
X M L Unç„ bulle décorée des privilèges en faveur
d'un monaltère , fans dérogation au concile
de Chalcédoine , ne doit paffer ni pour fauffe
ni pour fufpeCte.
XVIII. Des bulles qui ne font ni raclées , ni
effacées en partie , qui ne laiffent voir nul défaut
dans le parchemin, le fty le , le fil , le fceau, te
qui ne contiennent rien de honteux ni d’injufte ,
doivent être admifes en juftice fans aucune
difficulté.
XIX. Ceft une fauffe règle d’avancer que des
bulles , quoique datées de lîècles différens, font
fouvrage d'un impofteur ; lorfqu’on y trouve lès
mêmes phrafes, les mêmes préambules , les
mêmes mots, les mêmes raifonnémens.
, XX. De toutes les preuves de fauffeté, fuf-
tout en fait de bulles, celle qui établit la fauffeté
des dates, n’eft cas la plus concluante, à
moins qu’il ne foit queftion d’originaux, & que
leur fauffeté . ne foit ordinairement vérifiée fur
plulîeurs dates, dont l’erreur feroit intolérable &
manifelte.
XXI. Quoique l’auteur de la glofe fur les
Décrétales tienne pour faux tout inftrument dont
l ’indiCtion eft fautive ; cette règle eft fujette à
bien des mépriies.
Corollaire. On peut en dire autant, à plu-
fieurs égards , des autres dates , & particulièrement
de celle de l’Incarnation.
XXII. Il n’eft point vrai que les bulles datées
de Rome , commençaffent toujours l’ année de
l ’Incarnation à Noçl , ou bien au premier
Janvier.
XXIII. On ne doit pas conclure qu’une bulle
eft fauffe ou fufpeCte, parce qu’elle eft lignée de
quelque cardinal qui ne fe trouve point dans les^
liftes imprimées.
X X IV . La différente orthographe des mêmes
noms, en diverfes fîgnatures faites par les mêmes
perfonnes, eft une preuve frivole de la fauflèté
des bulles.
XXV . Une bulle devroit être, regardée comme
fauffe, f i , tomparaifon faite de fon fceau avec
ceux d’un grand nombre de pièces originales du
même pape , il ne leur reffembloit prefqu’en rien.
XXVI. Une bulle doit paroître fufpeCte , lorf-
que fon fceau n’eft pas égal, mais plus enflé en
. quelques endroits, & en d’autres plus enfoncé.
XXVII. Des points oubliés, des fceaux mis
de travers, & autres défauts femblables , ne
prouvent rien, ni contre la vérité, ni contre
l’autorité d’une bulle.
XXVIII. Il ne faut pas rejeter une bulle à
caufe d’une date ou d’une formule unique & fans
exemple , dans les lettres des papes ; pourvu que
cette date ou cette formule ne foit pas totalement
éloignée de l’ ufage & du génie du tems. • .
XXIX. Des bulles qui feroient accorder par
les papes des droits dont on feroit fûr qu’ils ne
s’a» tribu oient pas encore la difpofition, feroient
pour le moins três-fufpeCtes.
XXX. De ce qu’une bulle eft contradictoire
d’une fécondé bulle du même , ou d’un autre
pape , il ne s’enfuit pas qu’elle foit fauffe.
Corollaire. Deux bulles contradictoires peuvent
être vraies.
XXXI. Deux bulles authentiques peuvent être
contradictoires.
XXXII. Une bulle qui a perdu fon fceau,
mais de l’exiltence duquel d’anciens monumens
rendent témoignage, ne doit rien perdre de foa
authenticité.
Règles particulières fu r les differentes efpèces
• de conftitutions ou lettres apoftoliques x &
fur V écriture & le ftyle des bulles.
I. Les privilèges & bulles - pancartes ont des
caraCtères différens des fimples bulles, ou décrétales
; fur-tout depuis le dixième fiècle, jufqu’en-
viron le quinzième.
11. Les premières ne doivent pas être fufpeCtes
à caufe de leur antiquité.
III. Quelques variations qu’on remarque depuis
le milieu du neuvième fiècle jufqu’au milieu
du onzièmî dans les bulles , foit pancartes
ou non, dans leurs dates, leurs formules, les
titres qu’y prennent les papes, que leur donnent
les notaires , ou que ces derniers s’attribuent à
eux-mêmes ; rien de tout cela ne peut convaincre
ces pièces de faux, à moins qu’elles ne renferment
les caraCtères des fiècles précédens ou fuivans,
ou que leurs variations ne puiffent convenir aux
lettres apoftoliques d’aucun âge.
IV. Une ^«//e-pancarte, qui, depuis le milieu
du onzième fiècle jufqu’au quatorzième , n’auroit
ni la foufcriptîon , fervus fervorum Dei ; ni la
claufe , in perpetuum ,• ou falutem 6* Apoftolicam
benediciionem 3 ou tam prsfentïbus quàm futuris ,
&c., ni pour le moins les menaces , foit de malédiction
, foit d’excommunication , foit de la colère
dés BB. apôtres Saint Pierre & Saint Paul,
ni la conelufion Amen ; ni la falutation behe va-
lete ,• ni une ou deux formules des dates, dont
la première feroit de Ja façon d’un notaire région-
naife ou archivifte, & c. ; l’autre, du bibliothé-
çaire, chancelier, ou vice-chancelier, vice-camé»
rier, & c . ; du fiége apoftolique, ou de la fainte-
églife romaine; ni la date du lieu, ni celle du
jour des calendes, &c. 5 ni l’année du pontificat,
de l’indiCtion, de l’ Incarnation, ni les cercles
concentriques, ni la fentence ou devife, ni les
lacs de fo ie , de cuir ou de chanvre, fuivant les
différens fiècles ; ni fur le fceau, la légende du
pape, ni celles des apôtres S. Pierre & S. Paul
avec leurs têtes : une pancarte privée de tout ou
de la plupart de ces caractères, fût-elle du tems
auquel elle feroit attribuée, parût-elle originale,
elle n en devroit pas moins paffer pour fauffe.
V. Ce feroit une infigne méprife, que de rejeter
des bulles de conceffion ou de confirmation de
privilèges, mais non en forme de pancartes; fous
prétexte quelles feroient dépourvues, en quelque
tems que ce foit, de cercles, de monogrammes,
de fentences, d’un ou de plufieurs amen, des
dates de l’incarnation, de l’indiCtion, & même
du pontificat, jufqu’en 1188.
VI. Urié bulle non expédiée en forme de privilège
ou de pancarte, & néanmoins revêtue de
monogrammes, de fîgnatures & de dates d’année,
depuis le milieu du douzième fiècle, jufqu’après
la mort d’Alexandre I I I , deyroit être regardée
comme fauffe ; mais fi elle ne renfermoit qu’ un
de ces trois caraCtères, il fuffiroit de la compter
parmi les très-fufpeCtes.
VII. Depuis le douzième fiècle inclufîvement, !
les bulles plus ou moins folemnelles ont des caraCtères
propres & diftinCtifs.
Corollaire. I. On ne doit ni confondre ces
bulles, ni exiger des unes les caraCtères particuliers
aux autres.
Corollaire. II. Il eft abfurde de les tenir pour
fauffes ou fufpeCtes, parce qu’elles ont les caractères
qui leur font propres, & qu’elles n’ont pas
ceux qui leur font étrangers.
VIII. On ne fauroit diftinguer au douzième
fiècle les fimples lettres des papes de leur bulles
juridiques, que par leurs claufes comminatoires,
dérogatoires, conditionelles, &c.
IX. On n’ a pas befoin de recourir aux titres
originaux, pour s’affurer qu’au douzième fiècle
les bulles non confiftoriales n’étoient munies d’aucune
fignature, & que prefque toutes ne por-
toient point d’autres dates que celles du lieu &
du jour du mois.
Corollaire. Quand même les bulles renferme-
roient quelque privilège, on ne pourroit rien conclure
contr’elles , ni du défaut de fignature, ni de
leur petit nombre de dates, pourvu qu’elles ne
fuffent pas revêtues de la forme propre des pancartes.
X. La fuppreflion des fîgnatures des cardinaux,
des dates de l’incarnation & de l’îndiCtion, des
cercles & des, monogrammes, ne fuffit pas’ pour
rendre fufpeCte une bulle confiftoriale, mais non-
pancarte , ni en forme de privilège : principalement
depuis le milieu du treizième fiècle jufqu’au
quinzième.
XI. Des brefs revêtus de toutes les formalités
propres de ces fortes de conftitutions, & particulièrement
de la claufe fub annulo pifeatoris,
feroient très-fufpeCts de faux avant Eugène I V ,
pourvu qu’on en excepte le fceau & le commencement
de la fufeription.
XII. Un bref fub fgnetofecreto , ou fub annulo
pifeatoris , fcellé en plomb à la manière de sbulles ,
fetoit pour cela feul convaincu de faux
XIII. Le fceau mi% à p a r t, les brefs d’avant
Pie II ne feroient pas fufpeCts parce qu’on n’ y
auroit pas obfervé la forme dont ils font communément
revêtus.
XIV. L’omiffion de la formule fub annulo pifeatoris
, n’eft pas fuffifante pour faire fufpeCter
un bref poftérieur à Pie I L .
X V . Une bulle fcellée du fceau du pêcheur,
fùr-tout depuis le milieu du quinzième fiècle ,
feroitîauffe , à moins qu’il n’y fût déclaré pofiti-
vement qu’on auroit été obligé de s’en fervir pour
quelque raifon importante. Avant cette époque,
une femblable bulle feroit très-fufpeCte.
XVI. Les conftitutions appelées motus proprii,
feroient fufpeCtes avant .le milieu du quinzième
fiècle.
XVII. Un motusproprius fcellé, foit en plomb ,
à la manière des bulles, foit en cire rouge avec
l’empreinte du fceau du pêcheur à la manière des
brefs, feroit faux.
Règles fur Vécriture & le ftyle des lettres.
I. Des bulles, pour être écrites en tout ou en
partie avec des caractères lombardiques, ne doivent
pas être fufpeCtes avant Je milieu du douzième
fiècle.
IL L ’écriture gothique eft depuis Iong-tem$
particulière aux bulles.
III. L ’écriture italique eft la feule qui foit reçue
dans les brefs-
IV. Quelqu’humble, & civil que foit le ftyle
des bulles des neuf premiers fiècles, on n’en peut
rien conclure contre la vérité de celles où il eft
employé depuis cette époque.
V. L ’ ufage du pluriel dans les lettres des papes
où ils ne parlent qu’à une feule perfonne, ne doit
point rendre ces pièces fufpeCtes avant le milieu
du douzième fiècle.
VI. Depuis le cinquième fiècle jufqü’au neuvième,
& même au-delà , une lettre dans laquelle
le pape, adreffant la parole à un empereur, n'ufe-
roitpas au moins quelquefois du pluriel, feroit fuf-
peCte ; fi ce n’eft quelle fût extrêmement courte,
ou que l’ empereur ne fût hérétique ou fehifraa^
tique, ou fauteur de feCtaires, ou coupable de
quelque crime public qui lui auroit attiré la
correCtion çlu pape.
VIL Depuis le milieu du douzième fiècle jufqu’au
pontificat d’ innocent I I I , des bulles où
l’on parîeroit au pluriel à une feule parfonne ,
devro i e n t paffer pour très - fufpeCtes , & pour
fauffes depuis fon avènement au faint-fiége.
VIII. Le nom de fils donné par les papes aux
empereurs avant le milieu du cinquième liècfe ,
feroit fufpeCter les lettres des premiers.
IX- A compter du neuvième fiècle jufqu’au
douzième, la dénomination de fils attribuée par
, k s papes aux évêques dans les lettre qu’ils leur