
qu'elle venoit dé recevoir, elle demandoit, pour
toute grâce, de changer de fexe. Ses voeux furent
fur ïe champ exaucés, Cénis devint homme > &
à qgtte faveur Neptune en joignit une autre,
le privilège d'être invulnérable. Dès ce te ms-là
Cénée n’aima plus que les exercices qui conviennent
aux hommes, & s’acquit beaucoup de réputation
dans la guerre contre les Centaures. Après
en avoir tué plufieurs, fans avoir pu être jamais
bleflé, il fut accablé fous une forêt d’arbres ,
que fes ennemis lui jetèrent 5 comme il alloit
etouffer fous cet horrible poids, on vit tout
d’un coup fortir de deffous les arbres un oifeau
couvert de plumes jaunes, & s’envoler : c’étoit
Cénée que Neptune avoit ainfi métamorphofé.
Enée trouva aux enfers Cénée, qui avoit repris
fon premier fexe de fille.
C énée , Roi de Scyros ou d’Arcadie, père
cfAtalânte. Voye[ Atalante.
CENE £/S3 ^ furn°m de Jupiter, à qui fon
fils Hercule bâtit un temple dans l’Eubée, fur
le promontoire de Cénée, après qu’ il eut ravagé
l’CEchalie.
CÉNOTAPHE. Ce mot eft formé de x ivo ç ,
v'uide , & dé roüpoç , tombeau. Les anciens
cïoyoient que les âmes de ceux dont les corps
n’ avoient pas reçu les honneurs de la fépulture,
erfoient pendant un fiècle avant que d’être admi-
fés dans les champs élyfées. Ils avoient cependant
imaginé un moyen de réparer fomiffion des
cérémonies funéraires, qui étoît d’élever au
mort un tombeau vuide , ou 'cénotaphe , & d’appeler
trois fois fon ame ou fes mânes pour en
Venir prendre poffeflion. Cette proclamation s’ap-
p'élôit •^•J^ctyuytcc.
Les citoyens qui avoient péri dans un naufrage
, dans une bataille , ou dans une contrée
éloignée, furent l'objet ordinaire de ce fimula-
cre de funérailles. Jafon (Pytki. y y.) avertit Pélias
dans Pindare de rappeler de cette manière dans
fa patrie famé de Phryxus, qui étoit mort dans
la ColchiJe. On voit dans Xénophon ( Exped.
Cyri. ) les Grecs élevér un cénotaphe à leurs
camarades qui avoient péri dans l’ expédition' des
dix mille, & dont on n’avoit pu trouver les
corps. Germanie ns rendit' les mêmes honneurs
( Tacit. Annal. 1. 61. ) aux légions de VarUs ,
fix ans après leur défaite. L’ érection du cénotaphe
& l’appel de- Famé du défunt dévoient fUffirë
pour fon repos, comme nous l’attelte Aufone
ÇParent. Prsf. n9. ib. ) :
Hoc fatis & tamulis , fatis & telluris egenis ;
yoce ciere animas funeris infiar kabet :
Gaudent compofiti cineres fua nomina dici,
Frontibus hoc fethptis & monument a jubént :
ïlle etiam nioefii cui defuit urna Je pu le ri ,
Nomine ter dicio pené fepultus erit.
Pour faire cortnoître Ceux qui avoient été
e n f e v e l i s dans les f l o t s , on plantoit au-deffus du
cénotaphe un débris de vaifléau , inplav, ( Théo-
crit. Idyll. 24. 3o . }. Souvent on gravoit des épitaphes
fur les cénotaphes, de même que fur les
tombeaux ( O-vid. Meta. xi. 708. ) :
.............................Inque fepulcro ,
S i non>urna , tamen junget nos littera : f i non
OJJibus ojfa meis ,* 6* nomen nomine tangam.
Le Cardinal Noris a écrit de favantes differta-
tions fur le's cénotaphes des céfars Caïus & Lucius,
qui font à Pife.
CENS. |
CENSEURS. > Ces trois articles, relatifs à une
CENSURE. )
inftitution politique des Romains , font bien
rédigés dans le Dictionnaire de Jurifprudence ;
nous avons peu de chofes à y ajouter, & elles
feront toutes relatives aux coltumes.
Le cens fe fit d’abord dans le Forum, enfuite
dans la Villa-Publica , qui étoit fituée au champ
de Mars. Les deux cenfeurs, affis fur des chaifes
curules, paffoient en revue tout le peuple romain.
Après que cette efpèce de jugement étoit prononcé
& exécuté , l’un des cenfeurs , choifî par
le fo r t, fe rendoit avec le peuple au champ de
Mars pour y terminer le luftre , ad condendum
luflrum. Il faifoit cette clôture religieufe en offrant
uri facrifiee, dont les viétimes étoient.un cochon,
une brebis & un taureau.
Lorfqu’ un des cenfeurs mouroit pendant le
t e m s de fa cenfure , il étoit d’ufage que fon collègue
fe démît, afin que l’on procédât à l’élection
de deux nouveaux eenfeurs. Cet ufage avoit
pour origine une obfervation fu p e r f t i t r e u f e , rapportée
par Tite-Live ( lib. v. 31. ) Le tems ordinaire
de la cenfure fut pendant long-tems de cinq
années > mais fous la diétature de Mamercus-
Æmilius on le réduifît à 18 mois.
Il y avoit entre le cens & le lufire , ou dénombrement
, des différences remarquables. Le premier
fe faifoit fouvent fans le fécond. C’étoit
toujours dans le champ de Mars que fe faifoit
le luftre j & pendant long-tems les cenfeurs exercèrent
leurs fonctions dans le Forum.
On défignoit par le mot cenfus, non-feulement
le cens, mais encore le revenu que les cenfeurs
exigeoient des fénateurs & des chevaliers, pour
les élevei à ces dignités , & pour les y maintenir
} c’étoît alors cenfus equeflris , & cenfus
fenatorius.
ÇENS1 TOR. Ce mot défignoit trois efpèces
d’ officiers chargés, les uns de l’ affiète des impôts,
les autres du recouvrement, & les derniers des 1
pourfuites contre les contribuables qui ne s’ac-
quittoie.nt pas. Muratori ( n - 19. y. Tkef. Infer.)
rapporte l’mfcription fuivante gravée en l’honneur
d’un cenfitor :
P. M. V. c. P. FIL
PUBLIO VERO
AEQUITI ROMAN©
AEQUO PUBLICO
PATRONO MUNICIPII.
TRIBELGILI GALLICAN©
CENSITORI
PROVINCIÆ THRACIÆ
CIVI OPTIMO
SEMPER PRO MUNICIPII
INCOLUMIT. SOLICITO
PLEBS URBANA ALBINGAN
Cenfor figillorum. Muratori ( 2016. 2. Thefi
Infer.) rapporte l’infcription fuivante, où il eft
fait mention d’un infpeéteur des ftatues, cenfo-
ris figillorum :
DEO MERCURIO
JULIUS. CERTUS
CENSOR. SIGILLOR
UM. COLLEGII. LIGN
IFERORUM. CULTORUM
EJUS DE SUO DEDIT.
CENSORIN, tyran fous Claude II.
Appius-Claudius Censorinus , AUGUSTUS.
Les médailles de ce prince ne font connues
que dans Goltzius & Triftan.
C E N S O R IN U S ^ furnom de la famille
Ma r c io .
II lui vint de Marcius Rutilus , qui fut élu
deux fois cenfeur contre l’ufage, qui ne permet-
toit .de l’ être qu’une feule.
CENSUALES. Les loix romaines défignent
par ce nom des officiers qui tenoient regiftres
des fortunes des citoyens, fous l’autorité des
-cenfeurs.
CENTAURES, monftres de Theffaîie, moitié
hommes & moitié chevaux, nésd’Ixion & d’une
Nuée que Jupiter fubftitua à Junon } ils étoient,
félon d’autres, le fruit de l'amour que Jupiter
conçut pour Vénus.
Ceux qui prétendent trouver un fens à toutes
les vifions de la crédule antiquité , difent que
les Centaures étoient des peuples qui habitoient
la contrée de la Theffaîie, voifine du mont Pé-
lion i qu’ ils domptèrent les premiers chevaux ;
& que comme avant eux l’on n'avait point encore
vu d’homme à cheval, on prit l’homme & le
cheval fur lequel il étoit monté pour un feul &
même animal. Quoi qu’il en foit de cette explication
, il eft certain que le Centaure Chiron ,
précepteur d’Achille , n’étoit qu’ un excellent
écuyer. Ceux des Centaures qui â(liftèrent aux
noces de Pirithoiis & de Déidamie, s’y querellèrent
avec les L.apites, qu’Hercule vengea en
çhaflant les Centaures de la Theffaîie.
Y a-t-il eu vraiment des Centaures , ou ces
monftres font-ils fabuleux ? C’ eft ce qu’il n’eft
point facile de décider. Plutarque dit qu’on en
préfenta un qui venoit de naître d’une cavale,
aux fept fages. Pline raconte qu’il en a vu un
apporté d’Egypte à Rome , & .embaumé à la
manière du pays. S. Jérôme aflureque S. Antoine
rencontra un Hippocentaure dans le défert, & c .
Si l’on veut décider la queftion par l’hiftoire
naturelle, on ne trouvera dans aucun animal provenu
du mélange de deux efpèces, des raifons
fuffifantes pour admettre la poflîbilité des Centaures
, des Faunes , & c .
Quant à la manière fabuleufe dont ils naquirent
d’Ixion & de la nuée, on la raconte différemment :
les uns prétendent qu’Ixion, devenu amoureux de
Junon à la table de Jupiter , ofa déclarer fa
paffion à la déeffe, & .que Jupiter, loin de s’offen-
fer de cette témérité, offrit aux embraffemens
d’ Ixion une nuée formée à la reffemblance
de Junen , de laquelle naquit un Centaure ;
d’autres difent qu’Ixion ayant engagé, par l ’efpoir
de la récompenfe , de jeunes Theffaliens d’un
village voifin de la montagne appelée Nephele ou
Nuée ( en grec ) , à combattre des taureaux qui
ravageoient la campagne autour du mont Pélion ,
le nom de la montagne , & le fuccès des jeunes
gens contre les taureaux, donnèrent lieu à la fable
d’ Ixion & des Centaures. Enfin Tzetzès affure
que le Jupiter dont Ixion aima la femme, étojit
un roi de Theffaîie , qui eut la condefcendançe
pour la paffion d’Ixion , non de lui céder fa
femme, mais de lui fubftituer une de fes filles
d’honneur appelée Nephele , de laquelle naquit
un fils appelé Imbrus , & furnommé dans la fuijtè
Centaure , de xtyrSv , piquant, & de ouf*, queife.
D ’autres donnent pour étymologie ces mots :
xtvlttv rouf Tctupouç , piquer de boeufs ,* parçe
que , difoit-on > les Centaures étoient des gardes
du roi de Theffaîie , qui ramenèrent à l’étable des
taureaux qui s’étoient enfuis Se effarouchés.
La fable les repréfente comme des êtres d’une
force extraordinaire ; ils lançoient des arbres
a.u-lieu de javelots ;. ils déracinoient des rochers,
pour les jeter contre leurs ennemis : par lci>r
ch u te , ils renverfoient les plus gros arbres, 8zc.
I l y .en avoit des deux fexes, & les poètes nous
apprennent qu’ils contra étoient des mariages
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