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liberté. Les matelots regardèrent l'idée de leur
chef comme une rêverie, & comptant tirer une
rançon considérable, ils portèrent l'enfant prefque
endormi fur leur vaiffeau. Le bruit que caufa la
réfiftance d’Acét'esle réveilla, & furpris de fe voir
fur un vaiffeau, il demanda qu’on le ramenât à
Naxe. Les matelots, après le lui avoir promis,
prirent, malgré Acétes, la route oppofée 3 l’enfànt
s’en apperçut, & fe plaignit inutilement de la perfidie
de fes conducteurs. Mais le vaiffeau s'arrêta
tout d’un coup en pleine mer, comme s’il eiît été
fur la terre. Les matelots redoublèrent d’effort
pour le faire avancer 5 mais des feuilles de lierre
couvrirent à l’inftantles rames, & s’étendant auffi
furies voiles, les empêchèrent de s’enfler. Bacchus,
qui étoit caché fous la figure de cet enfant, fe
fit connoitre tout d’un coup ; il parut couronné
de raifins, & tenant fon tyrfe 5 il étoit environné
de tigres , de lions & de panthères. Tous les gens
de l’équipage^ furent changés en poiffons, à l’exception
a Acétes, qui mena le vaiffeau à Naxe, où
ilcélébra les myftères du dieu.
Telle eft l’ hiftoire qu’Acétes raconta à Penthée,
lorfque ce prince fe préparait à marcher contre
Bacchus, pour le faire prifonnier. Penthée, loin
d etre* touche de ces merveilles, ordonna qu’on
fit périr Acétes dans les tourmens. Tandis qu'on
préparoit les inftrumens du fupplice, les portes de
la ^prifon qui le renfermoit, s’ouvrirent d’elles-
mêmes , 8c les chaînes dont il étoit chargé tombèrent
, fans que perfonne les eût brifées. Ce
nouveau prodige ne fit qu’augmenter la fureur de
Penthée. V. Penthée.
ACHAICUS, furnom de la famille Mummia.
Ufut donné pour la première fois à L. Mummius,
qui fournit l’Achaïe a la domination des Romains.
A C H A IE . Le fymbole qui fait reconnaître
cette province fur les médailles, eft un vafe de
fleurs.
ACHANA, mefure de bled ufitée en Perfe,
qui valoit quarante-cinq médimnes attiques.
Achana, mefure de capacité grecque. V. MÉ-
DIMNE.
ACHAT. Ce ne fut qu’un fimple'échange chez
les fauvages, & même chez les peuples qui com-
mençoient à fe civilifer. Les Grecs, pendant la
guerre de Troy e, faifoient encore des échanges
(Iliad. H. 472.) 5 & pour avoir du v in , ils donnèrent
les uns du cuivre, les autres du fer, quelques
uns des cuirs, d’autres des vaches, ou des
efclaves.
La vente des terres fe faifoit à Rome chez les
changeurs , ~ argentan i , -qui en tenoient regiftre
pour fervir de titre aux acquéreurs.
AC HATE , troyen 8c confident d’Enée.
ACHATES, rivière de Sicile, qui coule dans
la vallée de Noto. Lés anciens ont cru que cette
rivière produifoit des pierres précieufes. Pline fait
mention de celle que l’on y trouva, & dont on fit
préfent à Pyrrhus, roi des Epirotcs. On y voyoit, |
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dit-il, deffinées naturellement les neuf mufes avec
Apollon, tenant fa lyre à la main. Les minéralo-
giftes de notre fiècîe auroient une grande répugnance
à croire ce prodige étonnant de la nature,
ou plutôt de l’imagination des fpeCtateurs
 CH E , apium. Cette efpèce de perfil étoit
célèbre chez les Grecs 8c chez les Romains. On
couronnoit dlache verte les vainqueurs des jeux
neméens : Honos ipfi, dit Pline, in achaia, coro-
nare viciores facri certaminis nem&&. Comme cette
plante étoit confacrée aux cérémonies des funéra
ille s , 8c que tout dans les jeux néméens étoit
relatif à la mort d’Archemorus, il parut naturel
de couronner les vainqueurs avec Vache verte.
Cet ufage ne fut cependant pas fuivi conftamment ;
& l’olivier y avoit fourni les premières couronnes :
d’où l’on peut conclure que la véritable caufe de
ce choix eft encore inconnue. On en trouve deux
autres auffi vagues, dont il faut cependant faire
mention. L ’une eft prife des Némées , jumens
confacrées à Junon, qui donnèrent leur nom à
cette forêt, où elles fe nourrirent àlache, qui y
croiffoit en abondance. Selon d’autres, Danaüs,
maître de cette contrée, propofa des courfes aux
amans de fes filles, 8c les promit aux vainqueurs.
Le terme de la courfe fut une borne recouverte
d'ache. Le vainqueur l’ayant atteinte, fe couronna
d'ache, comme- d’une preuve évidente de fa victoire.
Delà vint Pufage de donner une femblable
couronne aux vainqueurs des jeux néméens.
Ceux des jeux ifthmiques étoient auffi couronnés
avec de Vache ,• mais on la choififfoit defféchée ,
pour la diftinguer du prix des jeux néméens. On
trouve fur les médailles de Néron cette couronne
àéache , qui renferme le mot Isthm ia . Le pin
partagea quelquefois cet honneur avec Vache; il
paroît cependant que cette dernière en demeura
le plus long-tems en pofieffion : car c’eft à Vache
que Timoléon fit allufion étant fur le point de
combattre; Ayant rencontré des chevaux chargés
Sache, que l’on emportoit pour le fourrage, il
fit remarquer à fes foldats le bon augure que lui
offrait la plante confacrée à ceindre le front des
vainqueurs'?
Les foldats de Timoléon ne regardèrent pas
toujours Vache d’aufli bon oeil 3 car, marchant au
combat contre les Carthaginois, ils trouvèrent des
mulets qui portoient des charges Sache, 8c prirent
cette Irencontre pour un mauvais augure 3 parce
que l’on mettoit fur les morts 8c fur les tombeaux
des couronnes de cette plante.
Suidas parle de' ces couronnes funèbres, 8c dit
que Vache étoit deftinée au deuil 8c aux larmes 5
d’où venoit l’expreffion populaire , i l na plus
bcfôin que d‘ache-3 en parlant d’un malade défef-
péré. C’étoit la feule plante que l’on admettoit
dans les repas des funérailles ; parce que, félon
une vieille erreur que Pline a rapportée (/. 10 , c. 1),
Vache rendoit ftériles les perfonnes des- deux fexes
qui en mangeoient. Aynobe (/. y , p. 169) , raconte
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qu*un jeune homme ayant été maffacre par fes
frères, à la faveur du tumulte des Corybantiques,
on vit naître de Vache fur l’endroit qui avoit ete
teint de fon fang 5 x e qui fit exclure à jamais cette
plante des repas, de crainte qu’on ne contractât
quelque fouillure en communiquant avec les
mânes d’un infortuné.
Horace, cependant, a chanté Vache comme
l’ornement des repas. ( Od. r , 36.) :
Neu defint epulis roßt,
Neu vivax apium.
Et »illeurs:..............Q“«
Deproperare apio coronas
Curatve myrto ? (Od. 1 1 ,7 . )
Ce poète n’a fûrement point ici péché contre
le coftume 5 car Anacréon, fon modèle, a parlé
des couronnes Sache confacrées à la joie 8c aux
feftins. Peut-être faut-il diftinguer deux efpèces
Sache, dont l’une, à fleurs blanches, convenoit aux
feftins, 8c fe mêloit agréablement avec les rofes 5
8c dont l’autre infpiroit la trifteffe 8c la mélancolie,
par la couleur fombre de fes fleurs jaunâtres.
, . - .
ACHEENNE, furnom qu’on donna à Céres,
à caufe de la douleur qu’elle reffentit de l’enlèvement
de Proferpine fa fille. Céres Achéennt, c’eft-
à-dire, Céres la Défolée, Sà%oç, douleur.
On connoît deux temples confacrés à des déeffes
fous cette dénomination. Plutarque ( de Ißde &
Ofiride) dit que les Boéotïens en avoient un dédié
à Céres î 8c Ariftote ( Ub. de Mirabil. ) parle d’un
autre des Dauniens, ancien peuple d’Italie, où
l’on honoroit Pallas Ac^enne. Cette dernière divinité
n’avoit pas reçu le nom SAchéenne par la
même raifon qui l’avoit fait donner à Céres. Le
temple des Dauniens avoit fans doute été bâti par
Diomède 8c les Achéens 5 car Ariftote ajoute que
l’on y confervoit les armes de ce héros & de fes
compagnons. Ils y apportèrent auffi la ftatue de la
déeffe , qui reçut le.nom SAchéenne , du pays dont
ils étoient originaires.
A CH É E N S . A x .
Les médailles autonomes de ce peuple font :
C. en argent.
O. en or.
R. en bronze.
Le type ordinaire de leurs médailles autonomes
eft ax , en monogramme.
Ils ont fait frapper des médailles impériales ,
avec les légendes axaioic , axaiûn , en l’honneur
d’Antinous Sç de Verus.
ACHELOÉ, e’eft le nom d’une des harpies, à
qui ©n donne pour foeurs Aiope 8c Ocypête.
V. Harpies.
^ ACHÉLOUS, fils 'de l’Océan 8c de Th é tîs ,
étoit le dieu d’un fleuve de ce nom , qui couloir
entre PEtolie & l’Acarnanie. Î 1 combattit contre
Hercule pour la poffeffion de Déjanire, qui lui
avoir été promife en aaariage 5 8c voyant.que fon
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rival étoit le plus fo r t, il eut recours à la rufe î
il fe transforma en ferpent, croyant épouvanter
fon ennemi par d’horribles fiftlemens 3 mais le
vainqueur de l’hydre à cent têtes ne fit qu’en rire,
8c lui ferra la gorge avec tant de roideur, qu’il
alloit l’étouffer, \oxVqn Achéloiis fe métamorphofa
en taureau. Hercule le prit par les cornes, le ren-
verfa, & ne quitta prife qu’après en avoir arraché
une. Les nayades la ramaffèrent; 8 c quand elles
l’eurent remplie de fleurs 8c de fruits, elle devint
la corne d'abondance.
D’ autres difent que le fleuve, pour ravoir fa
corne, donna à Hercule celle d’Amalthée. Voyez
Abondance, Amalthée, Cor. d’Ab. V. auffi
Eschilades, Périmèle, Déjanire.
Les mvthologues-hiftorieris reconnoiffent dans
cette fable un prince qui iefferre le fleuve Achéloiis
dans fon li t , fupprime un bras du fleuve, 8c
porte par cette opération l’abondance dans les
campagnes.
Le bras du fleuve comblé eft évidemment,
félon eux, la corne arrachée 8c changée en corne
d'abondance.
Achélous. La plupart des antiquaires, difent
les auteurs des pierres gravées du palais royal,
ont pris pour le fleuve Achéloiis le boeuf à face
humaine, qui eft fi commun fur les médailles.
Pour foutenir cette fauffe opinion, il n’y a rien
que ne tente 8c que n’ofe le favant abbélgnarra;
(de Tahft. Neapolit., p. 238 <& feqq.) il change
un texte de la Tragédie desTrachiniennes ( in Tra-
chiniis prope ab initio ) , & prétend que le nom
d’Achélous ne convenoit pas feulement au fleuve
de l’Etolie, mais qu’il étoit propre en général à
toutes les eaux.
Us lui répondront, i ° . que la cofreétion du
texte de Sophocle n’eft nullement fondée 5 que
celle qui en a été faite par Cafaubon, & qu’il dit
, n’être pas admiffible, eft moins une correélion
que la leçon des manufcrits que ce commentateur
avoit fous les yeux. zQ. Quoique les poètes ayent
donné le nom d’Achélous à toute eau potable ,
parce qu’un roi àinfi nommé paffoit pour avoir en-
feigné le premier à mêler de l’eau avec le v in , ce
n'eft pas une raifon d’appeler de ce nom tous
les fleuves. 3®. La forme du fleuve Achélous
une fois déterminée fur les monumens, ne doit
plus varier 3 mais elle d oit, au contraire , être
toujours la même, particulièrement fur les médailles
de la contrée que ce fleuve arrofoit. O r ,
les médailles des peuples nommés (Sniades, qui
habitoient le pays fitué à l’embouchure du fleuve
Achéloiis , ont pour type une tête de vieillard
barbue , attachée à un cou 8c non à un corps
entier de taureau, & fes cornes qui paroiffent à
la naiftàncc du front, font prefqu’horifontales.
Sur des médailles d’Acarnanie, 8c fur celles de la
ville de Thyroeum, dans cette province, on voit
une tète d nomme, fans barbe, fur un cou de taureau
, avec une feule corne ( Golt% Numifm. univ.