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& fans doute par des agraffes. Ces bottines étoient
communément de cuir de boeuf, & quelquefois
de cuivre. Voici le partage d’Homère : ( liv. 19.
traduc. de Mme Dacier. )
e« Achille, plein de rage & d’impatience, prend
» les armes que Vulcain lui a faites. 11 met les
» cuijfarts , couvre fa poitrine de fa cuiraffe étin-
» celante, prend le baudrier d’où pend fa redou-
*» table épée, & charge fon bras de ce bouclier
» impénétrable, qui jette une clarté pareille à
« celle de l’aftre de la nuit.. . . Achille s’eflàye
» fous fes armes pour voir fi elles lui font propres,
M S«: fi fon corps fouple conferve. toute fa li-
*• berté. »
Un fcarabée d’agathe grife , rayé de blanc, de
la collection du même favant, (Recueil, il.pl. 28.
n9. 3.) repréfente encore Achille, du moins félon
les caraétères bien conftamment écrits du temps.
Çe héros, environné de fes différentes armes,
prend celles qui dévoient couvrir fes jambes. C’eft
précifément le même fujet dont il avoit fait mention
dans le premier volume 5 mais la compofition
en eft abfolument différente.
On trouve jufqu’à trois fois, dans la feule collection
du. baron de Stofch, Achille qui met fes
bottines ou fon armure des jambes.
Les héros grecs cqmmencoient à s’armer par
ee~s pièces , & c eft ce que pratique Àgamemnon
dans l’iliade. (A 17. & n. 131.) Achille paroît
dans cette attitude, fur un bas-relief de la ville
Borghèfe, où un efclave agenouillé lui chauffe une
feule bottine. Quoiqu’Homère parle toujours de
cette partie de l’armure au nombre pluriel, (KtqfcUiç)
ce marbre eft conforme à l'ufage des fiècles pofté-
rieurs , où les Romains ( Arrian. taSt. p. 13. ) èc
les Grecs eux-mêmes (Macrob. Saturn. liv. y. c.
18. ) ne portoient qu’une feule bottine, Les Eto-
liens, félon le Scholiafte d’Euripide , ( Brod.
Mifcel. liv. 3. c. 8. ) la plaçoient à la jambe droite,
& les Saranites à la gauche. ( Liv. I. 9. c. 40. )
Le tombeau du gladiateur Bâtoncélèbre par
les funérailles fomptueufes que lui fit Caracalla,
Se qui eft placé dans la ville Panfili, repréfente
cet athlète armé d’une épée, d’un bouclier &
d’une .feule bottine à la jambe gauche. Cette armure
eft placée fur le-devant de la jambe, & liée
par defrière avec des courroies. On voit une fem-
blable armure', placée fur la même jambe, aux
figures de Caftor & de Pollux, ces deux héros fi
célèbres dans la gymnaftique , peints fur un vafe
de terre cuite, & à celles de deux gladiateurs
peints fur une lampe de même matière. L’athlète
avançoit le côté gauche qu’il couvroit avec le
bouclier 5 mais il laiffoit-alors la jambe gauche dé-,
couverte 5 ce qui motivoit l’ufage de la bottine.
Quant*au flanc droit, il étoit retiré en arrière, &
la jambe droite étoit garnie d’une légère défenfe,
beaucoup moins forte que la bottine que fou ap-
perçoit au gladiateur Bâton.
Les bottines ouvertes par derrière, font très
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vifibles à un foldat fctilpté -fur un tombeau ave«
une épitaphe, dans Muratori. ( d c c c x l . 7. ) Mais
il ne s’elt confervé à Rome, qu’une feule ftatue
avec ces bottines ; elle eft dans la ville Borghèfe.
Le parc de Verfailles en renferme une fécondé,
qui eft placée auprès du canal.
Le comte de Caylqs a publié ( Rec. ni. pi. 20.
n°. 2 . ) une petite figure de bronze, qui porte aufli
des bottines ouvertes.
Dans la colle&ion des pierres gravées de Stofch,
on en voit trois fur lefquelles l’amour eft repréfente
fe mettant les bottines ouvertes; & Énée
paroît dans la même attitude, fur une prime d’é-,
meraude de cette riche colle&ion.
Ces monumens,que nous avons recueillis avec
tant de foin & que nous indiquons avec tant de
profufion, étoient néceffaires pour entendre les
paffages des anciens écrivains, relatifs à ces bottines.
Leur nombre a varié : tantôt on en portoit
deux, & tantôt une feule. Homère en parle toujours
au pluriel, xnpiï* y Tite-Live dit aufli : (lib.
I*43.) Arma his imper ata , gale a , clypeus , ocres.,
lorica, omnia ex ère. Plufieurs marbres nous les
montrent toutes les deux. Souvent les écrivains
grecs & latins ne font mention que d’une feule
bottine y tel eft Polybe, ( Lib. 6. 21.) tel eft Végèce,
( I. 20.) P édités feutati etiamferreas ocreas in
dextris cruribus cogebantur accipere. Tel eft Tite-
Live : ( 9. 40. ) Sinifirum crus ocreâ tectum , &c.
Cette bottine s’offre aufli quelquefois feule à nos
yeux, fur les marbres & fur les pierres gravées ,
& elle y eft placéô, tantôt fur la jambe droite,
& tantôt fur la gauche.
Quant à la matière de ces bottines , celles dont,
parlent Homère & Héfiode , { Scut. Hercul. )
étoient de cuivre ou d’étain. Végèce, cité plus
haut, fait mention de bottines de fer ; Sc Virgile,
(Æneid. ru .) décrit des bottines d’argent.
L’étude des monumens nous apprend une particularité
relative à ces bottines ouvertes,.dont
les écrivains ne font point mention : c’eft de les
voir quelquefois placées fur le derrière de U
jambe.
Sur une fardoine de la coîleélion de Stofch,
on voit Caftor &: Pollux qui ont chacun le gras
d’une jambe armé d’une plaque ou bottine, tandis
que le devant de cette jambe eft nud. Un foldat
de bronze, d’un pied de hauteur, qui était dans
le cabinet du collège de S. Ignace à Rome, offroit
la même Angularité. On voyoit par derrière , l’armure
de la jambe qui reftoit nue par devant. Cette
figure étoit venue de Sardaigne avec d’autres
bronzes aufli finguliers, qui ornoient la même
colleérion.
BOTTICEA, en Macédoine, b o t t a i&n Se
EOTTIAIÎ2N & BOTTEATflN.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRR. en bronze.
O. en. or.
O. eo argent.
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Leur type ordinaire eft un cheval paiflanL
gQUC. Cet animal étoit en grande vénération
chez les habitans de Mendès en Egypte 5 & en
général les Egyptiens n’immoloient jamais de
boucs3 parce qu’ils repréfentoient leur dieu Mendès
ou Pan, avec la face & les jambes de bouc. Sous
le fymbole de cet animal lafeif, ils adoroient le
principe de la fécondité répandu dans toute la
nature, & exprimé par le dieu Pan. Mais chez
les Grecs, on immoloit le bouc à Bacchus, parce
que cet animal ravage les vignes. Le bouc écoi%,
dans les peintures, la monture ordinaire de Vénus.
La Vénus populaire étoit repréltmée montée fur
un bouc terreftre, dit Paufanias* & la Vénus marine
fe faifoit porter fur les ondes par un bouc
marin. 1 ^ H H
Le bouc étoit la viérime que l’on promenoit
autour des vignes, des preffoirs, & que l’on im-
moloit au dieu du vin; & comme la tragédie naquit
chez les Grecs pendant les vendanges, le bouc
devint la récompenfe du poète qui mêla le premier
auxlouangesde Bacchus, celles deshéros. Horace
rappelle, dans fon art poétique , ( n9, .220. ) ce
prix décerné au plus habile des. poètes tragiques:
Carminé qui tragico vilem certavit ob hircum.
Le cifeau des artiftes grecs a rendu plufieurs
boucs célèbres. On voyoit enFr’autres à Delphes,
dans le temple d’Apollon, un bouc d’airain que les
habitans de Cléone, délivrés d’une maladie pefti-
lentielle , y avoient confacré au foleil levant par
le confeil d’un oracle. (Paufan. P hoc.') Le palais
Giuftiniani de Rome en renferme un très-fameux ,
dont la tête eft d’un artifte moderne. On vit quelquefois
dans les jeux du cirque à Rome, des
enfans portés par des boucs Telles & bridés L’anthologie
( 1. c. 13. ep. 28; ) en fait mention , &
des bas-reliefs antiques les repréfentent encore.
Bouc ( on voit un ) fur les médailles d’Ænus
en Thrace, de Paros, de Theffalonique, deCélen-
dris, de Syros, de Pharus.
, Deux boucs fe battent, fur les médailles de
Theffalonique.
BOUCHE. La bouche, dit Winkelmann de qui
nous empruntons cet article, & les yeux, font
les deux parties du vifage les plus fufceptibles de
beauté. Celle qui eft propre à la bouche , eft fi
connue , qu’on ne fe propofe pas de la rappeler
ici ; on va faire feulement quelques obfervations
relatives aux monumens antiques.
La lèvre inférieure doit être ordinairement plus
pleine que la lèvre fupérieure, afin de produire
1 inflexion fenfible qui donne au menton un ar-
rondiffement doux & agréable. L’artifte qui a
fculpté une des belles ftatues de Pallas , confer-
vees à la Villa-Albani, a donné à fa lèvre inféuc
gravite qui doit la caracteriier. i_e
levres des figures humaines de l’ancien ftyle fon
clofes, mais elles ne le font pas entièrement au
«gures divines de l’un & de l’autre fexe. Les tête
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de Vénus ont ordinairement les leurs demi-clofes,
pôur exprimer la langueur & le defir. On obferve
aufli cette demi-ouvertu: e aux figures héroïques ,
& Properce fe fert du mot hiare, pour peindre
celle des lèvres de l’Apollon palatin.
Hic equidem Phoebo vifus mihi pulcrior ipfo
Marmoreus tacitâ carmen hiare. lytâ.
Quant aux têtes qui font des portraits, & oùf
l’on ne reconnoît pas le beau idéal, telles que
celles des empereurs */ les lèvres font toujours
fermées»
Le bord des lèvres de quelques têtes du ftyle
ancien , eft exprimé par une iigne tranchante ;
d’autres fois ce bord a une élévation in fenfible
& paroît haché avec le cifeau. On employoit
fans doute ce procédé, pour faire reffortir
davantage le trait des lèvres , lorfque les figures
étoient placées à une certaine diftance.
On trouve rarement des figures qui ayent les
dents vifibles, même pour exprimer ie rire, fi l’on
excepte les fatyres & les faunes. Winkelmann ne
connoifloit qu’une feule divinité du ftyle antique >
ainfi repréfentée : c’eft l’Apollon du palais Conti.
BOUCHERIES T Ces établiffemens, deftinés
à la vente de la viande, n’étoient point repréfentés
par le mot macellum , (Voye^ ce jnot. ) parce
que celui-ci défignoit un marché dans lequel on
vendoit, non-feulement de la viande, mais du
poiffon & d’autres comeftibles.
Il ne paroît pas qu’il y ait eu chez les Grecs
des bouchers & des boucheries dans les temps héroïques
& du temps d’Agamemnon 5 car les héros
d’Homère dépècent & font fouvent cuire eux-
mêmes leurs viandes. Divers paffages d’écrivains
grecs nous apprennent en général, qu’il y a eu
depuis des bouchers dans la Grèce, & qu’ils ven-
doient la viande au poids.
Nous fo„mmes plus inftnnts fur ceux de Rome.
Il y en avoit deux corps ou colleges y il n’étoit pas
permis aux enfans de ces deux claffes de bouchers ,
de quitter la profeflïon de leurs pères, fans abandonner
à ceux dont ils fe féparoient, la partie des
biens qu’ils avoient en commun avec eux. Ils élt-
foient un chef qui jugeoit leurs différends > ce tribunal
étoit fubordonné à celui du préfet de la
ville, prsfeBo urbïs.
L’un des collèges des bouchers ne s’occupa
d’abord que de l’achat des porcs 5 de- là vint fon
ï\om3fuarii‘ l’autre achetoit & vendoit les boeufs,
les vaches, les veaux & les moutons, ceux-ci
furent appelés boarii 8c pecuarîi. Mats ils furent
reunis par la fuite en un feul collège. Les marchands
de viande ou bouchers avoient fous eux
des gens appelés lani&nes 9 lanii , & même car ru-fie es 3 dont l’emploi était de tuer les befti.uix,
de les habiller, de couper les chairs d'ans les