Les Etrufques paroiflenc avoir fuivi les Grecs
pour l’ufage de porter ou de quitter la barbe. Ils
repréfentoient toutes leurs divinités avec de la
barbe, excepté Vu Ica in-, qui n'en porte pas ordinairement
fur les monumens de cette nation. Mais
ils 'en donnoient à Mercure une pointue 8c recourbée
en avant, comme celle des pantalons
d'Italie. ^
Les Romains portèrent long-tems la barbe &
les cheveux longs. Cicéron parle dans l’Oraifon
pour Coelius ( c. 1 4 . ) , des barbes longues 8c
épaifles que portoient les premiers Romains 5
barba horrida, quam in ftatuis antiquis & imagi-
nibus videmus. Tite-Live (y . 5 1 .) , parlant des
fénateurs qui relièrent feuls dans Rome après l’entrée
des Gaulois,, dit que tous portoient alors la
barbe fort longue : Barbam , ut tum omnibuspromijft