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d'Ephcfc &r les poutres de fon temple étoient
aulfi de cette cfpèce de cèdre (Plin. lib 15. c. 5.
& lib. 16. c. 40. ).
Les anciens fculptoient encore avec le grand
cèdre les images de leurs aïeux ( Virgil. Æneid.
7. v. 177. ) : •’
. . . . Effigies ex ordine qvorurn
Antiqua ex cedro.
Ils en faifoient des torches qui répandoient
une odeur agréable dans les appartemens ( Virgil.
Æneid. lib. 7. v. 12.).
................................TeBlfque fuperbis
U rit 0 dorât um tioclurna in luininà cedrüm.
C e il du grand cèdre que découle une réfine
très-odorante, appelée cedria ou cedrium. Les
anciens en frottoient les meubles, les feuilles de
papyrus & les toilettes, parce que fon amertume .
en éloignoit les infeéles, & que fa qualité réfi- '
neufe les rendoit inaccefflbles à l'humidité. Vi-
truve nous explique ces propriétés ( lib. il. 9.) : )
E x cedro oleum , quod cedreum -, nafcilur, quo
reliqus. res cum funt uncis , uti etiam libri , a tineis ,
6’ a carie non l&duntur. Cet ufage explique les
paffages fuivans.
Ovide die ( Trifi. 1 . 1 . 7 . ) :
Nec titulus minio nec cedro charta notetur.
Perfe ( 1. 42. ) ;
. , . . Cedro . . . digna locutus.
Horace enfin ( Art. Poet:$$i. ) :
. Speramus carmina fingi
Poffe linenda cedro. . . . > » '
Quelques écrivains ont avancé que les Egyptiens
employoient cette réfine du cèdre .pour les
embaumemens > mais les analyfes de Rouelle
famé. , que nous rapporterons à l’article des
momie s 3 ont démontré qu’il n’y entroit que du
piffafphalte. . I
Le cèdre- genevrier fervoit aux Egyptiens a
faire les cercueils des momies ; & c’eft lui que
Virgile confeille de brûler dans les étables pour
les définfeéter après les épizooties.
CÉDRF.NE, fleuve voifin de Troye , père de
la nymphe Alexirhoè. Voye£ Alexirhoe ,
IEsaque.
CEINTURE , , cingulum & qona. Chez
les Grecs & les Romains les hommes & les
femmes portoient des ceintures ; mais celle de
chaque fexe écoit placée différemment.
C E I
• Les homhies, lorfqu’ils étoient armés, por-
toient un. c einturon' (-voy^ ce mot ) , & une
ceinture quand ils étoient fans, armes. Us la pla-
çoient fur les hanches, plus bas que celle des
femmes. Elle leur fervoit à ferrer la tunique, &
leur tenoit lieu de poches. C’étoit dans la ceinture
qu’ils renfermoient leur bouffe, comme les Orientaux
le pratiquent encore. La bouffe prit de cet
ufage le'nom générique \ona, comme dans ce
vers d’Horace, où il s’agit d’un homme qui na
pas de quoi fe nourrir en voyage ( Epifl. il.
2. 40. ) :
îbit eo , quo vis , qui qonam perdidit,. inquiet,
La ceinture renfermoit tout ce que l’on, por-
toit avec foi 5 c’eftpourquoi l’on ne trouve aucuns
veftiges de poches dans les habillemens des liâmes
antiques. _ ' . .
Les Romains des premiers âges ne paroilFoient
jamais en public fans ceinture : de-la vient 1 épithète
de cinttuti q’ue donne Horace aux Céthégus
8c aux autres héros • de ce tems. Ce fut long-
tems à Rome une marque de molleffe, que de
parôître fans ceinture 3 difcincius ; ce mot devint
même fynonyme de celui de débauché, nepos.
On ne fe permettoit cet air négligé que dans le
deuil & l’affli&ion > Suétone ( Anguß, c.. ioo. )
reprefentè l’ordre des chevaliers qui accompagna
le corps d’Augufte au tombeau , vêtu de longues
robes traînantes, c’eft-à-dire, non-relevées par
la ceinture. s ,
Les filles ainfi que les femmes, dit Winkel-
marin {Hiß. de V Ait.Tiv. 4. ch. y. ) , attachaient
leur ceinture fous le fein ( Val. F lac: Argon. I. 7.
v. 3 y y. ) , comme cela fe pratique encore dans
quelques endroits de la Grèce {Pocok's Vefcr.
o f d ie Eafi. t. 1 . pl. I . p. l6 é v) 3 ( Reland 3 Antiq.
Hebr. p. 145-. ). C’étoit-là ee qui s’appeloit ceint
en haut, ßctbl^wos 3 épithète qu’Homère { IL E .
j-90. Od. r . -1 y4. ) & d’ autres poètes donrient
a (fez. communément aux femmes grecques. L’ex-
prefiîon de ßcdiiipiovs ywiaÎKaç, qui révient _ fi
fouvent, a été rendue par Barnes, dans un endroit,
par profunde fuccinèias , 8c dans un autre par
demijfas qonas habentes : verfiqns également fautives.
Les Scholiaftes ri’ont pas mieux laifi le
fens de cette épithète j 8c lorfqu il eft dit dans
Y Etymolog, magnum , que c ’eft un furnom'donné
aux femmes barbares , on fe fonde apparemment
fur un paffage d’Efchyle ( Perf v. 1 y y. ) , où ce
poète nomme ainfi les femmes perfes. Stanley a
faifi le vrai fens de ce m o t, en le rendant
par . alte c/nlîarum , les femmes ceintes en haut.
Le Scholiafte de Stace (Lutat. in lib. 10. T heb.
Stat. ) ne nous donne pas une trop haute idée
de la ftatue de la Ver tu, lorfqu’il nous dit quelle
étoit repréfentée ceinte en haut.
Le ruban , ou la ceinture, qui fouterioit ainfi
la robe & que les Gr«cs -nommoient
ßrophiuin,
C E I
firophtum, ( Æfchyl. fept. contr-. T/tcb. v. 877.
Catul. Epithal. v. 6y. Je crois que pucTaxtes
conviendrait mieux ici que lac -tan te s ) , quel-,
quefois mitra y { Non. Û io iy f l. I . p. iy. v. y.
p. i l . v. 1 2 . ) , fe fait remarquer fur la plupart
des figures A la petite Pallas de bronze
de la Villa-Albani, '( La Chauffe , Muf. Rom.fecb.
1. tav. 9. ) , ainfi qu’aux figures de femmes du
plus beau vafe de la collection d'Hamilton , on
voit trois cordons avec un noeud fe, détacher
des deux bouts de la ceinture, qui e(l fixée fous
la poicrine. Cette ceinture forme fous le .fein un
noeud de ruban , & quelquefois un noeud en
forme de rofe , qu’on ne remarque pàs'aux deux
plus belles filles de Niobée. Mais à la plus jeune
de ces filles , • on voit les bouts de la ceinture
palfer fur les épaules & fur le dos j on les voit
de même aux quatre Caryatides de grandeur naturelle
, trouvées au mois d’avril 17 6 1 , à Monte-
Portio , près de Frafcatti. Cette partie de l ’habillement
des anciens s’appeloit, du moins dans
les tems polie rieurs , fuccinHerium ou bracile
{Ifidor.). Les deffins du Térence du Vatican
nous montrent que la robe, étoit fixée de cette
manière à deux rubans, qui dévoient être attachés
fur le haut des épaules : car il y a des figures
où ces bandes defeendent des deux côtés. Au relte
quand ils étoient attachés , ils foutenoieut &
relevoient la ceinture aflujettie fous le fein. Il
faut reconnoître une longueur remarquable à la
ceinture nommée reuvU, puifque Chloé, dans le
roman de Longus, s’en fert au défaut d’une
corde pour faire-for tir Daphnis de la folfe aux
loups i ce'lien ne fauroit être un .ajuftemeiït
de tête , comme il eft repréfenté dans quelques
•gravures.
On trouve des figures dont la ceinture efl auflî
large qu’une fangle : c’eft ainfi que la portent
la Mufe prefque coloffale de la chancellerie,
l’Aurore de l’arc de Conftantin, & une Bacchante
de la Vilia-Madama. La mufe tragique, Melpo-
naèiie ,• ell ceinte conflamment avec une ceinture
fort la rge ; & fur un grand tombeau de la Villa-
Mattei, on voit la nàême mufe avec un e. ceinture
brodée. ( Spon. Mifcel. antiq. p. 44. Montfiucon ,
ant. expi. t. 1. p. 66.). Uranie ell auflfi décorée
quelquefois d’ une pareille ceinture. Dans un
fragment du poète Turpilius , une jeune fille
s ccrie : ce Malhëùreufe que je fuis, j’ai perdu Une
»‘ lettre qui s’ell échappée de mon fein ». Un
favant a conclu de ces paroles, qu’avec le tems
on a donné à cette bande, ou à cette ceinture,
une forme particulière. ( Diff. fur Uhabil.
des dames rom. p. 2 y i.) Cette conféquence n’efl
pas exaéle : la belle affligée parle d’une lettre
quelle avoir cachée entre fa tunique & fa robe'
fous la ceinture : Ale miferam , quod inter yias
cpiflola excidit mihi t inter tuniculam & Jlrophium
CQilocata.
Les Amazones font les feules qui ne portent
Antiquités , Tome I.
C E I j j l
pas la ceinture immédiatement au-deflous du fein.
Elles la portent, comme les hommes, furies
reins5 & cela autant pour cara&érifer leur humeur
belliqueufe, que pour foutenir leur robe retrouf-
fée ÿ car fe ceindre , fignifie chez Homère
fe préparer au combat. Cet ajuflement des Amazones
eft à proprement parler une ceinture. La
feule Amazone du palais Farnefe , ftatue plus
petite que nature, bleflee & tombant de cneval,
a ce ruban attaché au-deflous du fein.
On voit à préfent, d’après ce que nous venons
de dire de quelle manière il faut entendre
Philoftrate , lorfqu’il raconte que dans le tableau
de Cornus, Ce dieu de la joie étoit entouré de
femmes & d'hommes, & que ces derniers etoient
repréfenté.s avec des fouliers de femmes, le corps
ceint & la robe rétrouffée contre l’ufage, c eft-
à-dire , que ces hommes portoient la ceinture
immédiatement au-deflous du fein comme los
femmes {Philofir. /. I . Icon. 2. p. 766.). _
Quelques figures vêtues de la fimple tunique 9
q u i, détachée fur une des épaules , tombe négligemment,
n’ont point de ceinture. La prétendue
Flore Farnefe , ou plutôt une des Heures, nous
offre cette ceinture qui tombe le long du corp*
inférieur. Antiope, mèred Amphion & de Zéthus,
du même palais Farnefe , & une ftatue de la
Villa-Médicis, portent cette ceinture fur les hanches
: c’eft ainfi que Longus décrit fes nymphes
( Long. Pafi. I. i . p. 10.). Les peintures ( P ht.
Ere. t. 1. tav. 31.) , les marbres & les pierres
gravées ( De fer. des pier. gr. du cab. de Stofch ,
p. iy y , ra°. 1 yyy. ) , nous offrent des dan feu fes
& des bacchantes fans ceinture , ou qui la portent
â la main , foit pour de ligner leur molleflè
voluptueufe, ainfi que nous voyons Bacchus fans
ceinture, foit pour indiquer que la danfe ne
fouffre pas que le corps foit gêné ou comprimé
par aucun lien. Les tableaux d’Herculanum nous
offrent deux jeunes filles fans ceinture ( Pin. t r e .
t. .1. tav. 2 2 . 2 3 . ) | l’une tient de. la main droite
un plat de figues, & de la main gauche une
aiguière penchée j l’autre -porte un plat & une
corbeille. Ces jeunes filles repréfentoient peut-
être les femmes qui fervoient dans le temple de
Pallas , & qui étoient appelées Aei-rreÇof»i, por-
teufes de mets {Suidas in hoc verbo.).
Les auteurs des explications des peintures
d’Herculanum , ne difent ri.en fur ces figures ,
qui n’ont aucun, cara&ère, fi elles ne repréfen-
tent pas ces porteufes de mets. Une epigramme
grecque nous apprend cependant que l’antiquité
connoifloit la ftatue d’une danfeufe avec une
ceinture ( Anthol. L 4. c. $$. p. $(>$■ L I 3 • )•
Les anciens repréfentoient conllammenr Tans
ceinture les femmes plongées dans l’affliétion ,
fu;r-tout après la perte de leurs parens 8c de leurs
proches : c ’eft ainfi que Sénèque introduit les
Troyennes , pleurant la mort d’He&or , vefla
rgiriijfd{ Troad. v.‘ 83. ). Un bas-relief de la Villa*