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C els.üs , fur-nom de la famille Pà p iA.
CELTES. Outre ,1e fagum qui était l'habillement
caraéiériftique des peuples qui habitoient
les Gaules, les Celtes portoient au-deifous , en
guife de tunique, des vëtemens découpes & gar
nis de longues manches , qui ne defcendoient
que jufquà la ceinture ( Strabon, lib. iv .p . 1 35- )•
Appien faifoit defcendre les Celtes de Celtus ,
fils du Cyclope Polyphême , q u i, forti de la
Sicile , fécondé de fes frères lllirus & Gala, fe
rendit maître de tous les pays connus fous la
dénomination de la Celtique.
Les Celtes, dit M- Turpin (qui a fait leur article
dans le fupplément de l'Encyclopédie ) , dans
les liêcles les plus_reculés , reconnoilfoient un
Être fuprême qui préfidoit à la police du monde }
& ne fe bornant point à une croyance ftérile,
ils lui rendoient un culte dont la magnificence
répondoit à la haute idée qu’ils s’ en étoient
formée. Conftans jufquà l’opiniâtreté dans leurs
cérémonies & leurs dogmes, leur religion toujours
la même, ne fouffrit jamais d’altération.
jjors même que le flambeau de l’Evangile eut
difljpé les ténèbres de leur paganifme , plufieurs
confervèrent un leyain de leurs anciennes fur-er-
lîitions, & ils profanoient le culte le plus faint
par le mélange des cérémonies femblables a celles
qui fe célébroient à Eleufis, ville de 1 Attique >
c’eft ce qui a fait croire que les Grecs, qui fe
glorifient d’être les inftituteurs des nations ,
s’étoient abaiffés jufqu’ à être les difciples d un
peuple qu’ils abhorroient pour fes profanations
facriléges , & qui étoit l’ennemi de tous ceux
qui refufoient de plier fous le joug de fes
opinions.
Les Celtes, par-tout où ils étoient les maîtres,
détruifoient les dieux de la Grece & leurs temples
j & dans leur fureur religieufe, ils con-
damnoient au dernier lupplice quiconque étoit^.
rebelle à leur culte , ou le téméraire qui tentoit
d’en introduire un nouveau : c etoit des Scythes
qu’ils avoient emprunté ce zèle. Ces barbares,
qui avoient en horreur le culte de Bacchus ,
punirent de mort un de leurs rois pour avoir
encenfé les autels de ce dieu. Anacharfis , prnlo-
fophe & ilfu du fang des rois, fubit la meme
peine pour avoir fléchi devant Cybele. Quoique
les Celtes euffent une idée plus jufte que les autres
idolâtres de la divinité & de fes attributs, leur
théologie avoit fes erreurs. ( Pour s’ inftruire a
fond de ce qui concerne les Celtes, on peut
confulter YHiJioire des Celtes:, par M. Pellou-
tier, & Y Introduction à l ’Hifioire de Danemarck
par M. Mallet.). La perfuafion où ils étoient que
celui qui avoit le ciel propice pénetroit. dans
l’avenir , donna chez eux nai(Tance à la magie.
'Pont ce qui approchoit de 1 idolâtrie devenoit
l’ objet de leur averfion } ainfi dans les premiers
teins ils ne fabriquèrent point de ftatues pour les
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| adorer, & ils croyoient que c’étoit un culte
facrilége de repréfenter la divinité fous une forme
humaine. Ils regardoient l’ univers comme fou
fanétuaire } & leur délicateffe etoit fi exceftive,
qu’ils ne purent fe refoudre que très-tard a lui
ériger des temples. Ils auroient cru dégrader fa
majefté~que de lui fiippofer un fexe , 2c de fe
figurer qu’elle étoit male ou femelle. Des idees
fi pures n’étoient pas fans quelques mélangés
d’erreur. Leur théologie imparfaite enfeignoit
que Teut(c’eft ainfi qu’ils rendoient le mot Dieu y')
s’ étoit uni à la Terre , & que c’étoit de cette
union qu’étoient fortis tous les êtres animes.
Cette époufe étoit l’objet du culte public ; on
la promenoit dans les folemmtés lur un chariot
couvert} on célébroit le jour heureux ou elle
avoit enfanté le genre humain} on la felicitoit
fur fa fécondité. Ce culte abfurde a trouvé^ des
Apologiftes , qui ont foutenu que la terre n étoit
appelée la femme de Teut que dans un fens
figuré. . , .
Quoique les Celtes reconnuftent que dieu etoit
dégagé de la matière , leur culte, en contradiction
avec leurs dogmes, avoir toujours quelque
objet fenfibte , comme le fo le il, la lune, les
étoiles & les éiémens. Ils fe profternoient devant
ces flambeaux du monde , qu’ils regardoient
comme des êtres fpirituels} ils fuppofoient que
la matière ne faifoit pas leur eflence. Selon eux
l’être vifîble étoit le temple où la divinité réu-
d oit, le corps qu’elle anime , l’écorce où elle
s’enveloppe , & l’inftrument dont elle faifoit
mouvoir les refforts. '• i . ’
Quoique la toute-puilfance fut 1 attribut de
l’être fuprême, ils admettoient des divinités inferieures
qui lui étoient fubordonnees } c eft ce
qui a donné lieu de croire qu’ils adoroient Jupiter
, Mercure & Apollon. Mais il eft attette
qu’ils ne regardoient ces dieux fantaftiques , que
comme lés attributs de l’être fupreme, ou comme
les exécuteurs de fes ordres , à peu près comme
les autres nations admettoient des anges & des
génies, pour être les difpenfateurs des bienfaits,
ou les miniftres des vengeances céleftes. Ce ne
I fut qu’après la conquête des Gaules par les
Romains, qu’on y vit ces vains fimulâcres enfantés
dans les délires de l’imagination. La guerre
que les Celtes portèrent dans la Phocide, pour
ravager le temple de Delphes eft un témoignage
qu’ils en reipe&oient peu le dieu. Quand Lucain
& Cicéron reprochent à cette nation de faire la
guerre aux dieux qu’ils méconnoiffoient, ils
attellent quelle n’ étoit point plongée dans les
ténèbres de l’idolâtrie groflîère qui couvroit le
refte de la terre. . .■ _ . -,
Teut étoit la feule divinité des Celtes : n
préfidoit au deftin des batailles } ils l’ invoquoient
! avant de combattre. Son culte fe célébroit pen-
1 dant la nuit, quelquefois à la clarté de la lune*
quelquefois à la lueur des flambeaux. C etoit ic
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dieu créateur de tous les êtres, l’efprit univerfel
& vivifiant, & enfin l’ame du monde. C etoit
hors des murs, fur des lieux élevés , ou dans
d’épaiffes . forêts qu’on alloit 1 invoquer. Son
culte s’étendit dans toute l’Europe & une partie
de l’Afie, où il fut révéré fous .difrerens noms.
La conformité de fon culte avec celui de Plu-
ton a fait croire que les Celtes etoient les
adorateurs de.ee dieu des enfers. Les honneurs
rendus à Teut étoient les mêmes que ceux rendus
à la Terre } mais celle-ci n’ étoit regardée
que comme un être- purement paflîf, alfujetti
aux loix du premier. Ces peuples admettoient une
théogonie, c’eft-à dire, une génération de dieux}
mais ce qui les diftinguoit du refte du paganifme,
c’eft que leurs dieux n’étoient pas des hommes,
que la reconnoiftan.ee ou la terre eufient honores
de l’apothéofe. Tous les peuples feptentrionaux,
admirateurs paflionnés de leurs héros , conla-
croient leur mémoire par une efpece de culte
religieux. Les Celtes étoient les feuls exempts de
cette idolâtrie. ■ .
Leurs divinités fubal ternes etoient fort nom-
breufes} il y en avoit dans les aftres, dans 1 air,
dans la mer, dans toutes les parties de .a terre
& dans le fe u } celles qui réfidoient dans ce
dernier élément, étoient regardées comme les plus
pures , les plus pénétrantes & les plus actives}
mais, quoique de la même nature que Teut,
dont elles étoient émanées , elles lut etoient
fubordonnées., & elles ne pouvoient quitter,
fans fon ordre, l’élément & la place qu il leur
avoit aftignés. Le culte pur dans fon origine. le
corrompit infenfiblemenr, & les divimtes îubal—
ternes ufurpèrent les honneurs qui n etotent dus
qu’à l’être fuprême. ËtsJnË uî A
Teut étoit adoré fous difrerens emblèmes ,
fuivant les motifs qui faifoient implorer fon
afliftance. Si c’étoit pour, éclairer les aftemblees
de la nation, ils fe rendoient dans une plaine,
où ils adoroient leur dieu fojis la figure d un
chêne; Si c’étoit pour lui demander la victoire,
ils fe profternoient devant une epee ou un javelot.
L e s . étrangers qui les voyoient fe courber
devant ces fimulâcres , s’imaginoient que c etoit
à Pan ou à Mars qu’ils adreflbient leurs hommages.
L’endroit où ils s affembloient pour faire
leurs cérémonies s’appelojt Mallus•, c eft-a-dire,
le fanétuaire où la divinité aimoit a fe manifefter
d’une façon particulière. Il n’étoit point permis
d’en approcher fans y faire fa priere ou fon
offrande. Tous les lieux où les fimulâcres de la
divinité avoient été placés, etoient des ce moment
réputés facrés , on. né s’en approchoit qu avec
un extérieur refpeétueux} ^ c’eût été les profaner
, que de les faire fervir à -d’autres ufages.
Le chêne, reftoit fur p:ed, jufqu a ce que le tems
l’eût defîeché & détruit } c’eut été ( une profanation
d’y porter la coignée, ainfi que de
labourer le champ où les cérémonies avoient ete
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célébrées } & pour empêcher qu’il ne fût fouillé1
par quelque ufage profane, on le couvroit de
pierres d’un énorme volume. Voila quelle eft
l ’origine de cet amas dé pierres dont on découvre
encore les relies dans quelques^ endroits de la
France, de l’Angleterre & de l’Allemagne.. Ces
lieux jouifloient du droit d afyle, & le glaive
de la loi eût frappé le facrilége qui eût ofé y
faire violence à l’homme le plus^ criminel. Ils
étoient perfuadésque dieu, offenfe par la tranf-
greffion de la lo i , ne pouvoir être appaifé que
‘ par des facrifices. proportionnés à la prévarication.
Ils reconnoilfoient des diables 3 mais ils les-
croyoient dans la dépendance de 1 etr.s fupreme,,
qui le s . déchaînoit pour aller exccuter fes vengeances'contre
les'coupables.
Les forêts où ils célébroient leurs fàcrific&s,..
étoient des efpèces darfenaux , ou en te ms de
paix chaque cité dépoloit fes armes & fes drapeaux.
Les dépouilles des ennemis y étoient
confervées fous la garde des miniftres de la,
religion, qui fouvent, fous de pieux prétextes „
favoient fe les approprier» L efclave devenoit
libre dès qu’il pouvoit y , mettre le pied :.on Je:
débarralfoit de fes chaînes , qu’on fuipendoit
aux arbres confacrés-. Tacite appelle ces forêts.
■ vierges, caftum nemus,. parce que c eût été un:
! crime de lêze-majeilé divine d'en arracher uni
! féal cyprès.. Lucain ,, parlant de la forêt facrée
. qu'q^r trouvait dans le voifinage de Marfeille »
alfure que jamais- elle n'av.oit été taillee 3 & que;
Céfar voulant y faire couper, des arbres pour'
! fervit aux travaux d'un liège 3 le foldat fut failr
d'une frayeur religieufe que lui infpira la. fain—
teté du lieu. Us n'avoient point de temples^parce
qu'ils étoient perfuadés que là divinité ïélidojt.
dans chaque partie de là matière, & que c'eût
. été rétrécir fa. grandeur que de. la borner à une
enceinte. Les facrifices étoient toujours relatifs
. à la faveur qu’on follicitoit.. Vouloit-on-obtenir.
une abondante moiffon , ou jetoit des grains
: dans l'eau, dans des abîmes , dans le feu „ c 'è iL
à-dire , dans les endroits, ou la divinité étoitr
cenfée réfider. Les peuples du Gévaudan fe retr-
doient tous les ans auprès d’un lac pour i aire;
des libations. Us jetoient dans-l’eau.dés alimenss
des pièces d'étoffes, & tout ce qu'ils avoient
de plus précieux. La folenmité étoit profanée.-
par les excès de la- table pendant trois, jpucs
entiers.
Lorfque le pays, des. Celtes étoit frappé’ de
- quelque fléau , on immoloit un homme. La qualité
des viffimes humaines varia félon les teins.
D'abord on immoloit des vieillards , enfuite; dès
prifonniers de guerre 3; enfin les étrangers, que
leur avidité attiroit dans le pays,. ou ceux; que
la. tempête ou l’ignorance de la navigation; jetoient
fur le s côtes.. Dans les teins- voifins du.
Chriftianifme r on ne facrifia plus que des efifa- J ves ou des criminels. Quelquefois il. fe ptéfentois