
de Sicile & Quinte-Curce le difent formellement. I
Alexandre prie, félon le premier hiftorien, le
diadème des Perfes ; & félon Quinte-Curce, le I
diadème pourpre orné ae blanc. Le diademe , ou
plutôt le bandeau royal ordinaire , étoit donc
blanc j & celui des Perfes, que le vainqueur de
Darius y joignit, étoit de pourpre. j
Le bandeau royal, appelé ordinairement diadème
, étoit une bandelette tiffue de fils de laine ou de
fo ie , dont lés extrémités nouées derrière la tete,
tomboient fur le col & fur les épaulés. Les rors
s’en ceignirent dans les premiers tems, & avant
que de porter les couronnes. Il '.‘toit fïmple ,
blanc, pourpre, ou violet. La couleur blanche
y- paromoit cependant affeCtée d’une manière
plus fpéciale j car Pline { v in . 21 JJ, voulant
déligner des marques blanches qui étoient empreintes
fur la tête d'un lerpent de la Cyrénaïque,
les compare au bandeau royal : Candiaa in capite
macula , ut quodam diademate , infgnem ; & ailleurs
(xi. 16.) : In fronte macula, quodam diademate
candicans.
Le bandeau royal étoit quelquefois pliiïe, non
dans le fens de fa longueur., mais dans le féns
• oppofé, tel que l’offrent d’une manière exagérée
quelques figures égyptiennes. Tacite fait mention
de ces plis ou rides {Annal, vu 37. 2.) : Nuntia-
vere accola, Euphratem nullâ imbrium vi [ponte in
immenfum M o l l i fimul inalbentibus fpumis , in
modum diadematis,» Jînuare orbes• Sapor, roi des
Perfes, portoit, en guife de bandeau royal, une
repréfentation de tête de bélier d’o r , ornée de
pierreries (.Ammian x ix . I . ) : Aureum capitis
arietini figmentum , intcrftinlium lap i ll i s pro diademate
geftajfe Saporem. Les empereurs grecs Je
chargèrent de broderies d’o r , de 'pierres pré- '
chutes & de perles. (Curopalate de Offic. aula
Confiantinop.p. ioo). On le plaçoit ordinairement
fur les cheveux, de maniéré a laifîer le front &
la naiffance même des cheveux découverts. . . j
Les rois perfes ajoutèrent le bandeau royal a j
leur cidaris & à leurs thîares 5 comme on l’ajouta 1
depuis aux couronnes. Les rois parthes qui fe
faifoient appeler rois des rois, portèrent un bandeau
royal double. Les rois de Macédoine le portèrent
olanc jufqu’ à Alexandre, (L uc ien , dial.
Diogen. <5? Alex.) qui y ajouta le bandeau pourpre
de Darius. On voit le bandeau royal fur les médailles
des rois de Syrie, d’Egypte, du Pont, de
Eithynie, de Thrace & des autres rois d Alie.
Sur la médaille de Trajan, qui porte pour légende
REGNA ADSIGNATA , cet empereur donne
le bandeau royal au roi d Arménie.
Les reines portoient aufli le bandeau royal. La
tête de Jotape en eft ornée fur les médailles de
Commagène. Ce fut avec fon bandeau royal que
la vertueufe époufe de Mithridate, Monime,efTaya
de fe donner la mort.
La haine que les Romains, du tems d elà république,
avaient pour h nom de roi^ s’éteadit
jufqu’à la marque de la royauté, le bandeau royal.
Un certain Favorin repre choit à Pompée de ce
qu'il portoit autour des cuifles des bandes blanches
qui reffembloient au bardeau royal : il n importe,
difoit-il, ( Val, Max. v i.zy . j fur quelle
partie du corps cette bande foie placée ; c’eft: toujours
un bandeau royal : Non refeit qua in parte
corporis fit diadema. Quoique Pompée alléguât
pour exeufe une bîeffure qu il avoir à la cuslfe,
cependant Cicéron avouoit dans une lettre à
Atticus { il. 3 .) , que fes yeux étoient choqués de
cette affeéhtion de la royauté: Etenim miki ejus
caligs. , vel fafci& cretat non placebant.
Les premiers empereurs romains évitèrent foir
gneufement de porter un ornement dont la vue
biefioit les- yeux de .leurs lujets > ils fe couronnèrent
fimplement de laurier. Caligula eut envie
d en ceindre fa tête ; mais on voit dans Suétone
Ce. i z . n.. 3.) que, mieux confeiUé, il n’exécuta
pas ce dangereux de (Te'in. Elagabale s’en paro.it
quelquefois dans l’intérieur de fon palais , comme
Géfar l’avoit fait pendant les Lupercales (Dion.
44.) ; jamais cependant il n’ofa le porter en public.
Aurélien fut le premier {Aurel. Victor. Epit.
c. 33. /z. 3.) qui parut en public avec le bandeau
royal, & un habit'tilfu entièrement d’or & de
pierres précieufes, comme les rois des Barbares:
Ifte primas apud Romanos diadema capiti innexuït3
gemmifque & aura ta omni vefte ufus eft; quod ad hue
fere incognitum romanis moribus videtur. Ses fuc-
ceffeurs l’imitèrent prefque tous 5 cependant cet
ornement royal ne devint commun & ordinaire
que depuis Conftantin. On .voit fur les médailles,
depuis cette époque, les empereurs &T les impératrices
parés du bandeau royal orné de perles ,
de diamans , même à double rang.
Ces princes le portèrent quelquefois n’étant que
Céfars. Eufèbe l’attribue à Confiance-Chlore 0
lors même qu’il étoit encore Céfar. On le trouve
fur quelques médailles de Julien-Céfar, quoiqu'il
ne le portât pas toujours depuis, étant devenu
empereur. 9 .
Pline (v u . §6 .) attribue à Bacchus l’invention
du bandeau royal ou, diadème ; Liber Pater. . . .
idem diadema Regum infigne itivenit. Voyez DIADEME.
BANDELETTE. Les bandelettes placées fur
le front & autour de la tête des ftatues, ne délignent
pas toujours des rois. Si l’on en pouvoit
diftinguer là couleur, & la reconnoître pour la
couleur pourpre, affe&ée au diadème des princes,
la queftion feroit décidée. C’eft de cette couleur
qu étoit le bandeau royal offert par Minerve à
Paris, pour délîgner la fuprêrae puiffance qu’elle
lui offroit. '
On ceignoit le front des vainqueurs aux jeux
Olympiques , 'd'une bandelette rouges. La victoire
que portoit fur fa main droite la ftatue de Jupiter-
Olympien en Elide, ouvrage de Phidias, avoiri
félon Paufaaias , une couronne & une bandelette.
Elle
Elle tenoit fans doute cette bandelette. Le même
auteur parle de la ftatue d’un vainqueur aux jeux
Olympiques , qui avoit aulfi dans la main une
bandelette ; & de la ftatue d’Hi’ppodamie, placée
dans le ftade d’Elis, qui tenoit une bandelette,
comme pour en ceindre Pélops.
Bandelette. Il faut bien diftinguer du bandeau
royal cette bandelette que l’on voit fouvent
fur la tête des philofophes & des poètes., fans
qu’on la trouve jamais fur ce grand nombre de
têtes d’empereurs qui fubfiftent encore. Les éditeurs
des monumens d’Herculanum l’ont reconnue
en conséquence pour un attribut des littérateurs
& des philofophes. Un tombeau étrufque (Maf.
Etr. tom. 3. tav. 44.) nous offre une école de
philofophes qui portent cette bandelette pour la
plupart. Voyeç Diademe & Ba*ndeau royal.
Les poètes ont fouvent fait dans leurs vers
allufion à ces bandelettes blanches, qui fembloient
être leur attribut diftindtif. Stace (Sylv. i l . 1.16.):
Et nunc 3 *heul vittis & frontis honore Joluto ,
Infauftus vates.
Le même poète dit dans l’Achilléide (/. 2 . ) :
Nee mea nunc primis albefeunt tempora vittis.
On confondit dans les premiers tems les poètes
& les devins , ou interprètes des dieux, vates ;
mais ces derniers étoient couronnés de laurier &
de bandelettes entortillées autour de leurs couennes.
Stace (Theb. n i . 466.) :; ' 7
Hue gemini vates fanEham çanentis olivA
F rónde comam3 &n ive is ornati tempora v ittis .
Virgile (Æneid. n i . 80.) :
Rex AniuSj rex idem kominum , VhoebiqueJacerdos
Vittis , & facrâ redimitus tempora lauro.
Les prêtrefies étoient aufii couronnées de bandelettes.
Juvénal (Sat. vi. 30.) parle de celles des
prêtreffes de Cérès :
PaucA adeb Cereris vittas contingere dignA.
Il faut diftinguer les bandelettes des prêtres de
Y infula 3 qui s’attachoit avec des bandelettes.
Les ftatues des dieux étoient ornées de bandelettes
. y (Georg. i l . 1 6 8 . ) :
Corripuere facram efftgiem, manibufque eruentis
Virgineas auftn diva contingere vittas.
Les fupplians portoient dans leurs mains des_
bandelettes 3 comme ceux qui demandoient la paix
. portoient des rameaux d’olivier. Virgile (Æneid.
Y11. 2 3 < j ; | ï * ? \
Né temne, quod ultro
P r e f irimus manibus vittas, ac verba prçcantâm.
Antiquités , Tome I,
B A N
Horace (Od. n i . 14. 3.):
Unico gaudens mulier marito
Prodeat, juftis operata divis i
Et foror clari ducis, & décor A
Supplice vittâ.
On entouroit de b a n d e le t t e s les autels ( V v y e ^
A u t e l . ) &: les portes des temples. Properce
( i v . 10 1 6 . ) :, v
Impuné & nullis facra retecta viris ,
D é v i a p u n ic eA v e la b a n t l im in â v i t tA .
Les viétimes que l ’on offroit aux dieux étoient-
ornées de bandelettes. Stace (Achilleid. i l. 300.) :
Vittatâ genitrix placata juvenca eft•
Virgile (Æneid. i l. 136.) :
V i t tA q u e d eum , q u a s h o f t ia g e jji.
Dans le deuil & la douleur, les prêtre's &
tous ceux qui portoient ordinairement des bandelettes
, les arrachoient. Stace (Sylv. i l . 1. 26.) :
E t nunc 3 heu! vittis & frontis honore foluto y
Infauftus vates vexo mea pectora tecum.
Le même poète dit ( T h e b a id . x i. 7^0.) :
Sed vittis exuta comam, fraternaque bella,
Ceu foror infelix pugnantûm , aut anxla mater y
Deflebat.
Les b a n d e le t t e s facrées des prêtres, des victimes,
& c . ne doivent pas être confondues avec:
celles qui fervoient ordinairement aux femmes
à relever & à nouer leurs cheveux. Martianus
Capella dérive leur nom v i t tA de cet ufage de lier
les cheveux : V i t tA f d n t , quA c r im b u s in n e f tu n tu rM
q u ib u s f lu e n t e s r e lig a n tu r C a p i l l i , & v i t tA diett. ,
q u o d v in c iu n t . Les filles portoient des b a n d e le t t e s
très-fimples ( V a l e r . F la c c u s v in . 6 .) :
Ultima virgineis tune flens dédit 0feula vittis.
Stace dit qu’Ulyffe, déguifé en marchand, pré-*
Tenta, entr’autres ornemens de filles, des b a n d e-
hl e t t e s à Achille déguifé. Le même poète parle
(ÀchilL 1. 611.) d’une jeune fille qui relevoit fes
cheveux avec une b a n d e le t te de pourpre :
C i n x i t p u r p u r e i s f la v e n t ia tem p o r a v i t t i s .
Les femmes .mariées portoient fans doute des
bandelettes plus larges, plus riches & plus ornées ;
car elles fervoient à les faire diftinguer des filles.
(Tibull. g H g
Sit modo cafta doce3 quamyis non vitta ligatos
Ipipcdiat crûtes*