
Four parler avec plus d’exaflitüde, il Faut re-
connoitre fous la dénomination de Bruno , une
«ccfle en courroux. C’eft pourquoi nous l’avons
vu plus haut appliquée à Hécate, qui envoie des
terreurs noélurnes. Tzetzès (/oco eitato) donne
aufii le meme nom Brimo à Proferpine. Enfin , la
colère dont Cérès fut faifie à la vue du rapt de fa
fille, 1 a fait auffi appeler Brimo par Arnobe (adv-
Genres 3 lié. r. p, lyo').
BRIQUES. Les premières briques dont on fe
fervit dans l’Orient, n’étoient pas cuites au four,
mais fîmplement féchces au foleil. De-là vint
ou elles ne réfiftèrent pas long-tems aux intempéries
de l’air. Quoique le ciel des pays orientaux
foit ordinairement pur, il y a cependant une fai-
fon de pluies; & c’eft elle qui, répétée plufieurs
milliers de fois, a détruit les briques de cette
efpece, dont étoient fabriquées les murailles de
Ninive, de Babÿlone, &rc. On n’ en retrouve aucunes
traces, parce que les débris mêmes de ces
murailles ont été décompofés par l’aélion alter-
»ative de Peau & de l’air.
Cette meme a&ion fervit en plufieurs occa-
“ °ps raPPort?es par Paufanias {lié. 8. p. 614.),
a faire prendre quelques villes grecques bâties
avec des briques fécfiéés au foleil. Les affiégeans
détournèrent des rivières , en dirigèrent le cours
contre les murs des affiégés, & réduifirent ces
malles de briques en boue délayée. Les Grecs
avoient bâti^ plufieur-s villes & ' temples avec ces
briques féchees ; & Paufanias nous a donné une
notice allez etendue des débris qu’il en avoit
vifites. C eft avec ces briques qu’ ils avoient conf-
truit les murs de Mantinée, ceux d’Eione , fituée
dans la Thrace fur les bords du Strymon , deux
temples de Cérès dans la Phocide, un périftile à
Epidaure, & un tombeau dans la ville détruite de
Lépréos, en Elide.
II paroït par les écrits de Vitruve (lib. 2. c. 3.) !
que la plupart des anciennes maifons de Rome &
des environs etoient confinâtes de briques féchées
au foleil ; & cet habile architecte n’a pas dédaigné
d’en enfeigner la fabrique.
On fe dégoûta par la fuite de matériaux qui
avoient une fi courte durée ; & l’on inventa l’art
de taire cuire les briques dans des fours. Cette
operation paroifloit d’abord plus difpendieufe ,
a. caufe du prix des combuftibles; mais la promptitude
du travail & la brièveté du te ms faifoient
plus que de compenfer ces prix.
A la terre deftinée à faire des briques cuites, les
Romains mêloientdu tu f pilé, connu aujourd’hui
en Italie fous le nom de fperone, qui eft jaunâtré,
& qui devient rougeâtre dans le feu. Cette couleur
fe retrouve encore dans le grain intérieur de
la brique. Deftinees à la conftru&ion des murs,
.es briques n’étoient pas épaiffes, mais fort longues.
Leur épaiffeur n’excédoit pas un pouce,
(huit ligues de France) tandis qu’elles avoient
1 jufqha trois & quatre palmes (dèux pieds & deux
pieds huit pouces de France) de fuperficie. Vitruve
parle de ces briques longues qui fervoient principalement
pour les voujfures. Voyez dans ce
Dictionnaire l’article Bipeda. On en voit même
de quatre pieds (de longueur.
Prefque toutes les briques tirées des conftruc-
tions antiques, portent des figles ou lettres initiales
de quelques noms. Le comte de Caylus
{Rec. ti l. p. 253.) en a cité une r entr'autres, qui
lui a fait naître de fages réflexions fur cet ufage
des conftru&eurs romains.
* « Ce fragment,'.dit-il, préfente la plus grande
portion d’une brique dont le moule portoit une
infeription difpofée de même. Ces attentions
pour des matières auffi viles en apparence,
frappent néceffairement l’efprit, & me conduifent
à des. réflexions que je ne puis m’empêcher de
communiquer. Il eft confiant qu’un homme curieux
& favant feroit à portée, s’il hahitoit la
ville de Rome, de recueillir les noms qu’on lit
I fur ces briques , & de raffembler, par ce moyen,
une fuite de magiftrats illuftres, par les foins
&-fous les ordres defquels on a conftruit ou réparé
plufieurs monumens célèbres. Leur conftruCtion,
liée à plufieurs événemens de l’Hiftoire Romaine,
rendrait cette fuite d'autant plus intéreffante,
que le plus grand nombre de ces bâtimens n’exifte
plus ».
ce On lit fur la brique qui m’a conduit à cette
réflexion :
IMCÆSNERTRAAUG.
EXIIGILMARCIANIS.
CCAL. PAVORIS.
Il faut compléter ainfî ces figles : imperator
CÆSAR NERVA TRAJANUS AUGUSTUS EX
FIGLINIS MARCIANFS C. CALPURN1I FAVORIS.
« Trajan a fait élever, & a réparé un fi grand
nombre de bâtimens, que l’on ne peut dire fi
fon nom eft mis ici comme celui de l’empereur
régnant , ou comme celui du prince qui ordon-
noit. Il paroït feulement que la fabrique Mar-
ciane, ou deMarcianus, étoit recommandable,
& que Calpurnius pouvoit être Edile, ou chargé
des çrdres du prince , pour l’éxecution du bâtiment
dont on voit encore cette petite partie. De
femblables inferiptions pourroient nous donner
des lumières fur des faits plus intéreflans. Quoique
cette brique ne préfente d’abord qu’un objet
de pure .curiofîté, elle ne laifle pas de nous
mettre à portée de .comparer la conduite des
anciens avec celle des modernes, par rapport à
la folidité des conftruéHons , qui pour l’ordinaire
ne dépend que de la bonne ou de la mau-
vaife condition des matériaux. »
« L ’attention qu’on donnoit à la fabrique, &
principalement à la cuiflon de la brique , prouve
la fâge fie des anciens. Le fentiirent attaché aux
idées de la pôftérité , s’eft établi dans Rome, dès
Je tems de fa fondation,par l’exemple,le fecoure&
les impreffions que les Étrufques en ont données
aux Rornains ; mais ces pratiques raifqnnables
régrvoient dans le monde long-tems avant l ’exif-
tence de ce nouveau peuple. J’ai rapporté dans
le premier volume de ces antiquités', une brique
égyptienne très-bien confervéè, & fur laquelle
«n a moulé une fort belle tête d’ifis. Un pareil
exemple , à dire la vérité , ne feroit pas à fuivre ; :
car cette magnificence eft abfolument en pure
perte ; mais les inferiptions dont les Romains
prenoient foin de les charger, nous montrent
que l’utilité publique étoit-regardée par les plus
grands perfonnages de l’Empire , avec une confédération
qui les empêchoit de fonger à la matière
, pour ne s’occuper que de l’objet, c’eft-
à-dire, de l’utilité. »
Le recueil des inferiptions publiées par Fa-
bretti, offre des recherches précieuses fur cet
objet.
Strabon dit que l’on fabriquoit à Pitané en
Myfîe, des- briques fi légères qu’elles nageoient
fur l’eau. On pourroic croire qu’ il*veut parler
ici de briques cuites , d’après l’analogie qu’il y
avoit entre-elles & les barques de terre cuite
dont fe fervoient encore les Egyptiens au moment
où ;cet écrivain voyageoit <ur le Mil.
BRIQUETAGE de Marfal. On trouve en fouillant
à une certaine profondeur, à Marfal• en
Lorraine; & aux environs , ce que -l’on appelle
communément briquetage. C’eft un amas de morceaux
de terre cuite rougeâtres, femblables pour
la matière aux briques cuites. Ils n’ont pas été
moulés ; mais on leu* .a donné en les pétrifiant
avec les mains , toute forte de formes bizarres :
les uns font des cylindres , d’autres des cônes
irréguliers, quelques-uns approchent de parallé-
lépidèdes. On en voit plufieurs où l’empreinte de
la main eft parfaitement marquée; prTobferve
auffi fur d’autres les empreintes d’un morceau de
bois qui a fervi à battre & prefier la terre. Les
plus gros morceaux de ce briquetage ont dix à
douze pouces de circonférence ; les autres d’une
moindre groffeur , ont toute forte de dimenfîons,
& quelques-uns font très-petits. Tous ces morceaux
jetés confufément. fur les marais fans mortier
ni chaux , avec la cendre & les autres
débris qui fe trouvent dans les fours à briques,
forment un maffif très-folide fur lequel les Romains
avoient fondé Marfal. M. d’Àrtézé a décrit
avec foin cette ancienne & fingulière conf-
truftion.
BRIS. Le droit odieux de s’approprier les effets
des malheureux que la tempête fai foit échouer
fur les côtes , étoit exercé par les Gaulois , qui
regardoient tous les autres peuples’comme leurs
ennemis, & qui immoloient à leurs divinités les
étrangers jetés fur leurs bords. Les Romains
devenus maîtres des Gaules, abolirent le droit de
bris ; mais les pillages que les pirates Normands
exerçoient furies provinces maritimes des Gaules,
le firent rétablir. La religion chrétienne contribua
dans plufieurs provinces à fon abolition , comme
nous l’apprennent les aétes de quelques conciles.
BRISÉIS, eft fameufe dans l’hiftoire, poétique,
par l’amour qu’elle infpira au valeureux Achille.
Son véritable nom étoit Hyppodamie : Briféïs
étoit ce que les grammairiens appellent un nom
patronymique; c’eft-à-dire, formé-de celui du
père. Cette femme célèbre devoit le jour à Bri-
féus, ou.Briféis. Suivant Homère, elle étoit
femme de Mynès, roi de Lyrnefie ; & elle tomba
au pouvoir d’Achille, lorfque ce héros eut pris
cette ville, & qu’il eh eut tué le roi. D’autres
auteurs difent que c’étoit Faétion qui étoit roi de
Lyrnefie, & mari d’Aftynomie , fille deChrysès,
quand Achille prit cette ville. Ils ajoutent qu’ a-
près cette conquête , Achille alla attaquer Pédafe,
ville des Lélégons , où- regnoit Brises , & qu’ il
prit Hyppodamie fa fille.Quoi qu’il en foit, Achille
l’emmena dans fa tente , & l’aima tendrement :
elle s’étoit même flattée qu’il l’emmèneroit en
Thefialie pour l’époufer. Mais Agamemnon l’enleva
à Achille , comme on le dira au mot Ch r y -
seis ; & cette infulte fut caufe qu’Achille cefla
de combattre les Troyens. Ces deux héros Grecs
fe réconcilièrent enfuite, & Agamemnon offrit
beaucoup depréferts à Achille , lui rendit Briféïs,
& lui jura folemnellement qu’ il ne lui avoit pas
fait partager fa couche. Ovide n’en croyoit rien ,
& il aflure qu'Agamemnon s’étoit confolé avec
elie de l’abfence de Chryféïs. Tous les auteurs ont
parié de Briféïs comme d’ une très-belle femme.
On,ne fait ce qu’elle devint après la mort d’Achille.
V o y c [ A chille.
BRISEUS , Bacchus fut ainfî nommé , ou
; du nom de la -Nymphe Brifis , qui fut fa.
nourrice , ou de l’ufage du miel & du vin qu’ il
trouva le premier. Car bris , en Phénicien, figni-
fioit doux, agréable; ou parce qu’il avoit un
temple à Brifa, promontoire de rifle de Lesbos.
Muratori ( Thef. infer. yyo. 3 .) rapporte une
infeription grecque trouvée a Smyrne , dans laquelle
Bacchus eft défigné fous le nom de Bac-
ckus-Briféus.
BRISIS, Nymphe qui fut nourrice de Baci
chus furnommé Briféus à caufe d’elle.
BRITANNICUS, fils de Claude & de Meflaline.
C lau d ius Br ita n n icu s Cæ s a r .
Ses médailles font :
O. en or & en argent.
RRRR, ou peut-être unique en P. B. latin
avec la qualité d’Augufte ; dans le cabinet de
Pellerin.
RRRR. en G. B. grec.
On en connoït trois revers différens.
RRR. en M. B.