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vigne eft un monument qui le repréfente attaché au
ventre du bélier , au fortir de l’antre de P'oly-
phême. On connoît une médaille de la famille
Mamilia , où il paroît fous la figure d’un voyageur
, ou plutôt d’ un mendiant, s’appuyant fur
un long bâton , Se recevant les careffes d’un
chien >Se il n’y a pas long-tems que M. Neumann
a publié une médaille d’Ithaque, où l’on voit
d’un côté la tête d’Ulyffe, & de l’autre Mn coq.
Snr la plupart de ces monumens, Ulyffe porte un
bonnet allez femblable à celui qu’on donne à
Vulcain, & même à celui des Diofcures ; il à la
forme d’un oeuf coupé par la moitié. Un auteur
moderne (Solerus de pileo) a cru que c'étoit-là un
titre de nobleffe, & le fymbole de la liberté.
Selon deux célébrés critiques (Meurftus, Lacon.
& Vofflus in. Catull.) ce bonnet étoit un des attributs
des pérfonnes les plus diftinguées de Lacédémone
> & Ulyffe le portoit, parce qu’ayant
époufé Pénélope, lacédémonienne, il partageoit
tous les droits des Spartiates 5 mais toutes ces
conjeéhires ne font fondées fur le témoignage
d’aucun auteur ancien.
Selon Euftathe, c’eft Apollodore qui le premier
a représenté Ulyffe avec un bonnet ; & 3 félon
Pline, c’eft Nicomaque. Peut-être, dit M. l’abbé
le Blond (Description des pierres gravées du palais-
Yoyal 3 -tome 1.. Ulysse. ) , faudroit-il remonter
encore plus haut ; car on lit dans l’Iliade qu’Ulyfïe
avoit un bonnet fous fon cafque. ( lliad. A. 41).
Sur un vafe d’ argent d’Herculanum, répréfen-
tant 1 apotheofe d’Homère, on voit une femme
coëffée d’un chapeau conique fans retrouflîs,
comme on en donne à Ulyffe. Elle croife une
jambe fur 1 autre , porte la main droite à fon
front, Se paroît occupée de penfées profondes :
c eft l’Odyffée, félon Winkelmann.
On trouve dans la colle&ion de Stofch une
pâte de verre antique, fur laquelle eft gravée
une tête de guerrier coëffée d’ un femblable bonnet,
qui defeend jufqu’aux fourcils. Par-deffus ce bon-
net eft placé un cafque garni de-joues & d’autres
pièces qui couvrent la nuque, la plus grande
partie du col & du vifage. Le cabinet Farnèfe de
Parme renferme une pierre gravée, fur laquelle
on apperçoit encore plus diftin&ement \e bonnet
qui fe mettoit fous le cafque pour empêcher que
fon poids & fà dureté n’en bleffaffent quelque
partie. *
Bonnet de Vulcain. Ce dieu porte fbuvent,
comme Ulyflè, un bonnet pointu, recourbé quelquefois
en avant, tel que nous voyons le bonnet
phrygien.
Bonnet des Diofcures. Caftor & Pollux font
toujours diftingués fur les marbres par leur bon-
rut. Le poète Lycophon ( n. yo6 . ) dit que ce
bonnet des Diofcures reffembloit à la moitié d’un 1
oe uf; & les bas-reliefs antiques font d’accord
avec lui. Les médailles feules ajoutent fouyent
des étoiles à ces bonnets célèbres.
B O N
Feftus nous apprend que les Diofcures font
toujours repréfëntés avec la tête couverte, à caufe
de l’ ufage qui régnoit dans la Laconie, leur patrie.
Les Lacédémoniens marchôient toujours
ainfî, fur-tout dans les combats : Pilea Caftori
& P olluci dederunt antiqui , quia La cônes fuerunt t
quibus pileatis pugnare mos eft.
On voit un bonnet fur les médailles des Marnerons*
Quant aux bonnets des Diofcures fi recon-
noifîables par les étoiles dont ils font ordinairement
furmontés, voyez plus haut leur article.
Bonnet pontifical, Voye^ Apbx.
B O N O S I U S , t y r a n d a n s l e s G a u l e s f o u s
Probus.
Q uihtus Bonqsius A üsustus,
Les médailles de Bonojtus ne font connues que
dans le Recueil de Goltzius.
B onum fattum. On ajoutoit chez les Romains
ces deux mots a la fin des édits, comme étant de
bon augure , Se on les indiquoit par les figles b . f.
BONUSEyentus, bon événement. Nous trouvons
fouvent fur les médailles impériales grecques
& latines ce dieu, qui eft toujours repréfenté
de la même manière & avec les mêmes attributs;
e’eft-à-dire, nud, debout, tenant d’une main ur.e
patère, & de l’autre des épis avec des pavots.
Il fut adoré dans la Grèce fous la dénomination
de dieu bon y ton a t a©on ; comme on le voit
fur une médaille frappée à Ephèfe, & rapportée
par Vaillant (Num. Gr&c).
Le feul monument où ce dieu foit repréfenté
v ê tu, eft une médaille de Pefcennius Niger, rapportée
par Patin.
Le dieu Bonus Eventus annonce par les fruits
qu’il porte ordinairement, & par la corne d’abondance
qu’il tient fur une pierre gravée de Stofch,
la protection qu’il àceordoit aux laboureurs &
aux vignerons. C’étoit aufli un des douze dieux
Confentesy protecteurs des habitans des campagnes,
félon Varron (de Re rufticâ 1. iÉg Caton
nous a confervé la prière qu’on lui adreffoit, &
par laquelle on le fupplioit de faire croître Se prof-
pérer les fruits, les grains, les vignes & les bois
(de Re rufticâ) : Uti tu fruges , frumenta , vineta ,
virgultaque grandire , beneque eyenire finas. Il paroît
d’après ce paffage de Feftus (Panibus redimi-
bant caput equi immolati idibus oftobris, quia
facrificium fiebat ob frugum eventum) , que l’on
facrifioit dans les campagnes un cheval au dieu
Bonus Eventus, le jour des ides d’oCtobre.
Il recevoit aufft des hommages dans Rome ;
car Pline (34. 8. ) dit que l’on y voyoit une de
fes ftatues qu’Euphranor y habile fculpteur, y
avoit faite.
On diftinguoît la Fortune,du dieu Bonus Eventus,
en ce que celui-ci étoit uniquement femblême
des bons fuccès; tandis que la Fortune étoit ref-
ponfable des bons te des mauvais.
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BOOPÏS, Junon étoit ainfi appelée à caufe de
fes grands yeux. Bo.opis eft formé de fixe, boeuf,
& d e ûaJ/, afpcft ; regard, te il vouloit dire, déeffe
aux yeux de boeuf.
BOOTÉS ou le Bouvier, conftellation voifine
du pôle arCtique, au-deffous de la grande Ourfe.
On l’appelle encore Arftopkylax, c’eft-à-dire,
Gardien de V Ourfe ; parce que l’étoile principale
de cette confteliation fuit l’ourfe, comme fi elle
la gardoit à vue.
Des poètes ont dit que Bootes étoit Tcare ,
père d’Erigone (Voye^ ibn article), que Jupiter
avoit place dans le ciel. D’autres le prennent pour
Areas, fils de Califto. fon article).
BORDURE des habits. Les tuniques Se les
manteaux des femmes étoient ordinairement
chargés de bordures qui en fuivoient les contours
extérieurs, comme les galons des modernes. Ces
bordures étoient appelées par les Grecs ,
x.vn-Àoç , er£piftoOi'cv, ftTtçoyiov y Kpottmeé'tv ; Se par les
,Latins, fafcU, lijnbus. Leur matière la plus ordinaire
étoit la pourpre , qui ornoit aufli les habits
des hommes chez les Etrufques Se chez les Romains
( Buonar. Explic. ad Demft. £tr. p. 6 0 .) ,
(Æneid.. r. 2.50.) ;
Viftori auratam cklamydent, quant plurima circum
Purpura,
Suétone dit que Caligula (c. 1 7. n. 5.) diftribua
des bordures de cette étoffe aux femmes & aux
jeunes gens revêtus de la prétexte : Pueris ac
feminis fafeias pur purs. , ac conchylii. diftribuit.
Soit que ces bordures fuflent de pourpre ou de
toute autre étoffe, elles étoient ordinairement
d’une autre couleur que l’habit auquel elles fer-
voient d’ornement; ce que Virgile & Stace ont
exprimé par limbus piüus dans les vers fuivans
(Æneid. jy. J37.)
Sidoniam pi Ho chlamydem circMmdatu limbo.
( Theb. vj. 3Ô7.) :
Et pilio diftinguit peHora limbo.
Quelques philologues ont cru $ue ces bordures
étoient défignées aufli chez les Latins par le njot
lacinia; mais on verra à fon article qu’il exprimbit
le bas ou le bord de la toge Se du manteau , fans
aucune relation à la bordure.
Les habillemens des femmes étoient ornés par
le bas d’ une ou de plufieurs raies (ou bandes) de
diverfes couleurs. On en voit line feule à une des
figures peintes du tombeau de Ceftius, Se deux à
une des Mufes de la Noce Aldobrandine. La robe
de la figure de Rome confervée au-palais Barberini,
eft ornée de trois raies rouges, chargées de fleufs
blanches. Quelques figures dans les peintures
d Herculapum portent des draperies.décorées de
quatre raies. Une ftatue de Diane .du plus, ancien
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ftyle , confervée au cabinet d’Herculanum, eft
couverte d’une draperie, fur laquelle font peintes
plufieurs raies. *
On peut dire qu’en général l’ornement ordinaire
qui formoit la bordure des habits de femme
Se d’homme, étoit traité d’une manière facile &
expéditive. Quelques va fes étrufques nous offrent
cependant quelques-uns de ces ornemens des bordures
x qui annoncent un travail mieux fini & un
goût plus délicat. Le plus agréable de ceux-là
paroît avoir été le Méandre dont parle uue épi-
gramme de l’Anthologie (l. 6 . c. 8. ep. 17. 18 .),
& qui décore aufli le vêtement d’une figure étruf-
que de bronze. (Buon. OJf.vfop. aie. Medagl. pag.
98). Les bordures des habits font quelquefois
chargées fu%les vafes étrufques de petits carreaux
colorés diveffement, tels que ceux d'un damier,
& quelquefois aufli d’enraulemens formés comme
les pampres de vigne. Les Monumenti inediti de
Winkelmann renferment (n°. 99) un vafe dont le
deflin repréfente Théfée Se Ariane. Cette prin-
; cefle parte une draperie • bordée depuis le feux
jufqu’aux pieds d’une bande de couleur foncée,
& chargée dans toute fa longueur de traverfes
I ferafriables à des boutonnières.
BORÉADES, noms patronymiques de Zéthès
& Calais-, fils de Borée. Hygin (fab. x iv . ) dit qu’ ils
avoient la tête & les pieds ailés. Ils portent Amplement
des ailes aux épaulés fur une pâte antique
de la colleétion de Stofch,.où ils chaflenc à coups
de flèche les redoutables harpies. Wilde (tab. 7.
■ n-.T,) a crû rèconnbître la tête ailée qui eft gravée
fut une médaille, pour celle de Calais.
BORÉASMES, fêtes en l’honneur de Borée,
i célébrées par les Athéniens & les Mégalopolitains*
Voyez-en l’origine à l’article Borée.
BORÉE eft pris ordinairement pour l ’un des
quatre vents cardinaux ; c’étoit un dieu fils d’Af-
tr.ée & d’Atirore. Son .nom défigne toujours le
vent du nord ; Se les poëtes Grecs, relativement
à la fituation de leur pays, avoient fixé fon
fiége dans' la Thraçe. Mais les Latins 3 qui ont
copié les Grecs, n’ont point fait attention que la
Thrace eft au. n.ord-eft de l’ Italie, Se ils ont toujours
donné au vent du nord l’épithète de Thra-
cien,
Bçrée avoit des temples Se des facrifices réglés.
Voici les différens évènemens qui occafionnèrent
ee culte. Les habitans de Thurium ayant été délivrés
d’un grand péril, par une tempête qui ruina
la flotte de Denis-le-Tyran, leur ennemi, offrirent
des facrifices à Borée, qui avoit fait ce ravage, &
lui conférèrent la bourgeoifîe de leur ville. Ils lui
alignèrent une maifon, avec un .revenu fixe , &
célébrèrent tous les ans une fête en fon honneur.
Lorfqu’Àgis3 roi de Lacédémone, afliégeoit la
ville des Mégàlopolitains, fes machines battoient
la ville avec tant de force 7 que la brèche eût fans
doute été fort grande dans l’efpace d’une nuit, û
I Borée n’eût reuyerfé la machine de fon foufSec-
P p p H