
die expreiïement que Robert eft m o r t, anno qui
efi incarnationis millefimas tricefimus fiecundus. Il
aurait dit tricefimus primas , s’ il n’aVoit point
commencé l ‘année neuf mois & fept jours avant
nous > puifque le roi Robert eft en effet mort
le 20 juillet de l’an 1031, comme Helgaud le
prouve lui-même, par ces paroles : Obdormivit
autem in domino x m kal. augufii, lue cfie ente aurorâ
diei tertis fiabbati ; c'eft-à-dire, le mardi qui con-
couroit avec le 13 des calendes du mois d’Août,
ou le 20 juillet en 1031 : concours qui ne fe ren-
controit point en 1032. Voilà le vrai moyen d’ac-.
corder Helgaud avec lui-même,t& avec la vérité
de l’hîftoire. Ce même moyen peut feivir à concilier
plufieurs autres contradictions apparentes,
qui ne viennent que de notre ignorance, ou de
notre peu d’attention à la mahière cle compter
des anciens. '
.^Ces preuves ne laiflent rien à defîre-r pour le
régné du roi Robert. Ajoutons- en Une pour le
regne^ .fuivaut, qui peut être portée jufqu’à la
dernière évidence. Nous la tirerons d'une charte
originale du roi Henri I , par laquelle il érige en
abbaye le monaftère de la Chaife-Dieu, en Auvergne.
En voici la date : Aâlum Vitriaco palatio
publiée.... menfie fieptembri y luna x i 3 indiclione v3
ab incarnatione Domini millefimo quinquagefimo-
fiecundo... regni Henrici vicefimo primo , xirkalendas
ofilobris. Il eft évident que celui qui a écrit cette
charte , commence Vannée le 25 mars , neuf mois
& fept jours avant nous, fi les dates ne conviennent
point à l’an 1052, & qu’elles conviennent toutes
a l’an ic y i . O r , il eft aifé de démontrer que toutes
ces dates quadrent parfaitement avec l’an 10 r i ,
& point du tout avec l’an 1052.. En effet, le 12
des calendes d’o&obre, qui eft le jour que la
charte a été donnée , marque le 20 feptembre.
C’étoit le onzième de la lune en i o y i , puifque
cette année là le premier jour de la lune étoit le
io de feptembre, comme.on peut le voir dans
notre calendrier lunaire. Cette date de la lune ne
eut abfolument s’allier avec le 20 feptembre de
an io j2 . Il en eft de même de l’année 2 H du
règne de Henri : cette 21e année , au mois de feptembre,
ne répond point à l'an 1052, mais à l’an
I0f 1 , attendu que ce prince a commencé de
régner le 20 juillet 1031. Quant à I’indi&iorr y ,
elle s’accorde auffi très-bien avec l’an io y -i, en
la commençant avec le mois de feptembre, comme
on faifoit quelquefois en France, ainfi que nous
le dirons à l'article des indi&ions.
Ce raîfonnement nous paroît décifîf. Nous
pourrions en faire un femblable, à-peu-près,
fur une charte de l’églife de Vabres,~ rapportée
parmi les preuves du premier tome du nouveau
Gallia Chrifiviana , pag. 37 & y 8. Cette charte eft
ainfi datée : Facta donatio h&c anno incarnationis
Dominiez m l x i i , indiclione xiv,pridie idus junii,
i jr fieriâ y epaélâ x xv i 3 luna. xrx. Toutes ces
dates font bien 3 & toutes , excepté la première ,
• marquent Matinée • io^i/ Gn accorde .cette pre-,
mière date m l x i i avec les autres, en commen-'
çant Vannée nëjfmois ’& fept jours avant nous,
Èes éditeurs, qui n'ont point connu la manière de
faire ufage de toutes ces dates, ont rapporté cette
charte à l’an 1062.. En conféquence , ils ont cru
qu'il y avoit faute à l'indiétion , & qu'au lieu
de x i v , il falloit x v . Tous les critiques feront
expofés à de pareils- anachronifmestant qu'ils
ne feront attention qu’aux années de Jéfus-Chrift
& aux indiélions, fans examiner les autres notes
chronologiques.
Il nous refte à examiner une charte , on le’
P. Mabillon a cru voir T11 rage de commencer
Vannée le 2y mars à neuf mois & fept jours avant
nous., bien établi,dans l’eglife de Reims fur la
fin du quatorzième fiècle : c’eft dans fa Diplo-
i matique, liv- 2 , ch. 23, n. 7. La date de cette
charte, qui eft de G u i, abbé de S. Baffe, à trois
lieues de Reims , eft ainfi marquée : Datum <5?
aélum in monafterio nofiro S. Bafioli fiub àhno Domini
, fiecundum cursum ecelefis Remenfis, m c c c x c „
décima tertiâ die menfis junii, pontifieatâs Domini
Clementis.... Papa vin3 anno x i i . Cette date , dît
le P. Mabillon, marque l’an 1389, qui étoit au
mois de juin la 12e année de Clément V I I , élu en
1378, d’où il conclut qu’il eft probable qu’a la
fin du quatorzième fiècle, l ’on fürvoit dans I’églife
de Reims le calcul pîfan. Cette remarque feroit
bien fondée, fiTéleétion de Clément VII avoit
précédé le 13 juin de l'an 1378 5 mais comme ce
pape n’a été: élu. que le. 2.1 feptembre de ladite
année .1378, le raîfonnement du P. Mabillon
croule paf fon fondement. Cela eft vifiblé, puif-
qu’en commençant les années du pontificat de
Clément V U , par ce 21e de feptembre, jour de
fon éleûion, la 12e année <fe ce pape çoüroit
encore au mois de juin’ de l’an 1390. Nous ne
relèverions point ici la méprife d’ un favant auffi’
refpeétabl’e que D. Mabillon, fi dans la date qu'il
rapporte, nous ne trouvions rien qui fût propre
à confirmer ce que nous avons dit d’un commencement
de Vannée, antérieur de neuf mois & fept
jours à celui de la nôtre. Mais .que lignifient ces
paroles , fiecundum cursum ecelefis Remenfis , qui
tombent neceffàirement fur anno Domini mcccx-c?
Ne marquent-elles pas clairement que fur la fin du
quatorzième fiècle, il y avoit des églîfes ou l’on
fuîvoît une manière de compter les. années du
Sauveur , fuivant laquelle il n’auroît pas fallu
compter alors l’an 1390 ? Si cela e ft, il paraît
hors de doute que cette autre manière décompter
étoit celle de commencer Vannée au 2y mars ,
neuf mois & fept jours avant nous. (
La conjecture fur Pillage de la métropole de
Reims,-de commencer Vannée au jour de l'Annonciation
, neuf mois & fept jours, avant nous ,
fc trouve confirmée par cette date, du conciîe de
Soilïons, torn. 3 , du P. Labbe, col. 1403 : Datum
Suejfione anno Domini jsccccl r iy mdlâions tertiâ,
-menfis julii die veneris undecimâ, pontificatus fiant- .1
■ tifltmi in Chrifto patris & Domini no fin, y Domini
. Calixti divinâ providentiâ paps tertii anno primo.
Ce pape fut élu le 8 a v r i l 1 4 y y ; La m êm e annee
-étoit l’indiétion 3, & le 11 juillet un vendredi.
Tout ce que nous avons dit ,■ & tout c e q u i nous
refte . à dire des divers commencemens de \ annee
en France, appuie ce r a î f o n n em e n t . •
; Un ufage très-commun fous la t r o i f iem ’e race
.de nos rois , étoit de ne commencer Vannée qu à
Pâques , environ-trois mois après nous. Parmi
. une multitude d’exemples que nous pourrions c i t e r ,
nous en rapporterons un très-remarquable, tire de
Tavertifiëment de dom Vaiffette, fur le 4e tome
de fon Hiftoire de Languedoc.- On y voit que le
roi Jean, pendant le féjour qu'il fit a l a cour p o n t
i f ic a le d 'A v i g n o n , y d o n n a deux chartes, ^ 1 une
& l’autre en 1363, fuivant notre manière prefente
de compter. La première eft datée de Villeneuve ,
prés d'Avignon, le vendredi-fiaint, 3 - mars de l an
1362, en commençant Vannée à Pâques : 1a fécondé,
.qui eft du jour fuivant de la même année, eft
datée de Villeneuve, prés d'Avignon -, le fiamedi-
fiaint de Pâques, après la bénédiction du cierge, le
:premier avril de l'an 1363. Cette attention de
-marquer, après la bénédiction du cierge pafical, qui,
anciennement, fe faifoit du famedi au dimanche,
.nous indique, pour ainfi dire, l e ,p r em i e r inftant
de la nouvelle année. E l l e c o m m e n ç o i t avec ou
immédiatement après cette cérémonie (1 ). Nous
; ne devons pas oublier ici l’infcription qu on atta-
.choit anciennement au cierge pafcal : elle marquoit
l'année de J« C . , l’ in d i é t io n fie les autres notes
chronologiques qui convenoient à l année courante,
comme le'.prouve D. Mabillon, par quelques
exemples. ( Diplomat. liv. 2, ch. 23, ti. 8).
:C’eft très-probablement de cette inscription, que
venoit l’ ufage de commencer Vannée à Pâques. ^
On ne peut marquer précifément le tems ou
cet ufage a commencé de s’ établir en France î
mais nous favons q u ’ i l a duré jufqu’à lédit de
■ Charles IX , donné à Rouffillon, en Dauphine,
Tan iy(?4, édit p^r lequel il eft ordonne de dater
les a£î:es publics & particuliers, en commençant
T année avec le mois de janvier (2). Ce néft que
(1) Dans quelques endroits on commençoit Vannée après la
béncdi&ion des fonts. On voit un contrat , pafle à Htthune en
Artois, le 5 avril 155 9, après Us fonts bénis. (Merc d? Fr.,
, juin , p. n i) . De cer ufage-de commencer Y annee a
Pâque’s, il arrivait quelquefois.qu’on avoit deux mois d’avril,
orefque complets dans la même année. Par exemple, Vannée
j 347 ayant commencé au premier avril (jour de Pâques) oc
jfini à Pâques fuivant, qui tomboit le 20 avril, il y eut par
.conféqucnt dans cette année un mois d’avril complet, 8c les
deux tiers d’un autre mois d’avril. On a plufieurs chartes,
datées du mois d’avril de cette année, dans lcfquelles il n y a
rien qui marque fi elles font données dans le premier ou le
'fécond de, ces deux mois, en forte qu’on ne peut deviner a
laquelle des deux années 15 47 ou 1548 elles appartiennent.
• (2.) Cette loi ne fut adoptée universellement en France que
l’an r 567. Le parlement de Paris fuivoit encore l’ancien ftyle
en i<; 6 6 . Cette année n’eut que huit mois dix- fept:' jours ,
depuis le 14 avril jufqa’au. 3 r décembre. Les pays voifioi de )a
depuis cette lo i q u e nous trouvons de l’uniformité
dans nos dates de France/Pour les tems
antérieurs, rien n’eft plus'néceflaire que de le
fouvenir de tous ces divers commencemens de
Vannée, dont nous venons de parler, & d un
autre encore dont nous parlerons dans un moment,
& qui eft d’un an entier avant le notre. Sans cette
.attention , il n’eft pas poffible d’accorder une infinité
de dates, qui font tres-exa&es & tres*vraies,
& l’on eft continuellement eXpofe a trouver de
la contradiélion où il n’y en a point.
Il faut avoir la même attention en lilant les
annales ou les chroniques. On croit y appercévoir
des contradictions fans nombre.^ Une chronique
rapporte un fait, par exemple, à l’an icoov une
autre rapporte le même fait à 1 an 999. On de-
I eide", fans héfiter, que c’ eft une faute dans I une
ou l’autre de ces deux chroniques. Cette faute ,
cependant, n’eft pas toujours réelle, quelquefois
elle n’eft qu’apparente} elle difparoitroit, il Ion
éf oit attentif aux divers commencemens de 1 anne,e.
On ne fauroit donc les avoir trop prelens a 1 el-
prit, enlifant les chartes, les annales ou les chroniques.
Il y a même une 'remarque a faire fur les
annales q u -les chroniques en particulier. Quelquefois
il arrive que dans une même chronique, le
commencement-de Vannée n’eft pas le meme partout.
Cela vient de ce que la plupart de ceux qui
les ont écrites, n’éto,ient que des compilateurs
ou des copiftes de plufieurs auteurs reunis dans
un même ouvrage : - ils y ont mis, fans difcer-
nement, les années telles qu ils les ont trouvées
dans ces différens auteurs, dont les uns commen-
çoient Vannée comme nous faifons aujourd hui, les
autres plus tôt ou plus tard que nous. Les annales
de Metz & celles de Moiffac., que D. Bouquet
a fait réimprimer dans fon y° tome des hiftoriens
de France, nous fourniftent une preuve bien fen-
fible de ce que nous difons ici Tout le monde
fait que Charlemagne a été couronne empereur
le 2y décembre ou le jour de Noël de lan 8oo,
félon notre manière préfente de commencer 1 année,
& que cet empereur eft mort le 28 janvier
de l’an 814. Cependant les deux annaliftes que
nous venons de citer, rapportent le couronnement
France firent, à fon exemple, les uns plus tôt, les autres plu*
ta*l, la même réforme dans leur calendrier. . .
En iî7? , le duc de Réquefens, gouverneur des Pays-Bas,
ordonna, par un placard du 16 juin , que Y annee commcnce-
roit au premier janvier. En i $76, Philippe II, roi d Efpagne ,
rendit.un édit du 31 juillet, qui ordonnoit la meme chofe
pour le comté de Bourgogne. Les états de Hollande avoient
établi' long tems auparavant cette manière de fupputer le tems,
& nous voyons que dès x^ i, ils'travaiUoicnt a 1 introduire.
(fjifl. des Prov. Unies, t. $, p. 381). En Lorraine, le duc
Charles III établit le même ufage, par un edit du 1 ^novembre
, ,79. Auparavant, dit D. Calmer, il n’y avoir rien de fixe dans
'lé pays; les uns commentant Yannée a Noël, Les autres X
l’Annonciation, les autres a Pâques.
Quoiqu’il n’y ait pas eu de loi exprefTe en Allemagne pour
commencer 1 W & au premier janvier, il picote que cet ufage
y étoit prëfqu-iidyerfelUmcnc établi avant qui! le lut t»
Francoi- . - r» t
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