
de ce tribunal que Platon ayant reçu en Egypte
la connoiflance de runité de Dieu, ne voulut pas
la répandre à Athènes, félon Jullin.
L 'aréopage fe renfermoit dans ces fonctions, fans
s’ingérer dans les affaires publiques ; à moins que
le peuple ne recourût à fes lumières dans les périls
imminens. Ses jours d’aflemblées ordinaires,
é.toient les 2 7 , 28 & 29 de chaque mois. Mais
s’il furvenoit quelqu’affaire preffée & imprévue,
il s’affembloit extraordinairement dans le portique
royal, que l’on entouroit d’ une corde tendue pour
arrêter la foule. Dans Y aréopage , il tenoit fes
féances en plein air, afin de n’.être pas fouillé
par la compagnie des homicides & des criminels.
11 ne les tenoit que b nuit, pour que la vue de
l’accufateur & de l’accufé ne pût point influer
fur les jugemens.
L ’archonte-roi pOrtoit à Y aréopage les accufa-
tions d’homicide} il quittoit alors fa couronne,
attribut des archontes, & prenoit féance parmi
les aréopagites. Ceux-ci commençoient leurs affem-
blées par faire retirer le peuple, & par tirer au
fort les affaires dont dévoient être chargés les
différens comités dans lefquels ils fe partageaient.
Lorfqti’il s’agiffoît d’un homicide, l’accufateur
& l’accufé prêtoient ferment fur les tefticules d’un
bouc, d’un bélier, d’un taureau, &_ils dévouoient
le parjure aux furies. L'accufateur afluroit par
ferment qu’il étoit parent du mort} ce qui pou--
voit feul lui donner le droit de pourfuivre l’ac-
cu fé } & que celui-ci avoit commis l’homicide.
Ce dernier chef étoit nié avec ferment par Fac-
cu fé } & l’ un & l’autre fe dévouoient avec leur
famille aux plus affreux malheurs, s’ils venoient
à fe parjurer. On étoit fi perfuadé de l’efficacité
de ces imprécations, que F'aréopage n’infligeoit
aucune peine aux parjures.
Les deux adversaires s’affeyoient fur des fiéges
d’argent. L ’accufateur interrogeoit d’abord Fac-
cufé , enfuite ils plaidoient chacun leur caufe.
L ’accufé pouvoit fe défendre en deux féances
différentes ; mais il lui étoit permis, après la première,
de fe condamner lui-même à un exil volontaire
, s’il doutoit du fuccès de fa défenfe.
Dans ce c a s , fes biens étoient confifqués au
profit du fifc , & vendus par les polètes. 11 leur
fut permis par la fuite de fe fervir d’avocats} mais
les uns & les autres ne pouvoient employer des
figures de rhétorique , ni exorde , ni pérorai?
fon , & c . ni rien qui fût capable d’ éblouir les
juges. La vérité nue & fimple devoit fortir de
leur bouche.
Après les deux plaidoyers, les aréopagites fe
levoient pour rendre leur fentence. Ils. y procé-
doient avec tant de gravité & avec un filence fi
profond, que l’un & l’autre étoient paffés en
proverbe chez les Grecs., & que Juvénal lui-
même y a fait allufion, ( Satyr. 10. ) :
Ergo ççculta ceges, ut curia Martis Atkenis.
» Vous garderez un fecret, comme la cour de
Mars à Athènes »■>. Les juges mettoient leurs fuf-
frages dans deux urnes 5 l’une d'airain & l’autre
de bois. La première renfermoit les bulletins qui
condamnoient , & l’autre ceux qui renvoyaient
abfous. Les trente tyrans qui réduifirent Athènes
en fervitude pendant quelques années, obligèrent
les aréopagites à dépofer publiquement leurs bulletins
fur une table, afin de connoître la manière
dont chacun d’eux étoit affeété dans chaque
affaire.
Outre les caufes qui étoient dévolues de droit
à Y aréopage, on lui portoit quelquefois celles qui
appartenoient aux autres tribunaux, fauf l’appel
ou la révifion par ces mêmes tribunaux.
Jamais on ne décernoit de couronnes aux aréopagites
, quel que pût être leur mérite} parce qu’il
leur étoit défendu de porter cet attribut des archontes
: on les récompenfoit en affignant leur
entretien fur le tréfor public, outre les trois oboles
que recevoient tous les juges à Athènes pour
chaque caufe. Enfin, ils ne rendoient compte de
leur conduite qu’aux logiftes feuls, mais tous les
ans, félon l’opinion de Samuel Petit, ( Comment.
in Leges A ttic . )
L’aréopage conferva fes loix, fon intégrité &
la vénération publique jufqu’au tems de Périclès.
Ce citoyen ambitieux n’ayant pu y être admis,
parce qu’il n’avoit jamais été archonte, forma le
deffein d’avilir Y aréopage. Il y réuffit en le déJ
criant fans ceffe, & en enlevant unvgrand nombre
de caufes à fa connoiffance. Alors la corruption
gagna ce tribunal, comme les autres parties de la
république, & il tomba par degrés dans un fi
grand aviliffement, que Plutarque le comparoit
à un cheval échappé qui n’a plus de frein. Démé-
trius de Phalère ayant été repris de fa vie licen-
cieufe par les aréopagites, leur répondit hardiment
, qu’avant de réformer les moeurs de la ville ,
ils dévoient commencer par réformer les leurs,
& fur-tout ne plus recevoir de préfens, & ne
plus corrompre à prix d’argent les femmes des
citoyens.
Sponqui, en 1676, examina les, ruines d’Athènes,
dit dans le fécond tome de fes Voyages,
que l’on voyoit encore les relies de Y aréopage au
midi du temple de Théfée, fitué jadis dans l’enceinte
de la ville, & aujourd’hui hors des murs.
On dillinguoit fes fonaemens demi-circulaires,
& une efplanade de cent quarante pas environ,
qui étoit proprement la falle de Y aréopage. Il y
avoit un tribunal taillé au milieu du rocher, avec
des fiéges aux deux côtés, fur lefquels prenoient
féance les aréopagites, expofésà l’air. Afifez près
de ces ruines, font des grottes taillées auffi dans
le roc, que l’on conjeéture avoir fervi de prifon.
Pline dit que Zopvrus-, fameux artifle grec, qui
vivoit du tems de Pompée, avoit repréfenté fur
une coupe d’argent cifelé les aréopagites, & fur
une autre le jugement d’Orelte par ces mêmes
juges. Winkelmann a publié dans fes Moitiimenti
antichi in ed iti, n°. 131, une coupe d’argent avec
ce jugement célèbre, qui peut être attribuée a
Zopyrus. Elle a été trouvée fous le pontificat de
Benoît XIV, dans le port de l’ancienne ville d’An-
tkirn, où elle avoit été précipitée fans doute par
quelque naufrage à fon arrivée de Grece. On y
voit ce malheureux fils d’Agamemnon dans la plus
grande conllernation , & Minerve qui. met fon
Suffrage faverable dans l’urne , afin de décider le
jugement que de partage des aréopagites empê-
choit de prononcer.
ARÉOPAGITE, juge de l’aréopage.
ARÈOSTYLE, édifice dont ies colonnes font
éloignées les unes des autres de huit ou dix modules
, c’efLà-dire, extraordinairement éloignées.
Ce mot vient du grec «paW , rare, & de f t ,
colonne. Vitruve a cependant fixé à huit modules
ou quatre diamètres la plus grande diilance des
colonnes. Uaréoftyïe étoit oppofé au pycnoftyle,
dont les colonnes font fi preflees, que les entre-
colonnemens n’ont qu’un diamètre & demi.
ARÈS eft le nom grec de Mars} il lignifie
dommage:, à caufe des maux que caufe la guerre}
d’autres le dérivent du phénicien A r i t s , qui veut
dire fort, terrible. Voyeç Mars.
A 'PESICOS. PollilX (Onomaft. I. 2 , feâi. 1 2 0 ,
p . 121.) donne ce nom à un bâton droit que por-
toient fur la fcène les parafites & ceux qui ven-
doiènt des femmes débauchées. Il ne faut pas le
confondre avec le pedum ou 2«.y«C<jAoi», qui étoit
un bâton courbé, attribut des aéteurs comiques,
des.divinités champêtres, des mefîagers, &c.
A R E T A L O G I , , qui parlent de la
vertu. On donna ce nom par méprfs à ces para-
fîtes-philofophes qui fréquentoient les tables des
riches romains, èc difcouroient miférablement des
plus nobles fujets de la Philofophie ancienne.
ARÉTAS, roi d’Arabie, basiaeos. apetoy.
«DIAEAAHN0 2 .
Ses médailles latines font :
RRRR. en argent.
Ses médailles grecques font :
R RR . en bronze.
O. erç or.
ARETE, femme d’Alcinoüs, roi des Phéa-
ciens. V . à l c i n o u s , Nausicaa.
ARÉTHÜSA , dans la Syrie. ape©oïcat£2N.
Cette ville a fait frapper des médailles impériales
grecques, avec fon époque., en l’honneur
de Sept.-Sévère & de Diaduménien.
ARÉTHUSE, fille de Nérée & de Doris, étoit
une des compagnes de Diane. Un jour quelle fe
baignoit dans un ruifieau, elle fut apperçue par
Alphée, & s’enfuit auffi tô t} mais fe fentant vivement
pourfuivie , elle implora le fecours de Diane,
qui la métamorphofa en fontaine. Alphée reconnut
fon amante fous cette métamorphofe, &
ayant repris la figure de fleuve, il mêla fes ondes
avec celles de la fontaine Aréthufe. Quelques-uns
ont dit -que Neptune l’avoit fait mère d’ABAS,
Voyev ce mot. Aréthufe étoit une fontaine de la
prefqu’ifle d’Ortygie qui renfermoit le palais des
anciens rois de Syracufe, aujourd’hui dans le port
de Syracufe, â un mille de la ville. Cicéron dit
que cette fource d’eau douce auroit été entièrement
couverte.des flots de la mer, fi elle n’en
avoit été féparée par une digue & par une lçVée
de pierres.
Pline & plufieurs des anciens, croyoient véritablement
que F Alphée, fleuve d’Arcadie, continuant
fon cours par-defious la mer, venoit reparaître
au rivage de Sicile ; parce que, difoit on, cc
qui avoit été jeté dans l’Alphée, 1e retrouvoit au
bout de quelque tems dans Y Aréthufe. Mais Stra-
bon n’a pas été dupe de cette tradition 5 il traite
de menfonge la coupe perdue dans l’Alphée, &
retrouvée en Sicile, & fait voir que l’Alphée fe
perd dans la mer comme les autres fleuves. Pline
ajourait encore une autre fable : il difoit que
Y Aréthufe avoit l’odeur du fumier dans le tems
des jeux olympiques qui fe célébroient dans la
Grèce, à Olympie, où paflbit l’Alphée 3 parce
qu’on jetoit dans Je fleuve tout le fumier des victimes
& des chevaux qui fervoient pour la courfe.
Voye1 A l ph é e .
On prenoit autrefois pour une tête à ’Aréthufe
celle que Fon voit .ordinairement fur les médailles
de Syracufe} & l’on croyoit reconnoître la plante
aquatique dont elle paroît couronnée. Mais aujourd’hui
tous les antiquaires la nomment tête de
Proferpine , à caufe des épis qui la couronnent,
& qui rappellent fa mère Cérès.
A r é t h u s e , étoit une des Hefpérides.
AREUS, nom que donnent les poètes aux
fameux guerriers } il veut dire fils de Mars.
A R F E R IA ou A r f e r ia l , étoit le nom que
les prêtres donnoient à l’eau luftrale employée
dans les funérailles. C’étoit un des mots bizarres
qu’ils affeéloient aux chofes facrées.
’APrABi'A. Les Grecs des ba.s-fiècles appeloient
de ce nom un petit vafe, que les cavaliers atta-
choient à leurs reliés, pour porter de l’eau dans
les marches. C’étoit peut-être celui que Pline
appelle vas viatorium.
Quelques auteurs ont cru le reconnoître dans
ces corps ronds qui font pendus à la felle des
cavaliers de N a x i-R u fia n , auprès de Tchelminar,
l’ancienne Perfépolis. Mais il paroît que c’efl une
erreur, & qu’on doit prendre ces corps ronds
pour de petits boulets de pierre ou de métal,
qui fervoient de maffiie â l’ancienne cavalerie,
comme le café-tête aux fauvages.
ARGANTHONiS, jeune fille de I’ifle de Chio.
Rhéfus, roi de Thrace, paffant par cette ifle
pour aller à Troye , devint amoureux d'Argan-
tkonis, lui donna fa foi, & lui promit de l’emmener
à fon retour. Mais il fut tué au fiége de
Troye, & cette mort plongea dans une fi grande