travers, & ne confervèrent qu’à peine le fouvenir
de fon premier principe. Les boucliers qu’on
offrit dans la fuite des temps, confervèrent, il
eil vrai, la forme circulaire j ils étoient com-
pofés des plus riches métaux, & travaillés avec le
plus grand foin j mais l’ennemi ne les avoir jamais
portés. Il paroît que le marbre a été employé
à ce même ufage > mais les boucliers votifs
de cette matière font très-rares, même avec des
buftes ou des portraits. Voye^ C l u p e u m .
On appendoit les boucliers votifs dans les endroits
publics & dans les édifices confacrés aux
dieux, foit qu’ils fufifent publics, foit qu’ils
fi lient partie des édifices particuliers. Pline dit
qu’Appius Claudius confacra le premier à Rome
des boucliers votifs , l’an 259 de Rome : Suorum
clypeos in facro, vel publico loco privutim dicare
primus inftituit Appius Claudius, qui conful cum
Servilio fuit, anno ab U. C. 259. Pofuit enim
in Bêlions, tt.de majores fuos , placuitque in excclfo
fpcElari, & titulos honorum legi. Décora res,
utique Ji liber or um turba parvulis imaginibus ceu
nidum aliquem fobolis pariter oftendat : quales
clypeos nemo non gaudens favensque afpicit, (3 y.
3. ). Par les mots titulos honorum, Pline indique
les inferiptions que l’on plaçoit fur les boucliers
Totifs ou au-defious , & qui apprenoient les
noms de ceux qui les offroient, & de ceux en
l’honneur defquels on les confacroit. C’eft ce
que nous apprend ( de légat, ad Caium. p. 103 3. )
Philon, lorfqu’il décrit les boucliers votifs offerts
par Pilate en l’honneur de Tibère dans le palais
d’Hérode , & qui, fans être chargés d’aucun portrait
, étoient accompagnés d’une infeription appelée
titulus par les Latins.
Les édiles P. Claudius & P. Sulpitius Galba,
firent fabriquer, avec l’amende à laquelle ils
avoient condamné les marchands de bled monopoleurs
, douze boucliers dorés, & les placèrent
dans le capitole. Ce fut auffi dans le temple
du capitole , âu-deffus des portes , que Q.
Marcius attacha le portrait d’Afdrubal , qu’il
avoit trouyé parmi les dépouilles des Carthaginois
vaincus en Efpagne. Ce bouclier votif
périt dans le premier incendie du capitole.
Ces confécrations des boucliers votifs étoient
accompagnées de cérémonies religieufes, de jeux
& de reftins publics. Nous l’apprenons de plu-
fieüi's inferiptions antiques, & fur-tout de la
fpivaflte ( Gruter. 441..«. 7 .) :
NESTORI
AUG. NEPETB
HIC. LUDOS. FECIT.
ET. DEDICATIONE
STATUAE. PATRONI
QU A M. IPSE. POSUIT
«T. CLYPEI. SUI. ITERUM
MUNICIPIBUS. NEPESINIS
EPULUM. DEDIT.
Ce feroit ici le lieu de parler du bouclier de
Sc ip io n , ( Voye£ ce mot. ) qui eft confervé à la
bibliothèque ’du Roi. 11 feroit un véritable bouclier
votif s s’il repréfentoit la continence àz ce
héros- , Winckelmann refufe d’y reconnoître ce
beau trait de la vie de Scipion. C’eft pourquoi
nous n’en ferons mention qu’à fon article particulier.
Nous n’avons pas la même raifon pour
taire un fccond bouclier de la même collection,
qui eft d’argent & prefque de la même grandeur.
Ce bouclier paroît être votif, 11 eft rond & ne
porte d’autres figures que celles d’un lion <te
d’un palmier fculpté dans fon milieu, in umbone.
Le refte du champ eft rempli par des traits d’or-
nemens vagues & indéterminés.
Voici un exemple de l’ufage des boucliers votifs
, confervé en Angleterre long-temps après
les Romains. Aeduwen mea gagehy. O Drihten
-drihten hine a Woerie the me hire oet ferie buton
hyome felle hire agenes willes. Cette infeription
danofaxone eft gravée fur la circonférence d’un
bouclier d’argent 5 Hickes ( Dijfert. epiftolaris.
p. 187. 188.) l’a traduite ainfi en latin : O Domine
, domine, ilium femper dzfende, qui me fecunt
circumgeftaverit : illi vota fua concédé. Ce favant
Anglois prend ces paroles pour une forte d’enchantement
magique , & avoue qu’il n’entend'
pas les trois premiers mots. Mais en les rapprochant
de ce qu’il dit dans fa grammaire C voL 1.
p. francothéoftique, on peut leur faire lignifier
: Eduven ma gagné dans le combat.
Ce bouclier fut découvert’ en Angleterre fur
la fin du dernier fîècle , avec cinq anneaux d’or
d’un grand prix , cent pièces d’argent frappées
fous le règne de Guillaume-le-Conquérant, &
un plat de même métal. Hickes conjeéture que
ce tréfor aura été caché en terre par quelque
feigneur Anglois qui, fouffrant impatiemment 3a
domination du monarque normand, !è fera retiré
dans les marais de l’ifle d’E l i, après s’être
révolté contre fon fouverain.
Les Romains appeloient clupeum un portrait
en bronze ou autre métal, qui étoit rond, &
que l’on confacroit dans les temples. Tl faut le
diftinguer du clypeus, lorfque celui-ci fignifie un
bouclier dont il avoit la forme. Les portraits des
empereurs qu’on attachoit aux enfeignes militaires
depuis la pointe jufqu’au milieu de lahafte,
étoient des clupeum. On convient cependant que
l’on confondit quelquefois les deux mots, &
qu’ils furent employés indifféremment pour exprimer
ces efpèces de médaillons.
On trouve dans les magafins du cabinet de
Portici, une grande quantité de petits buftes en
bas-reliefs, appliqués fur des champs ronds,
comme le feroit celui d’un bouclier : ces buftes
pouvoient être attachés contre un mur ou en
quelqu’autre endroit, par le moyen d’un crampon
qui y étoit fcellé ; & leur reflerablance avec
la figure d’un bouclier les faifoit appeler clupeum.
On en trouve qui représentent des têtes d’empereurs
& d’impératrices ; & loft en voit deux
entr’autres, mais en marbre & de grandeur naturelle
, dans la vigne Altieri, & un dans le capitole.
\ . , 1»
Une infeription grecque nous apprend que 1 on
faifoit graver fur des médaillons les portraits
de ceux que l’on vouloit honorer. On y lit :
rPAIITANTE EN OINÛ EN KPISO, un portrait
peint ou gravé fur une arme en or. Cette arme
devoit être un bouclier, feutis , dit Pline ( 3 y.
c. 3') qualibus apud Trojam pugnatum eft, cun-
tinebantur imagines y unde & nomen habuêre cly-
peorum.
Les Romains adoptèrent cet ufage ; le Sénat
décerna à Claude-le-gothique un bouclier d’or,
fur fequel étoit gravé fon portrait, dit Trebellius
Pollion: Clypeum aureum Senatûs totius judicio
in romand curia collocatum eft , ut etiam nunc vi-
detur exprejfa thorace vultûs ejus imago.
Macrobe (Sat. 1. 3.) appeioit ces portraits,
fur des médaillons , clypeau imagines , & il rapporte
à leur fujet un bon-mot de Cicéron qui,
voyant dans une province un grand portrait en
bufte de fon frère Quintus qui en avoit été gouverneur,
& dont la taille étoit au-deflous du
médiocre , s’écria : la moitié de mon frère eft ici
plus grande que ne l’eft fa perfonne entière:
Cum in ea provincia , quam Q. Cicero frater re-
xerat, vidijfet clypeatam imaginem ejus , ingen-
tibus lineamentis ufque ad peüus ex more piftam
( erat autem Quintus ipfe ftaturâ parvâ ) ait :
frater meus dimidius major eft quam totus.
Bo u c l ie r de Scipion. Voyeç Sc ip io n .
Bo u c l ie r fur les médailles.
Les peuples du Péloponèfe gravoient fur leurs
boucliers la première lettre de leurs noms, afin
de fe diftinguer dans les combats. Ils ont fuivi
cet ufage fur leurs médailles, car on n’y voit
fouvent qu’um monogramme formé par les deux
premières lettres de leurs noms.
Bo u c l ie r Béotien fur les médailles. Ce bouclier
eft oval, avec deux échancrures vers le
milieu. On en voit un fculpté dans les ruines
du temple d’Apollon à Amyclée 5 il eft gravé
fur les médailles des Béotiens, des Thébains,
de Tanagra , de Thefpiæ.
Bo u c l ie r s fur les fceaux.
. Dans les médailles poftériéures aux Antonins ,
rien de plus ordinaire que de voir des empereurs
tenir de la main gauche un bouclier orné
de diverfes figures , & du monogramme de
J- C. depuis Conftantin. Le bouclier marque ici
la protection que "les princes doivent à leurs
fujets. Il fut placé par la même raifon fur
quelques Tceaux de Louis-le-débonnaire , de
Charles-Ie-gros & de Louis YII. On le voit ordinairement
dans les fceaux des empereurs d’Allemagne
, depuis Conrad I jufqu’à Othon I , &
dans ceux des grands-feigneur s de Languedoc ,
de Bretagne & de Lorraine. Heineccius a décrit
les différentes formes de cette arme défenfive.
Ce favant obferve qu’on l’attachoit au cou avec
une chaîne ou une courroie, pour ne le pas
perdre dans le combat. Il ajoute que la variété
des images & des peintures dont le bouclier étoit
orné, a donné naiffance à l’écu dans les armoiries
& à tout l’art héraldique. Nouvelle diplomatique.
BOUGIE. Quoique les anciens fe ferviffent
habituellement d’huile pour s’éclairer pend?nr la
nuit, comme nous l’atteftent l’immenfe quantité
de lampes antiques découvertes en tous lieux,
& les beaux candélabres d’Herculanum deftinés
à porter ces lampes $ il eft cependant certain
qu’ils employoient auffi la cire au même ufage ,
& qu’ils fe fervoient de bougies. Plaute y fait
allufîon C Curcul. 1 . 19. ) :
Tute tibi puer es , lautus luces cereufti.
Martial en fait une mention expreffe dans le
^vers fuivant ( xix. 42. ) :
Hic tibi noaurnos prsftabit cereus ignés.
Plutarque ( Qu&ft. roman. 3. ) dit que les flambeaux
portés dans la cérémonie du mariage
par des enfans ayant père & mère , étoient de
cire. Les flambeaux qui brûloient dans les facri-
fices & autour des cadavres, étoient auffi faits
avec de la cire étendue fur des cordes où fur
des feuilles de papyrus. Nous l’apprenons de
Servius ( Æneid. v. 731. ) : Funalia a funibus ,
qui intra ceram funt : hos ante ufum papyri cerâ
circumdatos habebant. Suétone ( Jul. 84. n. 63 )
dit que deux fa&ieux brûlèrent un cercueil avec
les torches allumées qui l’entouroient : Leclum
repenti duo quidam gladiis fuccinÜi fuccenderunt
ardentibus cereis. Mais ce n’étoit pas feulement
des torches de cire dont on faifoit ufage dans
les funérailles , on y portoit auffi des torches
de bois réfineux , appelées proprement faces.
C’eft pourquoi Sénèque réunit toujours ces deux
combuftibles, cerei & faces, lorfqu’il parle des
funérailles ( Epift. 122. ) : IJli mihi defunBorum
loco funt : quantuliim enim a funere abfunt, &
quidem acerbo , qui ad faces & cereos vivant ? &
( de Tranquill. c.' il. ) toties in vicinia mea con-
clamatum eft y toties pr&ter limen immaturas ex-
fequias fax cereufque pr&cejftt. Et ( de B revit, vit.
c. 20. ) ut mehercule iftorum funera , tanquam
minimum vixerint , ad faces & cereos ducenda
funt.L
e cruel Néron ajoutoît à la rigueur des
fupplices qu’il faifoit infliger aux criminels , la
derifîon la plus révolante. II fe fervoit de ces
malheureux pour s’éclairer pendant la nuit en
guife de torches ; c’eft-à-dire, qu’après les avoir
cloués à un poteau, on les revetiifoit d’une