
« Chrétien Breithaupt, dans fon Art de dé-
êkiffrer > donne l’explication du chiffre dont fe fer-
voient autrefois les Normands ( Trithem. Polygr.
p. 180.) pendant leurs fréquentes incurlîons en
France, afin que leurs deffeins ne fuflent pas
découverts. Les lettres en chiffres étoient en ufage
au x iie lîècle. Il y a dans le fécond volume de
B y mer (.pag. 2 2. ) une lettre de l’archevêque de
Cantorbéry à Edouard I , roi d’Angleterre ,
par laquelle il l’informe qu’on a trouvé dans
les poches de Leolio , • prince de Galles , le
dernier de la race des anciens Bretons ou Gallois,
plufieurs lettres en chiffres, par lefquelles
on découvrit qu’il avoit des intelligences en Angleterre.
«
' « L’écriture en chiffres eft devenue très-commune
dans les derniers Cèdes j mais en ce genre
rien n’eft plus célèbre que l’alphabet ÇrEfpion
du Grand Seigneur 3 lettre 77. ) fecret du cardinal
de Richelieu. UArs decifratoria de M.
Brcithaupt, eft précédé d’une diflertation fur
les différentes manières d’écrire en ch ffrts, employées
par les anciens & par les modernes.
Depuis l’abbé Trithème 3 une multitude coauteurs
ont traité de la cryptographie. Ils nous
ont donné des ouvertures pour expliquer les
chiffres 3 & en ont propofé de nouveàux. Contentons
nous d’avoir mis fur les voies ceux qui
rencontreront ces caractères myftérieux dans les
anciens manufçrits. L * alpha & Yoméga des Grecs
n’y font pas moins fréquens que dans les diplômes.
La lignification de ces deux chiffres facrcs
eft aflez connue. »
Chiffres fur les médailles.
Le P. Jobért auroit voulu pouvoir trouver
quelque chofe de fatisfaifar.t fur les lettres numérales
qui fe rencontrent dans les champs des
revers des médailles du plus bâs-empire , depuis
Anaftafe. Mais il avoue que C la nouvelle
découverte de ceux qui croient que ce font
des marques des différçns impôts que les
princes établiffoient, l’a frappé d’abord jufqu’à
lui faire penfer qu’elle pourroit être véritable,
jafqu’à le dégoûter tout-à-fait du fentiment qu’il
avoit fuivi dans fa première édition ; cependant
les inconvéniens qu’i l a trouvés à foutenir que
Y iota fignifioit tributum décima 3 XX. trib. vice-
G ma , XXX. tributum tricejima 3 &c. lui ont paru
une difficulté infurmontable.
A quoi bon introduire fur les médailles la cpn?
fufion des chiffres ,• tantôt grecs 3 tantôt latins 2
Pourquoi 1 fera-t-il pris pour un chiffre grec ,
& pourquoi marquera-t-il dix 3 pendant que
d’autres chiffres qui l’accompagnent font évidemment
latins, & annoncent que cet 1 ne doit
lignifier qu’un ? Pourquoi M lignifiera-t-elle qua-
ranté, pendant que les autres chiffres lattas difeflt
qu’elle doit fignifiçx mille l
Il eft certain que pendant tout le tems de la
durée de l’empire romain, tous les peuples qui
lui étoient fournis payoient des tributs & des
impôts > mais on ne îauroit croire que les princes
aient jamais ordonné ou permis qu’on en coh-
fervât la mémoire fur les médailles, puifquils
ne pouvoient en tirer aucune gloire. Car il n’eft
pas queftion ici de peuples vaincus & de provinces
fubjüguées 3 auxquelles il' feroit glorieux
d’avoir impofé des tributs, & de vouloir en con-
ferver des monumens publics > il s’agit des fujets
de l’empire, & des marchands qui y faifoient
fleurir le commerce.
Nous voyons, à la vérité, que lés princes ont
eu grand foin de laiiTer à la poftérité des monu-
mefts de toutes les largeftès qu’ils faifoient, foit
aux foldats , foit au peuple , & qu’ils ont ete
fort jaloux d’en faire cotinoïtre le nombre. Témoins
les médailles où l’on voit l i b e r a l i t a s
AUG. II. III. IV. &C. CONGIARIUM POPULO DA-
TUM , ALIMENTA ITALIÆ , PUELLÆ FAÜSTI-
n ia n jE , & c. Nous voyons qu’ils ont voulu éter-
nifer la mémoire des tributs ou des impôts qu’ils
avoient qu diminués,.ou tout à fait remis. Témoin
leXL.R. remiffa,* CCR. duc entefima remiffa»
vehiculatione Italie, remiffa 3 fifci-Judaiçi calumnia
'Jublata. C’étoit une marque éclatante de leur
magnificence, & de l’amour qu’ils portoient pour
leurs peuples. Mais de fouffrir qu’on frappât des
médailles pour conferver le fou venir des charges
qu’ils impofoient à leurs fujets , dont ils fe
glorifioient d’être appelés les pères, rien ne cho-
, que plus directement le fentiment commun de
tous les fiècles. Car pouvoit-op confidérer ces
médailles autrement que comme de trilles témoignages
de la mifère du peuple, foulé par tant
de différens impôts* & comme des reproches faits
publiquement aux princes fur leur dureté & fut
leur avarice ?
D’ailleurs pourquoi n’y voit-on jamais la lettre
R 3 pour lignifier la remife faite au peuple^ de
quelques-ims de ces impôts ? Seroit-il poflible
qu’il ne fe fût jamais trouvé aucun prince affezr
' libéral pour faire quelque femblable grâce, ni
allez jaloux de fa gloire pour vouloir^ après'! a-
voir faite, en conferver la mémoire
Ou ces différens tribus marqués fur les médailles
4U même prince , étoient impofes- généralement
fur toutes fortes de marchandifes , ou
chaque marchandife payoit fon tribut different.
Par exemple, fous tel empereur tous les marchands
dévoient le dixième denier de toutes leurs
marchandifes, ou bieq le bled payoit le^dixieme *
le vin le trentième , l’huile le quarantième, &c.
En quel embarras cela ne -nous jette ra-*t-îl pas ?
Suppofons que toutes les marchandifes funent
taxées au même denier, on demande> i°. s il eft
cr%^bk que fous un rpême prince , en fi peu
és tems, les impôts aient changé auffi fouyent *
& qu’au lieu du dixième on ait payé le vingtième,
le quarantième, &c.
Eft-il croyable d’ailleurs qu’on payât ce tribut
plus d’une fois , & qu’il fallût de nouvelles
médailles, qui n’étoient point des monnoies,
comme on le fuppofe, pour dire qu’on le payoit
la première, la deuxieme, la troifième fois ?
Etoit - ce toujours les mêmes marchands qui
payoient, & ne faifoient-ils tous qu’un égal
nombre de voyages ? Ou bien les uns fe trou-
voient-ils avoir payé pour la fixième fois, lorf-
qu’un autre n’étoit encore qu’à la troifième ?
Recommençoit - on fous chaque empereur le
nombre des. paiemens ? Ou bien ayant déjà
payé deux fois fous un empereur, comptoit-
v on fous un fucceffeur la troifième ? Il falloit
donc à tout moment frapper de nouvelles médailles.
Suppofons actuellement qu’il y eût des impôts
différens, établis fur les différentes mar-
c'handifes} par exemple, le vingtième fur les
grains , le trentième fur le bétail, le quarantième
fur le vin , pourquoi chaque marchand
ne marquoit - il pas fôn commerce fur fon
jeton ?
Nous trouvons qu’on marquoit fur les médaillés
les différentes efpèces de libéralités qu-’on
faifoit au peuple. Si on avoit donné du bled ,
on mettoit frumentum populo datum. Si 1 on avoit
remis au peuple ce qui reftoit encore dû au fife
par ceux qui n’avoient pas payé , on mettoit
reliqua vetera abolita. Quand les marchands
avoient fait quelque don gratuit, ils n’oublioient
pas de marquer leur négoce particulier. Ainfi l’on
voit dans les inferiptions , negotiatores vinarii3
mercatores olearii , mercatores ffrumentarii, & C .
Pourquoi donc ne paroît-il aucune de ces diftinc-
tions fur les jetons prétendus ? Il eft donc im-
poffible de reconnoitre ces chiffres ou^ lettres
numérales , pour l’expreffion des impôts différens.
Les changemens de valeur pour les monnoies
qui arrivoient dans certains tems, étoient exprimés
fur la monnoie d’argent par de nouveaux
chiffres. Car nous voyons , par exemple, que
lorfque le denier fut hauffé jufqu’à valoir feize
as a.u-lieu de dix, l’on y grava x v i. & à proportion
fur le quinaire v u l. & fur le fefterce ijiL
Nous avons dans la famille. Titinia &: Valeria
x v i. bien marqué. Ant. Augufiinus dit qu’il a vu
des quinaires avec v u l. mais que jamais il n’a yu
des fefterces avec ml.
Il feroit à fouhaiter que l’on pût déterminer
d’une manière auffi fûre, ce que veulent dire les
chiffres qui fe trouvent fur les médailles de la
Antiquités , Tome !•
f famille Turquitin, où l’on voit XXXI., & fuc
celles de la famille Maria, dont l’une porte a«
revers un laboureur qui mène des boeufs , au-
deffiis XXVIII. S. C. ; & l’autre fur le même type
XXXXIII. Cela ferviroit peut-être à éclaircir
une médaille de Marc-Antoine, où Ion. voit
un lion paflfant avec L ugduni A. X L . A. X L I.
&c.s & celles du bas-empire , où l’on trouve
XXIII. X X X . X X X X . XXXXIIII, X X X X V .
Ces chiffres n’ont pas été deftinés à fixer des époques
d’années, puifqu’ils font joints avec anno 1.
i l . 11L
Lorfque les fpeftacles dévoient durer plufieurs
jours > on n’expofoit ^ chaque jour aux
yeux du public qu’un certain nombre d animaux
, pour rendre toujours la fête nouvelle
; & l’on avoit foin de marquer fur les
médailles la date du jour où ces animaux pa-
roifloient. Cela fert à expliquer les chiffres I.
II. III. IV. V. VI. qui fe trouvent fur les médaillés
de Philippe, de fa femme & de fon
fils. Ils nous apprennent que tels animaux parurent
le premier, le deuxième, le troifième ou le
quatrième jour.
On voit auffi des chiffres dans l’exergue de
quelques médailles de Gallus, & ces chiffres font
répétés du côté de la tête, derrière le bulle de
l’empereur. Ainfi on lit IV fur la médaillé , donc
le revers a pour légende ROMAE AETERNAE
AU G ; IV. pareillement fur une autre avec
SAECULLUM NOVUM ; VI. fur celle qui porte
IL1 N O MARTIALIS ; VII. fur une autre avec
FELICITAS PUBLICA, &c. On peut faire la
même obfervation fur quelques médaillés de
Voliifien , en plus petit nombre , dont les
revers lui font communs avec Gallus , tels
que PAX. AUGUS. ROMAE AETERNAE
AÜG, &c.
CHILA, mefure de capacité d’Egypte & d’Alie.
Voye[ Ca p .
CHILIARQUE. Prononcez Kiliarque. Celui
quicommandoit à mille hommes portoit ce nom,
qui étoit formé de , mille , & de ,
commandement.
CHILIOMBE, facrifice de mille boeufs. Après
de grandes victoires, ou dans les grandes calamités
, on immoloit quelquefois jufqu à mille
boeufs, ce qui étoit pourtant très-rare.
Les Athéniens offrirent un facrifice de mille
yi&imes après la victoire de Miltiade fur les Per-
fes ; parce qu’elle arriva dans le mois Thargélion,
qui avoit été prefque toujours heureux pour les
habitaris d’Athènes.
CHILO. Ce furnom défignoit chez les Romains
celui qui avoit les lèvres, fort groffes. 1«
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