
éviroient de repréfenter un vifage , fans doute 1
faute du talent néceflfaire pour exprimer cette
partie du corps humain. Ce n’elt point à l’ignorance
d’un feul artille qu’il faut s’en prendre j
fouvent j’ai eu occafion de faire cette remarque,
toujours j à la vérité , fur des pierres gravées 5 mais
j’en ai vu plus de dix qui n’étoient pas de la
même main. Ces peuples s’apperçurent apparemment
qu’il leur falloir ajouter un pareil moyen
d’attaque , à une arme effentiellement faire pour
la déftnfe , & fe ménager une reffource utile
dans des occafions prenantes, comme pour, fe
dégager des mains de ceux qui auroient voulu les
faillir 3 ou qui les auroient déjà faits prifonniers.
Cet ufage particulier aux Etrufques m’a paru
digne de remarque” . .
La crête des cafques étrufques eft large & foft
élevée. Plufieurs monumens nous apprennent que
les Etrufques cherchoient à fe. rendre formidables
à leurs ennemis, par la hauteur exceffive
de leurs cafques. On peut en voir, plufieurs exemples
dans le Mufeum Etrufcum. Quelques-uns de
ces cafques ont encore un attribut particulier,
que ces peuples ajoutèrent pour infpirer apparemment
plus de terreur; ils font chargés de deux
oreilles pointues Se-fort élevées-
En examinant l’énorme crête des cafques
étrufques , on voit diftinCtement qu’elle étoit
compofée d’une lame de cuivre très-mince ; car
il eft confiant quelle n’auroit pu foutenir la forme
que nous lui voyons & qui paroît effentielle, fi
elle eût été compofée de plumes ou d’autres
matières légères : de plus , on ne voit aucune
apparence du travail qui conviendroit à l’indication
de ces corps légers ; on ne diftingue^ au
contraire que des traits droits', qui paroiffent faits
pour cacher la jonCtion des lames, tandis que le
corps du cafque eft chargé d’qrnemens. Les oreilles
qui l’accompagnent fouvent, font une fuite
des dépouilles des animaux que l’on fait avoir
été l’origine des cafques & de leurs ornemens.
Hérodote avoit obfervé auprès de Pélufe, que
les têtes des Perfes, abandonnées fur un ancien
champ de bataille, étoient très-molles vers le haut
du crâne , & que celles des Egyptiens étoient
très-dures. Cet hiftorien donné pour raifon de
cette différence, qiie les derniers rafoient tous
leurs cheveux , & ne portoient aucune efpèce de
coeffare. On a conclu de ce paffage d*Hérodote ,
que les foldats égyptiens ne portoient point de
cafque. Cependant. Diodore de Sicile dit que les
rois d’Egypte avoient pour cimier de leurs cafques
. des têtes de lion , de taureau ou de dragon.
- Ce que nous allons dire fur les cafques dans le
refte de cet article, s’appliquera à ceux des Grecs
-& des Romains.
Les cafques dont les anciens artiftes ont chargé
la tête des ftatues héroïques, approchent beau,
coup de ces.calottes fimples. Ils n’ont ordinairement
Les premiers cafques qui remplacèrent fur la
têre des guerriers les dépouilles des animaux ,
furent de fimples calottes, qui s’agrandirent fuc-
cdfivement & enveloppèrent enfin toute la tête. 1
aucune des pièces que l’on y ajouta par
la fuite, telles que les joues,. & les pièces qui
couvroient la nuque du cou, le bonnet dont les
cafques étoient doublés, & dont nous allons parler.
On y voit encore moins la vifière, qui formera
un article particulier de ce dictionnaire. Car
il faut diftinguer foigneufement fur les anciens
cafques , une partie fixe qui avançoit & pvoté-
geoit le front, & que l’on pourrait nommer
frontail y de la partie mobile que nous appelons
vifière. Les Grecs nommoient cette partie fixe,
telle qu’on la voit ordinairement aux cafques de
Pallas , fictrairov., • tandis que la: vifière proprement
dite étoit appelée ritrrot. Le frontail
couvrait le vifage entier, lorfqu’on abattoit le
cafque fur le nez. C’eft pourquoi .on y voit figuré
ordinairement un vifage ou un. muffle ,- dont
les yeux étoient percés à jour , & laiffoient par
leurs ouvertures la facilité de voir ,.au guerrier qui
cachoit fon vifage dans fon cafque. -
Les anciens artiftes du meilleur fiècle dé l’art,
n’ont jamais représenté les héros de l’antiquité
avec le cafque garni de pièces qui couvrent &
défendent les joues. Ces cafques étoient cependant
en ufage du tems delà guerre de Troye:celui
qu’Homère donne à Hippothoüs, tué furle.corps
dePatrocle, couvroit les joues. ( lliad. p. v.294.)
Ces pièces s’appeloient uruttidt, mot qui, ne fe
trouve -pas dans les Lexicographes. Sur quelques
‘ médailles on voit diftinCtement ces joues à des
cafques qui en font garnis. La. feule ftatue antique
fur laquelle on obferve ces pièces d\i cafque qui
couvrent le vifage, eft dans la villa Negrpni à
Rome. On croit qu’elle repréfente un foldat, &
elle a été reftaurée. Le comte de Caylus ( Antiqu.
ni. -pi. 10. n°. 2.) a publié un cafque étriifque
qui eft garni de joues.
Eultathe ( lliad. r . v. 371.) dit que les cafques
étoient liés avec une courroie, appelée
dans Homère : elle paffoit fous le m en to n&
fe nouoit enfuite fur la nuque du cou.
Les cafques ■ étant ordinairement de métal,
auroient pu bleffer la tête par leur frottement,
c’eft pourquoi on portoit fous cette armure un
bonnet, ( V. bonnet.:) qu’Ammien Marcellin
( lib. 19.) dit avoir été fait de laine. Peut-être
les foldats romains employoient - ils au même
ufage le plleus pannonicus , fait de peaux , dont
parle Végèce. (lib. 1. c. 10.). Sur une pâté antique
du cabinet de Stofch, on voit un bonnet
fous le cafque d’un guerrier. Il defcend jufqu’aiix
oreilles. Ce bonnet paroiffoit plus diftinCtement
fur une pierre gravée , qui étoit â Parme dans le
cabinet de Farnèfe. Il étoit déjà en ufage du tems
d’Homère , qui parle de celui d’Ulyffe. ( lliad. K.
v. 265..). Le comte de Caylus a donné dans le
I vol. de fon recueil d’antiquités, la defcri-ptio»
]e deflïn d’un cafque antique de fon cabinet,
qui avoir été doublé d’un bonnet ou coèffe. Nous
la tranfcrirons'ici à caufe de la rareté des cafques
antiques., & des différentes pièces que 1 on retrouve
dans celui-ci.
« Ce cafque de bronze eft • d’un ouvrage fort
.fimple & fort léger. Les monumens de fon efpèce
font extrêmement rares. Celui-ci a neuf pouces
de longueur extérieure, & huit pouces une ligne
dans fon intérieur. La raifon de cette différence
vient de la, faillie qu’il a' fur le devant. Elle eft
fenfible dans le deflïn : on voit qu’elle yient
mourir fur la partie de derrière. Sa largeur eft de
fix pouces neuf lignes; ce qui conftate un‘ufage
qu’on auroit peut-être révoqué en doute, c’eft
que les Romains doubloient leurs cafques;, & y
mertoient une efpèce de coëffe ; car il n’y a point
ordinairement de tête qui foit de cette proportion
; & cependant cette arme défénfive de voit
•néceflairement, pour plufieurs raifons, êtrè jultè
& ferme fur la tête. La profondeur de ce même
cafque eft encore une autre preuve de,cet ufage,
puifque la hauteur, jufqu’au plus haut du bouton,
eft de fept pouces quatre lignes. Le Souton,
^ans compter l’élévation imperceptible d’où il
prend fa naiifapce au haut de la circonférence ,
a un pouce de largeur , & dix lignes de” hauteur :
il eft orné par une efpèce de feuillage. On voit
-à l’extrémité' du rebord un cordon , qui fait le
tour de la pièce, Sc fe trouve furmonté par des.
filets ; & de-peur que cette arme défenfive ne fût
trop pefante , on a eu foin de faire le bouton
creux. En un mot ; cette belle antique eft fon-
•due avec une fi grande légèreté, qu’elle n’a
guère plus d'une ligne d’épaiffeur , & que tout
le morceau ne pèfe aujourd’hui que deux livres
& quatre gros, quoi qu'il foit rempli de crafle,
de verd- de-gris , & de foudure que l’on a été
obligé de mettre depuis peu pour foutenir quelques
pièces que le tems avoit féparées. On y voit
encore de -chaque côté la tête des attaches de
bronze qui fervoiënt à le tenir en état, en l’aflii-
jettiffant fous le menton » . •
Les cafques des fimples foldats n’étoient fur-
montés d’aucun cimier ni panache. Une pointe
allongée ou un fimple bouton les terminoit. Tels
ils paroiffent fur la colonne trajane, où les cimiers
& les panaches- font réfervés.aux centurions &
aux autres officiers. Un cafque -fimple, c’eft-à-dire
fans cimier , étoit appelé K H é r o d o t e
( Clro) attribue aux Cariens l’invention du cimier,
ce qui a fait appeler cette-pièce du cafque cimur
carien ( Alcsus'f, Aoip«? x.etpi»éç. On le peignit
quelquefois en rouge, ainfi que le panache dont
il étoit orné- les cimiers de plufieurs cafques font
peints de cette couleur, fur des deflins coloriés de
Bartoli 3 confervés à Ta bibliothèque du Vatican.
Les anèiens cafques des guerriers , à en juger
par la defeription qu’en fait Homère., étoient
furmontés.d’nn panache formé de longues queues
de Cheval, dont les crins étoient hériffés. Pour
les rendre encore plus propres à infpirer la terreur
, on y ajouta enfuite des figures de lion ,
de dragon, &c. Mais bientôt ces objets d’effroi
difparurent fous les ornemens dont ils furent
enrichis , & le cafque_devint une fuperbe parure.
Auflï voit-on quelquefois Minerve fur les monumens
, & principalement fur les médailles d’Athènes
, avec des cafques de la plus grande magnificence.'
C’eft peut-être ce qui l’a fait furnommer
dans Ariftophane ( Lyjiftrat. v. 344.) KpvrôAcfHj ;
Homère lui en donne un d’or', 'ombragé de quatre
panaches , fuffifans pour couvrir les nombreux
bataillons d’une armée. ( Pierres du Duc
d‘ Orléans, 1. 61.)
Sur le fameux Scarabée étrufque , qui repréfente
les héros devant Thèbes , {hift. de Vart. de
Winkel. ) & qui eft recommandable par fon antiquité
, les cafques font furmontés d’un .panache
de toute autre matière que de plumes. On doit
conferver aux guerriers du fiège de Troye ce
•panache, auquel Virgile paroît avoir fait allufion,
lorfqu’en parlant d’Achille il lui donne l’épithète
de Crijlatus. (Æneid. I. v. 473'. ).'
Les plumes fuccédèrent depuis cette époque
•aux crins ; & voici l’énumération de quelques
•cafques où elles font placées. Nous croyons être
utiles aux artiftes en leur indiquant ces modèles
avec profufion. Une des.Minerves du Capitole a
fon cafque garni de plumes. On voit auflï des
plumes au cafque d’une Minerve gravée fur une
patere étrufque. C Vignette de la 1. Dilfert. du il.
total. Mu fs., etrufe. Gori. ). Les cafques ornés de
plumes étoient en ufage chez les Samnites ( liv.
1. ix. Ci 40. ) ; on en voit un femblable à une
figure armée fur une lampe antique de Bellori ( n9.
'20;); Les cafques à plume avoient de chaque côte
uneèfpèce de tuyau pour les recevoir ; il étoit
très-apparent dans un grand cafque en relief,
qu’on voyoit dans la collection de deflïns du cardinal
Albani.
Les cafques des gladiateurs étoient furmontés
de deux ailes , qui fe plaçoient dans des couliffes
latérales pratiquées à ce deffein. On voit ces ailes
dans les combats des gladiateurs fur un deflïn
du Cardinal Albani ; & Sophocle en parle dans
fon Antigbnè ( v." 11 y. ).
On voit auflï des cornes placées fur les cafques
; cet ornement Fut employé fouvent par les
Etrufques. Plutarque raconté que le cafque du roi
Pyrrhus étoit furmonté de deux cornes de bélier
{in Pyrrko ) { & l’on voit dans la collection des
pierres gravées du baron de Stofch, une pâte antique
fur laquelle Mars porte un cafque garni des
mêmes cornes que celles dont les têtes de Jupiter-
Ammon font toujours ornées.
Cette variété dans les cimiers^& les panaches
fervit de fondement à plufieurs fables. On fit
de Géryon , felôri quelques.auteurs , un monftre
à- trois têtes, parce qu’il avoit un triple cimier.