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des noms bizarres ou furannés à tout ce qui avoit
rapport aux facrifioes. Arculus eft de ce genre ; il
déiignoit un cerceau que Ton plaçoit fur fa tete
pour recevoir les vafes defiinés aux facrifices, &
pour les porter fans fe bleffer. Ce cerceau devoit
être fait de bois de grenadier , & lié avec une
bandelette de laine blanche. La prêtrefle de Jupiter,
ou Flamine Diale, s’en fervoit dans toutes les
cérémonies. Le bois du grenadier n’étoit pas le
feul que l’on pût employer pour faire Yarculus ,*
tout arbre de bon augure partageoit ce privilège.
ARCU LUS, dieu des Romains, qui étoit pré-
pofe a la garde des citadelles & des fortifications,
comme a celle des coffres 8e des armoires., Son
nom étoit dérivé des mots latins arx & .area.
ARCUTURUS, étoit un fleuve, père de Chlo-
r is , qui fut enlevée par Borée : il fut depuis appelé
le Phafe. Voye^ Borée, Phase.
ARDALTDES, fumom des Mufes, pris d’Ar-
dalus, fils de Vulcain, qui honoroit ces déeffes
d’un culte particulier.
ARDEATINE. (la voie) conduifoit de Rome
a Ardee, chez les Rutules. Elle commençoit au
bas du mont Aventin, auprès des thermes d’An-
tonin.
5 ARDEE, ville des Rutules en Italie, aujour-
d hui bourg du même nom. Servius (Æneid. 7.12 .)
lui donne-une origine fabuleufe; ce qui attelle
fon antiquité. 11 dit que lé coffre dans lequel
Acrifius avoit renfermé Danaë & fon fils Perfée,
a^ant été^ pouffé par les flots de la mer fur les
côtes de l’Italie, fut porté par ù n pêcheur au roi
Püumnus, qui époufa D a n a ë , & bâtit la ville
d’Ardée, où elle avoit abordé.
Ovide raconte une tradition fabuleufe fur la
meme ville. Les foldats d’Ënée l’ayant brûlée,
elle fut changée, félon lu i, en héron. Le nom
min de cet oifeau, ardea, a fervi de fondement
a la métamorphofe. Peut-être aufli Ardée avoit-
elle pris fon nom du grand nombre de hérons que
l’on trouve dans fes environs.
ARDOB, mefure de capacité de l’Afie & de
l ’Egypte. V. L éthec.
A R D O I S E S . Nous n’avons aucun paffage
qui nous apprenne fi les anciens ont connu ou
employé les ardoifes pour couvrir leurs bâtimens.
Pline dit expreffément que l’on fe fervoit de bois
avant l’invention des tuiles, & il ne parle nulle
part de ces fehiftes qui couvrent aujourd’hui les
plus beaux édifices de l’Europe.
A R D U I N N A , A k j d o i^ , A r v u e n u t e n s is ,
nom que les Gaulois & les Sabins donnoient à
Diane, comme protectrice des chaffeurs. On la
repréfentoit couverte d’une efpèce de cuira/fe,
tenant d’une main un arc débandé, & ayant un
chien auprès d’elle, Gruter a publié quelques inf-
criptions, dans lefquelles il eft fait mention d’Ar-
duinna Diana t 8e dont quelques - unes ont été
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trouvées dans le pays des Ardennes, Ce feroic
alors Diane des Ardennes.
AREA. Voyez P l a c e .
A rea fignifioit, dans la caftrémation des Romains
, un terrein large, de cent-vingt pieds romains,
& long de cent quatre-vingt. Cet efpace
étoit aufli appelé du nom générique pedatura 3 de
étoit deftiné au campement d’une légion.
Ares, non fint, acclamation des Payens contre
les nouveaux Chrétiens. Les premiers deman-
doient par ces mots à leurs gouverneurs, de priver
les derniers du droit de fépulture. Qu’on leur re-
fufe, difoient-ils, la place d’un tombeau, ares,
non fint.
ARELIUS. Pline reproche (35.8.) à ce peintre,
qui vivoit peu de tems avant le règne d’Augufte,
d’avoir repréfenté le premier les divinités fous les
traits des femmes qu’il avoit aimées.
ARENARII. On donnoit ce nom aux gladiateurs
qui combattaient dans Y arène des amphithéâtres.
C ’étoient des efclaves de la plus vile
efpèce, parce vque leur métier étoit déclaré infâme
par les loix.
ARENARIUS. Muratori ( y n . 3. Tkef.infcr.')
rapporte une épitaphe dans laquelle il eft fait mention
du corps des arenarii , collegii arenariorum.
Il ne faut pas entendre par ce mot les gladiateurs,
mais les ouvriers qui tiroient le fable ou l’argile
des carrières. Les vuides qu’ont faits leurs travaux
, forment aujourd’hui les catacombes.
ARENATIUM, dans les Gaules, a r e m a c i o s .
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze. (PellerinJ. _
O. en or.
O. en argent.
ARENE, fille de Gorgophone & d’Oébalus.,
époufa Apharée, fon frère utérin, dont elle eut
un fils nommé Idas. V. A p h a r é e , G o r g o p
h o n e , Id a s .
ARÈNE. V. A m p h i t h é â t r e .
A r è n e s . On défigne à Nîmes, fous ce nom,
un amphithéâtre romain, qui.eft un de ceux qui
fe font le mieux confervés. Il eft encore prefque
tout entier. Les Goths y bâtirent une efpèce de
fort appelé Château des Arènes , afin de faire une
citadelle de tout l’amphithéâtre,
i *11 eft encore fait mention dans nos anciens historiens
, des arènes de Reims, des arènes de Péri—
gueux & des arènes de Paris, qui étoient devant
Saint-Viétor. Ce nom fubfifte encore dans quelques
autres villes de France, qui n’ont plus le
moindre veftiged’amphithéâtre, comme! Limoges-,
où eft le cimetière des arènes j à Bourges, où l’on
appelle encore la rue des Arènes, celle qui.condui-
foit à l’ancien amphithéâtre que l’on a comblé &
détruit entièrement pour faire la place du marché,
nommée Ducale ou Bourbon.
AREOLUM. V. C h a l c o u s .
ARÉOPAGE, fénat d’Athènes.. II prît, félon
Hérodote j (/ié. 8.) le nom de l’endroit où il
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s’aflembloiti c'étoit une colline fituée auprès^ de
la citadelle, appelée colline de Mars, A fo .w y«
ou Ap«« îrâ'/M- Suidas donne de ce nom une étymologie
bien détournée ; il la dérive des meurtres
volontaires qui étoient déférés à ce tribunal,Jx
que l’on rapportait à Mars, comme au dieu du
fang & de la guerre. Mars lui-même, félon Pau-
fanias, ayant été accufé d’un meurtre devant 1 aréopage
3 fut caufe de cette nouvelle dénomination.
D’autres écrivains grecs difent enfin que les Amazones
étant venues afliéger Athènes ^ campèrent
.fur cette colline, y offrirent des facrifices au dieu
des combats, que les poètes leur donnent pour
père, & que la colline_en prit le nom.
L ’époque de fa fondation n eft pas moins incertaine
que l’étymologie de fon nom. Les uns
la placent fous le règne de Céçrops, fondateur
d’Athènes j d’autres fous Cranaiis, un de fes fuc-
cefleurs ; quelques-uns enfin, la reculent jufqu au
tems dq Solon. Quoique cette, dernière opinion
foit celle de Plutarque ('inrSolone) & de Cicéron
(de Offic. 1 .) , cependant elle paroît détruite par le
témoignage d’Ariftote (Polit. 2 .) , 8e par une loi
de Solon , rapportée par Plutarque, dans laquelle
il eft parlé de l’aréopage, comme d un tribunal-
bien antérieur â toutes les inftitutîons de Solon.
Ce légiflateur le rétablit peut-être a la place du
tribunal fanguinaire que Dracon lui avoit fubititue,
& lui donna une nouvelle forme. Pollux, ( Ono-
jnaft. 8. l ) . . ' , . ,
On eft aufli peu d’accord fur le nombre des
membres de Yaréopage. Quelques-uns le reftrei-
gnent à neuf, d’autres le portent a trente - un ,
d’autres* à cinquante-un, &c. Les neuf archontes
y étoient incorporés, félon quelques écrivains,
après l’année de leur archontat 5 quoique d autres
n’accordent ce privilège qu aux thefmothetes. Au
refte, noiis. favons que Socrate,] accufe devant
Y aréopage, fut condamné par deux cent quatre-
vingt-un fuffrages, auxquels il faut ajouter ceux
qui le renvoyoient abfous 3 & une infeription
placée fur une colonne de la citadelle d Athènes,
en l’honneur de Rufus Feftus, proconfui de la
Grèce, dit expreffément que Y aréopage étoit corn?
pofé de trois cens membres. - A
Il ne fuffifoit pas d’avoir été archonte pour etre
adopté par les aréopagites, mais il falloit avoir
rempli avec honneur les fond!ions de cette -ma=.
giftrature. Pour en fournir la preuve, les archontes
rendoient compte de leur adminiftrâtion paffee aux
logiftes, quil’approuvoient apres un fevere examen,
bien différent d’une vaine formule. Ils offroient en-
fuite un facrifice à Bacchus dans les Limnes qui lui
étoient particulièrement confacres. Ces foi mes
établies par Solon furent long-tems en. vigueur 5
mais Athènes ayant perdu fa puiflance, elles tombèrent
en défuétude. Alors tous les archontes
indifféremment, furent admis dans 1 aréopage }
ainfi que des citoyens de moeurs corrompues de
fans fortune, & même des étrangers, tel que ce
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Rufus F eftu s, dont l’infeription citée plus haut
parle comme d’un membre de Y aréopage. ;
' Ariftide dît que ce tribunal étoit le plus intègre
& le-plus eftimé de toute la Grèce, & cela paroît
être vrai, lorfque l’on confidere la nobleiïe de
fes fondions, l’importance des caufes qui y etoient
portées, & les qualités que l’on exigeoit de fes
membres. Athénée (Deiph. 14.) aflüre qu’ un citoyen
qui auroit été vu s’arrêtant dans.un cabaret
ou dans un lieu de'débauche, étoit exclus à jamais
de l’archontat, 8e par fuite de Y aréopage. 11
ajoute qu’un aréopagite qui auroit pafle toute fa
vie avec gloire, étoit deftitué de fa place, fi 1 011
pouyoit lui faire quelque reproche grave fur fes
moeurs ou fur fa conduite, même dans l’âge le
plus avancé. On exigeoit encore de.ces confeillers
une gravité toujours foutenue; 'on ne leur auroit
pas pardonné le plus léger fo.urire échappé dans
le tribunal 5 & Plutarque (dé gloriâ Athen.) nous
apprend qu’il leur étoit défendu, par une loi
exprefle, de compofer des pièces de théâtre.
C e t r ib u n a l in fp i r o t t t a n t d e r e f p e é t de d e g r a v
i t é , q u ’ I f o c r a t e , q u i e n é t o i t m em b r e ^ d i t q u e
l e s a r é o p a g i t e s d o n t l e s m oe u r s a v o i e n t é t e d i f f o -
l u e s , r e n o n ç o i e n t à le u r s a n c i e n n e s l ia i f o n s &
h a b i t u d e s , d è s q u ’ ils , é t o i e n t a d m i s d a n s c e t a u -
g u f t e f é n a t . L e s ju g em e n s q u ’ i l r e n d o i t é t o i e n t f i
é q u i t a b l e s , q u ’ a u c u n n’ a v o i t e x c i t é , f é l o n D é m o f -
t h è n e , d e p l a in t e o u d e r é c l a m a t io n . C ’ e f t p o u r q
u o i t o u s l e s é t a t s d e l a G r è c e l e p r e n b i e n t p o u r
a r b i t r e . C ’ e f t a in f i q u ’ e n a g i r e n t le s M e f l e n ie n s
a v a n t le u r s p r em iè r e s g u e r r e s a v e c l e s L a c é d é m o -
, n . i e n s . '• 1 ■ ' ' ' 1
I l aréopage e o n n o i f lo i f d e s m e u r t r e s v o l o n t a i r e s
& i n v o l o n t a i r e s , d e s e m p o i f o n n e m e n s , d e s in c
e n d i e s , d e s t r a h i f o n s , & c . Q u e lq u e s a u t e u r s
a f lu r e n t q u ' i l n ' é t o i t p a s p e rm is d a p p e le r d e c e
t r ib u n a .l a u p e u p l e j m a is M e u r f i u s , a v e c p lu f i e u r s
a u t r e s , f o 'u t ie i i t l e c o n t r a i r e . I l d i t m ê m e q u e d a n s
c e r t a in e s o c c a f îo n s , l e s l o g i f t e s p r e n o i e n t c o n -
n o i f l a n c e d e s ju g em e n s d e Y aréopage. C e t r ib u n a l
a v o i t u n e g r a n d e a u t o r i t é - d a n s l a r é p u b l iq u e .
S o l o n l’ a v o i t c h a r g é d e v e i l l e r à l ’ e x é c u t i o n d e s
l o i x . I l f i x o i t l ’ e m p l o i d e s d e n ie r s p u b l i c s } i l v e i l -
l o i t à l’ é d u c a t i o n d e l à j è u n e f l e , n o m m o i t f e s
c u r a t e u r s & f e s tu t e u r s ; i l p u n i f f o i t le s c i t o y e n s
q u i é t o i e n t a c c ü f é s d ’ im p i é t é , o u q u i v i v o i e n t
d ’ u n e m a n iè r e d i f lb lu e 5 i l r é c o m p e n f o i t a u f l i l e s
g e n s - d e - b i e n . L e s a r é o p a g i t e s f e j o i g n o i e n t a u x
G y n é c o n o m e s , & f e t r o u v o i e n t a u x f e f t in s r e l i g
ie u x & à c e u x d e s n o c e s , p o u r y m a in t e n i r h t
m o d é r a t i o n & l a d é c e n c e . S o l o n l e s a v o i t c h a r g é s
fp é c ia l em e n t d u f o in d ’ e x am in e r l a f o r t u n e d e
■ chaque c i t o y e n , f o n in d u f t r i e , le s m o y e n s q u ’ i l
e m p l o y o i t p o u r f e f o u t e n i r , & c . a f in d e p r é v e n i r
l e s v o l s 8e l e s r a p in e s . M a i s l e u r p lu s im p o r t a n t e
f o n & i o n é t o i t d ’ e x am in e r 8é d e ju g e r a v e c f i d é l i t é
t o u t c e q u i a p p a r t e n o i t à la r e l i g i o n , l e s b l a f p h è m e s ,
l ’ i r r e i i g k m , fe m é p r i s d u c u l t e p u b l i c & l ’ a d m i f -
f i o n d e s n o u v e l l e s d iv in i t é s , C’eft par h c e i n t s