
»88 A R I
homme n’eft point Pétus. Condamné à s'ouvrir
les veines j il attendit l'exécuteur, & n'eut pas
le courage de fuivre l’exemple de fa généreufe
époufe. Au furplus , on ne trouve dans aucun
hiftorien qu’ il y ait eu des ftatues élevées en l'honneur
de Thrafea & d’Helvius Pri feus, qui avoient
confpiré contre Néron, quoiqu’ils fuffent révérés
comme des demi-dieux par les partifans dé la
liberté : il n’eft conféquemment pas croyable que ;
Pétus ait joui de cet honneur fingulier. Voilà i
donc tout fujet tiré de l’Hiftoire Romaine, exclus
rigoureufement.
Maffei fe rappelant que Pétus ne s’étoit pas
tue avec le poignard qu‘Arie lui avoit préfenté,
fp fervit de cette jufte obfervation pour rejeter
I ancienne & faulfe dénomination du grouppe de
la Villà-Ludovifi. II a eu recours à Thiftoire de
Mithridate, dernier roi de Pont, pour lui en
donner une nouvelle. Cet écrivain penfoit que
l’homme nud repréfentoit l’eunuque Ménophile,
auquel ce roi avoit confié Dérétine, fa fille, malade
, & qui fe tua après avoir poignardé la prin-
celfe pour la fouftraire à la cruauté & à la violence
de l’ennemi. Cette explication de Maffei
n*eft pas plus heureufe que la première j car fon
J^fendu eunuque offre tous les caractères de la
virilité, & en particulier, une barbe très - prononcée.
Gronovius a approché davantage de la vérité,
en reconnoiffant pour le fujet de ce grouppe
l'hiftoire fabuleufe de Macarée, & de fa foeur
Canacée, en fans d’Eole> roi des Tyrrhéniens. Ils
brûloîent l’un^pour l’autre d’une flamme incef-
tueufe ; & leur père, inftruit de cette paflion
odieufe, les obligea de fe tuer, félon Hygin.
Winkelmann eft d’accord avec lui fur Canacée ;
mais il refufe , avec raifon, d’admettre l’homme
nud pour le fils d’Eole. C’eft plutôt un des
gardes de ce roi qui porta à Canacée une épée
dont elle devoit fe percer pour expier fon incefte.
II eft certain que fa figure mâle & auftère ne peut
convenir à Macarée, qui étoit un jeune homme;,
ni à aucun héros de l’antiquité ; parce qu’on ne
trouve point de nobleffe dans fa phyfionomie,
& que la barbe placée fur la lèvre fupérieure,
comme la portaient les captifs barbares s y ajoute
encore un caractère plus ignoble. On vo it, au
contraire, que l’artifte s’eft étudié à cara&érifer,
par la férocité des traits & par la force du corps,
un garde, efpèce d’hommes que les anciens re-
préfentoient ordinairement comme des foldats .
farouches & infolens. (Suidas. Ayypus). Le Bas-
relief de la Villa-Pamphili, qui nous offre la fable
d’Alopé, préfente les gardes du roi Cerçyon avec
des airs de tête femblables., & fans aucun vêtement.
Cette heureufe & favante explication de Win»-
kelmann eft encore prouvée par les traits de la
femme ; car fes cheveux font unis & fans boucles
comme çetpc des femmes étrangères qu offrent les ,
A R I
anciens monumens ; & de plus, la frange de foa
vêtement indique une perfonne qui n’étoit pas
née dans la,Grèce. Peut-être feroit-elle portée
jufqu’à l’évidence, fi l ’on n’avoit pas perdu la fia
de l’hiftoire de Canacée ; malheur qu’elle partage'
avec Alopé. Tout ce que nous favons de la première
, èft tiré de la notice fuccinéte d’Hygin, 8c
de l’épître que Canacée adreffe dans Qvide à fon
frère Macarée, dans laquelle cette malheureufe
princeffe lui apprend qu’Eole lui a envoyé par un
de fes gardes une épée dont la deftination lui eft
connue, 8c dont elle fe fervira pour abréger fes
jours : ‘
Interea patrius vultu moerente fatelles
Venit, & indignos edi dit ore forios :
Æolus hune enfem mittit tibi : tradidit enfem
Et jubet ex merito jcire quid ifte velit. '
Scimus ,* & uternur violento fortiter enfe :
Pèttoribus condam doua paterna meis.
Comme cette lettre a précédé fa mort, &
qu’aucun autre écrivain n’a fait mention du garde,
no peut conjecturer par l’infpeétion de ce grouppe,
-que le foldat n’étant pas inftruit de l’objet de fa
miffion, remit d’un air trille j vultü. moerente,
la fatale épée à Canacée,- & qu’il s’en perça en
voyant l’ ufage qu’elle en avoir fait.’ Le monument
Supplée en cette oceafion unique au
filence des mythologues , comme la fable
donne ordinairement la folution des difficultés
qu’offre l’explication des monumens antiques. Au
relie, ces deux figures font de la plus belle exécution
, ite dignes des plus beaux jours de la fculp-
ture grecque.
Ar ie , femme de Milet. Voye^ Milet.
ARIMANE, étoit une des divinités adorées
par les Perles, félon la théologie de Zoroaftre.
Il étoit le principe du mal, comme Oromaze étoit
le principe du bien. Quelques anciens philofophes
aflocioient Mithra à ces deux principes, pour
gouverner l’univers.
ARIMASPES. On a publié tant de fables fur
les Arimafpes , qu’on eft en droit de révoquer en
doute leur exi lien ce. On eft enèore incertain fur lia
contrée qu'ils habitoient. Les uns les placent en
Afiej d’autres en font un peuple de la Sarmatie,
qui confinait au pays des Hyperboréens. Ce qui
fait pré fumer, avec raifon, que ce peuple n’a été
enfanté que par l’imagination, c’eft que les individus
qui le compofoient n’avoient, difoit-on ,
qu’nn oeil au milieu du front, & qu’étant voifins
des griffons, ils leur faifoient une éternelle guerre.
On affuroit que ces animaux fabuleux, guidés par
un inftind particulier, fouilloient dans les entrailles
de la terre pour en tirer'de l’o r , des pierres
précieufes, .& qu’ils auroient plutôt perdu la vie
que d’abandonner leur proie.
Tous ces contes puérils ont été accrédités autre*
fois par le témoignage des écrivains d’un très-grand
poid^
A R T
poids, tels que Pline, Pomponius Mêla, Strabon,
Paufanias & Soîin. La plupart d’entr’eux reculent
l’exiftence des Arimafpes jufqu’à l ’origine des
fièçles. Diodore de Sicile fe u l, affine qu’ils for-
moient un corps de nation au tems de Cyrus,
roi de Perfe, qui leur donna, par reconnoifiance,
le nom a Evergètes ou bienfaifans. L’armée de
ce prince éprouvoit l’horreur de la plus cruelle
famine, & fes foldats étoient près de fe dévorer
les uns les autres, lorfque les Arimafpes, touchés
de cette affreufe détreffe, leur envoyèrent trois
mille chariots chargés de bled. Diodore nous dit
aufli qu’ils fubfiftoient encore au tems d’Alexandre-
le-Grand, qui les fournit à fon empire. Etienne 1
de Byzance cite un ancien auteur qui en avoit
fait fou vent mention, & qui les plaçoit autour
de la forêt d’Hercynie.
Ceux qui n’ofent contredire des antiquités fi
impofantes, ont entrepris de démêler toutes ces
fables, & de déchirer le voile qui cachoit la
vérité. A l’aide des étymologies, ils ont fait dif-
paroïtre l’abfurdité de ne donner à tout un peuple
qu’un feul oeil au milieu du front. A r i, en langue
feythe, fignifie l’unité, 8c mapfos défigne l’oeil ;
ainfi, en décompofaht le mot, ôn trouve l’origine
du nom de borgne, qu’on donnpit aux Arimafpes.
D’autres, fans recourir aux étymologies,
ont vu la réalité dans la figure. Les Sarmates
étoient armés de la lance 8c du boucliér. Les
Arimafpes, au contraire, ne fe fervoient que de
l’arc & des flèches; 8c pour diriger plus fûrement
leurs coups, ils fermoient un oe il, & tenoient
l ’autre ouvert. Ce fut de cette coutume qu’ils
acquirent la réputation d’être borgnes. (Cet article
eft de M. Turpin ).
On voit dans la defeription des pierres gravées
du baron de Stofch, celle d’une cornaline, fur
laquelle un arimafpe combat un griffon qui garde
les mines d’or de la Scythie. Contre la tradition
fabuleufe, il a deux yeux. Son bouclier reffemble
à la pcite, bouclier des Amazones.
ARI MINIUM, en Italie, a r im i & a r im n o .
Hunter poffédoit une médaille autonome de
bronze, .que M. Combe attribue à cette ville.-
Eckel en a cité quelques autres : elles font R RR.
ARIOBARZANE , Fhiloromoeus I , roi de
Cappadoce. b a s ia e&s . apiojbapsanot.
Ses médailles font :
• G. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
A r io b a r z a n e , Eufèbes, Philoromoeus, roi
de Cappadoce.
Ses médailles font :
RR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
ARIOLUS. Ce nom ne défignoit pas feulement
un prophète, un homme infpiré, mais encore
celui qui examinoit les entrailles des vi&imçs.
Antiquités , Tçme /,
A R I
Feftus ! Cujus ad exta infpicienda conducunturarioli•
A R IO N , nom d’un cheval fur lequel on
a débité beaucoup de fables. Quelques mythologues
ont dit que Neptune, voulant faire pré-
fent du cheval aux hommes, comme de l’animal
le plus utile , frappa la terre, dans la Theffalie,
.d’un coup de fon trident , & en fit fortir deux
chevaux, dont l’un étoit Arïon. D’autres le re-
connôiffent pour le cheval que ce dieu fit fortir
de la terre, quand il difputa à Minerve la gloire
de donner le nom à la ville d’Athènes. Voye^
Minerve, Neptune.
Plufieurs affurent que Cérès fut fa mère. Pen^
dant que cette déeffe parcouroit l’univers pour
chercher fa fille, elle trouva, difent-ils, auprès
de la ville d’Oocium, dans l’Arcadie, Neptune,
fon frère, qui en devint amoureux. Pour éviter
fes pourfuites, elle fe métamorphofa en cavale ,
& fe mêla avec des animaux de même efpèce, qui
paiffoient. Neptune la diftingua facilement; il fe
changea en cheval, & Cérès conçut Arion. Voye%
Oneus. Elle fe courrouça d’abord , puis elle s ap-
paifa & fe lava dans la rivière voifine. Outre ce
cheval., elle eut encore, de Neptune, une fille,
dont le nom n’étoit connu que de ceux qui étoient
initiés.,dans les myftères de la déeffe.
D’autres ont dit qu’à l’inftant où. Cérès conçut
Arion, elle étoit fous la figure non d’une jument
mais d’une furie ; ou même qu’ il eut une furie
pour mère, & Neptune pour père.
Il y en a qui ne donnent à Arion d’ autre ori-
.gine que la terre de l’Arcadie; d’autres enfin, la
font fils de Zéphyre & d’une Harpie. Quoi qu’il
enfoit, il fut nourri par les Néréides.
Attelé quelquefois au char de Neptune, il le
traînoit au travers des mers avec une vîteffe incroyable.
Ce dieu en fit préfent à Hercule, qui
le montoit quand il prit la ville d’Elide, & lorsqu'il
combattit Cygnus. Les dieux le donnèrent
enfuite à Adrafte, à qui il fit gagner le prix de
la courfe aux jeux néméens. Il empêcha qu’A-
drafte ne pérît au fiége de Thèbes, comme tous
les autres chefs. Le cheval Arion, félon les mythologues
, avoit d’ un côté les pieds d’ un homme
& l’ufage de la parole. C’eft pourquoi Properce
l’appelle vocalis Arion , (lib. 1 , êleg. 34).
Arion , poète lyrique, étoit de la ville de
Méthymne, dans l’ifle de Lesbos. Les circonstances
de fon hiftoire font rapportées par Hérodote
; & Aulugelle cite ce paffage de l’hiftorien
grec, comme un des plus beaux morceaux de fon
ouvrage, pour l’ art de la narration & la légèreté
du fîyle. Cet Arion, dit Hérodote, fut le pi ils
habile joueur de lyre de fon tems. C’est le premier
de tous les poètes connus qui ait fait de
cette efpèce de vers qu’ il a nommés ditkirambes,
& qu’il jouoit à Corinthe. On dit qu après y avoir
demeuré îong-tems auprès de Péri indre, il eut
envie de voyager en Italie 8c en Sicile ; & qu’y
ayaot aroaffé de grandes richç$?s, il voulut revenk