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germains , tramés en triomphe par Germanicus.
Le Roy ne les reconnoït point pour Germains, &
affure que leurs habits & leurs armes ^appartiennent
pas à çette nation. 11 veut que ce foient
plutôt les Arméniens & les Parthes, fournis par
Tibèrej parce qu’il étoit plus naturel d’exprimer
ici les victoires du principal perfonnage. Ces rai-
fons n’ont pas paru concluantes au P. de Mont-
faucon, & il achève fori explication en difant
que ces captifs font des Germains. ,
IIe Apothéofe d’Augufie. Quoiqu’on ne doive
pas, à la rigueur, donner ce nom au fujet que re-
prefente^ la belle pierre connue fous la dénomination
d’agate de V Empereur j cependant, comme
on y voit Augufte'couronné par des divinités, on
a cru lui pouvoir aflfigner un rang parmi les apo-
theofes des hommes illuftres. La hauteur de cette
agate eft moindre d’un tiers que celle de l’agate
décrite plus haut, -& fa largeur eft à-peu-près
égale. Elle n’eft divifée-qu’en deux plans, dont
le fécond eft occupé par des foldats qui dreffent
des trophées, & qui traînent des barbares vaincus.
Les longues chauffes font aifément reconnoître
ces capcifs étrangers.
On voit fur le premier plan Augufte affis, tenant
le lituus. Il eft à demi-nud, & tel pue l’on repréfente
ordinairement Jupiter. Derrière lui eft une
femme couronnée de créneaux, c’efl-à-diré, 'Cy-
bèle, qui pofe fur la tête d’Augufte une couronne
de laurier, & s’appuie fur Neptune, placé devant
elle. Cybèle & Neptune défignent ici la terre &
la mer, témoins des victoires d’Augufte.
JLa femme qui eft aflife devant ces deux divinités
, & qui tient une corne d’abondance*, a deux
enfans nuds auprès d’elle. Rubens lui trouve les
traits d’Agrippine, femme de Germanicus.
s A côté d’Àugiifte on voit Rome aflife, armée
d un cafque, d une pique & d’un bouclier. Quelques
uns l’ont prife pour L iv ie .,Augufte pofe fes
pieds fur un bouclier, & Rome fur une cuiraffe
auprès de laquelle eft un cafque. Cette affociation
d’Augufte & de Rome ne peut étonner que ceux
qui ne connoiffent pas les temples confacrés à la
fois à l’un & à l’autre. Le capricorne, ligne favori
d’Augufte, eft placé au-delTus de fa tête, & ne
laifle aucun doute fur le fujet de cette belle gravure.
Germanicus Céfar, armé d’une cuiraffe & portant
Je paîudament, fe tient debout auprès de
Rome j & plus loin, Tibère defcend d’un char
conduit par la viéloire. Le futur fucceffeur d’Au- 1
gufte eft vêtu de la toge prétexte, comme lès |
triomphateurs. 11 tient d’une main un fceptre ou
bâton de commandement, & de l’autre un rouleau.
Rubens croit que cette pierre repréfente le retour
de Tibère après la guerre d’IJlyrie, la plus
grande & la plus importante, dit Suétone, qui
eut été hors de l’Italie depuis les guerres Puniques.
Qn décerna à.Tibère, qui l’avoit terminée ,
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le triomphe , & on donna à Germanicus les omettons
des triomphateurs. Mais la nouvelle de la
défaite de Varus étant arrivée à cette époque, le
triomphe fut différé, & Tibèrè entra à Rome couronne
de laurier, & portant la toge prétexte,
comme on le voit fur cette belle agate.
j IIIe Apothéofe d’Augufie. Cuper a publié le deffin
d’ une belle pierre gravée, avec fon explication,
mais fans nous dire à quel cabinet appartenoit un
aufli précieux morceau. Elle a , fi ie deffm eft
fidèle, fix pouces de hauteur, fur une largeur
prefque double. Sur un char traîné par deux centaures
, dont l’un porte un bouclier & un trophée,
eft affis un jeune homme couronné de laurier,
vêtu de la toge, & tenant un foudre de la main
droite. Sa main gauche eft paffée autour du col
d’une femme qui eft aflife fur le char à fes côtés.
Elle eft voilée, & a les traits d’une femme férieufe.
Sur le même char eft placée une jeune fille à la
droite du héros, avec un enfant armé d’un cafque,
delà cuiraffe, & tenant un rouleau. La viéloire
vole au-deffus du héros, & le couronne. Un vafé à
deux anfes & à large ouverture, (cantharus) eft
renverfé auprès du char. Deux hommes morts ou
bleffés, couchés à terre, font foulés aux pieds des
centaures.
Cuper, d’accord avec Grævius, a reconnu Augufte
& Livie affis dans le char , & Oéiavie avec
Marcellus debout à leurs côtés, ou plutôt Tibère
& Julie. On fait que les triomphateurs avoient
coutume de faire monter dans le char de triomphe
leurs jeunes enfans des deux fexe'S. Les centaures,
qui caraclérifent la Theffalie, défignent ici les
•viéioires qu’Augufte remporta dans cette Contrée
fur les meurtriers de Céfar, qui peuvent être ces
ennemis foulés aux pieds des centaures.
A pothéose de Germanicus. Cette apothéofe
fait le fujet d’une pierre gravée du roi. Elle a
quatre pouces de hauteur , & fa largeur excède la
hauteur de quelques lignes. Les religieux de Saint-
Evre d eT o u l, qui la poffédoient depuis près de
fept fiècles, fous le nom de S. Jean l’Evangélifte >
la donnèrent au roi en 1684. Les antiquaires
furent partagés à fon fujet : quelques-uns y re-
coqnoiflqient Augufte j mais le plus grand nombre
1 y vit Germanicus j & la jeuneffe du héros décida
pour ce dernier fentiment.
On ne trouve pas, à la vérité, que Germanicus
ait eu les honneurs de Y apothéofe publique. II eft
cependant poflible que ce petit monument ait été
fait par l’ordre de Caligula, fon fils, ou de quel-
qu’autre de fes parens ou amis. Tacite nous dit
que l’on éleva à la mémoire de Germanicus, les
délices des Romains, un grand nombre de ftatues
& d’autres monumens. La petiteffe de cette agate
l’a rendu facile à dérober aux regards du jaloux-
Tibère, & plus propre à foulager la douleur d’un
ami du héros.
G e rm a n i c u s y e f t r e p r é f e n t é a f lis f u r u n a i g l e
q u i v o l e , c o m m e l e s em p e r e u r s d é i f ié s . L ’ é g i d e
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de Minerve couvre fa poitrine î le lituus & une
corne d’abondance font dans fes^ mains. Le premier
attribut eft relatif à fa dignité d’augure, ce
l’autre à fa bienfaifance. Une victoire le couronne,
& l’aigle qui le porte tient une branche de laurier
dans fes ferres. Le P. de Mbntfaucon a rapporté
ce monument dans fon Supplément de 1 Ant. -
expliquée, tom. y , pl- 59- I .. r ,, , „
Ap o t h é o s e de Claude. Un bas-relief dun beau
travail repréfente cette apothéofe, que Néron fit
exécuter peut-être comme il déifia cet empereur,
c’eft-à-dire, pour fe moquer de lui, félon Pline
le jeune. Il appartenoit aux princes Colonnes,
ainfi que Xapothéofe d’Homère. Le cardinal Jerome
Colonne le fit tranfporter à Madrid, & le donna
au roi Philippe IV.
On voit l’empereur Claude en bulle avec une
couronne radiale, furmontee du nimbe, porte
fur le dos d’un aigle éployé. Cet oifeau tient une
de fes ferres fur un globe, & l’autre fur un foudre.
Il eft pofé fur un amas confus d’armes, de boucliers
, de peltes, decuïraffes, decafques & d epees.
Sur les côtés de ce monceau d’armes,- on voit des
éperons de naviré, une ancre, un chenifque. Les
boucliers font ovales, hexagones & a bords découpés.
_
Le tome 9 de l’Ant. expliquée en offre le
deflîn. . . .. .
A p o t h é o s e , ^ Titus. Domitien fit, quoiqua
regret, la confécration ou Xapothéofe de fon frère.
Elle fe voit encore aujourd’hui fculptée dans la
voûte de l’arc de Titus à Rome : ce qui prouve ,
contre l’opinion de quelques antiquaires, qu il ne
fut bâti qu’après la mort de Titus. Il n y a point,
en effet, d’apparence que ce modefte empereur
ait fait repréfenter fon apothéofe de fon vivant.
Domitien aura fans doute été contraint, par les
bienféances, à élever cec arc, qui eft de beaucoup
inférieur en grandeur & en magnificence aux
autres arcs qui ornent encore la ville de Rome.
L’empereur, vêtu de la toge, eft affis fur un
aigle éployé, & pofe fes mains fur les deux ailes.-
C’eft le fond d’un tableau carré , entouré de grands
fêlions foutenus aux quatre coins par des genies.
A p o t h é o s e de Faufiine la jeune. Le P. de \
Montfaucon croit la reconnoître fur un bas-relief
du capitole , qu’il a publié pl. 6 o du f i volume du
Supplément de l’Ant. expliquée. A
L’impératrice eft repréfentée fortant du bûcher,
voilée,-& portée, non par un aigle comme les
empereurs, mais par une femme ou un génie du
fexe féminin. Ce génie a des ailes & tient une
longue torche allumée. Bartholi 1 a prife pour
Diane Lucifera ; mais on ne voit jamais des ailes
i cette divinité. Le favant Bénédiélion reconnoït
ici une viéloire ; ce qui conviendroit affez bien a
Fauftine; car Marc-Aurèle, fon epoux, luiavoit
donné publiquement la dénomination de mater
cafirorum, mère des armées, qui la faifoit partager
en quelque forte l’honneur des viéioires avec lui.
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Celui-ci, affis au bas du tableau, eft témoin de
Xapothéofe de fa femme, ainfi que le prefet du
prétoire, debout derrière lu i, & un perfonnage
inconnu, derqi-nud & affis à fes pieds.
A PO TH E T E , nom d’un air de flûte des
anciens.
APOTROPEENS, dieux qui détournoienr les
maux dont on étoit menacé : les Egyptiens avoient
des dieux Apotropéens. Ce mot vient d àvroTpvn-üv,
détourner. fioyè^ A v e r r u n g i . On leur immo-
loit une jeune brebis.
APOXYOMENE. V. a ’iiosyomenh.
APPARATORES annalium. Muratori ( y ir .
1, The f i infer.) rapporte l’infeription fuivante, la
feule où il foit fait mention du college des Appa.-
ratores :
A- PÔSTUMIUS POSTUMIA
• ' CHERACLID
RÔGAYOR. MAG. QUINQ. CONLEG
APPARAT. ANNAL. ITERUM.
A P P A R f iT O R I U M , lieu des préparatifs.
Fabretti croit que ce lieu des préparatifs etoit
celui où l’on difpofoit le feftin des funérailles, &
dans lequel on gardoit l’eau luftrale.
APPARIER les gladiateurs , componere gladia-
tores. Avant de commencer les combats de I amphithéâtre
, on apparioit les gladiateurs > c eft-a-
dire, qu’on aflignoit à chacun l’adverfaire contre
lequel il devoit fe battre. La grande^ attention de
I celui qui donnoit les je u x , étoit d apparier des
gladiateurs égaux en force & en adreffe. Ils de-
daignoient, en effet, de combattre des rivaux qui
leur auroient été inférieurs ; comme le dit Sénèque
(de Prov. c. 3.) ; Ignominiam judicat gladiator,
cum inferiore componi ,* & feit eum fine gloria vinci ,
qui fine periculo vincitur. Le gladiateur Xt croit
déshonoré lorfqu’on l’apparie^ avec un rival plus
foible que lu i, parce qu’il fait qu’il n’y a point
de gloire à vaincre, lorfqu’ il n’y a point eu de
dangers à courir dans le combat.
APPARITEURS , apparitores. Les Romains
comprenoient fous ce nom générique les fervi-
teurs des juges, que nous appelons fergens &
huiflierS, & qu’ils nommoient fcrib& 3 accenfi ,
interprètes , pr&cones , viatores , li flores , fervi pu-
bliçi & carnifices. Seryius (.Æneid. 11. 850.) dérive
leur nom â’appafere, être prêts a executer les
ordres des juges : Apparent, pr&fio funt ad obfe-
quium. Unde etiam apparitores confiât ejfe nqmi-
natos ÿ & il cite en preuve ces vers de l’Enéïde :
Ha Jovis ad folium, favique in limine regis
Apparent 3 acuuntque metum mortalibus &gris.
On les prenoit parmi les affranchis des magif-
trats, & parmi les enfans de ces affranchis. Les appariteurs
des principaux magiftrats étoient diftingués
par des cafaques ou manteaux de diverfes couleurs
, cpmme les bedeaux des paroiffes en France,
& par une bande de laine qui defeendant de l’épaule
\