
VII. Dès le cinquième fiècle, les papes ont
varie dans la manière de dater, ou de ne pas dater
leurs lettres d’un ou de deux confûls , de celui
d’Orient ou d'Occident.
VIII. Toute bulle d’un pape poftérieur au commencement
du feptième fiècle , portant la date
d’un ou de deux confuls, autres que les empereurs
, doit être déclarée' faillie.
IX. I/o million de la date des empereurs dans
les bulles , même depuis le milieu du fixième
fiecle jufqu’au milieu du onzième, ne doit pas
être envifagée comme un moyen de fau'x ni de
fufpicion.
X. Une bulle plus récente que le commencement
du neuvième fiècle, feroit au moins très-
fufpedte, fi elle portoit la date des empereurs de
Çonftantinople. Elle le l'eroit également , fi elle
faifoit ufage dé cette date avant les commence-
mens du fixième fiècle.
a XI. Toute bulle datée de l’année de l’empereur
d’Occident j depuis l’an 924 juiqu’en 962, feroit
évidemment faulfe.
XII. Une bulle datée du confulat ou d’après le
confulat d un empereur, fi elle ne pouvoit conver
nir qu’à un pape du dixième fiècle, feroit fuf-
peéle ; fi elle étoit datée du onzième, le foupçon
deviendrait violent : mais fi elle fe rapportoit à
un pontife romain du douzième fiècle ou des
fuivans, elle devroit être réputée faufte.
XIII. Toute bulle pofterieure.au commencement
du douzième fiècle . datée de l’année d’un
empereur, feroit non-feu'ement fort fufpe&e ,
mais meme faulfe, fi elle ne pouvoit être excufée
par quelque raifon particulière, appuyée fur des
faits conftans.
XIV. Il y auroit fujet de tenir pour fufpe&es
les lettres des papes antérieures au cinquième
fiècle, fi elles port oient la date de l’indi&ion.
X V . Depuis le milieu du cinquième fiècle , ni
lomilfion de l’indiétion, ni fon ufage dans les
lettres aooftoliques, décrétales ou fimples bulles ,
ne décident pour ou contre leur vérité.
_ XV !• Des pancartes ou bulles en forme de privilèges,
plus récentes que le onzième fiècle', &
plus anciennes que le quinzième-, dans lefquelles
lindi&ion feroit fupprimée, deviendroient fuf-
peétes, 8c m êm e très-fii f p e & e s , pendant le cours
des douzième 8c treizième fiècles.
XVII. Depuis Eugene IV , les bulles ou b r e f s j
qui, dans leur date propre , 8c non dans celle de !
leurs certificats, marqueroient l’indi&ian, prou-
veroient par-là leur fauiïeté.
XVIII. On ne peut rien conclure contre des
bulles^ dont 1 indiétion, au lieu de commencer au j
remier feptembre, feroit comptée du 2. y décem-
re , du premier janvier, 8c même du 2 j m a r s ,
pour ne rien dire de Pâques*
XIX. Une bulle poftérieure au onzième fiècle
feroit très-fufpeêle, fi la date portoit la formule
régnante Ckrifio , &c. ou régnante in perpetuum
Domino Dco. Mais avant; le commencement du
douzième, il ne s’enfuivroic rien de préjudiciable
à fa vérité.
XX. La date de l’incarnation ne doit point palier
pour un moyen fuffifant de faux, depuis que cette
ère eut été publiée par Denis-le-Petit> mais fup-
pofé quelle fe trouvât dans des bulles du fixième
fiècle, elles ne feroient pas exemptes de fufpicion.
XXI. Toutes efpèces de bulles portant la date
de l’incarnation avant Léon IX , ou l’omettant
depuis, ne doivent pas pour cela feul être jugées
faufles ou fufpeétes.
XXII. Une £tf//e-pancarte, ou en forme de
privilège , qui ne feroit pas datée de l’année de
l’incarnation, depuis le commencement du douzième
fiècle, feroit fufpeéle 5 elle le feroit beau-
cpup, fi elle ne portoit pas même la date de 1 ere
chrétienne.
XXIII. Une fimpîe bulle ou décrétale datée de
l’incarnation, à compter de l’an i i j o jufqu’en
12j o , ou à-peu-près, feroit très-fufpe&e.
XXIV. Après le milieu du treizième fiècle,
mais particulièrement fur fes dernières années , la
date de l’ incarnation ne devroit pas rendre une
bulle fufpeéte, de quelque forme que cette bulle
fût revêtue.
XXV. La date de l’incarnation, caradlère efien-
tiel, ou du moins ordinaire aux bulles poftérieurts
à Eugène IV , ne fouffre point d’autre exception
que celle de certaines bulles hétéroclites , qui
unifient la fufcription des bulles avec les dates des
brefs, ou la fufcription des brefs avec les dates
des bulles..
XXVI. Depuis la fin du quinzième fiècle, une
bulle qui dateroit de l’année de ^incarnation, fans
énoncer ce terme, feroit fufpeéle, excepté le cas
de la règle précédente.
XXVII. Le commencement de l’année de l’incarnation
eft fujet à des variations fi fréquentes
dans les bulles , qu’on ne fauroit rien conclure
contre leur vérité dès divers points d’où il fe
prend; fi ce n’eft pendant des intervalles, pour
l’ordinaire aflez courts.
V. - Corollaire. 1. Il eft faux que dans les bulles des
fiècles X I X I I & X I I I , la date de l’incarnation
commence toujours à Noël.
Corollaire A\. Il eft faux que depuis Eugène IV»
on 11e trouve point d’apparence de variation dans
la chancellerie romaine, 8c que déformais l’année
de l’incarnation y ait toujours été comptée d’une
manière uniforme.
XXVIII. Les bulles où cette date feroit marquée
félon le calcul Pii an, ne deyr oient être
chargées d’aucun foupçon, au moins durant le
fiècle qui fuivit le pontificat de Léon IX.
XXIX. Une bulle qui s’attachèroit au calcul
Pifan après le milieu du douzième fiècle, deviendrait
fufpe&e ; mais depuis le commencement
du treizième, à peine pourroit-on ne la pas traiter
.de faufle.
XXX. Toute bulle dont la date de l'incarnation
anticipéroit celle qui étoit en ufage chez les
François, non-feulement de neuf mois entiers,
mais même- de quinze à feizé, ne feroit pas fuf-
pe&e vers la fin du onzième fiècle, 8c même jufqu’en
1130, tout au moins.
XXXI. Depuis le commencement du treizième
fiècle, une bulle feroit convaincue de faux, pour
avoir fuivi cette manière de dater.
XXXII. La date du pontificat des papes ne doit
point être regardée comme une preuve fuffifante
de la fuppofition de leurs bulles, fi ce n’eft avant
le fixième fiècle.
XXXIII. On auroit raifon de ftifpefter des
lettrçs apoftoliques qui porteroient la date du
pontificat durant le fixième fiècle.
XXXIV. Si depuis le feptième cette date n’eft
point un ligne de la faufteté des privilèges, elle en
eft un de leur vérité depuis le dixième.
XXXV. Avancer que les bulles des papes ne
portent la date du pontificat que depuis leurs différends
avec les empereurs au fujet des invefti-
tures, c’eft une règle évidemment faufte.
XXXVI. Toute Aü//f-pancarte , qui depuis le
milieu du onzième fiècle, ne feroit pas datée de
l’année du pontificat, feroit três-fiifpedte.
XXXVII. * De fimples bulles datées de l’année
du pontificat, depuis le milieu du douzième fiècle
jufqu environ l’an 1188, ne feroient pas à couvert
des foupçons les plus violens.
XXXVIII. Toute bulle poftérieure à l’an 1220,
dépourvue de la date du pontificat, feroit faufte
ou tres-fufpeéle.
XXXIX. Quoiqu’on n’ait commencé qu’au
moyen-âge à fe fervir de la date du lieu d’une
manière confiante , les fiècles précéderas en four-
niflent aflez d’exemples pour qu’on ne puifle fuf-
pe&er, ni qui pis eft, accufer de faux les bulles
où cette date fe trouveroit énoncée.
XL. Les bulles poftérieures aux commencemens
du douzième fiècle, dans lefquelles manqueroit
la date du lieu, feroient expofées aux foupçons
les plus forts.
XLI. Une bulle plus récente que le milieu du
douzième fiècle, 8c qui feroit revêtue de deux
formules de dates, dont l’une commenceroit par
feriptum, 8c l’autre par data, feroit tiès-fufpe&e ;
mais depuis le commencement du treizième, il
faudrait la.tenir pour faufte.
XLII. Oa ne devroit pas ajouter foi à une bulle
qui, depuis le commencement du douzième fiècle ,
porteroit dans la formule de fa date, fum m i & uni-
verfalis pape, in facratijfima B. Pétri Jede.
XLIII. Une bulle ordinaire, 8c non en forme de
privilège, qui réuniroit les dates de l’année, de
l’indiélion, de l’incarnation & du pontificat, feroit
fufpe&e depuis Grégoire V I ï , très-fufpe&e
depuis Urbain 11 , jufqu’ à Innocent I I , 8c faufte
depuis ce dernier jufqu’à Grégoire VIII.
XLIV. Les ^«//«-pancartes des douze 8c treizième
fiècles feroient fufpe&es, fi elles fuppri-
moient quelques-unes des dates fuivantes, ou fi.
elles ne leur donnoient pas cet arrangement : le
nom du lieu, celui du dataire, le jour du mois
exprimé par les calendes, nones ou ides, l’in die-,
tion , les années de l’incarnation 8c du pontificat.
X LV. Toute bulle 3 hors le cas de celles que
nous appelons irrégulières ou hétéroclites, parce
qu’elles empruntent ou les dates des brefs, ou
leurs fuferiptions, feroient très- fufpeétes,ou même
faufles, depuis Eugène IV, fi elles ne fui voient pas
cet ordre dans leurs dates : le lieu, l’année de
l’incarnation, le jour des calendes, 8cc. 8c l’année
du pontificat.
Réglés fur les fouferiptions, les chanceliers &
les écrivains des bulles. ..
I Les anciens privilèges accordés par les papes ,
n’étoient point lignés à la manière des b u lles d’aujourd’hui
,* ni des pancartes poftérieures au commencement
du douzième fiècle ; mais ils énon-
çoient Amplement- au-defl'ous du texte, qu'ils
avoient été écrits par tel notaire régionnaire ou
àrchivifte, Ôc datés ou délivrés par tel bibliothécaire.
II. Tous les. notaires de la fainte églife romaine
pouvoient drefler, 8c quelquefois même expédier
en chef les privilèges du faint-fiége.
Corollaire. On ne peut rien conclure contre la
vérité d’une bulle, de ce qu’elle feroit écrite de la
main d’un notaire différent d’autres notaires ou
archiviftes, qui auroient drefle de pareilles pièces
la même année, la même femaine , le même
jour*.
III. Un privilège poftérieur au fixième fiècle, 8c
plus ancien que le douzième, au bas duquel, quoi*
qu’entier 8c original, il ne feroit pas exprimé qu’ il
auroit été écrit par un notaire ou àrchivifte, 8cc.
ou donné par un bibliothécaire, chancelier, pri-
mitier des notaires, fécondicier, nomenclateur,
8cc. ou du moins par un écrivain àrchivifte ou
notaire, 8cc. devroit être regardé comme fuf-
pea.
IV. Le titre d’ àrchivifte , 8c même celui de notaire
régionnaire, exprimé dans la foufcriptioHa
Y y y ij