
engagea les états catholiques de l'empire , a recevoir
le nouveau calendrier. Les proteftans continuèrent
de fuivre l’ancien. Mais la ville de Strasbourg
adopta le Grégorien le 5 février 1682 ,
fuivant M. Schoepflin { A l f illufir. t. 2 , p. 343.)
Enfin, l’an 1698 , les proteftans de l’empire commencèrent
à travailler à un nouveau calendrier.
Le 14 oftobre ( V. S. ) de cette année , Echart
Weigel, favant mathématicien d’Iéna , propofa
à la diète de Ratisbonne la manière d’opérer cette
réforme. On agita l’affaire dans le corps des
états foi - difants évangéliques , on confulta en
même-tems d’autres mathématiciens 5 8c le 13
feptembre 1699 , le corps des proteftans conclut
& arrêta qu’on retrancheroit de l’année 1700, les
11 derniers jours du mois de février, & que la
fête de Pâques feroit célébrée, non fuivant le
cycle Dyonifien, reçu dans le calendrier Julien ,
mais fuivant le calcul aftronomique ; en conformité
de cette décifion , il parut en 1700 un nouveau
calendrier fous le titre de Calendrier corrigé,
queWeigel prétendit être plus exaft que le Grégorien
, avec lequel il s’accorde à la vérité , pour
la quantité des jours de l’année & la difpofition
des femaines, mais dont il diffère pour la maniéré
de déterminer la Pâque & les fêtes mobiles qui
en dépendent. Car au-lieu de fixer invariablement
l’équinoxe du printems au 21 mars, comme fait
le calendrier Grégorien , on le détermine dans celui
des proteftans, par un calcul fondé fur les
tables Rudolfines, ou Képlériennes, des mou-
vemens céleftes, & cela fans le fecours des nombres
d’or , épaftes , lettres dominicales. Dans ce
calendrier corrigé n’ a pas été adopté a perpétuité
calcul, l'équinoxe eft mobile, & peut tomber les
1 9 , 2 0 , 2 1 , 2 2 & 23 mars: d’où il arrive que
les proteftans ne fe rencontrent pas toujours avec
nous pour le jour de la Pâque. Ils peuvent la
faire avant nous 5 car leur équinoxe tombant le
1 9 ouïe 20 mars , alörs fi la pleine-lune arrive
l ’un de ces jours un famedi, ils feront la Paque
le lendemain. C’eft ce qu’on a déjà vu l’an 1724, "
où nous fîmes la Pâque le 16 avril, & les proteftans
le 9 du même mois ; & en 1744 les proteftans
célébrèrent cette fête le 29 mars, & nous
le 5 avril (-*). Ils peuvent auffi la faire après nous 5
car fi la pleine-lune arrive le 21 mars, nous pouvons
faire la Pâque le 22 ou le 23 mars , ce qui
les obligera de remettre la Paque au dimanche
fuivant, fept jours après nous. Une obfervation
que nous ne devons pas omettre , c’eft que ce
( * ) Cela devroit encore arriver en 1778 & en 17^8. Mais
comme alors la Pâque des Chrétiens fe rencont'eroit avec
celle des Juifs, les Proteftans , après avoir délibéré fur cela
en 1714, ont enfin arrêté, dans la diète de,Ratisbonne, le
jo janvier 1733, qu’ils ne célébreront ces deux Pâques que
huit jours après les Juifs; favoir, celle de 1778 le 19 avril, &
celle de 179% le 8 avril, l’une & l’autre avec les Catholi-
oues ( Cette remarque eft de M. Raillard, bibliothécaire de la
ville de Baße). On voit par-là l’inconvénient qu’il y a de
s’écarter du Calendrier Grégorien, fous prétexte d’une plus
grande exa&itude agronomique.
, mais feulement par provifion , en atten--
dant que les défauts du calendrier Gégorien foient
réformés.” - 1 r
' .. En Suifle, le calendrier Grégorien; fut fuc-
ceffivement adopté par les cantons 8c £tats catholiques.
Les cantons de Lucerne, Uri, Sehwitz,
Fribourg 8c Soleure le reçurent en 1583 . celui
d’Underwalden en 1584. Mais dans les bailliages
que les catholiques pofsèdent en commun avec
les proteftans, l’introduétion de ce calendrier
fouftiit de grandes difficultés de la part de ces
derniers, qui ne le rejetèrent que parce qu ils en
firent une affaire de religion. à caufe du pape
qui l'avoit publié. Les deux parties firent la-def-
fu s , en février iySy , un reglement à l’amiable
pour leurs fujets des deux religions. Les cantons
de Zurich, Glaris, Bafle , Schaffaufen, la ville
de S, Gai, les Ligues-Grifes, Bienne , Mulhau-
fen , Genève 8c Neuchâtel confervèrent le calendrier
Julien dans leurs territoires refpeétifs. Le
canton d’Appenzell, où la religion étoit mixte,
avoir d’abord adopté le calendrier Gégorien en
1 0844 mais bientôt après, ce canton fut agite
de troubles fi véhémens, à l’occafion de ce ca-1
lendrier, entre les habitans des deux religions,
qu’on fut près d’en venir à une guerre civile. Ces
troubles enfin ayant été calmés par la médiation
des autres cantons, il fut ftipule 1 en 1590,
que les proteftans pourraient célébrer de nouveau
leurs fêtes fuivant l’ancien calendrier ; & le
canton d’Appenzell ayant été depuis partage en
deux divifions entiètement diftinétes , 1 une catholique
, l’autre proteftante, le calendrier Julien
fut réintégré dans la dernière. Le réglanent que
les cantons avoient fait en février iySy , pour
leurs bailliages communs, où sexerçoient les
deux religions , portoit que les proteftans pourroient
ÿ conferver leurs fêtes fur le pied de 1 ancien
calendrier , & que ces jours-là leurs compatriotes
catholiques feroient tenus de cefler leurs
travaux jufquà l’heure de midi ; que réciproquement
les catholiques pourront celebrer leurs fêtes
fuivant le nouveau calendrier , 8c que ces
jours-là il feroit pareillement défendu aux proteftans
de travailler avant l’heure de midi. »
e. En 1700, fur les repréfentations des états
proteftans d’Allemagne , affemblés à Ratisbonne,
les quatre cantons de Zurich , de Berne, de Ba e
8c de Schaffaufen, adoptèrent le nouveau calendrier
, corrigé par Weigel, 8c en confequence
ils commencèrent l'année 1701 au 12 Janvier ce |
l’ancien ftyle , fur le même pied .que les catholiques.
Les villes de Genève , Bienne , Mulhau-
fen, le comté de Neuchâtel, 8c les bailliages
communs de Baden f l de Turgovie, de Sargaus,
de Rheinthal, adoptèrent le meme changement,
mais il ne put s’introduire dans le canton
Glaris, où la religion étoit mixte , ni dans 1 J partie proteftante du canton d Appenzeü,
forte qu’eticore aujourd’hui l'anciat calendrier s*y
eft «onfervé. Ce ne fut qu'en 1724 que le nouveau
fut reçu dans la ville de S. Gai. Les proteftans
des trois Ligues-Grifes ont perfifté juf-
qu’à ce jour à le rejeter. Il n’y a que les catholiques
de ces Ligues, qui en faffent ufage. Ainfi,
dans les décrets généraux des trois Ligues, on
a foin de marquer la double date du jour du mois,
& fuivant l’a n c i e n & fuivant le nouveau calendrier.
( Ceci eft iir.é d‘un Mémoire qui nous a
été fourni par M. le Baron de Zurlauben. ) On
nous apprend d’ailleurs que dans IeToggembourg,
au pays de S. G a i , les proteftans fuivenc actuellement
l’ancien ftyle , & les catholiques le
nouveau.
« En Pologne , le roi Etienne Battori ayant
voulu y établir l’an 1586 le calendrier Grégorien,
les habitans de Riga s’y opposèrent, 8c en vinrent
à une fédition ; mais ils furent réprimes, & le
calendrier nouveau prévalut. »
cc En Suède , il fut introduit par un édit du
roi , rendu fur une délibération au fénat, le 24
mars I 7 f2 , & commença d’avoir cours le premier
mars de l’année 1753. . v
ce En Danemarck, il fut adopté dès l’an 1582 :
mais en 1(399 on Ie réforma par un édit du r o i ,
donné le 20 décembre, fur les corrections de
Weigel, & depuis ce tems le calcul des Danois
s’accorde parfaitement avec celui des proteftans
d’Allemagne. Cette remarque nous a été communiquée
par M. Screiber , confeiller - aumônier de
rambanade de Danemarck à la cour de France.
C’eft donc une méprife dans quelques-uns de nos
écrivains, d’avancer que le nouveau calendrier ne
fut reçu en Danemarck que l’an 1745. »
« En Angleterre , par un aCfce du parlement,
tenu à Weiftminfter l’an 1751 , il fut ordonné
que l’année 1732 & les fuivantes commenceroient
au premier janvier, ce qui doit s’entendre du
premier janvier fuivant l’ ancien ftyle. Le même
.aCte ordonna de plus , afin de réduire la chro- ,
nologie angloife au nouveau ftyle, que le 3 feptembre
1752 feroit compté pour le 14 du même
mois. Ainfi, l ’année angloife & l’année françoife
ne commencèrent à s’accorder parfaitement que
le 14 feptembre 1752 , & l’année 1753 fut la
première qui commença précifément au même
jour dans les deux chronologies..*»
<* Il ne refte donc plus en Occident que la
Ruffie quelques endroits des pays Helvétiques,
où l’on fuive le calendrier Julien. Mais en Orient
le calendrier Grégorien eft univerfellement rejeté.
Les Grecs, quoiqu’.en dife un moderne ,
fuivent encore aujourd’hui leur ancien ftyle. Il
eft vrai que Jérémie I I , patriarche de Conftan-
tmople, s’étoit engagé avec le pape Grégoire
X l l l , à introduire le nouveau calendrier dans
fon églife ; mais Théolèpte, métropolitain de
Philippopoli, le fit dépoter & mettre en prifon
pour ce fujet. »
Parmi les GÉ livres de Jean Bernoulli, t. TV ,
p. 4 9 4 , on trouve un Mémoire adrefle l’an 1724,
au fénat de Bafle, dans lequel il prouve que ,
malgré le calcul le plus exaét de 1 équinoxe 8c
de la pleine-lune , les Pâques des -chrétiens fou-
vent ne fe rencontreraient pas , à caufe de la,
grande diftance des lieux & de la grande variation
du lever du foleil, qui change d’un méridien à
l’autre ; de manière que fi la pleine-lune tomboit
au famedi dans un endroit, ce feroit déjà le dimanche
dans un autre , & par certe raifon il con-
fèilloit d’en faire une fête fixe & immobile, 8c
que l’on s’accordât fur ce jour dans tout le monde
chrétien 5 mais fon avis ne fut point fuivi.
Cet article eft tiré de Y Art de vérifier les dates.
CALENO, CALE S, en Italie, c a l e n o .
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en or. ( Pellerin)»
RRR. en argent.
C. en bronze.
Leurs types les plus ordinaires font:
La victoire dans un bige. — Le boeuf à tête'
humaine. — Un coq.
CALENUS (Olénus) étoit Etrurien, 8c le
plus fameux devin de fon tems. Lorfque l’on creu-
îoit pour jeter les fondemens du Capitole, on
trouva fort avant dans la terre, la tête d’un homme
fraîchement tu é , encore faignante. On comprit
bien que c’étoit un préfage ; mais que fignifioit-il ?
Pour l’apprendre, on alla trouver Calénus dans
l’Etrurie. Sur l’expofition du fait, il entrevit d’abord
que ce prodige annonçoit un grand bonheur;
mais il chercha à en faire tomber les effets fur
l’Etrurie. Heureufement pour les Romains, que le
fils de Calénus leur découvrit la fupercherie que
fon père médirait. Il vous expliquera, leur dit-il,
ce prodige fans ufer de menfonge ; car cela n’ell
pas permis à un devin ; mais prenez bien garde
aux réponfes que vous ferez à fes demandes ; gardez
vous de nommer aucun autre pays avant Rome
Sc le mont Tarpeïus. Quand ils furent en préfence
du devin, celui-ci traça un cercle fur la terre, &
l’orienta par des lignes droites. Voici le mont
Tarpeïus, di'foit-il aux ambaffadeurs ; voilà l'orient,
le midi, le feptentrion , l’occident; eft-ce
là que la têté de l'homme a été trouvée, en montrant
un des cantons tracés dans le cercle ? Alors
Calénus, fans aucun égard pour leur intention ,
qui aurait été purement relative au lieu défîgné
par la figure tracée , fe propofoit d’appliquer le
mot ic i, qu'ils auraient prononcé , au pays dans
lequel ils étoient réellement alors, c’eft-à-dire ,
à l’Etrurie, qui, au-lieu de Rome, feroit devenue
la maîtreffe de l’univers- Mais les ambaffadeurs
, prévenus par le fils du devin , répondirent :
ce. nefi point ici que Von a trouvé cette tête , on Va
trouvée fur le mont Tarpéius à Rome ; & par cette
attention à éviter toute équivoque,ils fixèrent fur
Rome l'intention du deftin , qui avoit réfolu do
1 i i i i j