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que fes compatriotes mirent au rang des dieu*.
Hérodote ( lib. 7. ) raconte qu'Amilcar ayant
été. vaincu par Gélon , difparut, Sc ne put être
trouvé ni v if ni mort, quelque foin que prit fôn
vainqueur de le faire chercher. Les Carthaginois,
qui ont une grande vénération pour lui, continue-
t-il , difent que, durant le combat des Barbares
8c des Grecs-Siciliens, Amilcar étant demeuré
dans le camp, y faifoit offrir des facrifiees de toutes
fortes d'animaux, & que voyant la déroute de
fon armée, il fe jeta dans le feu : mais foit qu'il
fut mort de cette manière, comme le difent les
Phéniciens, ou de l’autre, comme l’a {furent les
Carthaginois 8c les Syracuiains, les premiers lui
offrent des fàcrifices, 8c ont élevé des monu-
mens en fon honneur par-tout où il y a quelqu’une
de leur colonie , 8c principalement à-
Carthage.,
AM1MÉTOBÏE. Marc-Antoine 8c Cléopâtre
donnèrent ce nom à la fociécé de plaifir qu’ils
lièrent enfemble à Alexandrie. Il eft compofé
à’àftifttiToç, inimitable, 8c de fi<W, vie. Ce que
Plutarque raconte des dépenfes effroyables qu’ils
faifoient, juftifie bien la dénomination de vie
inimitable. Que l’on imagine l’affemblage du luxe
te plus effréné, 8c une fuite continuelle de jeux,
de fêtes 8c de délices, oh aura encore une foible
idée de la vie que menoient ces deux célèbres
débauchés.
AMINEE. Le vin & Aminée étoit le produit
d’une efpcce particulière de raifin qui avoir été
franfplantce en Italie. Colun elle dit qu’elle avoit
été apportée du pays des Aminéens, dans la Thef-
falie j & que le vin fait avec ce rai fin, étoit le
premier 8c le plus' ancien qu’euffent connu lès
Romains. .
Suivant. Macrobe, le vin de Falerne étoit appelé
autrefois vin Aminéen. D’ un autre côté, Galien
parle du vin Aminéen qui fe faifoit dans la Campanie
, dans la Sicile 8c dans la Tofcane. Ce qui
prouve que le vin de Falerne étoit fait avec le
raifin Aminéen, 8c que foli furnom n’avoit pas
d’autre origine.
Ce vin étoit auftère, rude 8c acide dans fa nouveauté
, mais il s’adouci (Toit en 'vieiiliffant, 8c
acquéroit une force 8c une vigueur qui le rendoient
propre à fortifier l’eftorfiach, par la quantité d’ef-
prits-qu’il rerïfermoit.
A’MI.nnOï. Voyez P ares equi.
AMISTRA, en Sicile. AMHSTPATlNflN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RR.' en bronze.
O. en argent.
O. en or.
AMISUS j dans le Pont-Galatiqùe. am îso y 8c
A M IC H N I 2N .
Les médailles autonomes de cette ville font :
C. en bronze,
j O. en or.
O. en argent.
A M M
Cette ville a fait frapper des' médailles impè*
riales grecques, avec des époques, en fhonneur
d’Ælius, d’Antonin , de Ca-racaüa , de Diadu-
ménien, de Maximin, de Tranquilline, de Sa*,
lonin.
AMITIÉ ( L ’ ) a été di vinifiée comme plufieurs
autres vertus, mais les anciens en parlent peu ;
on ne fait même fi elle avoit des temples 8c des.
autels > le tems ne nous en a confervé aucune
repréfenttftion. Lilio Giraldi, dans fon ouvrage
des dieux du Paganifme, affûte que les Romains
repréfentoient Y Amitié comme une jeune femme,
ayant la tête découverte, vêtue d’un habit greffier,
au bas duquel étoient écrits ces mots : La mort
& la vie , pendant qu’on lifoit fur fon front
ces autres mots : L'été & l'hiver. Elle avoit la
poitrine découverte jufqu’à l’endroit du coe u r ,
où elle portoit la main, 8c on y voyoit ces paroles,
de loin & de prés. On vouloit apprendre par ces
fymboles, que Y Amitié ne vieillit point > qu’elle
eft égale dans toutes les faifons, dans l’abfence
comme à la vue de l’-ami 5 à la vie 8c à la mort}
qu’elle s’expofe à tout pour fervir celui que l’on
aime, 8c que l’on n’ a rien de caché pour fon ami.
On lui fait embraffer un ormeau fec , qui eft
entouré d’un fep de vigne, pour marquer que
Y Amitié ne paroît pas moins dans les difgraces
que dans les fuccès..
AMMAAfî. Héfychiûs*, qui parle de ces fêtes,
dit Amplement qu’on les célébréit en l’honneur
de Jupiter.
AMMEDERA, dans la Numidie.
Goltziusieul a publié des médailles impériales
grecques de cette ville,
A MM O N , chez les Egyptiens A m ü m 8c
A m u n .
Les habitans j l e l’Egypte adoroient le foleil
comme la diviniré unique 8c l’ame de l’ univers.
( Macrob. Satur. t, c. 18 )• Ils le repréfentoient
fous différentes formes, afin de peindre les di-
verfes phafés de cet aftre ; fon enfance au foiftice
d’hiver, fon adoîefcence au printems, fa virilité
au foiftice d’été,,.,8c fa vieillene à l ’équinoxe d’automne.
Martianus Capella nous dit -pofitivement que
le foleil étoit la divinité adorée fous les différens
noms de Sérapis, d’Ofîris, de Mitra, de Pluton,
de Typhon, d’Atys, du jeune homme qui inventa
la charriée, d’Adonis, de Biblos 8c à ' Am m o n .
( Nupt-. Phi loi. lib. 2 , ) : -
Te Serapïfn Nilus, Memphis veneratur Ofirim ,
Dijfona facra Mitram , Ditemque , ferumque Typko-
nem,
Atys pulcher 3 item curvi & puer almus aratri :
A m m o n e t a r e n t t s L y b i e s , ac B i b l i u s Adon.
Sic varia cunctus te nomihe convocat orhis.
Dans les pierres gravées du baron de Stofch ,
on. voit un Jupitor-Ammon avec un croiflànt, ce
A M M
oui fortifie encore l'idée du foleil , que l’on fait
être identique avec cette divinité.
A quelle phafe du foleil répondoit: 1 Amman
de la brûlante Lybie ? Appreuons-le de 1 oracle
de Ciarbs:
<Ppa<?io rav i r oe i r w uvrarov 6 t)iv 'lfAU.il îeca 3
X tiu a -U fà v T , L U à 'tlx p o s u p x o fiîv o lt
’H eAjuv À B-éptvs 3 (AtT07rto'pts b' osSpov tua.
Die deorum omnium fiipnmum ejfe Jao,
Quem hyeme orcum dicunt, ineuntc autan vers
Jovem, . . .
JEftate porro folem, ac tandem autumno inclinato
tenerurh Jao.
Ammon, appelé Jupiter .par les Grecs, étoit
le foleil dans fon adoîefcence à l’équinoxe du
printems, au ligne du bélier. Ils le nommèrent
par corruption Jupiter-Ammon , tandis quils au-
roient dû rendre le mot d'Amun, par celui de
Jupiter, Car Hérodote, qui avoit voyagé en Egypte
pour s’inftruire, dit précisément (lib. i , c. 42)
que les Egyptiens appeloient Amman le Jupiter
des Grecs. Nous fuivrons cependant l’ ufage ordinaire
d’appeler cette divinité Jupiter -Ammon,
parce qu’après cet avertiffement, la fauffe dénomination
ne fauroit induire en erreur.
Jupiter-Ammon étoit adoré dans toute l’Egypte ;
mais il étoit honoré d’un culte particulier dans
l’Egypte fupérieure, à Thèbes, qui lui étoit con-
facrée. Les Grecs lui en donnèrent le nom, en
l’appelant ville de Jupiter, AioVjyoA*?, 8c en nommant
Jupiter le dieu des Thébains. Ammon avoit
à Thèbes un temple magnifique, dont Hérodote,
Diodore de Sicile 8c Pline ont fait des deferip-
tions étonnantes. Quoique le farouche^ Cambife
l’eût dépouillé 8c ravagé, on en voit .encore
aujourd’hui des veftiges au milieu des ruines de
Thèbes.
Il y avoit dans ce temple une ftatue de Jupiter-
Arrùmon. On la montroit tous les ans un certain
jour, après l’avoir couverte de la peau d’un bélier
que l’on immoloit fur-le-champ. Après cela, on
approchoit de cette ftatue celle d’Hercule, pour
rappeler une ancienne fable. Hercule ayant voulu
voir Jupiter-Ammon 3 ce dieu tua un belier, 8c ne
fe montra à lui qu’après s’être couvert de la peau
de cet animal. Telle étoit la fable allégorique fous
laquelle les prêtres égyptiens cachoient la liaifon
aftronomique d'Ammon 8c du bélier.
On confervoit dans le même temple un bélier
ou mouton, que l’on élevoit avec grand foin,
8c que l’on honoroit d’un culte religieux, comme
femblème de la divinité. Par refpeét pour cet
animal, les habitans du Nome Thébain ne tuoient
point de brebis ni de moutons.
Les Ethiopiens defeendoient une fois chaque
année le Nil jufqu’à Thèbes, pour y adorer Jupiter
Ammon, Ils avoient un petit temple portatif l
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(ou niche) de cette divinité, le proménoient autour
de leurs habitations 8c de celles des Ly biens,
en célébrant ces heureux jours par des feftins &
des danfes continuelles. Cet ufage religieux e.l
expliqué par une ftatue de femme égyptienne ,
qui eft confervée au palais Barberini a Rome. Elle
porte devant elle une cadette ou niche, dans
laquelle eft un petit Anubis. Kircher a fait graver
un égyptien avec une femblable niche. Cette affo-
ciation religieufe des Egyptiens, des Ethiopiens
8c des Lybiens,' duroit encore fous le règne de
Théodofe le jeune , comme nous l’apprend le
rhéteur Prifcus, ( in eclogis Legationum).
Les Grecs, de qui nous tenons toutes nos Con-
noifïànces 8c nos traditions fur les Egyptiens ,
n’ont parlé du Jupiter-Ammon de Thebes, que
d’une manière détournée > mais ils fe font fort
étendu fur celui de la Lybie. Les Romains, à
leur exemple, ne s’occupoient que du Jupiter-
Ammon lybien, 8c Quinte -Curce a fait dans la
vie d’Alexandre, une belle defeription de fon
temple. Le plus refpeété de tous les oracles fut
le fien. Son antiquité feule fuffifoit pour lui mériter
la vénération de la multitude. Il ceffa cepen.-
dant long;tems avant ceux de Delphes Scde Claros.
Quoiqu’il fallût traverfer les fables brûlans de la
Lybie pour y arriver, les peuples les plus éloignés
fe foumettoient avec joie aux incommodités de
ce voyage, '8c revenoient latisfaits en rapportant
lin oracle. .
La ftatue de Jupiter-Ammon Lybien étoit cou*
verte de pierres précieufes. Quatre-vingt prêtres
la prômenoient dans les villages voifins, fans tenir
de route certaine. Ils ne s’arrêtoient qu’apres avoir
appris' de la ftatue elle-même , par de certains
mouvemens de tête, qu’ils ne dev.oient pas aller
plus loin. C’étoit par des fignes, 8c non par des.
paroles, que les pretres connoiffoient les dédiions
du dieu que l’on confultoit. L ’empreffement des
nations avoit fait du lieu le plus aride, le centre
de l’opulence. Les habitans ae la ville qui entou-
roit le temple , prefque tous confacres au mi-
niftère de l’autel, étaloient la magnificence des
rois. . .
Ce n’étoit pas le peuple feul qui ennchifloit le
temple 8c fes minières, les monarques les plus
puiffans y envoyoient leurs o ffran d e sp ou r en
obtenir des réponfes favorables à leur politique.
Les prêtres favoient également profiter de la crédulité
du vulgaire 8c de l’ambition des princes ,
mais ils n’étoient pas toujours acceffîbles à. la
corruption. Lorfque Lyfandre de Lacédémone
voulut devenir le tyran de fa^patrie, il crut pouvoir
les féduire par l’éclat de l’or, pour en obtenir
une réponfe qui fervît fon ambition. Ses dons
furent rejetés avec mépris, 8c les prêtres indignés
fe rendirent à Sparte, où ils formèrent une accu-
fation contre le téméraire qui avoit vou.lu les
fuborner. Alexandre réuffit mieux que le fpartiate.
A peine fe préfenta-t-il dans le temple, qu’il fat