Jequel font quatre chèvres , placées de manière
qu’elles n’ontqu’ une feule tête commune auxquatre.
Deux d’entr’elles font couchées , 8c l’une d’elles
allaite fon chevreau. Au revers de cette^pierre
font gravées ces caractères bifarres BMXlAr. Sur
une pâte antique de la même collection , on voit
un Faune qui trait une ckevre 3 'deflîn commun
fur les pierres gravées. Mais ce qu’il y a de fort
extraordinaire , eft d’y voir le Faune avec la tête
d’un bouc , & la ckevre avec celle d’ une femme.
Ce n’eft peut-être qu’ un caprice du graveur.
Ch è v r e (on voit ordinairement une) fur les
médailles d'Æg& en Macédoine.
CHEVREAU j victime la plus agréable au dieu
Faune. & aux autres divinités champêtres.
Les anciens regardoient le chevreau comme un
manger très-délicat 3 8c ils en fervoient dans les
repas les plus fplendides (Athen. L' i . c. i . /. 4. c.
6 . /. 9. c. 3. 13 .). Juvénal vante (Sac. 3ci.,) la
bonté d’un chevreau du territoire de Tivoli.
CHEVREUIL. Les anciens en fervoient dans
les repas 5 8c Athénée en fait mention.
CHIA 3 furnom de Diane. Elle fut ainfi appelée
du culte qu’on lui rendoit à Chio 3 où elle
avoit un temple 8c une ftatue célèbres. On difoit
que cette ftatue regardoit avec févérité ceux qui
entroient dans le temple 3 8c avec fatisfaCtion
ceux qui en fortoient. Si ce n’étoit pas un pref-
tige foutenu par la crédulité 8c la fuperftition,
on peut l’expliquer par une illufion d’optique que
produifoit pour ceux qui entroient un profil fé-
vère 3 8c pour ceux qui fortoient le profil riant
de cette ftatue , pofée vraifemblablement à l’un
des côtés du portique d’entrée.
CHIEN. Cet animal étoit confacré à Mercure 3
comme protecteur des bergers. On immoloit le
chien à Hécate 8c à Mars chez les Cariens. La
chair des jeunes chiens étoit réputée fi pure 3
qu’on l’offroit aux dieux ei? facrifice 3 dit Pline 3
& qu’on fervoit de la chair de chien dans les
repas préparés pour les dieux mêmes. Les chiens
étoient en grand honneur dans l’Egypte 3 mais la
vénération des Egyptiens diminua beaucoup ,
félon Plutarque après que Cambife eut tué
Ap is , & que l’ayant jeté à la voirie, le chien
feul entre tous les animaux alla fe repaître de
fon cadavre. On gardoit un chien à Rome dans le
temple d’Efculape. Les Romains en crucifioieut
un tous les ans , en punition de ce que les chiens
ne les avoient pas avertis , par leur aboyement,
de l’ arrivée des Gaulois, qui afliégèrent le Capitole.
Il y avoir un pays en Ethiopie, dit Elien ,
dont les habitans avoient pour roi un chien, 8c
ils prenoient fes careffes ou fes aboiemens. pour
des marques de fa bienveillance ou de fa colère.
Autour du temple confacré à Viilcain fur le mont
Etn a, il y a des chiens kerés^ dit k même
Elien, qui flattent de leur queue ceux qui approchent
modeftement & avec dévotion du temple
& du bois j mais qui mordent, dévorent ceux
dont les mains font fouillées de quelque forfait,
& chafîent les hommes & les femmes qui y
viennent pour des intrigues amoureufes. Enfin
les Harpies font appelées les chiens de Jupiter ,
parce qu’il s’en fervit pour châtier Phinée. Voye£
Canicule, Erigone, Lélape, Procris.
Les Egyptiens fculptoient en demi-relief des
chiens à la porte de leurs temples, pour marquer,
dit Kircher, la vigilance dont ils font le fymbole,
& que doivent avoir les princes dans le gouvernement.
Strabqn dit que l’on adoroit des chiens
dans la ville égyptienne qui portoit leur nom ,
dans Cynopolis.
« Il eft très-faux, félon M. PaW, que les chiens
aient perdu, après I’invafion des Perfes, l’eftime
des Egyptiens , . comme Plutarque le foutient j
car ils ne dévorèrent point, ainfi qu’on le croit,
le boeuf Apis blefle par Cambyfe, puifque les
Prêtres firent embaumer cet animal, qui mourut
long-tems après cette bleflure dans fon temple.D’ailleurs
les Perles avoient plus de vénération pour les
chiens que les Egyptiens mêmes, comme on peut le
conclure non-feulement des coutumes des Parfis
établis aujourd’hui aux Indes , mais encore des
ordres donnés aux ambafladeurs de Darius-No^
thus. Us enjoignirent de la part de ce prince aux
Carthaginois de ne plus manger des chiens comme
tant de Cynophages de l’Afrique j & les Sopké-
tins promirent, au nom du fénat, défaire renoncer
le peuplé à cet aliment (Jufiin. Hifi. Lib. xix».
cap. 1.). Cet ufage fingulier, qui devint l ’objet
d’une négociation, intéreffoit donc beaucoup les
Mages, m
/ c« Par le défaut de tranfpiration, dit encore M.
PaW ( Rech. t. 1. p. H 2 .)0 les chiens font fujets,
au Levant & dans les Indes, à la lèpre, à la rage
& à la gonorrhée 5 il femble donc qu’on auroit
dû y avoir pour eux encore plus d’horreur que
pour les cochons. Mais c’eft tout le contraire :
les qualités morales du chien l’ avoient emporté
fur fes indifpolïtions, 8c il étoit au nombre des
premiers animaux auxquels les Egyptiens aient
rendu un culte. Au refte, ce feroit faire tort aux
lumières des prêtres , de croire qu’ils*ont à cet
égard ignoré le danger, pu fqu’ils avouoient
eux-mêmes que ceux qu’on chargeoit d’embaumer
les cAzV/wfacrés , Iorfqu’ils étoient morts de
l’hydrophobie ou de la rage, en .contra&oient
une maladie 8c en devenoient fplênétiques, fui-
vaiit f’expreflîon grecque, employée par le traducteur
d’Orus-Apollon (Hieroglyphica , lib. 1.
cap. 38.). Mais ces embaumeurs n’étoient pas
admis dans la première claffe facerdotale, com-
pofée d’hommes prefque inacçeflibles, & dont
les précautions étoient extrêmes. Au refte, ces
accidens n’étoient pas fort communs, lorfque,
f e Egyptiens entretenoient les chiens avec beaucoup
de foin } mais aujourd’hui que les Turcs
8c les Arabes les noiirrififent mal, prefque tous
ceux qu’on voit en Egypte font atteints plus ou
moins d’une forte de-lèpre. >»
Clément d’Alexandrie (Strom. y. p. £67.) dit
que le chien étoit confacré à Ifis en particulier,
8c que l ’on en plàçoit deux au fond du vafe qui
indiquoit la crûe du N il, pour défigner les deux
hémifphères , 8c la garde qu’on leur en avoit
confiée. Diodore de -Sicile ( lib. 1 .) donne une
autre raifon de cette cdnfécration à Ifis j il la
trouve dans la,compagnie fidèle que le chien tint
à cette déefle, pendant qu elle cherçhoit le corps
d’Ofiris tué par Typhon. C’eft pourquoi, ajoute-
t-il , on faifoit marcher des chiens devant les
pompes d’Ifîs.
Les Grecs & les Romains drefloient leurs chiens
avec foin. Xénophon n’a pas dédaigné d’entrer
.dans quelque détail fur la connoiffance & .fu r
l’éducation de ces animaux. Gratius, poëte latin,
les a chantés dans fon Cynegeticon. Les Grecs
. faifoient cas des chiens indiens, locriens & fpartia-
tes. Les Romains regardoient les molofles comme
les plus hardis > les pannoniens, les bretons, les
gaulois, les acarnaniens, &c. comme les plus
vigoureux j les crétois, les étoljens, les tofeans,
8cc. comme les plus intelligens ; les belges, les
ficambres', 8cc. comme les plus vîtes. Le chien
de Xantipe, père de Périclès, étoit célèbre dans
l ’antiquité. Son maître s’étant embarqué fans lui
pour Salamine, cét animal fe précipita dans les
eaux 8c fuivit le vaifleau à la nage.
Les anciens confiôient la garde de leurs portes
à des chiens, qui furent appelés à caufe de cela
canes oftiarii. On les attachoit avec,une chaîne
dans le logement des portiers, comme nous
l’apprenons de Suétone ( Vit. c. 16. n. 4. | ; Con-
fugit in cellulam janiioris , religato , pro foribus
cane. Plaute appelle une porte gardée par un
chien , mordax janua. Souvent au-lieu de chien ,
on fe contèntoit d’écrire fur le logement du
portier : prenez garde au chien , cave canem 5
& ( Petron. c. 29. ) l’on peignoit aufli quelquefois
fur la muraille un chien enchaîné : Ad finiftram
intrantibus non longe ab o f t ia r i i cella canis ingens
c a t en a v in é lu s in pariete erat p i cl u s , fuperque qua-
ârata litera f e r ip t u m 3 c a v e , c a v e - c a n f /i -i . Cette
expreflion devint proverbiale", & l’on s’ en fervit
pour défigner quelqu’un que l’on devoit
fuir.
On confioit aux chiens la garde du Capitole
( Cicer. pro Sext. R o fc . c. 10. ' ) . . . . Canes alun-
xur in Capitolio , ut' fignifie eut , fi fur es venerint.
Mais ils s’en acquittèrent mal lors de la venue
des Gaulois ; & on les en puniffoit tous les ans,
comme nous l’avons dit plus haut. Les temples
furent aufli confiés à la garde de ces animaux
( Arnob. n . p. 20y.) : Indigna res , & potentiam
- deftruens 3 aufloritatemque , fummorum eufiodiam
mmimim canum foLiùtu.dinu>us credere«
L a r en co n tr e im p r é v u e d ’un chien n o ir é t o i t
r e g a rd é e c om m e u n m a u v a is au g u re ( Terent.
Pkorm. iv . 42. y .J I ïntroiit in &dcs ater aliénas
canis. C ’ é to i t e n c o r e p lu s d an g e re u x d e r e n c o n t
r e r u n e chienne p le in e ( Horat, Od. n i . 1 7 .
i . ) . -
Impios parrs. recinentis omen
Ducat & prsgnans çanis.
L e s a b o iem e n s n o & u rn e s d e c e t an ima l je to ie n t
aufli la c o n fte rn a t io n d ans le s e fp r its (D io . x l v .
p. 2 7 8 .. ) . 7
O n fe fe rviü q u e lq u e fo is d e s chiens d ans le s
c om b a t s . A l y a t t e s , ro i d e L y b ie „ le s em p lo y a
p o u r c h a fle r le s C im m é r ie n s d e l’A f ie .
L e chien é to i t u n e v ié t im e a g r é a b le a u x la r e s
& au x p én a te s > & fo u v e n t leu r s fta tu e s fo n t
r e v ê tu e s d e la p e au de c e s an im a u x . L e s I lo t e s
c o u v r o ie n t au fli leu r s tê te s a v e c les d é p o u ille s
d e s chiens, p o u r d é f ig n e r , fé lo n A th é n é e ( / . 1 4 . ) ,
la fe rv itu d e a b je é te o ù le s ^ v o ien t r é d u it s le s
L a c é d ém o n ie n s .
L e s mêm e s L a c é d ém o n ie n s a v o ie n t c o u tum e
d e c o u p e r u n chien en d eu x m o r c e a u x , & d e
p a fle r r e lig ie u fem e n t e n tr e c e s d eu x p a r tie s d é c h i r
é e s , p o u r fe p u rg e r de q u e lq u e c r im e (PLutarc.
Qusfi. Rom. n i - ) . T i t e - L i v e (lib. 4 0 . c. 6. ) . 8 c
Q u in t e -C u r c e ( lib . 10 . c. 9 . ) a t t e lle n t q u e d ans
c e r ta in e s fê t e s a p p d é e s X a n t iq u e s , le s ro is de
M a c éd o in e fa ifo ie n t d é fi le r leu r s fo ld a ts e n tr e le s
d eu x m o it ié s du c o rp s d’ un chien, p o u r en fa ir e
le d én om b rem e n t 8c p o u r le s p u r if ie r d e leu r s
cr im e s .
L a pa flion d e q u e lq u e s an cien s p o u r le s chiens
fu t fi g r a n d e , q u ’ils le u r é le v è r e n t des tom b e au x ;
te l fu t en tr ’ au tre s l’ em p e r eu r H ad r ien . S p a r t ie a
' ( c. l ô . ) d it d e lu i : Equos & canes fie amavit,
ut eis fepulcra confiitueret. O n le s je to i t q u e lq
u e fo is îu r le b û c h e r d e leu r s ma îtres ( P lin .
Epifi. iv . 2 . 3 . ) Habebat puer canes majores
minorefque............... . omnes Regulus circa rogum
trucidavit.
L e s an cien s fa ifo ie n t fc u lp te r d e s chiens fu r
leu r s tom b e a u x , fo i t p o u r e n r ep r é fe n te r le g a r d
ie n , fo i t p o u r e x p r im e r la fid é lité q u ’ ils a v o ie n t
g a rd é e d ans le m a ria g e . T r im a l c io h , d ans P é tro n e
{ cap. 7 1 . ^ d o n n a n t le d eflm de fo n tom b e a u ,
r e c om m a n d e à l’ o u v r ie r d e p la c e r fa p e t ite chienne
au x p ied s d e fa fta tu e .
« J ’ ai d é c la r é , d it le c om te de C a y lu s (R e c.
v. pi. x x i i . ) , p lu s d’ une fo is m o n fe n t im e n t
fu r l’ e x c è s a u q u e l le s Romains^ o n t p o u fle la
r e c h e r c h e & la r ep r é fe n ta t io n d e s p e t it s an im a u x
e x é c u té s en b r o n z e . C e g o û t é to i t fi fo r t en
e u x , q u ’ on en t r o u v e a u ta n t d e c eu x q u e l’ E u ro
p e le u r fo u rn i f lo i t , q u e d e s au tre s p a r tie s d u
m o n d e . Q u e lq u e s -u n e s de c e s e fp è c e s de chiens,
q u e j ’âi r ap p o r té e s en p lu fieu r s en d ro its d e c e
F f f f f ij