
pofcr ainfi récriture , elles offriront cependant
quelques degrés de vraifemblance en fa faveur.
M. Muratori, en adoptant {Nov.Tkef. 1.1 .col. 35.)
les nores du baron de la Baftie , eft cenfé avoir
adopté ce fentiment.
Mais quand l’académicien françois foutient
(ibid. col. 36.) que cette manière d’écrire fub-
fiftoit encore après le fîége de Troye , & que
le nom d’Agamemnon étoit écrit de droite à
gauche au bas d’une de fes ftatues j c’eft une
conféquence qu’il n’eft pas fi facile d’accorder.
Comment en effet conclure d’un feul mot , qu’on
écrivoit encore de la forte des pièces entières,
ou même des inferiptions de plufieurs lignes,
dans un temps- auquel l’écriture bouftrophédone,
commençant de droite à gauche, étoit paffée en
coutume ? Une infeription d’un mot ou d’une
ligne pouvoit-elle dans ce cas partir d’ailleurs
que de la droite ? Si le fculp.teur avoit eu une
fécondé ligne à graver, il l auroit formée dans
un fens o^pofé,. Pour que le raifonnement tiré
des paroles de Paufanias eut quelque force , il
faudroit donc d’abord démontrer que l’écriture
bouftrophédone n’avoit pas encore été imaginée.
Or c’eft ce qu’on n’a pas même tenté de faire.
Mais il réfulte très-naturellement du paffage
allégué ci-deffus , que 1 écriture bouftrophédone,
commençant par la droite, continua d’être en
ufage après le fîége de Troye. Elle eft donc
inconteftablement la plus ancienne écriture de
ce genre.
II. 11 en eft une fécondé efpèce également qualifiée
bouftrophédone , dont les lignes partant de
gauche a droite, reviennent de droite à gauche,
pour continuer de la forte à l’alternative. Cette
écriture eft beaucoup plus connue des favans que
la précédente , fur-tout depuis la publication de
l’infcription de Sigée dans les antiquités afia-
tiques de Chishull, & dans plufieurs autres ouvrages.
L’infcription donnée par M. Muratori,
au premier tome de fon nouveau Tréfor des anciennes
inferiptions , eft difpofée de même.
S’il n’en a point paru jufqu’à préfent qui
commençât de droite à gauche , ce n’eft pas qu’il
n’en exiftât un nombre plus grand que de la fécondé
efpèce, comme il paroît d’après le curieux
recueil de la bibliothèque du roi. Mais avant le
voyage de l’abbé Fourmont en Grèce, perfonne
n’avoit vu de monument écrit de' cette manière ,
& l’on n’avoit pas même d’idées bien nettes fur
la diftin&ion de ces deux efpèces d’écritures.
III. On feroit obligé d’en admettre une troisième,
fi l’idée d’un favant Anglois s’étoit trouvée
vérifiée par les monumens antiques. Potter,
au premier livre de fon Archsol'ogia grsca, ch. 16.,
avoit conçu que cette écriture devoit être ainfi
difpofée :
E K A 1 0 2 A P
v © s a m u x
Du moins eft-ce. ainfi qu’il la repréfente. Maïs
comme de fon temps on n’en n’avoit jamais va
d’exemples, & qu’alors elle étoit (iniquement
connue par les textes des anciens, on ne doit pas
être fort étonné de fa méprife. Il ne l’appuye
d’ailleurs d’aucune raifon ni d’aucune autorité.
Il n’a pas même imaginé que l’écriture bouftrophédone
pût ne pas avoir fes lignes alternativement
renverfées. Cette idée ne paroîtLpas néanmoins
s’accorder avec celle que nous avons du
labourage. Si au premier fillon la charrue porte
la terre vers le nord, au fécond elle ne la ren-
verfe pas vers le midi, mais elle continue toujours
de la pouffer du même côté. Il futfit donc
pour que l’écriture . foit bouftrophédone, que ,
recommençant au bout de la ligne, elle difpofe
fes lettres dans le fens contraire à celui qu’elles
avoient auparavant, fans néanmoins les renverfer
de haut en bas. On nous oppoferoit en vain
quelques exemples d’une écriture telle que Potter
se l’eft figurée ; car quelles bizarreries ne trouve-
t-on pas en fait d’écritures ? Nous fommes feulement
perfuadés que celle-ci ne fut jamais d’un
ufage ordinaire , ni même fréquent. Nous nin-
fiftons fur ce fujet, que parce que des antiquaires
très-favans nous ont paru fouhaiter qu’on répondît
à l’autorité du dodle Anglois.
IV. Les écritures à marche & à contre-marche
ne fe trouvent en ufage que chez les Grecs &
les Étrufques. Elles le furent auffi chez les Gaulois,
fi l’on en croit un moderne\Relig. des Gau«
lois. i. 1. c. 4. n. 5.) d’une érudition peu commune.
On les découvre félon lui dans leurs inferiptions
{Ibid. I. 3. chap. 4.) : non-feulement #
dit-il, aux temps les plus reculés, mais encore
dans les temps poftérieurs. Les fix médailles apportées
en preuve, nous offrent & des écritures
à rebours , & des lettres renverfées en plufieurs
fens contraires. Ces bizarreries ne pourroient-
elles point être rejetées fur le peu d’habileté ou
fur l’inattention des monétaires, ou fur* quelques
ufages particuliers à certaines villes dans la fabrique
des monnoies 5 ufigés qui n’influoient
nullement fur les autres écritures ? Il n’eft point
de villes ou cette mode ait été alors plus fuivie,
que dans celle de Marfeille; & toutefois, à proprement
parler, Marfeille n’étoit point une ville
gauloife.
Pareilles mépiifes ou coutumes fe remarquent
fur les médailles des Romains, des Anglo-Saxons,
& nommément fur celles du roi Offa (Numifm.
Anglo-Saxon. D. Fountain.) 3 fans qu’on puiffe
en conclure que l’écriture bouftrophédone fût
ufîtée parmi eux. On jugerait plus sûrement par
de fimples inferiptions, fi l’écriture de gauche
à droite avoit eu cours chez les Gaulois & les
premiers François. Malheureufement on n’en
connoît point de cette efpèce.
V. Lorfque Dom Bernard de Montfaucon com-
pofa fa Paléographie , il croyoit qu’il n’en reftoîc
B O ü
»4S même (Faleograph. liv. l. chap. I .p. II&)
de la main des Grecs. Mais (Antiq. Afiat. p. 4.)
Edmond Chishull publia en 1728 deux jnferip-
tions de ce genre , trouvées fur les ruines de
Sigée, ancienne ville de Troade. Quoiqu’elles
ne remontent pas, à fon avis, aux temps où cette
écriture étoit ordinaire, & qu’il femble qu’elles
ayent été gravées dans des conjonctures où l’on
affeCtoit de rappeler les ufages antiques ; elles
devancent néanmoins l’ère chrétienne de plus de
cinq cents ans. Au refte il fuffit quelles ayent
été copiées fur des modèles plus anciens qui
dévoient être alors encore affez communs , pour
que nous y reconnoiffions la fécondé efpèce d’écriture
bouftrophédone. L’infcription de Sigée
commence donc de gauche à droite, & revient
de droite à gauche. Les lettres que l’on pourroit
dire n’être pas mifes de face, mais de profil, y
font différemment tournées, fuivant. que la ligne
eft de droite à gauche , ou de ganche à droite.
Un coup-d’oeil fur ces fortes d’infçriptions, en
donnera une idée plus jufte que ne feroit un
long difeours.
Le P. de Montfaucon reçut d’Angleterre une
autre infeription en écriture bouftrophédone ,
pour être inférée dans fes colleélions d’antiquités
profanes. Mais comme elles.fe trouvèrent
finies, cette pièce ne put y trouver place. Elle
se fut pas néanmoins perdue pour le public}
Je baron de la Baftie entreprit de l’éclaircir par
un favant commentaire 3 & , pour faire honneur
à celui de qui il la tenoit, il la qualifia par-tout :
Infeription Montfauconienne. Il en fixa {Murat.
Nov. Thef t. 1. col. 48.) l’âge entre l’an 500, &
l’an 460 avant J. C. & il la fit un peu plus récente
que l’infeription de Sigée.
L’abbé Fourmont fut encore plus heureux que
les Anglois, puïfqu’il rapporta de fon voyage
de Grèce , des (.Mémoir. de littérat. de Vacad. des
inferip. tom. Iy. p. 400. 410.) inferiptions de ce
genre, de plus de mille ans avant J. C. Elles
font confervées précieufement parmi celles qu’on
garde à la bibliothèque du roi.
Si l’écriture bouftrophédone avoit quelqu’avan-
tage fur les autres, elle avoit auffi fes incommodités
ne fût-ce que la contrainte où l’on
étoit à chaque ligne de former les lettres dans
un fens contraire. A la vérité ceux qui ajoutèrent
à l’alphabet des Grecs diverfes lettres, leur donnèrent
à cet égard une figure invariable. Elles
ne regardoient pas plus la droite que la gauche.
On réduifît auffi à cette forme les anciennes
lettres, a , A , A ,M , n , r , qui étoient auparavant
tournées , tantôt vers la gauche, tantôt
vers la droite.
Cependant les Grecs, même dans les derniers
tems où ils fe fervirent d’écriture bouftrophédone,
ne laifsèrent pas de tourner en des fens oppofés,
leurs A , leurs n , & peut-être d’autres lettres,
B O U m -
fuivant que leurs lignes procédoient de droite a
gauche, ou de gauche à droite. Il reftoit d ailleurs
bien des caractères dont la figure devoit
néceffairement changer à chaque ligne , parce
que leur tournure étoit déterminée plutôt d un
côté que de l’autre. Telles étoient l'£ , le K , le v,
le s , &c. Le même inconvénient fe fit donc
toujours fentir. Auffi les Grecs abandonnèrent-
ils infenfiblement leur double écriture bouftro-
phédeme, pour s’en tenir à l’unique maniéré
d’écrire que nous fuivons encore.
L’écriture bouftrophédone fembla toucher a
fon dernier période, depuis qu’elle commença
de gauche à droite. Il eft conforme à la raifon ,
(c’eft ainfi que parloit le baron de la Baftie) de
regarder les inferiptions bouftrophédone s comme
plus anciennes que celles dont les lignes font dil-
pofées félon notre manière ordinaire d’écrire..
Mais quoique les inferiptions écrites de droite à
gauche, fuivant la coutume des Orientaux ,
doivent paffer pour les plus anciennes ,<, & les
bouftrophédones en général être jugées antérieures
à celles qui font en écriture vulgaire ; il ne faut
pourtant pas nier qu’il ne puiffe s’en trouver de
bouftrophédones poftérieures à quelques inferiptions
en écriture commune} parce qu’à l’époque
où cette écriture commença d’être en ufage ,
l’ancienne manière d’écrire ne put pas être tout
d’un coup & par-tout abandonnée de tout le
monde.
Les motifs qui faifoient conclure au baron de
la Baftie que l’écriture {Nov. Thef. col. 39. J bouftrophédone
avoit dû ceffer avant la guerre du Pélo-
ponnèfe, étoient tirées de ce que le marbre de
Nointel, dont il fixe {Ibid.p. 43.^ l’époque à l’an
457 avant J. C ., eft entièrement écrit de gauche à
droite, & qu’il en eft de même de ceux qui approchent
de fon âge, ou qui ont été gravés du temps
d’Alexandre-le-Grand.
Le baron de la Baftie dut être bien furpris après
j cela, quand l’abbé Fourmont lui fit voir des inferiptions
écrites uniformément de gauche à droite,
quoique de trois cents ans plus anciennes. Telles
font {Mémoire de Vacad. des inferiptions. tom. 1 y.
p. wj.) les trois qui concernent la guerre des
Lacédémoniens contre les Mefféniens, trouvées
fous les ruines de trois villes différentes. Nouvelle
Diplomatique.
BOUTON. Qn peut établir pour principe général
dans l’étude des monumens antiques,
que les anciens ne fe fervoient pas ordinairement
de boutons dans leurs habillemens. Les exceptions
font fi rares, qu’elles ne dérogent pas au principe
: les voici. La partie des tuniques des femmes
qui couvroit l’épaule 8ç le bras, en guife de
manche très-courte, étoit affujétie par quelques
boutons. C’étoient auffi deux boutons qui aflèm-
bloient auprès du col, les deux pièces quarrées
I dont étoient fouvent formées ces tuniques.
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