
cerceau étoit regardé comme un exercice capable
de contribuer à la fanté du corps ».
« 11 y en avoit une fécondé efpèce , dans laquelle
, au-lieu de fe fervir du grand cercle, on
en employoit un beaucoup plus petit, & pareil à
celui que fai fait graver. Il me paroît que c'eft
proprement le trochus des Grecs & des Romains.
Xénophon ( Conviv* p. 876. Ed it, de 1625.) nous
en apprend Tuf âge en parlant d’une danfeufe qui
prenoit à la main douze de ces*cerceaux, les jetoit
en l’air, & les recevôit en danfant au fon d’une
flûte. 11 n’eft point parlé dans ce paflage des petits
anneaux inférés dans la circonférence du trochus y
mais il en eft fait mention dans plufieurs épi-
grammes de Martial, & entr’autres dans celle-ci
( x i v . 169. ) :
Garrulus in laxo cur annulus orbe vagatur ,
Cédât ut argutis obvia turba trochis ?
Les deux elpèces de cerceau dont je viens de
parler, ne différoient entr’eux que par la grandeur.
On les diftingue avec peine, quand ils font Amplement
repréfentés fur les bas-reliefs. Mercurialis
en a fait graver un dont Ligorius lui avoit envoyé
le deffin , d’après un monument élevé en l’honneur
d’un comédien. La circonférence eft chargée
de huit anneaux, à l’un defquels eft attachée
une bonnette, & outre cela neuf fiches ou chevilles
, qui, fort lâches dans leurs trous, augmen-
toient le bruit des anneaux, & produifoient le
même fon que les baguettes qui traverfoient les
fiftres. Sur un tombeau grave dans le recueil de
Pietro Santi Bartoli , on voit un autre cerceau
à peu-près femblable à celui que je viens de
décrire. Il a des anneaux, des chevilles, & de
plus un oifeau qui paroît y être attaché : fingu-
larité qui ne donneroit lieu qu’à des conje&ures
bien vagues ».
Les cercles de bronze, dit-il ailleurs ( n i .
pl. 64. n°. 4. ) , pareils à celui de ce numéro ,
fervoient à un de ces exercices que les Romains
pratiquoient pour accroître la vigueur du corps.
Deux mains, placées dans les plus grands intervalles
diftingués par des boutons, tels que la
gravure les montre , faifoient effort l'une contre
l’autre , & la plus forte l’emportoit. Le père
Paciaudi a détaillé cet exercice dans fon hiftoire
de Rjpa Tranfone y & je renvoie le le&eur à ce
bon ouvrage ».
cc II exifte, dit M. d’Hancarville, dans la collection
d’Antiques de M. Townley à Londres,
un bas-relief où font fculptés deux Silènes , de
l’efpèce de ceux que l’on appeloit fa u n e s , parce
qu’ils étoient plus jeunes que les autres ; ils font
repréfentés tenant un cercle , fur lequel ils
appuient les mains en foulant des raifîns avec
leurs pieds, & tournant fur l’aire qui les contient
$ c’étoit une des manières de preffurer le vin
chez les anciens, & fo n peut voir, avec ce monu.
ment, un de ces petits cercles de bronze dont on
fe fervoit à cet ufage. Il eft divifé par des moulures
qui laiffent affiez d'efpace pour y placer
le poignet. On trouve un aflez grand nombre de
ces anneaux, dont l’emploi n’a pas été connu
jufqu’à préfent ».
Les Romains avoient emprunté des Grecs le
jeu & l’exercice du trochus y ainfi que nous l'apprend
Horace ( Od. n i . 24. 57. ) :
....................... Ludere doclior
Seu Gr&co jubeas trocho•
La forme du cerceau le faifoit appeler rota &
canthus. Ce dernier nom défignoit la bande de
métal qui couvre la circonférence des roues.
( Martial. x iv . 1 6 8 . ) :
Inducenda rota eft : dat nobis utile munus :
Ifte trochus pueris, at mihi canthus erit.
Winkelmann s’ eft expliqué fur le cerceau, avec
cette fagacité & cette érudition qui lui affurent
la première place parmi les antiquaires. Il a publié
dans fes Monumenti Antichi , aux numéros 195
& 196, deux belles pierres gravées, fur lefquelles
on voit diftin&ement le jeu du trochus cm cerceau.
La première eft ainfi décrite fous le n°. 2
de la V e clafle des pierres de Stofch. « Un jeune
homme nud qui court en faifant rouler le cercle
appelé trochus. Il le touche avec un inftrument
crochu qu’il tient de la main gauche ». Sur la
fécondé, qui appartenoit au fieurjjacques Byres,
un jeune homme pofé porte le trochus appuyé
fur fon épaule gauche , & il tient de la droite
l’inftrument qui fervoit à le faire rouler. Cet
inftrument reflemble à une de nos raquettes qui
ne feroit pas évidée. On voit dans la même collection
de Stofch trois autres pierres & une pâte
antique, dont les fujets font relatifs au jeu du
cerceau, & qui ont même amené l’explication
fuivante de-Winkelmann.
Ces cinq gravures font les feuls monumens ,
que je fâche, qui peuvent fervir à expliquer
clairement ce que c’eft que le jeu de trochus,
mentionné dans les anciens auteurs : car. ce que
( de Arte Gymn. /. n i . c. 8. p. llS .fe q . ed. Amft.)
Mercurialis nous enfeigne d’après un monument
antique, ne pouvoit être appuyé de fon tems
par d’autres monumens où l’on vît le même
fujet. Le bas-relief dont il n’a pris que le cercle,
fe trouvoit fur un ( Bellori Sepulcr. Ant. Tav•
x l v i i i .') tombeau antique de marbre placé dans
une vigne fur le chemin de Rome à T iv o li, qui
fervoit de logement au vigneron. Le cardinal
Alexandre Albani acheta ce tombeau, dans l’in-
^tention de le tranfporter en entier dans fa Villa ;
mais ayant fait mettre la main à l’ouvrage, &
C F. ft
voyant que la pièce de marbre étoit d'une grof-
fcur énorme, il la fit fcier, & fe contenta de
conferver feulement le bas-relief , qu’il fit reftau-
rer & qu’il mit enfuite dans fa vigne. On le voit
dans le Monumenti Antichi inediti ».
« Le trochus étoit un cercle de bronze, avec
lequel les jeunes gens fe divertifloient.
Ih tïh s \k Tpl%ai¥ miraujutoti,
Pueri a trocho cejfantes.
Eurip. Med. v . 46.
Et non. pas a fckola curuli cejfantes , comme l’a
rendu Barnes y il étoit plus grand que M. le comte
de Caylus ne fe l’eft figuré ( Recueil d’Antiq. t. 1.
pl. l x x x i. n°. 3.) en publiant le prétendu trochus
de fon cabinet, qui n’a que fept pouces de diamètre.
Le trochus qui eft fur nos pierres, arrive
jufqu à la moitié du corps des figures, & même
fur la fécondé jufqu’à la poitrine. Celui de l’enfant
lui va jufqu^au menton : ce qui correfpond
au trochus du bas-relief cité , qui a quatre pal- ...
mes romains de diamètre. Il y avoit au trochus
non-feulement des anneaux qui couloient autour
du cercle pour faire du bruit à mefure qu’on le
faifoit rouler , ainfi qu'on en voit trois à celui
de ce bas-relief; mais on y mettoit encore un ou
plufieurs grelots qui y étoient attachés, comme
il y en a au trochus du même bas-relief, & à
celui de notre première pierre. Quand on le faifoit
rouler, on touchoît ces anneaux & ces grelots
avec un inftrument crochu, nommé c la v is , comme
dans la pierre n9. 2.
Increpat & verfi clavis adunca trochi.
Propert. 1. 11I. Eleg. 12.
« Sur une empreinte de notre cqlleétfbn des fou-
fres, il y a un trochus mis au pied d’un terme ,
& une figure en pied qui tient dans la main le
clavis crochu , avec une bonnette qui pend à
une petite chaîne, ou à quelque chofe de femblable.
Le cercle fur une ( /. 1. tav. x v . ) peinture
antique d’Herculanum, n’eft peut-être autre
chofe qu’un trochus ».
Meurftus ( de Ludis Grec. voc. rpl%oç. ) ne con-
noiffant le trochus que par le livre de Mercurialis,
ne trouve pas vraifemblable l’explication
qu’en donne celui-ci, & il s’en forme une fauffe
idée. Turnèbe ( A d v . I. x x v n . c . 33. Collée, ad
Martial. I. c. ) & d’autres qui l’ont fuivi, fe font
figuré mal-à propos le trochus comme une roue
ayant des rayons, que l’on prenoit par une anfe
pour la faire rouler, & ils crurent qu’alors les
clous faifoient du bruit par le frottement fur le
pavé ».
CERCEIS , une des nymphes océanîdes, fille
C E R 719
de .l'Océan & de Thétis. Son nom eft dérivé du
mot grec qui fignifie fuftau. Hefiode parle de cette
nymphe dans la Théogonie , vers 355.
CERCION. Voyei Cercyon.
CERCLE mythique , rcUxoç fivbnclç. Proclus
( 7/z Photii Biblioth. p. 982. I. 43. ) le philofophe
comprenoit le cours de toute la fable, ou le
cercle mythologique, dans l’efpace de tems écoulé
depuis le mariage d‘ Ouranus ou ^du Ciel avec la
Terre, .jufqu’au retour d’Ulyfle à Ithaque.
, CERCO , furnom de la famille L u t a t i a .
CERCOPES, peuples qui habitoient une ifte
voifine de la Sicile : on dit que Jupiter les changea
en finges, à caufe de leur méchanceté. Ils
avoient eu la témérité d’infulter Jupiter lui-me-
me. Cercopes eft le nom que les Grecs donnent
aux finges. L ’ifle qu’ils habitoient s appeloit Pi-
théeufe, comme fi l’on difoit 1 ifte-aux-finges.
D’autres ont placé ces peuples proche de la Lydie ,
& ont dit qu’ils furent changés en pierres, pour
avoir ofé entreprendre de fe battre contre Hercule.
Voye^ Hercule.
CERCOPITHÈQUE , xipjmri«nx«, linge i
queue d'Ariftote (iïi/L Anim. I.. i . ) Les Egyptiens
qui vivoient dans le voifinage de Memphis,
& que l'on appeloit Babyloniens, rendoient un
culte au Cercopithèque 3 de meme que ceux d Her-
mopolis au Cynocéphale. Le comte de Caylus a
établi la diftinétion entre ces deux efpèces de
finges. « C e petit brènz.e, dit-il (Rech. i ‘Antiq.
I. y i. ) , extrêmement rare & bien confervé , a
un pouce & quelques lignes de hauteur, il repré-
fénte un Cercopithèque accroupi y & tenant de
Tes mains ou de fes pattes une table chargée
d'hiéroglyphes. Ce Cercopithèque eft une efpece
de finge, qui ne diffère du Cynocéphale qu'en
ce que ce dernier eft plus gros & plus fàuvage »
& que fa tête approche plus de la tete du chien.
La Table Ifiaque préfente plus d'une fois le
Cercopithèque dans la même attitude qu'on le
voit ici j mais il n'y tient pas cette table chargée
d’hiéroglyphes ». . _
On voit dans le cabinet de Ste. Genevieve un
Cercopithèque de porcelaine d Egypte , affuble
d’ une efpèce de chaperon. Il eft aflis, & a deux
pouces de hauteur.
CERCURE j cereurus 3 KipcSpar , vaiffeau de
charge des anciens habitans de l’Afie, à voiles &
à rames. Pline ( v u . j 6 . ) en attribue l'invention
aux Cypriotes.
C ER CYO N, tyran d'Eleufis, fit mourir fa fille
Alopéj & expofer l’enfant quelle avoit eu de
Neptune. Théfée lui fit la guerre; & l'ayant tué
dans un combat, il mit fur fon trône fon petit-
fils Hippothoüs. Voye-q A lopE , Hippothoüs.
On voit fur une pâte antique de la colleélion
du Baron de Stofch, Théfée luttant avec Cer-
eyon. la Yilla-Panfili renferme un farcophage an