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Y ail fert de remède aux habitans de la campagne.
On a été jufqu’à regarder Y ail comme un puiffant
contre-poifon, 8c à croire qu'on n’avoit rien à
craindre de-s bêtes vénimeufes après en avoir
mangé. Æmilius Macer le dit expreffémemt :
H ac ideo mijcere cibis mejforibus eft mos ,
Ut f i forte fopor fejfos deprejferit art us ,
Anguibus a tiocuis tuti requiefcere pojfint.
AILES. Les divinités, égyptiennes, difent les
auteurs qui ont expliqué les pierres gravées du
alais royal 3 portent quelquefois des ailes reflem-
lantes à celles des chérubins. Cette manière de
les repréfenter étoit encore en ufage fous les
empereurs romains > , car l’Ifîs avec de femblables
ailes que Ton voyoit a Rome dans le dernier
fiecle , n’étoit pas d’un tems plus reculé. On trouve
fur les médailles de Malte , deux figures placées
-l’une vis-à-vis de l’autre3 avec, des ailes fort
.longues aux hanches. Elles s’étendent en avant.,
comme.pour couvrir la partie inférieure du corps.
Le marquis-Maffei., {Veron. illuftr. P. p. 259.)
qui a rapporté une de ces médailles , n’a rien dit
de ce# ailes fi remarquables. L’abbé Vénuti la
donne aufli parmi fes médailles de.Malte, mais
fans ailes. Le tems les avoit fans doute détruites
fur la fienne 5 car elles font très-évidentes fur des
médailles femblables du cabinet de Sainte-Geneviève.
Spon ( Reck. d’Ant. dijf. 28, p. 4yo.) ne fait
ce qu’il doit faire de ces a iles, & if les prend
pour des cuiflfes fans jambes, quoique les figures
ayent des jambes très-prononcées. Gordon a ,
trouvé dans les peintures d’une momie une figure
abfolument pareille à celles des médailles de Malte :
elle a de même deux ailes aux hanches, dont
'elle lève l’une pour mettre à l’ombre une divinité
aflîfe. L’autre aile qui eft baillée fe porte
en avant. Spon a cru voir aufli des pieds de boeuf
à la figure de fa médaille 5 peut-être parce que
les chérubins avoient des têtes de boeuf. (Motraye
voyag. tom. I , pi. 14, n. 13. — Num. Pembrodî, ,
P . l t tab. 96, n. I. — Gordons, Efiay touvards j
explain. the hierogl. tab. 14, n. 7 ) . .
Ces ailes ‘annoncent les voyages des Phéniciens
qui fréquentèrent de bonne heure les îfîes
8c les côtes de la Méditerranée. C’eft d’eux aufli -
que les Pélafges ou premiers Grecs reçurent la
mythologie égyptienne. Si Paufanias eût réfléchi
fur ces communications anciennes, il n’àuroit pas
été obligé d’avouer fon ignorance à la vue d’une
Diane ailée qu’il vit fur le fameux coffre de Cyp-
felus. On fait que les Etrufques reçurent les arts
& les connoiffances de ces anciens Grecs ; c’eft
pourquoi on appliquera facilement à ces derniers
ce que nous allons dire des premiers fur l’autorité
de Winkelmann.
Les Etrufques ont repréfenté prefque toutes
letirs divinités avec des ailes, Jupiter en porte fur {
A I L
une. pierre étrufque du cabinet de Stofch : on
voit ce dieu repréfenté de même fur une pâte de
verre 8c fur une cornaline du même cabinet, où
il fe préfente à Sémélé dans toute fa majefté.
Comme les anciens Grecs, les Etrufques don-
noient des ailes à Diane > celle d’Ephèfe eft ailée
fur une pierre gravée de Stofch, 8c fur une autrs
du cabinet de Florence. Les nymphes ailées qui
l’accompagnent fur une urne fepulcrale du capi-
.tole & fur un bas-relief de la Villa Borghèfe,
font yraifembîablement des figures empruntées de
cette ancienne mythologie. La Minerve étrufque
porte non-feulementUes a ile saux épaules, mais
encore aux pieds. Horfiey ( Brit. Rom. p. 3y3.)
s’eft bien trompé, en difant qu’on ne trouvoit
point de Minerve ailée, 8c que les auteurs n’en,
ont même jamais parlé. On voit jufqu’à. Vénus
peinte avec des ailes,
Les Etrufques en mettoient encore à la tête de
plufieurs autres divinités, telles que l’Amour,
Proferpine 8c les Furies ; c’eft dans ce même fens
que leurs artiftes repréfentoient des chars avec
des ailes : cet ufage leur étoit commun avec les
Grecs. En effet, Euripide (Oreft. v. 1001.) donne
au foleil un char ailé > 8c fur les médailles d’Eleufîs,
:Cérès eft repréfentée aflife fur un femblable char,
tiré par deux ferpens, La fable parle aufli d’un
char ailé de Neptune, quApollon fit donner à
Idas pour enlever la nymphe Marpeflfa. ( Apollodor.
bibl. I. 1 , p. 16).
Les divinités ailées ne font pas fi communes
fur les monumens grecs que fur ceux des Etrufi
ques. Les Grecs ne donnoient ordinairement de
grandes ailes qu’à la Viéloire, 8c quelquefois à
Diane. Les Etrufques en donnoient, comme nous
l’avons d i t , 'à Minerve, à Diane, à Vénus, à
Médufe 8c aux Furies.
Le comte de Caylus (Rec. r u , pl. 4 4 , n. 3.) a
fait defliner une ftatue qu’il croit repréfenter la
déefle Salus ou de la fanté ; elle porte deux ailes
fur le front. On ne peut expliquer cette fingularité
que par le moyen de quelqu’allégorie inconnue
aujourd’hui. Le même favant a publié une fécondé
figure ailée, dont les ailes lui ont fait écrire une
obfervation pleine de fagacité. {Ibid. p. 188).
Les plumes de fes ailes font placées à contre-
fens, c’ eft-à-dire, que leurs extrémités s’élèvent,
au lieu de fuivre leur pente ordinaire vers la terre.
Je ne puis, dit-il, attribuer cette licence à la bizarrerie
de l’ornementj car on voit plufieurs monumens
étrufques 8c romains, graves 8c férieux, dont
les ailes, non-feulement font arrangées dans cet
ordre, mais dont les plumes, à l'extrémité, fe
terminent en volute j j’ avoue que je ne puis concevoir
ni la raifon, ni le motif d’un arrangement
qui s’oppofe à la nature. ( Caylus 3, p. 188).
A i l e s . AU. Cet article, eft bien traité dans
Y Art Militaire de cette Encyclopédie On y a
fait voir que les ailes des légions etoient formées
fouvent par .desfantaflins 5 quoique les .cavaliers
À I M
f formaffent ordinairement ]es ailes. Plufieurs ha-
[ meaux, qui jadis étoient deftines aux dations des
f romaines, avoient retenu le furnom Ala avec Je
néraire d‘Antonin :
Durnomagum, leg. VII. Ala.
B urune um 3 leg. V. Ala.
Novefium, leg. V . Ala.-
Geldubam, leg. IX . Ala.
A il e s milliaires, étoient chez les Macédoniens
la même chofe que I’àg em a ; elles furent
mi fes en ufage dans la taâique romaine.
11 faut placer au nombre des divifions militaires,
Y a l a fingularium dont parle Tacite {Xifi.
i v , 70. 3.) : Accejfit ala fingularium , cxcita olim
•<z Vitellio, deinde in partes Vèfpafiani tranfgrejfa.
Cette troupe portoit le nom (YAla fingularium
equitum, foit parce qu’il n’y avoit entre ces maîtres
d’autre diftinétion que celle des commandans ,
foit parce que ces maîtres étoient des cavaliers
d’elite, fingulares.
A 1MAK0 YPIÀ. Les Péloponnéfîens célébroient
ces fêtes cruelles fur le tombeau de Pélops, en
fouettant des enfans jufqu’à faire couler leur fang.
C’eft de ce fang des enfans qu’ elles prirent leur
nom àvl T S oilflCtTÔS TM Kispav.
A IM A N T . Mine de fer, a fiez femblable en
poids 8c en couleurs à l’efpèce de mine de fer
qu’on appelle mine en roche. Elle contient du
fer en très-petite quantité. Cette pierre fameufe
a été connue des anciens > car nous favons
par le témoignage. d’Ariftote, que Thalès, le
plus ancien philofophe de la Grèce, a parlé de
\ aimant ; mais il n’eft pas certain que le nom
employé par Ariftote foit celui dont Thalès s’eft
fervi. Onomacrite, qui vivoit dans la 6oc olympiade
, 8c dont il nous refte, à ce qu’on croit,
quelques poéfies fous le nom d’ Orphée, eft celui
qui nous fournit le plus ancien nom de l’aimant y
il l’appelle /uoiywTtis. Hippocrate ( lib. de fterilib.
mulier.) a défigné Y aimant fous la périphrafe de
' la pierre qui attire le f e r , .X&cs fats tov A^tjpoy
fipZTC6%,tÇ.
Les Arabes , les Portugais fe fervent de la
même périphrafe que Scxtus Empiricus a exprimée
.en un feul mot rithipayoybç. Sophocle, dans
une de fes pièces, qui n’eft pas venue jufqu’à
nous, avoit nommé Y aimant 'kvMcç \t$-oç , pierre
de Lydie. Héfychius nous aconfervé ce mot aufli-
bien que Xvl'izj xiS-oç3 qui en eft une variation.
Platon, dans leTimée, appelle 1’ aimant H pcbzXuct
A/S-o?, pierre d’Héraclée , nom qui eft un des plus
ufités parmi les Grecs.
Ariftote a fait plus d’honneur que perfonne à
Y aimant, en ne lui donnant point de nom > il
I appelé l A/9-o?, la pierre par excellence. Thémif-
tius s’exprime de même. Théophrafte, avec la
plupart des anciens, a fuivi l’ application déjà
établie de A/lHs- h.'punxtiu.
A I M ï ï j
Pline, Air le paflage mal entendu de ce philofophe,
a cru que la pierre de touche, coticula,
qui, entre fes autres noms, a celui de *
avoit de plus celui , commun avec
Y aimant : les Grecs 8c les Latins fe (ont aufli
fervis du mot sifopins 3 th-e de f/Jsjpoç3 fer, d ou
eft venu le vieux nom françois, pierre ferrierc.
Enfin, les Grecs ont diverfifié le nom de
en diverfes façons j on trouve dans Tzetzes
, dans Achilles Tatius >
dans là plupart des auteurs, puynrii dans
quelques-uns, aufli-bien que \ a/£os p.<tyiiTn3 par
la permutation de ^ en /, familière aux Grecs des
, les premiers tems î & ^s*yv«Vj qui n eft pas de
tous ces noms le plus ufité parmi eux, eit prefque
le feul qui foit pafle aux Latins.
Pour ce qui eft de l’origine de cette dénomination
de l’aimant, elle vient manifeftement du
lieu où Y aimant a d’abord ete découvert. Il y
avoit dans l’Afie-Mineure deux villes appelées
Magnifie ; l’une auprès du Méandre , 1 autre au
bas du mont Sypile. Cette dernière, qui appar-
tenoit particulièrement à la Lydie, 8c qu on appe-
loit aufli Xéraclée, félon le témoignage d Ælius
Dionyfius dans Euftathe, étoit la vraie patrie de
Y aimant. Le mont Sypile étoit fans doute fécond
en métaux, & en aimant par confequentj ainfi.
Y aimant appelé Magnes du premier lieu de fa de-
couverte , a confervé fon ancien nom, comme
il eft arrivé à l’acier 8c au cuivre , qui portent
le nom des lieux où ils ont été découverts ; ce
qu’ il y a de fingulier, c’ eft que le plus mauvais
aimant des cinq efpèces rapportées par Pline,
: étoit celui de la Magnéfie d Afie-Mineure, première
patrie de l’aimant, comme le meilleur de
tous étoit celui d-’Æthiopie.
Marbodeus dit que Y aimant a été trouvé chez
les Troglodites, 8c que cette pierre vient aufli
des Indes. Ifidore de Séville dit que les Indiens
l’ont connu les premiers ; 8c aprèsjui, la plupart
des auteurs du moyen 8c du bas-âge, appellent
Y aimant lapis zndicus , donnant la ‘patrie de l’efpèce
à tout le genre.
Les anciens n’ont gucres connu de Y aimant que
la propriété d’attirer le fer 5 c’ étoit le fujet principal
de leur admiration, comme.on peut le voir
par ce beau paflage de Pline : Quid lapidis rigore
pigrius ? Ecce fenfus manufque tribuit illi natura.
Quid ferri duritie pugnatius ? Sed cedit & patitur
mores : trakitur namque a magnete lapide 3domitrix-
que ilia rérum omnium materia ad inane nefeio quid
currit, atque ut propius venit, ajfifiit teneïurque ,
& complexu haret. (Plin. liv. XXXVI, C. lé ) .
Cependant il paroît qu’ils ont connu quelque
chofe de fa vertu communicative. Platon en
donne un exemple dans l’Ion, où il décrit cette
fameufe chaîne d’anneaux de fer fufpendus le*
uns aux autres, 8c dont le premier tient a \ aimant.
Lucrèce, Philon, Pline, Gallien, Nén^e-
l fius, rapportent le même phénomène, 8c Lucrèçi
O ij