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ad pr.imam , ad fet'.undam, &c. buccinam. Elle annonç’oit
encore les heures des repas dans les eavnps.
Tac h:e (A.iital. xv 30. I.) : Initia vigiliarum per
centui tr i, convivium buccina dimitti.
Sous les rois enfin, on alfembloit le peuple romain
au fon de la buccina , comme nous Rapprenons
de Properce (tv. 1 . 13.) :
. Buccina cogehat prifcos ad verba Quirites.
BUCCINATOR nominum. Gruter ( 1116. 4.)
rapporte une infcription dans laquelle un fervi-
teyr des magiftrats eft défigné par ces mots qui
peuvent être fynonymes de celui de nomenclator.
il nommoit peut-être au magiftrat, 8c appeloit
enfuite à haute voix ceux que le magiftrat citoit
à fon tribunal : peut-être aufli n’étôit-il qu’un
fimple aboyéur.
BU C CU LA . Ce mot a été traduit de deux
manières entièrement oppofées par les philologues
: nous croyons cependant qu’ il a pu avoir
ces deux acceptions en même terras, Turnèbe
( Adv. ix . 16.) 8c plufieurs autres ont cru que
b ne eu la défignoit cette partie du cafque qui couvre
les joues j le menton & la bouche, & que l’on a
appelée depuis les joues &c la mentonnière. Ils
citent en leur faveur un texte de Tite-Live ( .m r .
34.), dans lequel buccula eft jointe immédiatement
aux cafques, gale as bucculafque tergere.
L ’étymologie les favorife encore davantage ; car
on trouve dans Suétone 8c dans Apulée le mot
buccula, défignant la bouche & les parties qui
l’avoifinent.
Mais les glofes d’Ifidpre donnent le nom de
buccula à la partie du bouclier que les Grecs
appeloient , & les Latins umbo. On
lit dans ces glofes : Angia 3 ferrum buccula feuti ,
& ancile , feuti buccula. Ce nom fut donné fans
fans doute à Y umbo, à caufe des têtes de bêtes ou
d’hommes, telles que des têtes de îMédufe & de
lions à gueule beante, dont cette partie du bouclier
étoit ornée. Buccula défignoit aufli le bouclier
entier} c’eft dans ce fens qu’elle eft employée
dans le Code Théodofien (leg. 1. de Fabricenf. ) :
Oéio apud Antiochiam cajfides , totidemque bue-,
cidas. Juvénal faifant la defeription d’un trophée,
peint les débris d’un bouclier, ou la buccula attachée
au-detfus du cafque (x . 133.) :
Bel1er um exuvie , truncis a fixa trop ai s ,
Lorica & fraeîa de caffidë buccula pendens. .
BUCENTÀURE, efpèce de centaure qui avoit
Je corps d’un boeu f ou d’un taureau, tandis que
les centaures font ordinairement repréfentés avec
le corps d’un cheval : il y en avoit aufli dont le
corps étoit celui d’un âne. V . O n o c e n t a u r e .
Nous avons des monumens qui repréfentent Hercule
combattant un bucvntaure : le héros n’a
point de nufliie , ni aucune antre efpèce d'arme}
BUC
mais il embrafle le bucentaure par le milieu du
corps, & femble l’étreindre pour l’étouffer.
BUCÉPHALE, /35»£<p«A«ÿ. Ce nom eft com-
pofé de s'aç, boeuf, 8c de , tête. Les anciens
avoient coutume d’imprimer différentes marques
fur les cuilfes ou fur la croupe des chevaux. Les
plus communes étoient un s , figma, 8c un K,
kappa : ceux qui portoient la première marque,
étoient appelés $ «.pucplfctt > 8c ceux qui
portoient la fécondé. Quelquefois on imprimoit
au lieu ‘ de lettres , une tête de boeuf 3 & les
chevaux fur lefquels on voyoit cette marque,
s’appelaient fimcltpciXai. Tel fut celui d’Alexandre.
Le feholiafte d’Atiftophane (Nub. 1. 1.) 8c Héfy*
chius nous ont confervé cette étymologie fimple,
du nom que portoit le cheval favori du vainqueur
de Darius. 1
Quelques écrivains anciens ont donné une
autre étymologie au nom de Bucéphale ; les uns
le dérivent de la forme de fa tête , qu’ils difent
avoir reffemblé à celle d’un boe u f, 8c qu’ils
comparent à celle des Jumards% les autres le dérivent
de fon air farouche. L’étymologie du feholiafte
d’Ariftophane eft la plus fimple & la plus
naturelle. L ’ hiftoire du cheval d’Alexandre ne
doit pas entrer dans ce dictionnaire , mais nous
devons chercher à fixer l’évaluation des treize
talens qu’il avoit coûté , félon Pline ( vm . 42. ) ,
& des feize talens auxquels Aulu-Gelle ( v . 2.)
l’a apprécié. M. PauCton porte à 6,000 de nos
I vres le talent ordinaire, & à 60,000 livres le
talent d’or ( Métrologie ) : ce qui donne par la
première évaluation 78,000 liv. pour le texte de
Pline , 8c 9 6 ,0 00 liv. pour celui d’Aulu-Gelle. La
fécondé évaluation dé M. Paucton donneroit
780,000 liv.- & 960,000 liv.
Le fameux Lyfippe fit en bronze -le portrait de
ce fameux cheval 3 comme nous l’apprend Stace
( Sylv. 1. 1. 84. ) :
Cédât equus , Latia qui contra templa Diones
Cafard fa t fede fori , quem traders, es aufus
Pellao , Lyfippe , duci.
BUCHER , pyra, buflum 8c rogus. Servius a
voulu afljgner une différence effentielle entre ces
mots ; mais il s’eft contredit fur cet objet en
deux endroits de fon Commentaire ( Æneid. u L
0 XI. ).'
On choiflifloit pour former les bûchers 8c confirmer
les cadavres , les bois réfineux, tels que le
pin , le fapin ,- l’i f , le cyprès , &c. Le dernier
fur-tout étoit employé à faire l’inçeinte du bûcher
,* afin, dit Servius {Æneid. vu z i f ) >
que les afliftans ne fuffent pas incommodés de
Rôdeur qui s’exhaloit : Varro diclt pyras tdeb
cuprcffo circumdari fe litas, propter gravent ufinna
adorent. Voici les vers de Virgile , fur lefquels
Servius fait cette obfervation :
Ingcr.te:
B U C
Ingentem flruxere pyram, cui frondibus atris
Intexunt latera , & ferales ante cupreffos
Conftituunt.
Les bois que l’on employoit à faire des bûchers,
étoient bruts, 8c fouvent cétoient des troncs
d'arbres garnis de leurs branches, comme nous
venons de le voir. Mais le luxe s’empara bientôt
de ces trilles conftru&ions 5 & les loix des XII.
tables s’opposèrent à fes progrès , en défendant
pour les bûchers Tufage des bois polis & travaillés :
HOC PLUS NE EAC1TO. RoGUJë A S C IA NE P O L IT O.
Cette loi ne produifit pas un grand effet 3 car on
vit bientôt les bûchers reprendre leur ancien éclat.
'Onles conftruifît avec de belles 8c grandes charpen»
te§} on les chargea de ftatues & on les orna même
de peintures. Pline eft garant de ce dernier excès
( xxxv. 7. ) .* Quoniam & pericula expingimus ,
ne quis miretur & rogos pingi.
Les loix romaines défendoient de conftruire un
bûcher plus près des maifons habitées, que de
foixante pieds ( Cicer. de legib. i l. 24. ) : Rogum3
bujlumve novum vetat propius fexaginta pedes ad-
jici ades aliénas invito domino : incendium vere-
tur acerbum. L’incendie de la Curie 8c de la ba-
filique Porcienne , caufé par les flammes du
bûcker que l’on drefla à Clodius dans, la place
publique , fit connoître la fagefife de cette loi.
Aufli y avoit-il dans chaque ville un efpace entouré
de murs, appelé Uftrinum , qui fervoit à
brûler les corps des pauvres qui ne iaiffoient pas
affez de bien pour avoir les honneurs d’un Bûcher
particulier. On en a trouvé un dans les fouilles
de Pompeïa.. V oy e^ Ustrinum.
Les bûchers des riches étoient de forme carrée.
Cependant Xiphilin rapporte que l’on donna
à celui de Pertinax une forme triangulaire. Quatre
étages ornés de gradins, partageoient le bûcher.
Le premier renfermoit les matières combuftibles 3
le fécond étoit chargé de fleurs 3 le troifième,
de réfine 8c d’aromates précieux} fur le quatrième
enfin , étoient entaffés des étoffes, riches
& des habits de pourpre. Voici la defeription
qu’en fait Stace dans la Thébaïde ( vu y6.) :
Jma •virent agrefti ftamina cultu, J
Proxima gramineis operofior area fertis 3
Et piSluratus morituris fioribus agger.
Tertius affurgens Arabum firue tollitur ordo
Eoas complexus opes, incanaque glebis
Thura, & ah antiquo durantia cinnama Belo j
Summa crêpant auro.
Le feu étoit mis au bûcher par les parens les
plus proches du mort, qui détournoient la tête,
pour témoigner qu’ils lui rendoient à regret ce*
dernier fervice. Dans l’Iliade (x xm . 19 3 .), on
voit Achille jeter fur le bûcher de Patrocle des
Antiquités 3 Tome /,
BUC 51»
boeufs, des moutons, des chevaux 8c des chiens,
que ce prince malheureux avoit tendrement aimés.
Quelquefois on y jetoic aufli les corps des prisonniers
de guerre, que l ’on immoloit aux mânes
des héros. On vit même des victimes volontaires
fe jeter dans le bûcher, afin de ne pas être réparées
de leurs amis. Tel fut Mneftée, l’affranchi
d’Agrippine, qui fe tua fur fon bûcher. Tels furent
des foldats d’Othon , qui fe percèrent fur les
reftes de ce malheureux empereur : telles furent
enfin plufieurs veuves célèbres dans l’antiquité.
On précipitoit dans les flammes tous les habits
& tous les meubles dont le mort s’étoit fervi 3 &
les afliftans y jetoient aufli à l’envi des préfens,
des parfums. Aux funérailles de Céfar, les vétérans
dépofèrentleurs armes fur 1t bûcher. A l’inftant
où les parens avoient allumé le feu du bûcher, on
l’arrofoit avec de l’huile & des parfums, afin de
hâter l’effet du feu. On adreffoit même des prières
aux vents, pour qu’ils donnaflent plus de vivacité
aux flammes. Achille invoque, à cet effet, dans
l’Iliade ( x xm . 193.) Borée 8c Zéphire, 8c leur
promet des facrinces.
Macrobe nous a copfervé un ufage particulier
aux bûchers deftinés à plufieurs corps : c’étoit de
mêler le corps d’une femme à celui de dix hommes
, comme un véhicule pour le feu (Saeurn. v u .
I 9 3 .) : Si quando ufu venir e t, ut plura corpora
fimul incenderentur, folitos fuijfe funerum minifiros
dénis virorum corporibus fingula muliebria adjicere ,
& unius adjutu , quafi naturâ flammei , & ided céleri
ter ardentis , cetera flagrabant.
BUCOLIASME, chanfon des pafteurs ou bergers
de l’ancienne Grèce. Ils la chantoient en
conduifant le bétail aux pâturages, félon Athér
née (lib. x iv ). Diomus,, berger de Sicile, com-
pofa la première, & Epicharme en avoit fait
mention dans Y Alcyon 8c dans Ulyjfe faifant naufrage.
Le nom de bucoliafme défignoit aufli un air
de danfe que l ’on jouoit fur la flûte.
BUCOLE. )
BUCOL IC I. > Les Bucoles étoient des con-
BUCOLIN I. ) trées de l’Egypte deftinées
à la nourriture des .beftiaux. Ceux qui les habi-
toient étoient fauvages 8c farouches. Jules-Capi-
tolin les appelle Bucolici (c. 21.)-: Quùm perÆgyp-
tum B u col ic i milites gravia multa feciffent, per
Avidium Caflium retufi funt, qui pçftea tyrannidem
arripuit. Ils font nommés Buçolini milites dans
la vie de S. Hilarion, écrite par S. Jérôme. Ces
trois mots viennent de je conduis les
boeufs aux pâturages.
BUCRANE, bucranium , /îiiKpciYoy. Proclus
fe fert de ce mot dans le Traité de la fphère. Il
défignoit quelquefois chez les Grées un cafque
creufé dans une tête de boe u f, ou fait en forme
de tête de boeuf.
Nous propofons aux architectes d’employer ce
mot nouveau, pour défignçr ces têtes de boeuf
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