
«leux claffes, les armes défenfives 8c les armes
offennves. Les. Barbares ne s’attachèrent qu’aux
dernières. Les Grecs, éclairés par de jfages législations
, fur le befoin de conferver les hommes,
firent des loix très-févères pour défendre le combat
aux foldats qui ne feraient pas fuffifamment armés
& couverts, 8c pour noter d’infamie çelui qui
auroit perdu fon bouclier dans la mêlée 5 tandis
que la perte de la lance ou de l’épée n’entraînoit
aucun déshonneur.
•. Les armes défenfives confiftoient en un C a s q
u e , une C u i r a s s e »• un C e i n t u r o n ou B a u d
r i e r un B o u c l i e r , des B o t t i n e s ,
( y-vtiuïhç ) , des B r a s s a r d s & G a n t e l e t s -,
( %ttpifie). Voyeç ces mots. Les armes offenfîves
des Grecs étoient la M a s s u e , la L a n c e , I’E p é e ,
la Ha r p e , -la H a c h e , 1’A r c > les F l è c h e s ,
lè s J a v e l o t s , les P i e r r e s 3 la F r o n d e .
Autant les Grecs étoient affligés de la perte
de leurs armes x autant ils fe réjouiffoient de les
avoir rapportées du combat, & d’avoir enlevé
celles de l’ennemi. Ils offraient ces dernières aux
dieux, & les confacroient dans les temples , où
ils les fufpendaient. Heéfcor promet à Apollon,
(Iliad. H .) de confacrer dans fon temple les armes
de fon adverfaire, fi ce dieu lui accorde la victoire.
Les Grecs faifoient le meme ufage de leurs
armes, lorfqu’ils rerçonçoient à la guerre & aux
exercices militaires. Mais de crainte que dans des
tems de trouble, des féditieux n’ en fiffent un
ufage condamnable, on les mettoit hors d’état de
fervir, en émouffant le tranchant des épées,
la pointe des lances, de.s javelots,' & en détachant
les anneaux ou courroies des boucliers.
Vn aéteur, dans les Chevaliers d’Ariftophane. nous
apprend cet ufage ; il s’écrie douloureufement,
en voyant des boucliers ainfi fufpendus, fans avoir
été dégrades :
Oi ftai raXets ? t%ssirt yap vropiruxuf.
« Que je fuis malheureux ! ces boucliers font
garnis d’anneaux. »
L e s a r m e s d e s R o m a i n s ; l’ufage qu’ils en
faifoient, & leur opinion fur l’abandon des armes,
étoient les mêmes que ceux des Grecs, à quelques
légères différences près relatives à la forme. A
Rome, les citoyens ne gardoient point d’armures
dans leurs maifons. Elles étoient dépofées dans
I’A r s e n A L public, appeléArmamentarium. Foyer
fon article. C’eft-là que les féditieux s’armèrent
dans la révolte des Prétoriens, qui arriva au commencement
du règne d’Othon.'Tacite (hift. 1.80.) :
Nam aperto armamentario rapta arma , nudad
gladii, infidentes equis urbem ac Palatium illi
petierunt. Les armes placées dans, l’arfenal y étoien^
couvertes & renfermées dans des fourreaux.
Homère parle de ces fourreaux dans l’OdyfTée
(A. I2 j.) , & Céfar (de Bell, civil, i l . 14.) : Cum
arma vero omnia repofita, conteliaque efient.
]Lçs foldats romains les portoient ainfi couvertes
dans les marches en tems de paix 5 8c dans
les camps, ceux qui n’étoient pas de garde, dé-
pofoient leurs armes dans une tente .„ou fur des
chariots. Ils fe revêtoient du fagum, & fe pro-
menoient ainfi défarmés dans le camp. L ’ordre
exprès du commandant étoit néceffaire pour reprendre
les armes. Il y avoir dans chaque légion
un foldat prépofé à la garde des armes, appelé
Arm arum Cuftos.
Lorfquejes troupes .étoient en marche, chaque
foldat portoit fon calque pendu fur la poitrine
& attaché à l’épaule droite. De la main gauche
palfée dans le bouclier, il ■ tenoit une longue
perche, au bout de laquelle étoit lié un paquet
de les uftenlïles, comme on le voit fur la colonne
Trajane. Des chariots Envoient les légiorïs pour
porter le gros bagage & les armes de rechange.
On en avoit établi des fabriques dans chaque
province 8c dans> les villes les plus voifines des
frontières.
Le bronze étoit la matière ordinaire des armes
romaines. Mais dans les bas-fîècles, on les enrich
it, & elles devinrent un objet de luxe. Trébel-
lius Pollion parle, fous Claude le Gothique, de
baudriers àl argent doré, & de cafques dorés. On
y ajouta même des perles & des pierres pré-
cieufes. Capitolin dit de Maximin, qu’il fit fabriquer
de longues épées argentées & dorées, des
càfques ornés des pierres précieufes, & des orne-
mens de boucliers auffi recherchés : Fecit & fpatkas
argeuteasy fecit etiam aureas , & omnino quidquid
eju>s pulcritudinem pojfet juvare. Fecit & galeàs
gemmatas, fecit & bucculas. Claudien, dans le
premief confulat de Stiîicon, n°. 8 8 , peint un
luxe militaire plus étonnant encore 5
Quin & fidonias cklamydes, & cingula baccis
Afpera, gemmalafque togas 3viridefque fmaragdis
Loricas , galeafque renidentes hyacinthis,
Gefiatofque patri çapulis radiandbus. enfes.
On ne peut former que des conjectures fur
l’efpèce des armes que Romulus donna à fes fujets 5
car les écrivains anciens fe taifent fur ce point.
Tite-Live parle des lances dont étoient ornés
les cavaliers fous le règne de Servius, des épées
& des boucliers dans l’hiftoire de Tarpeïa. Denis
d’Halicarnaffe, décrivant le combat aesHoraces
& des Curiaces, donne à entendre qu’ils étoient
armés de.boucliers, d’épées, & qu’fis étoient
couverts entièrement d’ une forte armure. Quand
Servius établit le Cens & diftribtja les Romains
en claffes, il donna à la première des cafques ,
des boucliers, des cuiraffes, des épées, & c .j à
la fecon.de & à I3 troifième , des armes plus légères
5 à la quatrième, félon Tite-Live, une lance
& un épieu j félon Denis une lance, un bouclier
& une épéeî . à la cinquième, félon le dernier
écrivain, la fronde & le javelot $ la fronde fans
lance félon le premier« Plutarque dit qu.ç Camille.
fis
fit fabriquer en fer les cafques dont le bronze
étoit anciennement la matière, 8c qu’il couvrit
les boucliers avec des lames de bronze, pour
les mettre en état de rélifter aux lourdes epees
des Gaulois. .
Les exercices étoient fréquens pendant la paix,
& les foldats romains étoient toujours tenus en
haleine. On exerçoit les nouveaux deux fois
par jour, & les .vétérans une feule. Les chefs
faifoient l’exercice avec eux, pour montrer leur
habileté, & pour donner l’exemple à leurs troupes.
Le déshonneur étoit auffi grand pour le foldat
romain.qui abandonnait fes armes 3 que pour le
foldat grec ; les hiftoriens en fourniffent un grand
nombre d’exemples. Par une fuite^ de cet attachement
pour letirs armes, on brûloit les guerriers
avec les mêmes armes qu’ils avoient portées
pendant leur vie. Virgile, (.Æneid. x i. 193.) décrivant
une pompe funèbre, dit que l’on jeta fur le
bûcher les dépouilles que le mort avoit prifes fur
les ennemis, & les armes dont il faifoit autrefois
ufage :
U inc alii fpolia , occifis direpta Latin.is,
Conjrciunt igni galeas , enfefque decoros ,
Frenaque3 ferventefque rotas3 pars munera nota,
Jpforum Clypeos, & non felicia tela.
Par munera nota, le poète defigne les repom-
penfes qu’avoit reçues le guerrier pour prix de
fa valeur. C’étoient ordinairement des armes prifes
fur les ennemis, que les chefs diffribuoient
aux foldats qui s’étoient diftingués par leur courage.
Le refte des armes & des dépouilles des
vaincus étoit brûlé en triomphe, ou fufpendu
& confacré dans les temples des dieux, de Mars,
de- Bellone & de Jupiter Feretrius.
Les foldats accompagnoient le convoi de leurs
Camarades, en portant, les lances renverfées &
l^s boucliers retournés. Virgile, {Georg. 1 . 160.).
Et verfis Arcades armis.
Ôn attachoit encore dès armes fur les monumens
qu’on leur élevoit, ou on en fculptoit fur leurs
tombeaux. Lés recueils d’inferiptions de Grutèr,
de Muratori, &c. en offrent cent exemples.
Après la vidoire, on ne fe contentoit pas de
diftribuer une partie des armes des vaincus aux
foldats qui s’étoient diftingués, d’en brûler une
autre partie, d’en réferver pour les temples des
dieux, mais on en conftruifdit encore des trophées
fur le champ de bataille. Pour conferver
la mémoire de ces trophées, ils étoient repré-
fentés fur les médailles avec le nom des peuples
vaincus : ivdaea c a p ta , asiA reçepta, &c.
On traînoit encore à la fuite du vainqueur les armes
renverfées du général ennemi, & à la poupe du
vaififeau prétorien, les ornemens des navires pris
ou brifés dans le combat.
Antiquités, Tome J.
Arma luforia gladiatorum, étoient des- lances
fans fe r , & des bâtons* appelés rudes. On s en
fervoit dans les exercices des gladiateurs. ^ LeS
armes véritables s’appeloient, par oppofition,
arma pugnatoria ôu decretoria.
Armes des Barbares. De même que les fculp-
teurs anciens donnoient toujours aux peuples
barbares un habillement différent de ceuu des
Grecs & des Romains j de même auffi avoient-us
confacré par l’ufage, des armes particulières pour
les faire reconnoïtre. C’étoient ordinairement des
boucliers très-longs , & chargés de lymboles extraordinaires,
des épées fort longues & courbées
comme les cimetères modernes, des cafques recourbés
en forme de bonnet phrygien, ou ce
bonnet lui - même, des maflues^ de toutes le*
formes, &c. Nos fculpteurs n’ont point fait
. attention à cette différence 5 ce qui jette fouvent
de l’obfcurité fur leurs compofitions.
Armes des Gaulois. Procope fecretaire du
fameux Bélifaire, parlant de l’expédition que les
Francs firent en Italie fous Théodoric I , roi de
la France-Auftrafierine, fait une description- de
leurs armes & de leur manière de combattre, qui
a beaucoup de rapport avec celle qu en avoit
faite, plufieurs années auparavant, Sidoine Apollinaire
: ils ne portent, dit Procope, ni arc :ni
flèche, mais un bouclier, une épée 8c une hache.
Le fer de cette hache eft très-lourd, 8c a deux
tranchans > le manche eft' de bois, & fort court.
Au premier fignal du combat, & dès que les
armées font allez rapprochées, chacun lance fa
hache contre le bouclier de çelui qu’il attaque >
8c le brife. Il met enfuite l’épée à la main, fe
. jette fur lui 8 c le tue.
Les Gaulois, ou plutôt les Francs, n*avoient,
du tems de Procope, que très-peu de cavaliers,
qui fe tenoient auprès du roi. Les cavaliers feuls
portoient des javelots.
ARMIGER. Voyez Ecuyer.
ARMILAUSA, efpèce de fagum militaire, que
les foldats mettoient fur leurs cuiraffes. Il ne
defeendoit pas au-deffous du genou. Maurice,
( in Strategicis ) l’appelle ippthctUut., 8c Ifidore
( 10. 2 2 .) dérivé fon nom d’armiclaufa, fermé
fur les hanches. Il l’étoit en effet & s’ouvroit par-
devant & par-derrière : Armilaufa vulgo vocata „
qubd ante' & rétro divifia, atque aperta eft ÿ itt
armos tantum claufa, quafi armiclaufa. Voyez-
S a g u m .
ARMILLÆ. Voyei Brasselet, Ge s t e , C oll
ie r 8c Périscélides.
• ARMILLUM, vafe dans lequel on mettoit le;
vin deftiné aux facrifices. (Ifidore).
ARMÏLUSTRE ou Armilustrie , fête qu*
célébroient les Romains dans le champ de Mars ,
le 16e jour d’oftobre. Ils offroieht un facrifice
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